dimanche 4 décembre 2011

Mille ans comme un jour




Ésaïe 40, 1-11 ; Psaume 85 ; 2 Pierre 3, 8-14 ; Marc 1, 1-8

2 Pierre 3, 8-14
8 Mais il est une chose, bien-aimés, que vous ne devez pas ignorer, c’est que, devant le Seigneur, un jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un jour.
9 Le Seigneur ne tarde pas dans l’accomplissement de la promesse, comme quelques-uns le croient ; mais il use de patience envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance.
10 Le jour du Seigneur viendra comme un voleur ; en ce jour, les cieux passeront avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront, et la terre avec les œuvres qu’elle renferme sera consumée.
11 Puisque donc toutes ces choses doivent se dissoudre, quelles ne doivent pas être la sainteté de votre conduite et votre piété,
12 tandis que vous attendez et hâtez l’avènement du jour de Dieu, à cause duquel les cieux enflammés se dissoudront et les éléments embrasés se fondront !
13 Mais nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habitera.
14 C’est pourquoi, bien-aimés, en attendant ces choses, appliquez-vous à être trouvés par lui sans tache et irrépréhensibles dans la paix.

Marc 1, 1-8
1 Commencement de l’Évangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu.
2 Selon ce qui est écrit dans Ésaïe, le prophète : Voici, j’envoie devant toi mon messager, Qui préparera ton chemin ;
3 C’est la voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, Aplanissez ses sentiers.
4 Jean parut, baptisant dans le désert, et prêchant le baptême de repentance, pour la rémission des péchés.
5 Tout le pays de Judée et tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui ; et, confessant leurs péchés, ils se faisaient baptiser par lui dans le fleuve du Jourdain.
6 Jean avait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins. Il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.
7 Il prêchait, disant : Il vient après moi celui qui est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de délier, en me baissant, la courroie de ses souliers.
8 Moi, je vous ai baptisés d’eau ; lui, il vous baptisera du Saint-Esprit.

*

« Jean a baptisé d’eau, mais vous, dans peu de jours, vous serez baptisés du Saint-Esprit », annonce Jésus au moment de son départ, au jour de l’Ascension. Comment est interprétée la prophétie du Baptiste citée ce jour-là par Jésus ? Écoutons la suite : « Alors les apôtres réunis lui demandèrent : Seigneur, est-ce en ce temps que tu rétabliras le royaume d’Israël ? » Jésus parle du don de l’Esprit saint, les disciples entendent l’instauration du Royaume, attendue donc d’un moment à l’autre. « Il leur répondit : Ce n’est pas à vous de connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa propre autorité » (Actes 1, 5-7).

« Un jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un jour », dira l’épître de Pierre citant le Psaume 90…

On retrouve la même problématique que chez les douze, chez les disciples de Thessalonique s’interrogeant sur le sort de ceux qui sont décédés avant l’instauration du Royaume. Paul leur répondait — 1 Th 4, 13-14 & 1 Th 5, 1-2 : « Nous ne voulons pas, frères et sœurs, que vous soyez dans l’ignorance au sujet de ceux qui dorment, afin que vous ne vous affligiez pas comme des gens qui n’ont point d’espérance. Car, si nous croyons que Jésus est mort et qu’il est ressuscité, croyons aussi que Dieu ramènera par Jésus et avec lui ceux qui sont morts. […] Consolez-vous donc les uns les autres par ces paroles. » 1 Th 5, 1-2 : « Pour ce qui est des temps et des moments, vous n’avez pas besoin, frères, qu’on vous en écrive. Car vous savez bien vous-mêmes que le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit. »

2 Pierre 3, 8-9 — nous l’avons entendu : « il est une chose, bien-aimés, que vous ne devez pas ignorer, c’est que, devant le Seigneur, un jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un jour. Le Seigneur ne tarde pas dans l’accomplissement de la promesse, comme quelques-uns le croient ; mais il use de patience envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance. »

Nous allons revenir sur la repentance, écho au message de Jean le Baptiste — et vis-à-vis du don de l’Esprit saint par le Christ ressuscité. Avant cela, resterons sur cette leçon forte pour ceux qui attendent la venue de la Royauté de Dieu : pourquoi est-ce si long ? Au point que nombreux oublient que c’est là l’espérance qui mène les premiers disciples à s’interroger, voire à douter — pour que la réponse claire qui leur est donnée renvoie au temps de Dieu : « devant le Seigneur, un jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un jour »

