dimanche 22 octobre 2017

"Est-il permis de payer le tribut à César ?"




Ésaïe 45, 1 & 4-6 ; Psaume 96 ; 1 Thessaloniciens 1, 1-5 ; Matthieu 22, 15-21

Matthieu 22, 15-21
15 Alors les Pharisiens allèrent tenir conseil afin de le prendre au piège en le faisant parler.
16 Ils lui envoient leurs disciples, avec les Hérodiens, pour lui dire: "Maître, nous savons que tu es franc et que tu enseignes les chemins de Dieu en toute vérité, sans te laisser influencer par qui que ce soit, car tu ne tiens pas compte de la condition des gens.
17 Dis-nous donc ton avis: Est-il permis, oui ou non, de payer le tribut à César?"
18 Mais Jésus, s’apercevant de leur malice, dit: "Hypocrites! Pourquoi me tendez-vous un piège?
19 Montrez-moi la monnaie qui sert à payer le tribut." Ils lui présentèrent une pièce d’argent.
20 Il leur dit: "Cette effigie et cette inscription, de qui sont-elles?"
21 Ils répondent: "De César." Alors il leur dit: "Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu."

*

Que de succès la formule de Jésus « rendez à César… » n’a-t-elle pas eu ! Dernier usage connu en date : on en a fait depuis 1905, la racine de la laïcité et de la séparation des Églises et de l’État… Sauf que ce n’est pas du tout le propos de Jésus — qui disait cela bien avant 1905 et les autres lois de séparation modernes. Ou alors le christianisme historique est un peu long à la détente !

Quant au texte, il annonce la couleur : il s’agit d’un piège…

Voilà des pharisiens qui complotent contre Jésus, nous est-il dit, en venant avec les hérodiens !

Que les hérodiens ne supportent pas Jésus, on le comprend, ils sont payés pour ça : ce sont les pantins des Romains. Mais que des pharisiens, qui sont pourtant du parti de ceux qui n’entendent pas légitimer Rome — comme les disciples de Jésus espérant la délivrance du joug romain — que des pharisiens, donc, viennent à comploter avec les hérodiens, voilà qui est étrange.

Si la plupart des pharisiens sont conséquents dans leur adversité à l’égard de Rome, en voilà qui apparemment ne le sont pas. Et quelle longue introduction pour piéger Jésus ! — : on le flatte pour le faire parler, dit le texte.

Tout ça pour l’amener à dire devant les hérodiens, qui s’empresseront de faire leur rapport aux autorités, qu’il est le porte-parole, voire le Messie, d’un royaume souverain, Israël, et qu’il n’est évidemment pas comme Hérode, à la solde de Rome.

A moins que, pire, il ne se défile, et que lâchement, il ne prône la soumission symbolique, par l’impôt, se discréditant auprès des siens ! Auquel cas, ce sont parmi les pharisiens que certains se chargeront de colporter la nouvelle.

La question est de toute façon difficile : apparemment, une seule alternative, payer ou ne pas payer. Les circonlocutions flatteuses ont mis la puce à l’oreille de Jésus, il s’agit de le piéger.

Alors, à la longue introduction de ses interlocuteurs, répond un bref : “hypocrites, pourquoi me tendez-vous un piège ?” Le piège dévoilé ainsi, en deux mots, Jésus en vient à la question, la seule, qui lui est posée : l’impôt à César.

Pour les pharisiens, la réponse que va donner Jésus aura de quoi nourrir leur réflexion. Les hérodiens convoqués, eux, sont renvoyés à vide. Ils n’ont rien obtenu, Jésus ne leur a même pas adressé la parole. Jésus a manifestement déjoué le piège.

C’est pourquoi la réponse ne signifie pas ce qu’on a pris l’habitude d’en faire : une réponse qui serait au fond hérodienne, légitimant l’Empire romain. N’a-t-on en effet pas fait professer à Jésus une théorie du double pouvoir : le temporel à César, le spirituel à Dieu…

Et pourquoi pas, par la suite, à celui qui est censé le représenter, le pape — face à l’Empereur ? — pour un « pouvoir » spirituel que l’on sépare par la suite de celui de l’État, à l’appui de ce « rendez à César » ; où l’on origine, de façon tout aussi anachronique que l’attribution du « pouvoir » spirituel au pape, la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État (bienvenue par ailleurs)…

Mais une telle lecture de ce texte revient — s’en rend-on compte ? — à faire des hérodiens satisfaits et des pharisiens qui auraient réussi à montrer que Jésus est au fond au service — conscient ou pas — du pouvoir romain. Or ce n’est manifestement pas ce que les uns comme les autres ont compris.

