dimanche 26 mars 2023

Graine de moutarde




Marc 4, 30-34
30 […] « À quoi comparerons-nous le Royaume de Dieu ? Avec quelle parabole en parlerons-nous ?
31 Il est comme une graine de moutarde ; quand on la sème dans la terre, elle est la plus petite de toutes les graines du pays.
32 Mais quand on l'a semée, elle monte et devient la plus grande de toutes les plantes du jardin. Elle pousse des branches si grandes que les oiseaux du ciel font leurs nids à son ombre. »
33 Jésus donnait son enseignement en utilisant beaucoup de paraboles de ce genre, selon ce que ses auditeurs étaient capables de comprendre.
34 Il ne leur parlait pas sans paraboles ; mais il expliquait tout à ses disciples quand il était seul avec eux.

*

Le Royaume de Dieu est comme une graine de moutarde. Équivalent du thème de la naissance d’en haut dans l’Évangile de Jean (ch. 3), mais invitant à aller plus loin : naître, mais aussi grandir. D’une autre façon, le prophète Ésaïe nous dit (ch. 55) : quand elle est semée, « ma Parole — apparemment insignifiante — ne retourne pas vers moi sans avoir agi ». Autant de façons de dire que ce qui se passe nous échappe et ne dépend pas de nous.

C’est que la parole de Dieu, et ce qui la fait grandir, en nous et pour le monde, son souffle, son Esprit, précèdent ce qui arrive, précèdent même la foi. Et cela nous fait perdre tout pouvoir sur les choses et sur nous. Le Royaume de Dieu, la graine devenue grande plante où les oiseaux viennent faire leurs nids, vient par l’effet d’une parole sur laquelle et sur les conséquences de laquelle nous n’avons aucun pouvoir.

Autrement dit, nous sommes appelés à nous abandonner avec confiance, à laisser tout ce que nous croyons savoir sur Dieu, tous nos préjugés, pour le laisser agir et faire grandir en nous ce que sa parole y sème, jusqu’à ce que cela s’étende pour tous. Cela peut se traduire de toutes sortes de façon, y compris un appel au ministère — à l’heure où manquent les pasteurs de paroisses.

Tout comme le vent, l’Esprit souffle où il veut (Jn 3, 8), tout comme on ne peut pas naître par la force de la volonté, personne ne peut préjuger du fruit d’une semence ni expliquer la raison finale de sa germination, qui est au-delà de nos volontés et de nos refus. « C’est pourquoi, […] recevez avec douceur la parole qui a été plantée en vous, et qui peut sauver vos âmes.‭ » (Jacques 1, 21)

*

Que nous dit au fond cette image parlant de graine minuscule devenant une grande plante ? Que le salut du monde, notre salut, « ne vient pas de façon à frapper les regards » — la graine est si petite ! — ; qu’on ne fait avancer le Royaume ni par nos soucis, ni par nos enthousiasmes ; qu’il n’a rien à voir avec tout ce que nous prétendrions en construire à force de forcer les choses.

Cela nous conduit au cœur de l’Évangile, la bonne nouvelle de la foi, de la confiance seule. Elle est de l’ordre de la semence à recevoir de la seule écoute de la Parole de Dieu… à même de fructifier en abondance. C’est la seule façon qu’a proposée Dieu de faire venir son Royaume. En le forçant, on le gâche. Vous connaissez peut-être la tradition qui consiste à faire pousser des lentilles dans une assiette. Cela se faisait quand j'étais enfant : il s’agissait de mettre quelques lentilles dans une assiette, de les couvrir de coton imbibé d’eau, et les lentilles germaient, jusqu’à ce que poussent leur jolies tiges vertes. Tentation énorme : tirer sur la petite tige, ou juste soulever le coton pour voir où ça en était, avec du coup, le risque de gâcher la germination…

Il s’agit simplement d’être ouvert à la Parole de Dieu avec cette confiance : « Comme descend la pluie ou la neige, du haut des cieux, et comme elle ne retourne pas là-haut sans avoir saturé la terre, sans l’avoir fait enfanter et bourgeonner, sans avoir donné semence au semeur et nourriture à celui qui mange, ainsi se comporte ma Parole du moment qu’elle sort de ma bouche : elle ne retourne pas vers moi sans résultat, sans avoir exécuté ce qui me plaît et fait aboutir ce pour quoi je l’ai envoyée. » (Ésaïe 55, 10-11)

La parole de Dieu ne retourne pas à lui sans avoir fait ce pourquoi elle a été envoyée, ce qui nous invite à la modestie : c’est Dieu qui agit par sa parole. De même la parabole de la graine de moutarde, invite à la plus grande humilité de chacune et chacun, et aussi à la plus grande humilité de l’Église. Si l’on est attentif à ce texte de l’Évangile, il est clair que le grain de moutarde ne devient pas Église mais Royaume. Une plante immense qui évoque l’arbre de vie qui germe et croît pour la guérison des nations.

