dimanche 10 avril 2011

"Je suis la résurrection et la vie"




Ezéchiel 37, 12-14 ; Psaume 130 ; Romains 8, 8-11 ; Jean 11, 1-45

Ezéchiel 37
11 « Fils d'homme, ces ossements, c'est toute la maison d'Israël. Ils disent : “Nos ossements sont desséchés, notre espérance a disparu, nous sommes en pièces.”
12 C'est pourquoi, prononce un oracle et dis-leur : Ainsi parle le Seigneur DIEU : Je vais ouvrir vos tombeaux ; je vous ferai remonter de vos tombeaux, ô mon peuple, je vous ramènerai sur le sol d'Israël.
13 Vous connaîtrez que je suis le SEIGNEUR quand j'ouvrirai vos tombeaux, et que je vous ferai remonter de vos tombeaux, ô mon peuple.
14 Je mettrai mon souffle en vous pour que vous viviez ; je vous établirai sur votre sol ; alors vous connaîtrez que c'est moi le SEIGNEUR qui parle et accomplis — oracle du SEIGNEUR. »
Selon la prophétie d'Ezéchiel, ce que l'on peut lire de la résurrection en Jean 11 a une véritable portée messianique, avant Rameaux et Pâques. Ce qu’annonce Jésus vaut aussi pour la petite nation qui aurait tout pour être désespérée, devenue la proie des puissants. Cela n'est pas pour la mort, c'est pour la gloire de Dieu...

Jean 11
1 Il y avait un homme malade ; c’était Lazare de Béthanie, le village de Marie et de sa sœur Marthe.
2 Il s’agit de cette même Marie qui avait oint le Seigneur d’une huile parfumée et lui avait essuyé les pieds avec ses cheveux; c’était son frère Lazare qui était malade.
3 Les sœurs envoyèrent dire à Jésus : "Seigneur, ton ami est malade."
4 Dès qu’il l’apprit, Jésus dit : "Cette maladie n’est pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu : c’est par elle que le Fils de Dieu doit être glorifié."
5 […] Jésus aimait Marthe et sa sœur et Lazare.
6 Cependant, alors qu’il savait Lazare malade, il demeura deux jours encore à l’endroit où il se trouvait.
[…]
17 À son arrivée, Jésus trouva Lazare [mort].
[…]
21 Marthe dit à Jésus : "Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort.
22 Mais maintenant encore, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te le donnera."
23 Jésus lui dit : "Ton frère ressuscitera."
24 — "Je sais, répondit-elle, qu’il ressuscitera lors de la résurrection, au dernier jour."
25 Jésus lui dit : "Je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi vivra, quand bien même il serait mort ;
26 et quiconque vit et croit en moi ne mourra pas pour toujours. Crois-tu cela ?"
27 — "Oui, Seigneur, répondit-elle, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde."
28 Là-dessus, elle partit appeler sa sœur Marie et lui dit tout bas : "Le Maître est là et il t’appelle."
29 A ces mots, Marie se leva immédiatement et alla vers lui.
30 Jésus, en effet, n’était pas encore entré dans le village; il se trouvait toujours à l’endroit où Marthe l’avait rencontré.
31 Les Judéens étaient avec Marie dans la maison et ils cherchaient à la consoler. Ils la virent se lever soudain pour sortir, ils la suivirent: ils se figuraient qu’elle se rendait au tombeau pour s’y lamenter.
32 Lorsque Marie parvint à l’endroit où se trouvait Jésus, dès qu’elle le vit, elle tomba à ses pieds et lui dit: "Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort."
33 Lorsqu’il les vit se lamenter, elle et les Judéens qui l’accompagnaient, Jésus frémit intérieurement et il se troubla.
34 Il dit: "Où l’avez-vous déposé?" Ils répondirent: "Seigneur, viens voir."
35 Alors Jésus pleura;
36 et les Judéens disaient: "Voyez comme il l’aimait!"
37 Mais quelques-uns […] dirent: "Celui qui a ouvert les yeux de l’aveugle n’a pas été capable d’empêcher Lazare de mourir."
38 Alors, à nouveau, Jésus frémit intérieurement et il s’en fut au tombeau; c’était une grotte dont une pierre recouvrait l’entrée.
39 Jésus dit alors: "Enlevez cette pierre." Marthe, la sœur du défunt, lui dit: "Seigneur, il doit déjà sentir… Il y a en effet quatre jours…"
40 Mais Jésus lui répondit: "Ne t’ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu?"
41 On ôta donc la pierre. Alors, Jésus leva les yeux et dit: "Père, je te rends grâce de ce que tu m’as exaucé.
42 Certes, je savais bien que tu m’exauces toujours, mais j’ai parlé à cause de cette foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que tu m’as envoyé."
43 Ayant ainsi parlé, il cria d’une voix forte: "Lazare, sors!"
44 Et celui qui avait été mort sortit, les pieds et les mains attachés par des bandes, et le visage enveloppé d’un linge. Jésus dit aux gens: "Déliez-le et laissez-le aller!"

*

« Cette maladie n’est pas pour la mort », affirme Jésus. Et il attend encore deux jours pour aller rejoindre les deux sœurs de Lazare. « Cette maladie n’est pas pour la mort » a-t-il dit ; et pourtant, Lazare meurt, au point que Jésus arrive quatre jours après son inhumation.

Jésus s’est-il trompé ? C’est ce qu’ont pu penser certains de ses disciples et de ceux qui l’accompagnent. Nous qui savons la suite, savons aussi que décidément, non, Jésus ne s’est pas trompé. Mais pour l’heure… Quoiqu’il en soit, le texte ne nous dit rien à ce sujet. L’heure n’est point aux reproches sur le passé.