*

Quand Jésus dit « rendez à César ce qui est à César », il parle de la vanité de ce qu’il s’agit de lui rendre. Sur la pièce est une idole, César figure cette idole — Jésus et ses interlocuteurs ne peuvent que s’y accorder sans peine. Que les affaires d’idoles restent des affaires d’idolâtres : laissez leur cela. Pas de quoi satisfaire les hérodiens, traités donc implicitement de païens.

Mais pas mieux pour les pharisiens. L’ambiguïté de la seconde proposition ne leur échappe pas. « Rendez à Dieu ce qui est à Dieu » n’est aucunement parallèle à « rendez à César ce qui est à César ». Comme si Dieu et César étaient chacun à la tête de deux banques d’État qui fonctionnent en parallèle, avec possibilité de change, comme les euros qui reçoivent les symboles souverains de chaque État européen.

Les pharisiens ne s’y sont pas trompés. Dieu est au-delà de César, infiniment au-delà, et tout lui appartient, César y compris… Alors allez tendre des pièges à d’autres, ou bien suivez-moi et adorez Dieu seul.

En ce qui nous concerne, chrétiens d’aujourd’hui, on semble avoir parfois toujours autant de difficultés à admettre la leçon. Il faut bien reconnaître que Jésus dérange toujours autant. Car c’est quand même là le cœur de son propos : il ne s’agit pas de s’imaginer que Jésus veut dire que, puisque César (ou ses successeurs) frappe monnaie à sa figure, le monde lui appartient à proportion des fluctuations boursières.

Ou, en d’autres termes, que César et/ou Mammon-la-Bourse est un concurrent légitime de Dieu. Pharisiens et hérodiens sont renvoyés dos à dos, mais pas César et Dieu !

Quand César n’est plus d’actualité, mais que Mammon, la vraie idole derrière tous les César, l’est plus que jamais, ce texte résonne avec une criante actualité. Il est ici question du pouvoir attribué à César/Mammon et de son culte, à savoir la façon commune d’en faire l’idole que l’on sert. Ce qui est bien, en tout temps, d’actualité.

Et voilà qu’on nous dit que Jésus enseignerait de rendre culte aux deux à la fois, César et Dieu ?! Payer l’impôt prend en fait un tout autre sens que celui d’un parallèle avec le culte de Dieu ! Cela entre dans le relatif, pour ne pas dire dans la vanité, qui atteint César en son temps, l'institution politico-financière aujourd’hui — et il faut bien faire avec ce qui reste cependant du provisoire, et vivre ainsi ensemble dans la Cité terrestre.

Tandis que rendre à Dieu ce qui est à Dieu permet tout simplement de vivre dès à présent une autre réalité, celle du Règne de Dieu, qui n’est pas de ce monde, mais qui n’en a pas moins, en ce monde, des incidences concrètes. Au jour où tout passe, à commencer par César ou la bourse, « si donc vous êtes ressuscités avec Christ, cherchez les choses d’en haut, où Christ est assis à la droite de Dieu. Affectionnez-vous aux choses d’en haut, et non à celles qui sont sur la terre. Car vous êtes morts — morts donc à tout cela —, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu » (Col 3, 1-3).


RP, Châtellerault, 22.10.17


dimanche 15 octobre 2017

… En un repas de fête… (Ps 36)




Ésaïe 25, 6-9 ; Psaume 23 ; Philippiens 4, 12-20 ; Matthieu 22, 1-14

Ésaïe 25, 6-9
6 Le SEIGNEUR, le tout-puissant, va donner sur cette montagne un festin pour tous les peuples, un festin de viandes grasses et de vins vieux, de viandes grasses succulentes et de vins vieux décantés.
7 Il fera disparaître sur cette montagne le voile tendu sur tous les peuples, l’enduit plaqué sur toutes les nations.
8 Il fera disparaître la mort pour toujours. Le Seigneur DIEU essuiera les larmes sur tous les visages et dans tout le pays il enlèvera la honte de son peuple. Il l’a dit, lui, le SEIGNEUR.
9 On dira ce jour-là: C’est lui notre Dieu. Nous avons espéré en lui, et il nous délivre. C’est le SEIGNEUR en qui nous avons espéré. Exultons, jubilons, puisqu’il nous sauve.