Apocalypse 22, 1-2 : « [L’ange] me montra un fleuve d’eau de la vie, limpide comme du cristal, qui sortait du trône de Dieu et de l’agneau. Au milieu de la place de la ville et sur les deux bords du fleuve, il y avait un arbre de vie, produisant douze fois des fruits, rendant son fruit chaque mois, et dont les feuilles servaient à la guérison des nations. »

L’Église, et nous-mêmes, ne sommes que pour répandre en la mettant en acte cette semence qui est la parole de Dieu, et qui produit son fruit, qui n’est pas limitée à l’Église, mais qui est pour le Royaume, dont les feuilles sont pour la guérison des nations qui viennent s’y abriter comme les oiseaux, et qui grandit jusque là de la seule puissance de Dieu !

« Moi, le Seigneur, j’ai parlé, et j’agirai. » (Ézéchiel 17, 24)


RP, Poitiers, 26/03/23
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(Textes du jour : Ézéchiel 37, 12-14 ; Psaume 130 ; Romains 8, 8-11 ; Jean 11, 1-45)


dimanche 19 mars 2023

"Pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui !"




Jean 9
1 En passant, Jésus vit un homme aveugle de naissance.
2 Ses disciples lui posèrent cette question : "Rabbi, qui a péché pour qu’il soit né aveugle, lui ou ses parents ?"
3 Jésus répondit : "Ni lui, ni ses parents. Mais pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui !
4 Tant qu’il fait jour, il nous faut travailler aux œuvres de celui qui m’a envoyé : la nuit vient où personne ne peut travailler ;
5 aussi longtemps que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde."
6 Ayant ainsi parlé, Jésus cracha à terre, fit de la boue avec la salive et l’appliqua sur les yeux de l’aveugle ;
7 et il lui dit : "Va te laver au bassin de Siloé" — ce qui signifie Envoyé. L’aveugle y alla, il se lava et, à son retour, il voyait.
[…]
35 Jésus […] lui dit : "Crois-tu, toi, au Fils de l’homme ?"
36 Et lui de répondre : "Qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ?"
37 Jésus lui dit : "Eh bien ! Tu l’as vu, c’est celui qui te parle."
38 L’homme dit : "Je crois, Seigneur" et il se prosterna devant lui.
39 Et Jésus dit alors : "C’est pour un jugement que je suis venu dans le monde, pour que ceux qui ne voyaient pas voient, et que ceux qui voyaient deviennent aveugles."

*

Les disciples voulaient savoir si c'est parce que lui a péché ou parce que ses parents ont péché que l'homme — qui au fond nous représente tous — est né aveugle. Ce serait lui qui aurait péché ? Avant de naître ?… Puisqu’il est aveugle ! Selon une légende juive, l'enfant connaît, avant de naître, tous les secrets de la Torah, tous les mystères du monde. À la naissance, un ange lui ferme du doigt la bouche pour qu'il oublie tout ce qu'il sait. Le petit sillon qu'on a sous le nez est la marque du doigt de l'ange. Alors, l'homme — qui nous représente tous —, aurait-il péché avant de naître ?… Comment savoir après le passage du doigt de l’ange !? Alors ses parents ? La réponse de Jésus sera : là n'est pas la question.

Pas de raisons qui puissent expliquer l'infirmité, la maladie, la souffrance, bref, toutes les formes de l’inconvénient d’être né. La souffrance de l’aveugle est incompréhensible. Il n'y a pas à chercher d'explication morale, par le péché collectif (ses parents) ou personnel (lui-même). Il n'est pas de raisons non plus qui expliqueraient sa guérison : l'accomplissement en cet homme des œuvres de Dieu (v. 3) n'explique pas plus le pourquoi de la grâce que sa souffrance ne trouve d'explication dans une faute — ou autre chose de ce genre. L'aveugle-né le sait bien : il est au bénéfice d'une guérison qui ne peut que lui arracher un « pourquoi moi ? » Il se contentera de constater « j'étais aveugle, maintenant je vois » (v. 25).

*

Dès l'abord, Jésus soulignait sa cécité par la « méthode » choisie pour guérir l'aveugle : il commence par lui couvrir les yeux de boue. Pour le moins peu clair !

S'il avait voulu insister sur l'aveuglement, il ne s'y serait pas pris autrement : les yeux pleins de boue… Mais en même temps, le geste rappelle la Genèse, l'homme fait de la terre. Car c'est un acte de création que va opérer Jésus en créant la vue de l'aveugle, en commençant par lui recouvrir les yeux de boue.

*

Puis il l'envoie se laver, au bassin de Siloé, c’est-à-dire de l'Envoyé (il faut comprendre au mikvé de Siloé — équivalent, dans le judaïsme, de ce qu’on appellerait « baptistère »).

