mardi 30 novembre 2010

"Tenez ferme"




1 Thessaloniciens 2, 17 – 3, 13
17 Pour nous, frères, séparés de vous pour un temps, loin des yeux mais non du cœur, nous avons redoublé d'efforts pour aller vous voir, car nous en avions un vif désir.
18 C'est pourquoi nous avons voulu nous rendre chez vous — moi-même, Paul, à plusieurs reprises — et Satan nous en a empêchés.
19 En effet quelle est notre espérance, notre joie, l'orgueil qui sera notre couronne en présence de notre Seigneur Jésus, lors de sa venue sinon vous ?
20 Oui, c'est vous qui êtes notre gloire et notre joie. 

1 Aussi, n'y tenant plus, nous avons décidé de rester seuls à Athènes,
2 et nous avons envoyé Timothée, notre frère, collaborateur de Dieu pour la bonne nouvelle du Christ, afin de vous affermir et de vous encourager dans l'intérêt de votre foi,
3 pour que personne ne soit ébranlé dans les détresses présentes. En effet, vous le savez vous-mêmes, c'est pour cela que nous sommes là.
4 Lorsque nous étions chez vous, nous vous disions d'avance que nous allions connaître la détresse ; c'est ce qui est arrivé, vous le savez.
5 C'est pourquoi, n'y tenant plus, j'ai envoyé Timothée s'informer de votre foi, de peur que le tentateur ne vous ait mis à l'épreuve et que notre travail n'ait été inutile.
6 Mais Timothée vient de nous arriver de chez vous ; il nous a donné de bonnes nouvelles de votre foi, de votre amour et du bon souvenir que vous gardez toujours de nous ; il nous a annoncé que vous souhaitiez vivement nous revoir, ce que nous souhaitons tout aussi vivement.
7 Ainsi, au milieu de tout notre désarroi et de notre détresse, frères, nous avons puisé de l'encouragement en vous, grâce à votre foi.
8 Maintenant, nous vivons, puisque vous tenez ferme dans le Seigneur.
9 Comment pouvons-nous rendre grâce à Dieu à votre sujet, pour toute la joie dont nous nous réjouissons à cause de vous devant notre Dieu ?
10 Nuit et jour, nous lui adressons de très instantes supplications, pour qu'il nous soit donné de vous revoir et de suppléer ce qui manque à votre foi.
11 Que notre Dieu et Père lui-même, et notre Seigneur Jésus, aplanissent notre chemin jusqu'à vous !
12 Que le Seigneur fasse foisonner et abonder votre amour les uns pour les autres et pour tous, à l'exemple de celui que nous avons pour vous !
13 Qu'il affermisse votre cœur, pour qu'il soit irréprochable dans la sainteté devant notre Dieu et Père, à l'avènement de notre Seigneur Jésus, avec tous ses saints ! Amen !

*

Ce passage est précédé par un propos fameux et redoutable, qui permet pourtant, si toutefois on le lit bien, de cerner le sens de ce que nous venons de lire.

Le propos précédent et redoutable, si on le lit mal, est celui selon lequel Paul écrirait que « les juifs […] ont "tué le Seigneur Jésus" […] » (1 Th 2, 15). On sait que le terme grec traduit généralement par « juifs » peut aussi vouloir dire « Judéens » (notion religieuse dans un cas, politico-régionale dans l’autre). Le choix se détermine par le contexte. Or le v. précédent indique qu’il est ici question (comme la plupart du temps pour ce terme dans le NT) de référence politico-régionale : « vous avez imité les Églises de Dieu qui sont en Judée […] puisque vous aussi avez souffert, de vos propres compatriotes, ce qu’elles ont souffert de la part des Judéens ; eux qui ont tué le Seigneur Jésus et les prophètes […] » (1 Th 2, 14-15). Paul sait très bien qu’il n’aurait aucun sens d’attribuer aux juifs thessaloniciens l’événement advenu en Judée (la mort de Jésus) dans la complicité des autorités judéennes et romaines ! Le propos de Paul n’en est pas moins redoutable, qui, de plus, ouvre effectivement à un glissement qui renvoie aux tensions de Thessalonique. Le propos n’en serait que plus redoutable si, au lieu de lire « Judéens », comme l’induit le contexte, on traduit le terme par « juifs », selon l’habitude séculière qui a appuyé l’anti-judaïsme chrétien.

Or on serait avec 1 Thessaloniciens, selon nombre de critiques, peut-être l'épître la plus ancienne du Nouveau Testament. Voilà qui commencerait bien mal ! Si c'était ce que dit Paul. Mais ce n'est pas le cas. Ce qui se confirme dans le texte qui suit et que nous avons lu...

Paul est déjà aux prises avec des disciples judéens de Jésus qui ont une autre interprétation des conséquences de sa résurrection quant à l'application de loi de Moïse en vue du Royaume qui s'ouvre. Et leur influence se fait sans doute sentier jusqu'à Thessalonique (« Ils veulent nous empêcher d'annoncer aux autres peuples le message qui peut les sauver » - 1 Th 2, 16). Et c'est cela le problème des destinataires de son épître. Et c'est pour cela que Paul souhaite aller voir les Thessaloniciens — et à défaut leur a envoyé Timothée —, pour les affermir dans son Évangile universel, voulant que les croyants en Jésus d'origine païenne restent ce qu'ils sont quant à leur coutumes nationales, sous peine de grever l'annonce de l'Évangile d'une coloration traditionnelle particulière, en l'occurrence sa tradition d'origine propre, à savoir celle du judaïsme. Fort bien tout cela, mais le risque pour Paul, est de ruiner ipso facto d'extension universelle du Royaume dont la résurrection du Christ est le point de déclenchement.

Voilà qui peut déranger mêmes les autorités romaines. Car si le judaïsme est toléré dans l'Empire, on n'aime pas trop le développement des mouvements qui rompent les frontières des communautés. D'où, au cœur de la persécution en marche, la tentation pour les disciples de Jésus de se rattacher purement et simplement à la version judéenne de leur adhésion à Jésus.

C'est une mise en garde contre cette tentation qui transparait dans cette épitre, à travers encouragements et félicitations, mise en garde d'autant plus vive que le Royaume est proche, et qu'il n'est pas opportun d'en hypothéquer l'urgence en rognant son ouverture universelle...

RP
30.11.10, CP Vence


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