Matthieu 22, 1-14
1 Et Jésus se remit à leur parler en paraboles:
2 "Il en va du Royaume des cieux comme d’un roi qui fit un festin de noces pour son fils.
3 Il envoya ses serviteurs appeler à la noce les invités. Mais eux ne voulaient pas venir.
4 Il envoya encore d’autres serviteurs chargés de dire aux invités: Voici, j’ai apprêté mon banquet; mes taureaux et mes bêtes grasses sont égorgés, tout est prêt, venez aux noces.
5 Mais eux, sans en tenir compte, s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce;
6 les autres, saisissant les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent.
7 Le roi se mit en colère; il envoya ses troupes, fit périr ces assassins et incendia leur ville.
8 Alors il dit à ses serviteurs: La noce est prête, mais les invités n’en étaient pas dignes.
9 Allez donc aux places d’où partent les chemins et convoquez à la noce tous ceux que vous trouverez.
10 Ces serviteurs s’en allèrent par les chemins et rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, mauvais et bons. Et la salle de noce fut remplie de convives.
11 Entré pour regarder les convives, le roi aperçut là un homme qui ne portait pas de vêtement de noce.
12 Mon ami, lui dit-il, comment es-tu entré ici sans avoir de vêtement de noce? Celui-ci resta muet.
13 Alors le roi dit aux servants: Jetez-le, pieds et poings liés, dans les ténèbres du dehors: là seront les pleurs et les grincements de dents.
14 Certes, la multitude est appelée, mais peu sont élus."

*

Un festin pour tous les peuples, tous, indépendamment de toute appartenance, religieuse, nationale, à tel cercle social privilégié ou que sais-je encore — c’est ce dont nous parle Matthieu après Ésaïe.

Festin pour tous, indifféremment des types divers de distinctions sociales, économiques ou autres. « Dans ta demeure nuit et jour, la table est toujours prête ; et tu nourris ceux qui ont faim de l'abondance de tes biens en un repas de fête » (Ps 36, versifié en français par Clément Marot).

Sans privilège des uns par rapport aux autres. D’autant plus que ce genre d’impressions d’appartenance plus ou moins privilégiée, ou d’élite, a pour effet de faire regarder de haut — non seulement les autres, mais aussi — le don de Dieu que l’on prend pour un dû. Car au bout du compte, on méprise carrément le trop plein de bonheur et d’abondance, reçu de toute façon comme un dû ! Et on dédaigne le maître de toutes choses.

Un Proverbe attribué au roi Salomon — qui n’avait rien à apprendre de quiconque en matière de richesse —, dit : « garde-moi, ô Dieu, de la pauvreté, de peur que je ne me révolte contre toi, garde-moi aussi de la richesse de peur que je ne t’oublie » — de peur que je n’oublie que tout vient de toi et que l’on est mal venu de considérer la fête que tu promets comme quantité négligeable. N’est-ce pas un peu le problème de toute civilisation repue, et de notre civilisation ? Jusqu’au jour où…

*

Eh bien, au plan spirituel, c’est cela que déplore Jésus. Nous voilà invités à la fête, à recevoir des bienfaits inouïs et — du haut de nos longs siècles d'acquis religieux — nous passons à côté de ces bienfaits, qui sont pourtant au cœur de cet héritage enfoui sous le rébarbatif.

Je vous ai invités à la noce, et vous avez méprisé mon appel. Je suis allé appeler ailleurs — ceux que parfois vous avez cru devoir regarder de haut au banquet de la Parole de Dieu.

C’est évidemment de cela que parle Jésus quand il évoque ceux qui sont envoyés pour inviter des convives à la noce et qui se font tuer : il parle évidemment des prophètes assassinés par le peuple quand il ne veut plus se laisser interpeller et qui préfère faire taire les voix qui dérangent — ex. Bonhöffer ou Martin Luther King, et combien d'anonymes, aujourd’hui même ailleurs sur notre terre.

*

Mais sans aller jusque là, si l'on se contente de se considérer comme un peu trop occupé, « l’un à son champ, l’autre à son commerce » comme dit Jésus, ou encore à son affaire, ses priorités sportives, que sais-je encore — affaires qui valent quoi finalement… ? Cela jusqu’à trouver inopportun l’appel de Dieu… Alors l’invitation pourrait très bien s’adresser à d’autres, qui ne paient pas de mine en matière de richesse spirituelle…

*

De toute façon, que ce soit ceux qui refusent l’invitation au Royaume, voire qui persécutent, et même tuent ceux qui la leur apportent ! — ou que ce soit ceux qui prétendent y entrer par leurs propres moyens, — on n’entre pas aisément dans le Royaume de Dieu.

Ce que confirme la deuxième partie de la parabole ; pour celui qui est entré sans la tenue correcte exigée, les choses peuvent en effet sembler difficiles à saisir !…

D’autant plus que le texte précise que l’invitation vaut pour les méchants comme pour les bons… Mais justement, la réponse est sans doute là : des méchants et des bons, à savoir par la grâce seule : la grâce seule qui ouvre la conversion — la vêture de l’habit de noces —, et en aucun cas revêtu de ses propres prétentions…

*

Car c’est de cela qu’il s’agit au fond dans le deuxième aspect de la parabole. Où, parmi ceux qui viennent finalement au banquet — ceux auxquels est finalement adressé l’appel dédaigné par les repus de spiritualité et de biens en tout genre —, voilà un de ces pauvres, apparemment, qui ne porte pas de vêtements de noce. Qu’est-ce à dire ?