Le texte a tenu à donner le nom du bassin rituel, Siloé, et à le traduire : Envoyé. Double signification du terme Envoyé/Siloé : concernant Jésus, et, avec l’homme, nous… « Tant qu’il fait jour, il nous faut travailler aux œuvres de celui qui m’a envoyé ». Il nous faut travailler aux œuvres de Dieu. Reprise de : « pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui ! » Dans l’Évangile de Jean, il s'agit par œuvres non pas tant de miracles (ils sont appelés signes dans l’Évangile de Jean) que de l'observance de l'enseignement biblique, avec sa valeur pour la réparation du monde : tikun ‘olam en hébreu — dans le judaïsme observer le moindre précepte de la Torah c’est commencer à réparer le monde, ce monde abîmé : tikun ‘olam, réparation du monde. C’est là la volonté de Dieu, ses œuvres — c’est là ce qui est appelé à se manifester dans l’homme aveugle.

Quelques citations de ce même Évangile : « Les œuvres que le Père m’a donné d’accomplir, ces œuvres mêmes que je fais, témoignent de moi que c’est le Père qui m’a envoyé » (Jn 5, 36). Ou : « Les œuvres que je fais au nom de mon Père rendent témoignage de moi » (Jn 10, 25). Ou encore : « Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez pas. Mais si je les fais, quand même vous ne me croyez point, croyez à ces œuvres, afin que vous sachiez et reconnaissiez que le Père est en moi et que je suis dans le Père. » (Jn 10, 37-38)

Jésus a observé pleinement ce que son Père prescrit, pleine observance requise de nous aussi, qui nous voulons ses disciples : « qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais », et même, précise Jésus, — pour la réparation du monde — « il en fera de plus grandes, parce que je m’en vais au Père » (Jn 14, 12). Pour la réparation du monde, et en toute humilité (la pleine observance de Jésus n'est pas nôtre !), pas comme de vains coups d'éclat.

Ainsi, « tant qu’il fait jour, il nous faut travailler aux œuvres de celui qui m’a envoyé ». L’Envoyé est d’abord Jésus… « Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. » Mais en lui, sont envoyés aussi celles et ceux qui le suivent : « vous êtes la lumière du monde » (Mt 5, 14). Pour cela, dit-il à l’aveugle, va te laver au mikvé de l’Envoyé.

En d’autres termes, en celui qui est l’Envoyé, Jésus, nous sommes aussi envoyés, comme lui, pour accomplir, certes à notre humble mesure, ce que prescrit celui qui a envoyé Jésus, qui nous envoie à notre tour : « comme le père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie », dira le Ressuscité à ses disciples (Jn 20, 21).

*

La question « Rabbi, qui a péché pour qu’il soit né aveugle, lui ou ses parents ? » renvoie à deux approches communes dans le judaïsme d’alors : l’idée est que nous provenons du monde divin — « en Adam », l'humain primordial, ou « avec Adam ». En Adam : est-ce ses parents qui ont péché ? Avec Adam, est-ce l’aveugle lui-même — avant de naître ?

Autrement dit, d’une façon ou d’une autre nous sommes, dans nos vies temporelles et blessées, comme en exil, en exil loin de Dieu, appelés à revenir : « nous venons de lui — et il nous appelle à lui ». Revenir à lui comme par une nouvelle création — « si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle création » (2 Co 5, 17) —, création comme reprise de celle de Genèse, avec la poussière du sol, cette glaise façonnée par la parole divine.

La salive divine de la bouche de celui qui parle la parole créatrice devenue chair en lui (cf. Jn 1, 14) fait à nouveau cette glaise avec laquelle il crée à nouveau — aujourd'hui l'organe de la lumière, la vue —, cela passant par le lavement au bassin de Siloé, l’Envoyé, pour devenir dans le souffle de l'Esprit. Le Ressuscité soufflera sur ses disciples : « recevez l'Esprit saint » (Jn 20, 22), comme à la première création. Nous voilà ainsi à notre tour envoyés avec l’aveugle — pour découvrir que notre exil en ce monde est appelé à être mission pour ce monde : « Car nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour de bonnes œuvres, que Dieu a préparées d’avance, afin que nous les pratiquions » (Ep 2, 10)‭.

Jésus vient en ce monde d'auprès du Père qui l’envoie pour accomplir une œuvre faite d'obéissance à son commandement, obéissance jusqu’à la mort, la mort de la croix. Nous devenons en lui des envoyés à notre tour pour accomplir à notre tour, même à notre faible mesure, ce que prescrit le Père, ses œuvres, tant qu’il fait jour — dans le temps bref qui nous est imparti. Ce qui peut être accompli quand il fait jour ne peut plus l’être lorsque la nuit de ce monde rend aveugles les yeux de notre esprit…

*

Bienheureux celles et ceux dont la relation avec Dieu est d’être guidés en aveugles par sa seule promesse, partant en aveugles vers sa « lumière inaccessible, que nul homme n’a vu ni ne peut voir » (1 Ti 6, 16). Bienheureux celles et ceux dont la promesse de Dieu a couvert les yeux de la boue de la création nouvelle, les plaçant sur le chemin de Siloé, le chemin de l'Envoyé de lumière, lumière du monde.

