Michée 1
Lorsque le temple terrestre tend à s’aligner sur les « hauts lieux » (ces sanctuaires d’idoles) sur la route desquels s’est déjà inscrit le sanctuaire de Samarie, le temple a marqué irrémédiablement qu’il n’est qu’une représentation du Sanctuaire céleste, inaccessible à nos idoles. On entre dans une spiritualité affinée, radicalement dégagée des idoles.
C’est cette spiritualité qui est déjà celle de Michée, et qui, déjà avant l’exil, lui permet d’esquisser l’explication de l’apparent abandon par Dieu du peuple de la promesse — « témoin contre vous, le Seigneur, depuis son temple sacré » (v. 2).
Dieu ne se confond pas avec les projections imaginaires qui grèvent le culte de Samarie et qui déjà atteignent Jérusalem.
Aussi, signe que le temple terrestre est dépouillé de son sens, de sa vocation à signifier le Dieu qui est au-delà de nos projections, il est sérieusement menacé par les puissances étrangères. Non seulement le temple ambivalent de Samarie, mais même le temple de Jérusalem !
C’est pourquoi, dans sa lamentation, Michée tient à en rester aux immédiats environs de Jérusalem. Il ne parle même pas de Gath, qui est déjà menacé et est dans une périphérie relativement éloignée (approximativement entre Jérusalem et Gaza dans la géographie actuelle) — pour ne rien dire d’Akko loin dans le nord (actuel Acre au Liban) — non le danger n’est pas éloigné, il est là, aux abords de Jérusalem, qui a perdu sa symbolique protectrice tant ce qui s’y passe montre que si Dieu est bien dans son temple, c’est du Temple céleste qu’il s’agit.
Quel sens pour aujourd’hui ? Dans un monde corrompu jusqu’au cœur des sanctuaires de nos pouvoirs, il est vain de vivre comme si les plaies qui frappent des pays lointains ne nous concernaient pas. Non seulement elles nous concernent dans la solidarité humaine, mais la menace est peut-être plus proche de nous qu’on veut le croire, ne serait-ce que parce que dans la géopolitique mondiale les sanctuaires de nos pouvoirs ne sont pas si innocents que cela dans nombre des malheurs et des violences qui frappent les peuples « lointains », pas si lointains que cela…
« Ne l'annoncez pas dans Gath, ne pleurez pas dans Akko ! Je me roule dans la poussière à Beth-Léaphra » (v. 10). Beth-Léaphra — ou : la maison de poussière —, ici-même.
1 Parole du SEIGNEUR qui parvint à Michée de Morésheth aux jours de Jotam, d'Achaz, d'Ezéchias, rois de Juda ; ce qu'il a vu au sujet de Samarie et de Jérusalem.
2 Ecoutez, vous tous, peuples ! Prête attention, terre, toi et ce qui te remplit ! Que le Seigneur DIEU soit témoin contre vous, le Seigneur, depuis son temple sacré !
3 Car le SEIGNEUR sort de son lieu il descend, il marche sur les hauteurs de la terre.
4 Sous lui les montagnes fondent, les vallées s'entrouvrent comme la cire devant le feu, comme l'eau qui dévale une pente.
5 Et tout cela à cause de la transgression de Jacob, à cause des péchés de la maison d'Israël ! Quelle est la transgression de Jacob ? N'est-ce pas Samarie ? Quels sont les hauts lieux de Juda ? N'est-ce pas Jérusalem ?
6 Je ferai de Samarie un monceau de pierres dans les champs pour y planter de la vigne ; je précipiterai ses pierres dans la vallée, je mettrai ses fondations à découvert,
7 toutes ses statues seront mises en pièces, tous ses gains seront jetés au feu, et je démolirai toutes ses idoles : recueillies avec le gain de la prostitution, elles redeviendront un gain de prostitution.