*

2 Pierre 3, 3-7, juste avant notre texte : « il viendra des moqueurs avec leurs railleries, marchant selon leurs propres convoitises, et disant : Où est la promesse de son avènement ? Car, depuis que les pères sont morts, tout demeure comme dès le commencement de la création. Ils veulent ignorer, en effet, que des cieux existèrent autrefois par la parole de Dieu, de même qu’une terre tirée de l’eau et formée au moyen de l’eau, et que par ces choses le monde d’alors périt, submergé par l’eau, tandis que, par la même parole, les cieux et la terre d’à présent sont gardés et réservés pour le feu, pour le jour du jugement. »

L’impression commune, qui nous affecte tous, est que les choses qui ont duré sont immuables !

En 1982, Arthur C. Clarke écrit 2010 : Odyssée deux, suite du fameux 2001 Odyssée de l'espace, qui remonte à 1968. En résumé, dans 2010 : Odyssée deux, Américains et Soviétiques sont en mission spatiale commune. En 2010, dans un monde où la guerre froide est toujours d'actualité (le livre est écrit 7 ans avant le chute du mur de Berlin), des astronautes américains partent avec une équipe soviétique à bord d’un vaisseau spatial soviétique, alors que sur Terre les tensions sont au maximum et que la guerre américano-soviétique est sur le point d'éclater…

Pourquoi est-ce que je cite cela ? Parce qu’en 1982, il est impossible pour le scientifique compétent auteur de ces livres de science fiction d’imaginer qu’en 2010 l’Union soviétique n’existera plus… Rappelons-nous, pour ceux d’entre nous qui étions déjà adultes en 1982 : l’Union soviétique était perçue comme inébranlable. Évidemment qu’elle existerait encore en 2010 ! Nous étions nés avec (pour ceux qui sont nés après 1922), nous mourrions avec…

C’était ne pas compter avec ce que « devant le Seigneur, un jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un jour »… Et que dire des grands empires de l’Antiquité, engloutis dans les sables après avoir duré parfois des millénaires ?…

Eh bien la parole de sagesse du Psaume 90 et de la 2e épître de Pierre, qui valait pour les empires antiques et les désormais anciens empires modernes, vaut toujours. Remonterait-il au Moyen Âge ou même avant, un empire, ou autre système du monde, est du temps, passager, donc, comme tout empire ou système du temps humain, qui n’est pas le temps de Dieu. Ça vaut pour ce que nous vivons en nos temps. « Devant le Seigneur, un jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un jour »

*

Ici l’épître poursuit : « Le Seigneur ne tarde pas dans l’accomplissement de la promesse, comme quelques-uns le croient ; mais il use de patience envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance. » (2 P 3, 9).

Voilà une autre lecture du temps de Dieu : le temps de Dieu comme temps de sa patience, un temps pour nous ! Où l’on retrouve la prédication du Baptiste : « repentez-vous » ! C’est tout ce qu’il en est nous concernant : « repentez-vous », c’est à dire littéralement : tournez-vous, tournez les yeux vers le Seigneur, et détournez-vous de vos comportements qui vous enferrent loin de Dieu.

Détournez-vous de tout ce qui vous nuit et vous cantonne loin du Royaume. Quant au don de l’Esprit saint, qui rend le Royaume présent au milieu de vous, c’est le don de celui qui vient et pour qui mille ans sont comme un jour et un jour comme mille ans. Le jour de sa parousie, le jour de la résolution des nœuds de l’Histoire est proche dans le temps de Dieu, quelle que soit l’extension du temps humain. Si proche qu’il est déjà là, dans le don de l’Esprit saint, dans ta bouche et dans ton cœur, présent au milieu de vous. Pour vous, pour nous, dans l’espace du temps humain, et selon le don de l’Esprit saint, vous êtes dans le temps de la patience, où aujourd’hui encore est lancé l’appel du Baptiste — aujourd’hui encore il est temps : « repentez-vous » ! C’est à dire : revenez à moi, détournez-vous de ce qui vous éloigne de moi, pendant qu’il est temps. Le Seigneur est tout proche, près de toi…

RP,
Antibes,
2e dimanche de l’Avent
4.12.11


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