C'est là le jugement que porte Jésus dans le monde : que ceux qui voient deviennent aveugles, afin de voir, car il n'est pas de lumière suffisante dans nos sagesses, par lesquelles nous prétendons voir, fût-ce notre sagesse religieuse : Dieu ne les a-t-il pas frappées de folie (1 Co 1, 20) ?

Tel est le jugement : « que ceux qui ne voient pas voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles. » Alors apparaît le sens de notre présence en ce monde qui est aussi fait de douleurs incompréhensibles, comme d’être aveugle-né : nous sommes envoyés à notre tour, par l'Envoyé de lumière, lumière du monde (Jn 9, 5), pour que, tant que dure le jour, quelque chose de lui soit manifesté en nous, lumière du monde à notre tour (Mt 5, 14). Notre exil dans un monde de souffrance et de nuit devient mission, envoi. « pour que les œuvres de Dieu soient manifestées […]. Tant qu’il fait jour, il nous faut travailler aux œuvres de celui qui m’a envoyé, dit Jésus : la nuit vient où personne ne peut travailler. »


RP, Poitiers, 19/03/23
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(Textes du jour : 1 Samuel 16, 1-13 ; Psaume 23 ; Éphésiens 5, 8-14 ; Jean 9, 1-41)


dimanche 12 mars 2023

La Samaritaine — séduite par Dieu




Jean 4, 5-42
5 C’est ainsi qu’il parvint dans une ville de Samarie appelée Sychar, non loin de la terre donnée par Jacob à son fils Joseph,
6 là même où se trouve le puits de Jacob. Fatigué du chemin, Jésus était assis tout simplement au bord du puits. C’était environ la sixième heure.
7 Arrive une femme de Samarie pour puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. »
8 Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger.
9 Mais cette femme, cette Samaritaine, lui dit : « Comment ? Toi qui es Juif, tu me demandes à boire, à moi, une femme, une Samaritaine ? » Les Juifs, en effet, n'ont pas de relations avec les Samaritains.
10 Jésus lui répondit : « Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : “Donne-moi à boire”, c’est toi qui aurais demandé et il t’aurait donné de l’eau vive. »
11 La femme lui dit : « Seigneur, tu n’as pas même un seau et le puits est profond ; d’où la tiens-tu donc, cette eau vive ?
12 Serais-tu plus grand, toi, que notre père Jacob qui nous a donné le puits et qui, lui-même, y a bu ainsi que ses fils et ses bêtes ? »
13 Jésus lui répondit : « Quiconque boit de cette eau-ci aura encore soif ;
14 mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; au contraire, l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source jaillissant en vie éternelle. »
15 La femme lui dit : « Seigneur, donne-moi cette eau pour que je n’aie plus soif et que je n’aie plus à venir puiser ici. »
16 Jésus lui dit : « Va, appelle ton mari et reviens ici. »
17 La femme lui répondit : « Je n’ai pas de mari. » Jésus lui dit : « Tu dis bien : “Je n’ai pas de mari” ;
18 tu en as eu cinq et l’homme que tu as maintenant n’est pas ton mari. En cela tu as dit vrai. »
19 – « Seigneur, lui dit la femme, je vois que tu es un prophète.
20 Nos pères ont adoré sur cette montagne et vous, vous affirmez qu’à Jérusalem se trouve le lieu où il faut adorer. »
21 Jésus lui dit : « Crois-moi, femme, l’heure vient où ce n’est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père.
22 Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs.
23 Mais l’heure vient, elle est là, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; tels sont, en effet, les adorateurs que cherche le Père.
24 Dieu est esprit et c’est pourquoi ceux qui l’adorent doivent adorer en esprit et en vérité. »
25 La femme lui dit : « Je sais qu’un Messie doit venir – celui qu’on appelle Christ. Lorsqu’il viendra, il nous annoncera toutes choses. »
26 Jésus lui dit : « Je le suis, moi qui te parle. »
27 Sur quoi les disciples arrivèrent. Ils s’étonnaient que Jésus parlât avec une femme ; cependant personne ne lui dit « Que cherches-tu ? » ou « Pourquoi lui parles-tu ? »
28 La femme alors, abandonnant sa cruche, s’en fut à la ville et dit aux gens :
29 « Venez donc voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Messie ? »
30 Ils sortirent de la ville et allèrent vers lui.
31 Entre-temps, les disciples le pressaient : « Rabbi, mange donc. »
32 Mais il leur dit : « J’ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas. »
33 Sur quoi les disciples se dirent entre eux : « Quelqu’un lui aurait-il donné à manger ? »
34 Jésus leur dit : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre.
35 Ne dites-vous pas vous-mêmes : “Encore quatre mois et viendra la moisson” ? Mais moi je vous dis : levez les yeux et regardez ; déjà les champs sont blancs pour la moisson !
36 Déjà le moissonneur reçoit son salaire et amasse du fruit pour la vie éternelle, si bien que celui qui sème et celui qui moissonne se réjouissent ensemble.
37 Car en ceci le proverbe est vrai, qui dit : “L’un sème, l’autre moissonne.”
38 Je vous ai envoyés moissonner ce qui ne vous a coûté aucune peine ; d’autres ont peiné et vous avez pénétré dans ce qui leur a coûté tant de peine. »
39 Beaucoup de Samaritains de cette ville avaient cru en lui à cause de la parole de la femme qui attestait : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait. »
40 Aussi, lorsqu’ils furent arrivés près de lui, les Samaritains le prièrent de demeurer parmi eux. Et il y demeura deux jours.
41 Bien plus nombreux encore furent ceux qui crurent à cause de sa parole à lui ;
42 et ils disaient à la femme : « Ce n’est plus seulement à cause de tes dires que nous croyons ; nous l’avons entendu nous-mêmes et nous savons qu’il est vraiment le Sauveur du monde. »