Première évidence : on ne va pas à la noce avec la tenue qu’on aurait à un enterrement par exemple — crêpe noir ou veste sombre. On n’y va pas non plus en tenue de travail ou de sport, qui laisserait à penser au minimum qu'on a l'esprit ailleurs.

Au festin du Royaume il s'agit — de même — de s’habiller le cœur ! comme disait Saint-Exupéry par la bouche du renard attendant le petit Prince : ça se traduit par des rites, des heures de rendez-vous pour pouvoir savoir à quel moment s’habiller le cœur. S’habiller le cœur ! Eh bien, ce que reproche le maître du festin de la parabole à l’homme trouvé sans habit de noces, c’est d’avoir négligé, précisément, de s’habiller le cœur. Ce qui revient à dire que s’il n’a pas refusé cette invitation que les premiers appelés avaient négligée, il n’en a, pas plus qu’eux, mesuré la portée. Est-il venu pour s’offrir un repas, une soirée dansante, ou que sais-je de ce genre ? Ou autre chose à côté du sens de l’invitation ?

En tout cas, sa tenue montre qu’il n’a pas perçu l’honneur que valait la fête du Royaume. Il ne s’est pas habillé le cœur ! C’est ce que trahit la parole finale sur les appelés et les élus. L’appel extérieur du messager n’a pas résonné en son cœur… C’est la parole finale de notre texte : « Il y a beaucoup d’appelés mais peu d’élus ».

Le don de Dieu, la grâce, est d'un prix infini, dont les signes ne se réduisent pas à des conformismes sociologiques ou à des gestes traditionnels qui ne revêtent pas la priorité absolue de la grâce — qui ne se brade pas au marché des rites.

En bref et en clair, est-ce que l’invitation de Dieu à la fête de son Royaume résonne suffisamment en moi pour qu’elle vaille que je quitte tout pour cela, que j’habille mon cœur de joie ; à commencer par renoncer aux exigences pratiques ou autres arrangements ; ou est-ce que je pense avoir mieux à faire ; est-ce que je viens sans m’habiller le cœur ? Sans revêtir le Christ…

Si c’est le cas, c’est que je ne sais pas la valeur de ce qui m’est proposé quand Dieu m'invite. Si nous savions seulement le millième de la joie qui est dans cet appel, nous laisserions tout avec bonheur et courrions à toutes jambes à l’écoute de cet appel propre à bouleverser notre cœur, l’intérieur de nous-mêmes, pour que rien ne soit plus jamais comme avant. Il est toujours temps, maintenant, de faire retour, de s’habiller le cœur pour la fête du Royaume.

L'habit du cœur nous est offert. Quel est alors cet habit du cœur ? Ce n'est pas celui que nous nous confectionnerions nous-mêmes, avec nos œuvres — le vêtement de travail dont nous parlions — ou de nos performances — tenue de sport — ce n'est pas le vêtement de nos peines et nos tristesses — vêtement de deuil. Rien de tout ce que nous pourrions nous constituer : le vêtement de noce est celui que le Maître du festin lui-même nous a confectionné : il s'agit de revêtir le Christ (selon les mots de l’Apôtre Paul), d'en revêtir la tunique de résurrection, dès à présent. Nous n'entrons pas par nous-mêmes, mais nous étant dépouillés de nous-mêmes, du vêtement qu'est le vieil homme périssant en nous, le Maître couvre notre nudité du Christ, nous invitant à la confiance seule : il est lui-même notre droit d'entrée au festin du Royaume.


RP, Poitiers, 15/10/17


samedi 14 octobre 2017

"Je suis la vraie vigne..."





Jean 15, 1-5
1 « Je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron.
2 Tout sarment qui, en moi, ne porte pas de fruit, il l’enlève, et tout sarment qui porte du fruit, il l’émonde, afin qu’il en porte davantage encore.
3 Déjà vous êtes émondés par la parole que je vous ai dite.
4 Demeurez en moi comme je demeure en vous ! De même que le sarment, s’il ne demeure sur la vigne, ne peut de lui-même porter du fruit, ainsi vous non plus si vous ne demeurez en moi.
5 Je suis la vigne, vous êtes les sarments : celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là portera du fruit en abondance car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. 

*

« ‘Des œuvres bonnes ne font pas un chrétien, mais un homme bon fait de bonnes œuvres. De mauvaises œuvres ne font pas un homme mauvais mais un homme mauvais fait des mauvaises œuvres’. C’est ce que dit Jésus-Christ : ‘Un mauvais arbre ne produit pas de bons fruits ; un bon arbre ne produit pas de mauvais fruits’. N’importe qui sait que les fruits ne portent pas l’arbre et que l’arbre ne pousse pas sur les fruits. Ce sont les arbres, au contraire, qui portent des fruits et ce sont les fruits qui poussent sur les arbres. » (Martin Luther, Traité de la liberté du chrétien).


Voir ICI…


dimanche 8 octobre 2017

Vigne et vignerons




Ésaïe 5, 1-7 ; Psaume 80 ; Philippiens 4, 6-9 ; Matthieu 21, 33-43

Ésaïe 5, 1-7
1  Que je chante pour mon ami, le chant du bien-aimé et de sa vigne : Mon bien-aimé avait une vigne sur un coteau plantureux.
2  Il y retourna la terre, enleva les pierres, et installa un plant de choix. Au milieu, il bâtit une tour et il creusa aussi un pressoir. Il en attendait de beaux raisins, il n’en eut que de mauvais.
3  Et maintenant, habitants de Jérusalem et gens de Juda, soyez donc juges entre moi et ma vigne.
4  Pouvais-je faire pour ma vigne plus que je n’ai fait ? J’en attendais de beaux raisins, pourquoi en a-t-elle produit de mauvais ?
5  Eh bien, je vais vous apprendre ce que je vais faire à ma vigne : enlever la haie pour qu’elle soit dévorée, faire une brèche dans le mur pour qu’elle soit piétinée.
6  J’en ferai une pente désolée, elle ne sera ni taillée ni sarclée, il y poussera des épines et des ronces, et j’interdirai aux nuages d’y faire tomber la pluie.
7  La vigne du SEIGNEUR, le tout-puissant, c’est la maison d’Israël, et les gens de Juda sont le plant qu’il chérissait. Il en attendait le droit, et c’est l’injustice. Il en attendait la justice, et il ne trouve que les cris des malheureux.

Matthieu 21, 33-43
33  "Écoutez une autre parabole. Il y avait un propriétaire qui planta une vigne, l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et bâtit une tour ; puis il la donna en fermage à des vignerons et partit en voyage.
34  Quand le temps des fruits approcha, il envoya ses serviteurs aux vignerons pour recevoir les fruits qui lui revenaient.
35  Mais les vignerons saisirent ces serviteurs ; l’un, ils le rouèrent de coups ; un autre, ils le tuèrent ; un autre, ils le lapidèrent.
36  Il envoya encore d’autres serviteurs, plus nombreux que les premiers ; ils les traitèrent de même.
37  Finalement, il leur envoya son fils, en se disant: Ils respecteront mon fils.
38  Mais les vignerons, voyant le fils, se dirent entre eux : C’est l’héritier. Venez ! Tuons-le et emparons-nous de l’héritage.
39  Ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent.
40  Eh bien ! lorsque viendra le maître de la vigne, que fera-t-il à ces vignerons-là ?"
41  Ils lui répondirent : "Il fera périr misérablement ces misérables, et il donnera la vigne en fermage à d’autres vignerons, qui lui remettront les fruits en temps voulu."
42  Jésus leur dit : "N’avez-vous jamais lu dans les Écritures : La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs, c’est elle qui est devenue la pierre angulaire ; c’est là l’œuvre du Seigneur: Quelle merveille à nos yeux. (Ps 118, 22-23 ; És 28, 16)
43  Aussi je vous le déclare : le Royaume de Dieu vous sera enlevé, et il sera donné à un peuple qui en produira les fruits.

*

Ceux qui cherchent à arrêter Jésus, puisque c’est bien de cela qu’il est question, le font selon une habitude qui n’est pas nouvelle contre les porte-parole que Dieu envoie. Et qui correspond à une manie universelle de rejeter ceux dont le message dérange. Et la parole de Dieu dérange radicalement, plus que tout autre message !

Une attitude de rejet qui au temps de Jésus n’est pas plus nouvelle en Israël qu’ailleurs. Il n’est qu’à lire ce qui se passait au temps d’Ésaïe, ce qui — l’histoire nous l‘apprendra — ne s’arrêtera pas là.

Inutile de dire qu’il n’y a dans ce texte aucun rejet d’Israël en faveur de l’Église, comme cela a hélas été souvent pensé par une lecture terrible et fausse du v. 43 ! Il y est question d’une catastrophe annoncée (similaire à celle qu’annonçaient les prophètes face à la menace babylonienne) — et Jésus en a pleuré. Ça vaut de tout temps. « Tu avais arraché de l'Égypte une vigne ; tu as chassé des nations et tu l'as plantée », rappelle le Psaume 80, v. 9.

Quant au rejet des prophètes, il n’est qu’à voir la façon dont ont été traités les divers envoyés de Dieu aux époques antérieures… et ultérieures et notamment dans les diverses périodes de l’Église chrétienne, et particulièrement, peut-être, la nôtre (pensons, pour ne donner que cet exemple, au cas emblématique du pasteur M.L. King) ; et cela en premier lieu de la part de ceux qui se voient octroyer des responsabilités. C’est ainsi.

Mais alors, pourquoi une telle parabole, aussi bien chez Ésaïe que chez Jésus ? Si la chose est normale, ne faut-il pas faire avec, prendre patience et en rester là ?! Mais voilà : dans les deux cas là n’est pas le propos. Le propos est qu’il y a des limites, et qu’un jour vient où elles sont atteintes. Et le jour est venu. Avant d’en venir là, et pour en venir là, il y a nombre de signes.

Le signe que donne Ésaïe (ch. 28, v. 2), est formulé ainsi : « Voici un puissant guerrier du Seigneur, semblable à un orage de grêle, à une tempête dévastatrice, à un orage qui fait déborder les eaux impétueuses [...]. » (Cf. Ps 80).

Le signe que donne Jésus est la façon dont ceux à qui est confiée la vigne (la vigne de Dieu, son peuple, Israël ou Église) traitent ceux que Dieu a chargés de prêcher sa parole.

Dieu donne des signes de la limite au-delà de laquelle la vigne, avec ses responsables, sont laissés dévastés. Car Dieu n’a pas besoin de ceux qui se croient indispensables. Il mènera son projet à son terme avec eux s’il le peut, malgré eux s’il le faut.

Il n’a pas besoin de responsables qui se donnent pour tâche de juger ou de noter la parole de Dieu — à travers ses envoyés. Il n’a pas besoin de ces personnages prétendument indispensables à Dieu, et qui du haut de leur pouvoir croient gérer la qualité du message des envoyés. Jésus l’a dit ailleurs : leur appréciation n’est fonction que de ce que ce message va ou pas dans le sens de leur poil.

Et Jésus de dire aux envoyés — Luc 6, 22-23,26 : « Heureux êtes-vous lorsque les hommes vous haïssent, lorsqu’ils vous rejettent et qu’ils insultent et proscrivent votre nom comme infâme, à cause du Fils de l’homme. Réjouissez-vous ce jour-là et bondissez de joie, car voici, votre récompense est grande dans le ciel ; c’est en effet de la même manière que leurs pères traitaient les prophètes. [Mais] malheureux êtes-vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous : c’est en effet de la même manière que leurs pères traitaient les faux prophètes. »

De tout temps, on a donné des bons points à ceux qui caressent leur audience dans le sens du poil. Et de tout temps, on a mal noté, critiqué, maltraité, voire physiquement, les prophètes que Dieu envoie, mais qui bien sûr ne disent pas forcément ce que l’on voudrait entendre ; mais, dans la mesure du possible, ce que Dieu dit. Et à partir de là, c’est une parabole sur la limite qui nous est donnée : les limites sont atteintes, nous disent Ésaïe comme Jésus. Et si vous ne changez pas, les choses changeront, malgré vous et contre vous.

Voilà qui pourrait être d’une criante actualité quand on sait que les vignerons sont censés recueillir les fruits de la vigne de Dieu pour en répartir le fruit de manière juste. Ceux qui ont des biens les ont reçus de Dieu pour les partager. Que dire d’un monde où ceux qui ont reçu non seulement n’ont pas contribué à rendre le monde plus beau et plus juste, mais n’ont fait que creuser des fossés de façon scandaleuse ? Que dire de l’Église qui, malgré force caresses de tous dans le sens du poil, ne cesse pas de se vider pour autant. Le jour vient, et il est déjà venu — où Dieu remet les pendules à l’heure, et donne sa vigne à gérer à d’autres !

Alors puisque Dieu parle encore, puisqu’il a encore quelque chose à nous dire, soyons attentifs, écoutons sa parole, et il y aura peut-être un avenir. « Aujourd’hui si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs. » Il s’agit de changer de comportement. Conversion, repentir, dit le Psaume 80 : « fais-nous revenir, Seigneur ». La grâce de Dieu est encore active : Il parle encore. Sachons l’entendre.


R.P., Poitiers, 08.10.17


dimanche 1 octobre 2017

Tous exilés




Ézéchiel 18, 21-32 ; Psaume 25 ; Philippiens 2, 1-11 ; Matthieu 21, 28-32

Matthieu 21, 28-32
28 Qu’en pensez-vous ? Un homme avait deux fils ; il s’adressa au premier et dit : (Mon) enfant, va travailler aujourd’hui dans ma vigne.
29 Il répondit : Je ne veux pas. Ensuite, il se repentit, et il y alla.
30 Il s’adressa alors au second et donna le même ordre. Celui-ci répondit : Je veux bien, Seigneur, mais il n’y alla pas.
31 Lequel des deux a fait la volonté du père ? Ils répondirent : Le premier. Et Jésus leur dit : En vérité je vous le dis, les péagers et les prostituées vous devanceront dans le royaume de Dieu.
32 Car Jean est venu à vous dans la voie de la justice, et vous n’avez pas cru en lui. Mais les péagers et les prostituées ont cru en lui, et vous, qui avez vu cela, vous ne vous êtes pas ensuite repentis pour croire en lui.