8 C'est pourquoi je me lamenterai, je hurlerai, je marcherai déchaussé et nu, je ferai entendre des lamentations comme le chacalet des gémissements comme les autruches.
9 Car sa plaie est incurable, elle s'étend jusqu'à Juda ; elle atteint la porte de mon peuple, jusqu'à Jérusalem.
10 Ne l'annoncez pas dans Gath, ne pleurez pas dans Akko ! Je me roule dans la poussière à Beth-Léaphra.
11 Passe, habitante de Shaphir, dans la nudité et la honte ! L'habitante de Tsaanân n'ose sortir, la lamentation de Beth-Etsel vous prive de son appui.
12 L'habitante de Maroth tremble pour son bonheur, car le malheur est descendu, venant du SEIGNEUR jusqu'à la porte de Jérusalem.
13 Attelle char et chevaux, habitante de Lakish ! Tu as été pour Sion la belle le commencement du péché, car en toi se sont trouvées les transgressions d'Israël.
14 C'est pourquoi tu te sépareras de Morésheth-Gath ; les maisons d'Akzib seront une tromperie pour les rois d'Israël.
15 Je t'amènerai un nouveau conquérant, habitante de Marésha ; la gloire d'Israël s'en ira jusqu'à Adoullam.
16 Rase-toi, coupe ta chevelure, à cause de tes fils chéris ! Elargis ta tonsure comme le vautour, car ils s'en vont en exil loin de toi !
*
Lorsque le temple terrestre tend à s’aligner sur les « hauts lieux » (ces sanctuaires d’idoles) sur la route desquels s’est déjà inscrit le sanctuaire de Samarie, le temple a marqué irrémédiablement qu’il n’est qu’une représentation du Sanctuaire céleste, inaccessible à nos idoles. On entre dans une spiritualité affinée, radicalement dégagée des idoles.
C’est cette spiritualité qui est déjà celle de Michée, et qui, déjà avant l’exil, lui permet d’esquisser l’explication de l’apparent abandon par Dieu du peuple de la promesse — « témoin contre vous, le Seigneur, depuis son temple sacré » (v. 2).
Dieu ne se confond pas avec les projections imaginaires qui grèvent le culte de Samarie et qui déjà atteignent Jérusalem.
Aussi, signe que le temple terrestre est dépouillé de son sens, de sa vocation à signifier le Dieu qui est au-delà de nos projections, il est sérieusement menacé par les puissances étrangères. Non seulement le temple ambivalent de Samarie, mais même le temple de Jérusalem !
C’est pourquoi, dans sa lamentation, Michée tient à en rester aux immédiats environs de Jérusalem. Il ne parle même pas de Gath, qui est déjà menacé et est dans une périphérie relativement éloignée (approximativement entre Jérusalem et Gaza dans la géographie actuelle) — pour ne rien dire d’Akko loin dans le nord (actuel Acre au Liban) — non le danger n’est pas éloigné, il est là, aux abords de Jérusalem, qui a perdu sa symbolique protectrice tant ce qui s’y passe montre que si Dieu est bien dans son temple, c’est du Temple céleste qu’il s’agit.
Quel sens pour aujourd’hui ? Dans un monde corrompu jusqu’au cœur des sanctuaires de nos pouvoirs, il est vain de vivre comme si les plaies qui frappent des pays lointains ne nous concernaient pas. Non seulement elles nous concernent dans la solidarité humaine, mais la menace est peut-être plus proche de nous qu’on veut le croire, ne serait-ce que parce que dans la géopolitique mondiale les sanctuaires de nos pouvoirs ne sont pas si innocents que cela dans nombre des malheurs et des violences qui frappent les peuples « lointains », pas si lointains que cela…
« Ne l'annoncez pas dans Gath, ne pleurez pas dans Akko ! Je me roule dans la poussière à Beth-Léaphra » (v. 10). Beth-Léaphra — ou : la maison de poussière —, ici-même.
RP
14.12.10, CP Antibes
14.12.10, CP Antibes
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