*

Il est une dimension pour le moins étonnante de la relation entre Dieu et nous, révélée dans le Cantique des Cantiques : la dimension de la séduction, de la séduction réciproque !

C'est cela que pourrait nous dévoiler la rencontre de Jésus et de la femme samaritaine, comme une des expressions du Cantique, selon une lecture qu’il est difficile d’éviter si l'on tient compte des circonstances, pour le moins étranges, de cette conversation. Comme les disciples n'ont pas manqué de le remarquer (v. 27) — avec une gêne qui ne les quittera pas de tout le repas qui suivra l’épisode —, il est pour le moins incongru — à l'époque —, pour ne pas dire inconvenant, qu'un homme et une femme seuls tiennent conversation ensemble.

On a souvent remarqué ce côté bizarre de l'affaire, mais en en tirant peu ou pas conséquences quant au sens de cette rencontre. Jésus ne ferait qu'érafler légèrement les conventions. Mais, quand ce ne serait que cela, ça ne changerait rien au fait : il n'est pas indifférent, et pas sans ambiguïté, d'érafler ces conventions-là. D'autant moins indifférent que, loin de se détourner de celui qui a tout pour lui apparaître comme au moins “impoli”, la femme se prête au jeu !

Jeu dont elle sait le sens antique, et qui correspond à ce qui a tout d’une autre convention : dans la Bible, un dialogue au bord d'un puits a tout d'une entrée en matière à visée matrimoniale (cf. Gn 24, 14, à propos de Rébecca, la future épouse d'Isaac ; cf. Ex 2, 15-20, la rencontre de Moïse et de Séphora, sa future femme,…). Jeu qui va donc s’avérer être un jeu de séduction.

Tel est le décor de notre texte, Dieu s'y montrant comme dans un rapport de séduction avec nous. Car, il est peut-être question d'autre chose que d'un simple échange de bons services du genre : "je te demande de l'eau de puits pour t'offrir de l'eau de vie de l’Evangile en échange". Le dialogue qui nous est rapporté ici pourrait bien aller plus loin.

Dès l'abord, donc, on est dans l'étrange : dans le cadre culturel de la Méditerranée antique, Jésus s'adresse à une femme, seule (v. 7-8). Jésus a peut-être soif, mais il n'est pas complètement naïf : il s'agit d'une femme, seule ! Et à cela, les disciples achopperont (v. 27).

La Samaritaine n'est pas naïve non plus. Et voilà qu'elle lui répond ! Elle pourrait, ou devrait, l'ignorer, ou lui dire : "attention, je vais crier". Mais rien de tout cela, elle lui parle de leur appartenance ethno-religieuse différente (v. 9). En d'autres termes, elle lui dit : "mais dis donc, tu es Juif, moi Samaritaine ! Est-tu bien raisonnable ?" car, comme le texte le rappelle, il n'est pas habituel qu'il y ait des relations entre Juifs et Samaritains. Autrement dit, ce genre-là de contacts homme-femme ne débouche pas sur un mariage… La Samaritaine le sait ; mais la question qu'on ne peut alors que se poser en entendant cette question, c'est : et entre un homme et une femme, c'est habituel cette discussion ? Elle connaît, évidemment, la réponse à cette question, qu'elle ne pose pas, et pour cause : elle a choisi de poursuivre le dialogue. Autrement dit, l'audace de Jésus, loin de l'effrayer, semble ne pas lui déplaire. L'ambiance est à l'ambiguïté.