Jésus arrive donc, tard, à Béthanie ; et là, pointent les reproches ! — non pas sur ce qu’il a prononcé concernant la maladie de Lazare, mais sur son retard. Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. » Pointe de reproche évidemment, mais chargée de foi tout de même : « maintenant encore, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te le donnera », ajoute-t-elle.

« Ton frère ressuscitera », répond alors Jésus. Parole naturelle, peut penser Marthe, dans ce contexte, Marthe qui confesse alors sa foi, celle de son catéchisme, quoi : « Oui je sais qu’il ressuscitera au dernier jour ». Oui je crois à la résurrection des morts ; et puisqu’il le faut, je m’en consolerai…

Sachant qui est Jésus, ce qu’on attendait de lui — « si tu avais été ici, Lazare ne serait pas mort » — on a de quoi concevoir une certaine déception : une affirmation sur la foi commune au sujet de la résurrection future !

Oui, certes, tout cela est vrai, mais voilà que la parole de Jésus avait une tout autre portée ; ce que Jésus va montrer en signe en Lazare, pour nous tous.

En ressuscitant Lazare, c’est-à-dire en le faisant accéder dès aujourd’hui au dernier jour, au jour du Royaume, Jésus accomplit une chose qui s’adresse, à travers Marthe et sa sœur Marie, à nous tous. Et cela, il en donne à présent la parole à Marthe : « Je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi vivra quand bien même il sera serait mort ».

Lazare est, par Jésus, vivant, en sa présence, en la présence du Fils de Dieu. Et cela vaut aussi pour Marthe, Marie, et nous tous. Pouvons-nous entendre cette parole ? « Je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi vivra, quand bien même il serait mort ; et celui qui vit et croit en moi ne mourra pas pour l’éternité. »

Et Marthe croit ; par sa foi en lui, elle entre aujourd’hui toujours dans sa présence, présence de celui qui est la résurrection et la vie.

La résurrection de Lazare en sera le signe. En l’espèce, par le signe de ce que le passage par la destruction du corps n’enlève rien à ce que Jésus est la résurrection et la vie. Ce pourquoi il avait pu dire : « cette maladie n’est pas pour la mort » !

« Crois-tu cela ? » a-t-il demandé à Marthe. — « Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde ».

À ce moment-là, Marthe sait : elle, et Lazare, sont passés de la mort à la vie par la foi en Jésus. « Là-dessus, poursuit le texte — nous l’avons entendu — ; là-dessus, elle partit appeler sa sœur Marie et lui dit tout bas : "Le Maître est là et il t’appelle" ». Que chacun de nous l’entende aujourd’hui, cette parole : « Le Maître est là et il t’appelle ».

*

Marie marque alors le pas nouveau : « A ces mots, Marie se leva immédiatement et alla vers lui » (v. 29).

Puis profère à son tour la parole de sa sœur, mais d’une toute autre façon : « elle tomba à ses pieds et lui dit : "Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort." » (v. 32). Un ton, une attitude, qui laissent à penser qu’on est déjà au-delà du simple reproche, qu’on est déjà dans l’espérance que tout est possible à celui vers lequel Marie s’est tournée.

S’est mise en place au cœur de la foi qu’a confessée Marthe une ouverture vers ce que signifie concrètement cette confession de foi qui, sinon, pourrait n’être qu’une parole concernant le futur, le temps de la fin…

Mais non, plus que cela, l’ouverture de la foi devient prélude immédiat à une libération inouïe qui va se dévoiler dans la résurrection de Lazare.

Marthe est demeurée, même après sa confession de foi — et elle est ainsi notre porte-parole, évidemment —, dans cette espérance qui concerne les jours futurs de la résurrection finale. Pour l’heure : « il sent déjà » (v. 39), signale-t-elle. C’est bien là la mort-même, contre laquelle on ne peut évidemment rien. La mort qui a atteint Lazare et devant laquelle Jésus vient de pleurer — le plus court verset des Écritures (v.35) : « Jésus pleura ».

Il va alors poser le signe inouï qui annonce pour nous tous ce en quoi sa résurrection au dimanche de Pâques donne tout son sens à notre foi : « vous êtes ressuscités avec le Christ. [...] Vous êtes morts, en effet, et votre vie est cachée avec le Christ, en Dieu », dira Paul (Colossiens 3, 1 & 4). « si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus Christ d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels, par son Esprit qui habite en vous » (Romains 8, 11).

En voici à présent, pour Marthe et Marie et pour nous tous, le signe inouï : la résurrection de Lazare. Où l’Évangile de la résurrection apparaît comme n’étant pas seulement de l’ordre d’une conception théorique ; mais comme étant de l’ordre du commandement accompli : « Lazare, sors ! » Tel est l’ordre, le commandement donné par Jésus, dans l’écoute et l’accomplissement duquel la libération du dimanche de Pâques devient une réalité effective dans nos vies dès aujourd’hui.

Lazare a entendu et a obéi : il est sorti de la mort. Comme Abraham obéissait au fameux commandement de sa liberté : « va ! », « Va vers où je t’indique », « va pour toi ». Et Abraham va : il n’y a pas de liberté sans ce départ.

Et Lazare sort de sa tombe.

Dernier signe de ce que l’Évangile de la résurrection et de la liberté libère vraiment, fait vraiment entrer dès aujourd’hui dans la vie nouvelle du ressuscité celui qui entend la voix du Ressuscité et obéi à son ordre, son commandement : « sors de ta tombe, de ce qui te lie ! » ; dernier signe que rien ni personne ne saurait y faire obstacle — Jésus s’adresse à ceux qui sont présents : « Déliez-le, et laissez le aller ».

R.P.
Vence 10.04.11


Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire