dimanche 9 juin 2019

Pentecôte




Actes 2.1-11 ; Psaume 104 ; Romains 8.8-17 ; Jean 14.15-26

Actes 2, 1-8
1 Lorsque arriva le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble en un même lieu.
2 Tout à coup, il vint du ciel un bruit comme celui d'un violent coup de vent, qui remplit toute la maison où ils étaient assis.
3 Des langues leur apparurent, qui semblaient de feu et qui se séparaient les unes des autres ; il s'en posa sur chacun d'eux.
4 Ils furent tous remplis d'Esprit saint et se mirent à parler en d'autres langues, selon ce que l'Esprit leur donnait d'énoncer.
5 Or des Juifs pieux de toutes les nations qui sont sous le ciel habitaient Jérusalem.
6 Au bruit qui se produisit, la multitude accourut et fut bouleversée, parce que chacun les entendait parler dans sa propre langue.
7 Étonnés, stupéfaits, ils disaient : Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens ?
8 Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ?

Jean 14.15-26
15 Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements,
16 et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Consolateur qui soit éternellement avec vous
17 l’Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit point et ne le connaît point ; mais vous, vous le connaissez, car il demeure avec vous, et il est en vous.
18 Je ne vous laisserai pas orphelins, je viendrai à vous.
19 Encore un peu de temps, et le monde ne me verra plus ; mais vous, vous me verrez, car je vis, et vous vivrez aussi.
20 En ce jour-là, vous connaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et que je suis en vous.
21 Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui qui m’aime. Celui qui m’aime sera aimé de mon Père, moi aussi je l’aimerai et je me manifesterai à lui.
22 Jude, non pas l’Iscariot, lui dit : Seigneur, d’où vient que tu te feras connaître à nous, et non au monde ?
23 Jésus lui répondit : Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui.
24 Celui qui ne m’aime pas ne garde point mes paroles. Et la parole que vous entendez n’est pas de moi, mais du Père qui m’a envoyé.
25 Je vous ai dit ces choses pendant que je demeure avec vous.
26 Mais le consolateur, l’Esprit saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit.

*

« Jean a baptisé d’eau, mais vous, dans peu de jours, vous serez baptisés du Saint-Esprit », promettait Jésus quelques jours avant Pentecôte (Actes 1.5).

… En écho à ce que lorsque Jean baptisait, il annonçait : « Moi, je vous baptise d’eau ; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses souliers. Lui, il vous baptisera du Saint-Esprit et de feu » (Luc 3.16). Dix jours avant Pentecôte, Jésus reprend : « dans peu de jours, vous serez baptisés du Saint-Esprit » —, le jour est à présent venu…

Pentecôte — Shavouoth, en hébreu. Fête des premières récoltes, ce jour est aussi celui du souvenir du don de la Torah, Traité de l’Alliance. Célébration du don de la Torah — dont les Prophètes annonçaient qu’elle est appelée à s’inscrire dans le cœur des croyants par le don de l'Esprit — « celui qui a mes commandements et qui les garde », en dit Jésus (Jean 14.21) promettant l'Esprit saint.

Dans la promesse de la fidélité de Dieu, l’Esprit nous précède, précède même notre naissance… Et il précède notre baptême. Comme Jean, nous baptisons d'eau ; si le signe est différent : Jean baptise pour le repentir, nous baptisons en Christ, — le moyen est aussi l'eau, et l'Esprit annoncé par Jean est la vérité de ce que nous signifions par l'eau.

Dieu nous précède, son Esprit qui scelle en nous la promesse nous précède. Dieu est fidèle à Israël du fait de sa promesse aux pères, dit Paul (Ro 11.28-29). Et « si nous sommes infidèles, lui demeure fidèle car il ne peut se renier lui-même » (2 Ti 2.13). Depuis Abraham, Isaac et Jacob, et quelle que soit l’infidélité des enfants, notre infidélité, Dieu demeure fidèle et n'abroge jamais rien de ce qu'il a dit et promis.

En outre, c'est ce que dit le miracle des langues lors de cette Pentecôte, cela s'étend à toutes les nations… En Jésus Christ ressuscité, inaugurant le Royaume promis, le Royaume qui commence par la Résurrection, Dieu nous dévoile que cette précédence de l’amour de Dieu concerne plus que les seuls descendants d’Abraham par l’observance de la Torah. La promesse s’étend à tous ceux qui ont la foi d'Abraham. Jésus prie pour tous ceux qui croiront par la Parole des Apôtres, juifs comme Grecs, et autres nations jusqu'aux extrémités de la Terre.

L'événement de Pentecôte nous relie aux Pères d’avant la venue de Jésus. Eux qui déjà vivaient de la foi qui leur faisait préférer, selon l’Épître aux Hébreux, l’exil et la pérégrination, à des gratifications immédiates, selon le don de la participation à l’Esprit dans la Torah (Nb 11.24-30), dans les Prophètes (Éz 37.1), dans les Psaumes (Ps 51.13)…

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Reprenons : « Jean a baptisé d’eau, mais vous, dans peu de jours, vous serez baptisés du Saint-Esprit. » (Actes 1.5)

Petite histoire rapportée par le Sadhou Sundar Singh, un chrétien indien du XXe siècle — « Un porteur d’eau avait deux grandes jarres, suspendues aux deux extrémités d’une pièce de bois qui épousait la forme de ses épaules. L’une des jarres avait une brèche, et, alors que l’autre jarre conservait parfaitement toute son eau de source jusqu’à la maison du maître, la première jarre en perdait presque la moitié en cours de route.

Cela dura deux ans, pendant lesquels, chaque jour, le porteur d’eau ne livrait qu’une jarre et demi d’eau à chacun de ses voyages. Bien sûr, la jarre parfaite était fière d’elle, puisqu’elle parvenait à remplir sa fonction du début à la fin sans faille. Mais la jarre abîmée avait honte de son imperfection et se sentait déprimée parce qu’elle ne parvenait à accomplir que la moitié de ce dont elle était censée être capable.

Au bout de deux ans de ce qu’elle considérait comme un échec permanent, la jarre endommagée s’adressa au porteur d’eau, au moment où celui-ci la remplissait à la source.

- "Je me sens coupable, et je te prie de m’excuser."

- "Pourquoi ?" demanda le porteur d’eau. "De quoi as-tu honte ?"

- "Je n’ai réussi qu’à porter la moitié de ma cargaison d’eau à notre maître, pendant ces deux ans, à cause de cette faille qui fait fuir l’eau. Par ma faute, tu fais tous ces efforts, et, à la fin, tu ne livres à notre maître que la moitié de l’eau. Tu n’obtiens pas la reconnaissance complète de tes efforts", lui dit la jarre abîmée.

Le porteur d’eau fut touché par cette confession, et répondit :

- "Pendant que nous retournons à la maison du maître, je veux que tu regardes les fleurs magnifiques qu’il y a au bord du chemin".

Au fur et à mesure de leur montée sur le chemin, au long de la colline, la vieille jarre vit de magnifiques fleurs baignées de soleil sur les bords du chemin, et cela lui mit du baume au cœur. Mais à la fin du parcours, elle se sentait toujours aussi mal parce qu’elle avait encore perdu la moitié de son eau. Le porteur d’eau dit à la jarre :

- "T’es-tu rendu compte qu’il n’y avait de belles fleurs que de ton côté, et presque aucune du côté de la jarre parfaite ? C’est parce que j’ai toujours su que tu perdais de l’eau, et j’en ai tiré parti. J’ai planté des semences de fleurs de ton coté du chemin, et, chaque jour, tu les as arrosées tout au long du chemin. Pendant deux ans, j’ai pu grâce à toi cueillir de magnifiques fleurs qui ont décoré la table du maître. Sans toi, jamais je n’aurais pu trouver ces fleurs." »


*

Nous avons tous des failles, des brèches, des blessures, des défauts. Nous sommes tous des jarres abîmées. Certains d’entre nous sont diminués par la vieillesse, d’autres ne brillent pas par leur intelligence, d’autres sont diminués physiquement, d’autres trop grands, trop gros ou trop maigres, mais ce sont les faiblesses, les défauts en nous qui rendent nos vies riches pour Dieu — quand elles sont placées dans la présence de l’Esprit Saint.

« Jean a baptisé d’eau, mais vous, dans peu de jours, vous serez baptisés du Saint-Esprit. » — Le baptême de Jean, dans l’eau, symbolise le repentir, la reconnaissance de nos faiblesses, comme dans la petite histoire de la jarre d’eau fêlée. Nous n’avons pas à craindre de nous reconnaître faibles, ni de nous repentir de nos attitudes indues, de nos péchés, de nos égoïsmes, pour, étant ce que nous sommes, vivre enfin en nouveauté de vie, dans la puissance de l’Esprit saint. En Christ le baptême, investi de l’Esprit de résurrection, devient baptême dans l’Esprit, puissance de vie au-delà des apparences.

*

Ainsi les disciples recevront l’Esprit, selon la promesse de Jésus — et ils le reçoivent déjà ; ils connaissent l’Esprit saint… parce qu’ils le connaissent déjà. Ils vivront de l’Esprit consolateur parce qu’ils en vivent déjà ! « Le Père vous donnera… l’Esprit de vérité… — cela parce que contrairement au monde, —… vous le connaissez, parce qu’il demeure près de vous et qu’il sera — ou, traduction littérale : qu’il est — en vous »… (Jn 14.16-17)

Contrairement au « monde », c’est à dire selon le sens du mot — cosmos, qui a donné cosmétique —, contrairement à « l’apparence », qui ne peut pas le recevoir, parce que le monde, l’apparence, ne le connaît pas, l’Esprit se fait connaître à ceux qui le connaissent, il est donné à ceux en qui il demeure déjà. Les disciples, au moment-même où le maître leur est enlevé, ne sont pas seuls, ne sont pas laissés orphelins. « Me chercherais-tu si tu ne m’avais pas déjà trouvé ? »


RP, Pentecôte, Poitiers 9/06/19


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