Et Jésus a perçu, sans doute dès l'abord, cette dimension, cette ouverture de cette femme à sa personne. Et, surprise, il poursuit, lui aussi sur la voie de l'ambiguïté. Il lui promet de l'eau vive (v. 10), parole à double sens, on l'a de tout temps remarqué, désignant l'Esprit. Double sens… voire triple, si l'on tient compte de ce qui ne peut pas ne pas entrer d'une façon ou d'une autre dans la compréhension de la Samaritaine. Car compte tenu de l'ambiance, il est un autre sens dont — Jésus le sait bien — elle ne peut que croire qu'il est sous-entendu : "avec moi, que de joie, que de nouveauté, autre chose que ta vie routinière" — proposition d’une aventure qui pourrait aller loin. Il n'est pas jusqu'à l'allusion au don de Dieu, qui ne soit porteuse d'ambiguïté : ça ne peut sonner aux oreilles de cette femme habituée à des relations instables avec les hommes que comme une promesse miraculeuse de bonheur fidèle. Langage à double, voire triple sens, on est décidément bien dans l'atmosphère d'un jeu de séduction.

Et la Samaritaine de poursuivre, insinuante (v. 11-12) : "Ho ho, tu es bien sûr de toi… D'où aurais-tu cette… 'eau vive' ?" Et de référer aux grands ancêtres Jacob et compagnie, et à leurs troupeaux. Ces grands ancêtres qui justement, rencontraient leur femme autour de ce puits, façon de dire : "j'ai bien perçu l'ambiguïté de ton propos".

Et Jésus d'en rajouter encore dans l'ambiguïté (v. 13-14) : "tu n'auras plus soif jusque dans la vie éternelle", ce que la Samaritaine ne peut qu'être tentée d'entendre : "avec moi, tu seras comblée pour toujours".

Alors, elle poursuit sur la voie de l'ironie (v. 15) : "donne-moi de cette eau." Sous-entendu : "comme tu y vas !"

Et là, Jésus, comme pour assurer ses arrières (v. 16) : "va chercher ton mari et reviens". Sous-entendu, pour la Samaritaine : il est encore temps de s'arrêter là, si tu n'es pas libre. Et la femme, fort intéressée, commet une… petite omission (v. 17) : "je n'ai pas de mari". En d'autres termes : "je suis toute à toi".

Et Jésus, qui est tout au long au fait du jeu auquel il participe — et sérieusement, mais à un tout autre niveau de séduction —, Jésus ayant bien saisi la psychologie de la femme (v. 17-18) : "tu as eu cinq maris… et celui que tu as là n'est pas ton mari", c’est-à-dire, au-delà du possible double sens (les cinq livres du Pentateuque samaritain) : "tu ne sais pas trop ce que tu veux en matière d'hommes : tu cherches le prince charmant ça et là".

La femme (v. 19) : "je vois que tu me saisis bien. Trop fin, tu dois être quelque prophète. Oui c'est vrai, je suis comme tu dis. Mais avec toi, j'ai le bon : c'est toi, le prince charmant". Et de faire allusion aux jolies histoires, comme celle de Ruth et Boaz (v. 20) : "je suis Samaritaine, tu es Juif, mais à toi de me dire quel est le vrai culte. Ton peuple sera mon peuple, ton Dieu sera mon Dieu (Ruth 1, 16), c’est-à-dire : je te suivrai partout, où tu iras j’irai, jusqu’à destination, enfin fidèle comme une ombre".

Et Jésus débouche alors sur le point culminant de la séduction (v. 21-24) : "ici, c'est Dieu qui te séduit, c'est Dieu que tu séduis, ce Dieu qui se fait connaître à Jérusalem : or, il n'y a ici plus que relation vraie, entre Dieu et son aimé, intime, en esprit et vérité, au-delà du rite où il se dit (v. 22). La brèche qui s'opère entre nous, est celle de la séduction entre Dieu et toi, entre toi et Dieu."

Et on découvre là le troisième niveau d'ambiguïté du dialogue de séduction auquel on vient d'assister. C'est celui auquel le vit Jésus, pris lui aussi dans la séduction, mais à un plan immédiatement sublimé. Pas question de mariage bien sûr, et à plus forte raison d’adultère.

Et dans sa fine aptitude à saisir les discours dédoublés, ébréchés par la séduction, la Samaritaine accède à ce plan sublimé, et glisse alors sa question sur le Messie (v. 25). Jésus dévoile alors qu'en lui se révèle le Dieu séduit et le Dieu qui séduit ; qu'il est un réel désir de Dieu pour son aimé, qu'à un plan sublimé, il y a ici réelle séduction réciproque. Une histoire de séduction avec ses différents niveaux. Ici le niveau habituel et son extension céleste !