*

Cette petite histoire, donnée dans la parabole des deux fils, nous parle d'exil, je vais essayer de dire en quoi, d'exil et donc de refuge — au cœur de ce que, minoritaire et interdite, la tradition protestante en France a dû bâtir dès le XVIe siècle et sous tout l'Ancien Régime. Une conscience de l'exil s'y est forgée, qui n'est pas sans rapport avec bien des attitudes et solidarités ultérieures avec les exilés…

Voyons notre parabole. Expérience toute quotidienne que celle à laquelle réfère Jésus. On l’imagine ayant observé, ou ayant entendu la plainte, l’agacement, d’un père dont l’un des enfants lui aurait fait faux bond de cette façon, se défilant adroitement de ses demandes. « Va dans ma vigne — oui papa » ; et le père de découvrir à la fin de la journée qu'il n'y est pas allé !

Si l’on tarde encore, encore un faux bond comme cela, et la récolte risque d’en subir les conséquences, voire d’être gâtée !

Et quand ce second fils était le recours après que le premier fils, au début de la journée, lui ait dit carrément « non, je n’y vais pas ! », on conçoit l’agacement du père. De quoi être désabusé !

Heureusement pour la vigne, dans notre parabole, ce premier qui a d’abord refusé, a fini par changer d’avis…

Mais qu’est-ce que signifie cette vigne, puisqu’il s’agit d’une parabole, d’une comparaison ? À quoi Jésus compare-t-il cette vigne et ces deux fils ?

La leçon finale de la parabole, « les collaborateurs des Romains et les prostituées vous devanceront dans le Royaume de Dieu », indique que le travail à la vigne de la parabole débouche sur le Royaume de Dieu, cette espérance d'un monde où la fraternité s'est étendue à tous, au-delà de toute frontière ; la mention de cette espérance indique qu’il y a donc un rapport entre les deux — la vigne et le Royaume ; la vigne s’apparentant aussi à un chemin, à un préalable, à un temps de préparation censé déboucher sur le Royaume. Car en attendant le Royaume, le travail à la vigne est un travail plutôt pénible.

On sait cela dans cette civilisation agricole ; et le fait que l’on puisse être porté à rechigner à y aller, n’en laisse pas de doute pour le lecteur. Et pourtant, un auditeur de l’époque, instruit dans les livres des prophètes, le savait aussi : il y a un rapport entre cette vigne fatigante et le Royaume des réjouissances promises. Car ce à quoi il s'agit d'obéir n'est pas n'importe quoi ! Va dans ma vigne, va dans ta vie. Où apparaît, avec l’obéissance à Dieu et à sa Loi tout autre chose que des obéissances pour la frustration, mais l’entrée dans la mission qu’il nous confie. Et l’envoi que Jésus adresse à l’Église.

Mais à ce point, puisqu’il est question du projet de Dieu en vue du Royaume, on peut franchir un pas supplémentaire : chose qui n’est pas sans lien avec la mission de l’Église qui entre dans la lignée de celle d’Israël, on a peut-être en vue la Création elle-même.

Ce qui, en regard de la parabole, pourrait évoquer ce thème, que l’on retrouve dans la spiritualité juive, qui est celui de la réticence à venir à l’être, la réticence à choisir la vie — « j'ai mis devant toi la vie et la mort : choisis la vie afin que tu vives »  dit le Deutéronome. Cela demande du courage. La spiritualité juive ultérieure le dit en ces termes : lorsque, avant sa venue à l’être, Dieu envoie une âme dans le monde, celle-ci trépigne, résiste, supplie, bref, fait tout pour éviter de s’incarner — c'est-à-dire éviter le exil de la venue en ce monde.

Bref : « va travailler aujourd’hui dans ma vigne. Non ! Je ne veux pas ! » dit le premier fils. (Remarquons en passant que cette parabole inverse ce que l’on trouve dans beaucoup d’autres paraboles. Ici, c’est le premier fils, l’aîné, qui a eu au bout du compte le bon comportement. Voilà qui pourrait ressembler à un avertissement à l’Église, qui, jouant régulièrement les seconds fils des autres paraboles, se targue peut-être un peu légèrement de sa spontanéité à répondre « oui » ! Répondre « oui », mais pour quel résultat concret ?)