Ce qui n’en trouble pas moins fortement les disciples (v. 27-34), durant tous les versets qui suivent. Ils ont, bien sûr, saisi l'ambiguïté ; et à demi-mot, laissent paraître le malaise causé par une question qu'ils n'ont pas osé poser à Jésus : "que faisais-tu avec cette femme ?"

Alors, Jésus en vient à cette question que les disciples n’ont pas osé poser — "quelqu'un lui aura apporté à manger" (v. 33) — (v. 32) : "J'ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas". Jésus répond ainsi (v. 34 sq) : il accomplit la volonté de Dieu. Volonté ambiguë comme un dialogue au bord d'un puits avec une femme : elle conduit chez ces suspects Samaritains, et elle y conduira les disciples (v. 38), à travers une histoire de séduction entre Dieu et un peuple qui s'est dite dans le dialogue de Jésus et de la femme de Samarie.

Moment de séduction entre Dieu et un peuple… Avec cette question : qu'en est-il de la relation de séduction entre Dieu et nous ? Si Dieu nous a séduits, qu'est-ce que son regard a saisi, opéré en nous ? Qu'est-ce qui l'a séduit en nous ? Rappelons-nous Jérémie (ch. 20) : tu m’as séduit, Seigneur ! Et nous l'avons perçu dans ce dialogue avec la la Samaritaine — c’est le Cantique des Cantiques qui s’est dessiné pour nous : “Je suis à mon bien-aimé et c'est moi qu'il désire” (Ct 7, 11).

Sachant qu’“il nous a aimés le premier” (1 Jn 4, 19).


RP, Poitiers, 12/03/23
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(Textes du jour : Exode 17, 3-7 ; Psaume 95 ; Romains 5, 1-8 ; Jean 4, 5-42)


dimanche 5 mars 2023

La transfiguration, la pleine observance et nos petits commencements




Matthieu 17, 1-9
1 Six jours après [leur avoir annoncé : “quelques-uns de ceux qui sont ici ne mourront point, qu’ils n’aient vu le Fils de l’homme venir dans son règne” (Mt 16, 28)], Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et les emmène à l’écart sur une haute montagne.
2 Il fut transfiguré devant eux : son visage resplendit comme le soleil, ses vêtements devinrent blancs comme la lumière.
3 Et voici que leur apparurent Moïse et Élie qui s’entretenaient avec lui.
4 Intervenant, Pierre dit à Jésus : "Seigneur, il est bon que nous soyons ici ; si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, une pour Élie."
5 Comme il parlait encore, voici qu’une nuée lumineuse les recouvrit. Et voici que, de la nuée, une voix disait : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui qu’il m’a plu de choisir. Écoutez-le !"
6 En entendant cela, les disciples tombèrent la face contre terre, saisis d’une grande crainte.
7 Jésus s’approcha, il les toucha et dit : "Relevez-vous! soyez sans crainte!"
8 Levant les yeux, ils ne virent plus que Jésus, lui seul.
9 Comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur donna cet ordre: "Ne dites mot à personne de ce qui s’est fait voir de vous, jusqu’à ce que le Fils de l’homme soit ressuscité des morts."
*

Qu'est-ce qui apparaît de Jésus dans sa transfiguration, ce moment où trois disciples reçoivent le privilège de voir lever un instant le secret de la gloire cachée de celui qui demeure dans l’éternité auprès du Père ? Qu'est-ce qui apparaît en regard de Moïse et Élie, figures de la Loi et des Prophètes ?

Qu'est-ce qui sous-tend ce secret qui ne sera pleinement levé pour la foi des croyants qu’au dimanche de Pâques ?

Souvenez-vous : Jésus affirmait en ce même Évangile selon Matthieu : « Ne pensez pas que je sois venu abroger la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abroger, mais accomplir » (Mt 5, 17) — ce qui ne veut pas dire « mettre un terme à », mais, littéralement « observer pleinement ».

Aujourd'hui, entouré de Moïse et d'Élie, la Loi et les Prophètes, c'est-à-dire la Bible, est dévoilé celui qui observe pleinement. L’Évangile de Jean, où l'on n'a pas de récit de la Transfiguration, étant en quelque sorte un récit de Transfiguration en soi, dit les choses ainsi : « les œuvres que le Père m’a donné d’accomplir, ces œuvres mêmes que je fais, témoignent de moi que c’est le Père qui m’a envoyé » (Jn 5, 36), ou encore : « Les œuvres que je fais au nom de mon Père rendent témoignage de moi » (Jn 10, 25). « Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez pas. Mais si je les fais, quand même vous ne me croyez point, croyez à ces œuvres, afin que vous sachiez et reconnaissiez que le Père est en moi et que je suis dans le Père. » (Jn 10, 37-38)

C'est peut-être là le cœur du mystère du Christ, ce mystère dont nous parle son apparition dans la gloire : observer pleinement ce que son Père prescrit, pleine observance requise de nous aussi, qui nous voulons ses disciples : « qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais », et même, précise Jésus, « il en fera de plus grandes, parce que je m’en vais au Père » (Jn 14, 12). C'est bien de l'observance de l'enseignement biblique qu'il s'agit, de l'observance de la Loi et des Prophètes, pas de miracles (appelés signes dans l’Évangile de Jean, pas œuvres). Il s'agit de quelque chose qui en principe est à notre portée — « Ce commandement que je te prescris aujourd'hui n'est certainement point au-dessus de tes forces et hors de ta portée. Il n'est pas dans le ciel, pour que tu dises : Qui montera pour nous au ciel et nous l'ira chercher, qui nous le fera entendre, afin que nous le mettions en pratique ? » dit le Deutéronome (Dt 30, 11-12). Or un l'a mis en pratique, l'a observé pleinement. C'est ce dont témoignent la Loi et les Prophètes, Moïse et Élie. Et voilà que, malgré cela, nous observons chichement, mal et peu, ce qui nous est prescrit. C'est là le mystère du Christ : lui, homme comme nous, a observé pleinement. Cela pour nous, en nos petits commencements. Ainsi, « Écoutez-le ! » (v. 5.)

*

« Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du temps » promettra le Ressuscité (Matthieu 28, 20), celui qui est allé au Père, celui qui dans sa transfiguration se montre aujourd'hui à ses disciples, avant même sa mort, comme le Ressuscité… Alors se réalisera ce que Pierre, Jean et Jacques ont perçu en un éclair, lors de la transfiguration de Jésus.

Message surprenant que ce dévoilement d’un instant dont ils bénéficient, et qui nous dit dès lors que l’humanité, que Jésus a assumée, est au-delà de nos capacités de compréhension et a fortiori de vision, car la transfiguration de Jésus homme nous parle aussi de la réalité cachée de chacune et chacun de nous, en nos petits commencements.

Impossible, dès lors que le dévoilement de la transfiguration a eu lieu, de penser — sous prétexte que Jésus a assumé une réelle humanité — que nous aurions prise sur lui, que son humanité serait à la mesure de nos conceptions.

Or ce dévoilement est là comme un don qui vaut pour chacune et chacun, dotés d’une valeur qui relève de l’infini, et que l’apparence ne fait que voiler. Combien de fois ne dénonçons-nous pas les erreurs des autres — nous aurions fait mieux ! —, manquant ainsi l'être réel et éternel de toutes et tous. Comme la maladresse apparente des disciples parlant de « tentes » ne fait que voiler derrière le même mot « tente » son sens éternel : « tabernacle ».

C’est ce qui sera dévoilé au dimanche de Pâques, pour un tout nouveau retentissement de la promesse du Royaume — « Je vous le dis en vérité, quelques-uns de ceux qui sont ici ne mourront point, qu’ils n’aient vu le Fils de l’homme venir dans son règne. » disait Jésus quelques jours avant sa transfiguration (Matthieu 16, 28).

Ainsi, désormais, « du moment que vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez ce qui est en haut, là où se trouve le Christ, assis à la droite de Dieu ; fondez vos pensées en haut, non sur la terre. Vous êtes morts, en effet, et votre vie est cachée avec le Christ, en Dieu. Quand le Christ, votre vie, paraîtra, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui en pleine gloire » (Colossiens 3, 1-4).

Lorsque au matin de Pâques, les femmes ont reçu ce signe : « le corps n’était pas là » ; le signe est chargé de cette promesse — qui retentit jusqu’à nous : « je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du temps ».

C’est, depuis la nuée du mont de la transfiguration, une percée de ce jour d’éternité qui nous est donnée dans l’expérience des disciples :

2 Pierre 1, 16-18 :
16 Nous vous avons fait connaître la venue puissante de notre Seigneur Jésus Christ, pour l'avoir vu de nos yeux dans tout son éclat.
17 Car il reçut de Dieu le Père honneur et gloire, quand la voix venue de la splendeur magnifique de Dieu lui dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui qu'il m'a plu de choisir. »

18 Et cette voix, nous-mêmes nous l'avons entendue venant du ciel quand nous étions avec lui sur la montagne sainte.


« Je vous le dis en vérité, quelques-uns de ceux qui sont ici ne mourront point, qu’ils n’aient vu le Fils de l’homme venir dans son règne. » (Matthieu 16, 28). Cette promesse donnée par Jésus une semaine avant sa transfiguration vaut à présent pour quiconque la reçoit de la foi au Ressuscité, présent avec nous jusqu’à la fin du temps.




Textes dy jour : Genèse 12.1-4 ; Psaume 33 ; 2 Timothée 1.8-10 ; Matthieu 17.1-9)