Le « non » qui précède l’acceptation quand même et malgré tout s’inscrit dans la spiritualité juive en écho au livre de l’Ecclésiaste : « Moi, je déclare les morts plus heureux d’être déjà morts que les vivants d’être encore vivants, mais mieux encore que les uns et les autres celui qui n’a pas encore existé et qui n’a pas vu l’œuvre mauvaise qui se fait sous le soleil. » (Ecc 4, 2-3)

En regard de la sagesse de l’Ecclésiaste, donc, l’autre fils, le second, celui qui dit « oui » d’emblée, serait ou un naïf, ou un inconscient, ou un distrait — quelqu’un qui n’a pas pris la mesure des choses. Pardonnons-lui, car il ne sait pas ce qu’il dit ! — et du coup, son « oui » apparemment enthousiaste, est d’emblée voué à tourner court. Vendangeur dans la vigne, il s’assiéra pour s’endormir sous un cep ; homme de religion, il se contentera de l’extériorité des rites. Il n’avait pas mesuré ce à quoi il disait « oui » !

Et du coup au fond, avait-il vraiment dit oui, ou plutôt, alors, n’aurait-il pas mieux fait de s’abstenir — que de finir ainsi. C’est bien là une des questions que pose notre parabole.

Le « non », lui, est réaliste : la vigne, c’est fatigant, c’est ingrat, c’est dur. Les rangées de cep, au milieu du jour, sous le soleil brûlant, ça prend des allures d’infini. C’est un peu comme l’espérance du Royaume. Il est des temps de l’histoire, de l’individu ou d’un peuple, des temps chargés de douleurs dont on ne voit pas la fin, où l’on se demande.

Et selon la tradition légendaire, l’âme l’a bien pressenti avant de venir au monde et — selon, j’allais dire, notre expérience —, en témoigne dès la naissance : en général l’enfant hurle à ce moment-là (et je ne parle pas de la douleur de sa mère !). L’enfant semble manifester assez peu d’enthousiasme à débarquer dans la vigne ! Comme tout exil : ce n'est jamais un plaisir pour ceux qu'y contraignent les réalités politiques économiques, climatiques.

Or cette tradition de l'exil de l'âme, les responsables religieux auxquels s’adresse Jésus la connaissent. D’où cette question : et si Jésus leur disait en sous-entendu : au fond, nous dit Jésus, vous le savez bien : qui dit « oui » ? Qui dirait « oui » s’il savait à quoi il s’expose ? Ici aussi on peut transférer aux exilés géographiques. Qui dirait « oui » à l'exil ? La réponse a été donnée par l’Ecclésiaste : en tout cas, concernant notre vie ici-bas, pas un sage !

Bref, sauf l'insensé, nous avons dit « non » (et l'insensé a fini par un « non » lui aussi) — ce pourquoi le texte renvoie à Jean le Baptiste : repentir, c'est-à-dire revenir, retour. Maintenant que nous y sommes de toute façon — dans cette vie d'exil, eh bien ! il faut faire avec, en route vers le Royaume, tous ensemble dans la même barque.

Tous avons dit « non » d'emblée ou après réflexion (comme l’insensé) ? Une nuance tout de même. Il y en a bien un qui a dit « oui ». un « oui » ferme et définitif, en connaissance de cause peut-on dire. Il a dit « oui » jusqu’à la croix, dessinée depuis — non pas la crèche — mais l’Éternité : l’agneau de Dieu égorgé depuis la fondation du monde (Apoc 12, 8).

Et c’est ici que tout est renversé, ici que tout devient possible, à commencer pour ceux qui ne se leurrent pas sur la qualité de leur « oui », ce pourquoi « les péagers des Romains et les prostituées vous devanceront dans le royaume de Dieu ».

Nous voici donc tous avec notre « non » appelés à un acte de confiance en celui-là seul qui a dit « oui » en connaissance de cause — et qui rend ainsi possible ce retour à un « oui » à l'appel de Dieu, auquel il invite, le retour au « oui » à Dieu qu’annonçait Jean le Baptiste.

Tout est dès lors ouvert pour devenir ce que Dieu sait de nous, contre les illusions qui nous figent dans ce que nous croyons savoir ; tout devient possible pour entrer dans la vie avec ses risques, mais pour la vérité dans la liberté.

Certes le travail à la vigne n’est pas facile, ce chemin du devenir soi en vérité, mais c’est le chemin du Royaume de toute consolation sur lequel est venu nous précéder, en toute connaissance de ce qui est ouvert en Dieu, celui qui nous y appelle aujourd’hui. Dieu s’est approché. La proximité de Dieu est celle d’aujourd’hui : « Je ne prends pas plaisir à la mort de celui qui meurt — oracle du Seigneur Dieu ; revenez donc et vivez ! » (Ézéchiel 18, 32)


RP, Cimade / Poitiers EPUdF, 01/10/17