dimanche 5 mars 2023

La transfiguration, la pleine observance et nos petits commencements




Matthieu 17, 1-9
1 Six jours après [leur avoir annoncé : “quelques-uns de ceux qui sont ici ne mourront point, qu’ils n’aient vu le Fils de l’homme venir dans son règne” (Mt 16, 28)], Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et les emmène à l’écart sur une haute montagne.
2 Il fut transfiguré devant eux : son visage resplendit comme le soleil, ses vêtements devinrent blancs comme la lumière.
3 Et voici que leur apparurent Moïse et Élie qui s’entretenaient avec lui.
4 Intervenant, Pierre dit à Jésus : "Seigneur, il est bon que nous soyons ici ; si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, une pour Élie."
5 Comme il parlait encore, voici qu’une nuée lumineuse les recouvrit. Et voici que, de la nuée, une voix disait : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui qu’il m’a plu de choisir. Écoutez-le !"
6 En entendant cela, les disciples tombèrent la face contre terre, saisis d’une grande crainte.
7 Jésus s’approcha, il les toucha et dit : "Relevez-vous! soyez sans crainte!"
8 Levant les yeux, ils ne virent plus que Jésus, lui seul.
9 Comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur donna cet ordre: "Ne dites mot à personne de ce qui s’est fait voir de vous, jusqu’à ce que le Fils de l’homme soit ressuscité des morts."
*

Qu'est-ce qui apparaît de Jésus dans sa transfiguration, ce moment où trois disciples reçoivent le privilège de voir lever un instant le secret de la gloire cachée de celui qui demeure dans l’éternité auprès du Père ? Qu'est-ce qui apparaît en regard de Moïse et Élie, figures de la Loi et des Prophètes ?

Qu'est-ce qui sous-tend ce secret qui ne sera pleinement levé pour la foi des croyants qu’au dimanche de Pâques ?

Souvenez-vous : Jésus affirmait en ce même Évangile selon Matthieu : « Ne pensez pas que je sois venu abroger la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abroger, mais accomplir » (Mt 5, 17) — ce qui ne veut pas dire « mettre un terme à », mais, littéralement « observer pleinement ».

Aujourd'hui, entouré de Moïse et d'Élie, la Loi et les Prophètes, c'est-à-dire la Bible, est dévoilé celui qui observe pleinement. L’Évangile de Jean, où l'on n'a pas de récit de la Transfiguration, étant en quelque sorte un récit de Transfiguration en soi, dit les choses ainsi : « les œuvres que le Père m’a donné d’accomplir, ces œuvres mêmes que je fais, témoignent de moi que c’est le Père qui m’a envoyé » (Jn 5, 36), ou encore : « Les œuvres que je fais au nom de mon Père rendent témoignage de moi » (Jn 10, 25). « Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez pas. Mais si je les fais, quand même vous ne me croyez point, croyez à ces œuvres, afin que vous sachiez et reconnaissiez que le Père est en moi et que je suis dans le Père. » (Jn 10, 37-38)

C'est peut-être là le cœur du mystère du Christ, ce mystère dont nous parle son apparition dans la gloire : observer pleinement ce que son Père prescrit, pleine observance requise de nous aussi, qui nous voulons ses disciples : « qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais », et même, précise Jésus, « il en fera de plus grandes, parce que je m’en vais au Père » (Jn 14, 12). C'est bien de l'observance de l'enseignement biblique qu'il s'agit, de l'observance de la Loi et des Prophètes, pas de miracles (appelés signes dans l’Évangile de Jean, pas œuvres). Il s'agit de quelque chose qui en principe est à notre portée — « Ce commandement que je te prescris aujourd'hui n'est certainement point au-dessus de tes forces et hors de ta portée. Il n'est pas dans le ciel, pour que tu dises : Qui montera pour nous au ciel et nous l'ira chercher, qui nous le fera entendre, afin que nous le mettions en pratique ? » dit le Deutéronome (Dt 30, 11-12). Or un l'a mis en pratique, l'a observé pleinement. C'est ce dont témoignent la Loi et les Prophètes, Moïse et Élie. Et voilà que, malgré cela, nous observons chichement, mal et peu, ce qui nous est prescrit. C'est là le mystère du Christ : lui, homme comme nous, a observé pleinement. Cela pour nous, en nos petits commencements. Ainsi, « Écoutez-le ! » (v. 5.)

*

« Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du temps » promettra le Ressuscité (Matthieu 28, 20), celui qui est allé au Père, celui qui dans sa transfiguration se montre aujourd'hui à ses disciples, avant même sa mort, comme le Ressuscité… Alors se réalisera ce que Pierre, Jean et Jacques ont perçu en un éclair, lors de la transfiguration de Jésus.

Message surprenant que ce dévoilement d’un instant dont ils bénéficient, et qui nous dit dès lors que l’humanité, que Jésus a assumée, est au-delà de nos capacités de compréhension et a fortiori de vision, car la transfiguration de Jésus homme nous parle aussi de la réalité cachée de chacune et chacun de nous, en nos petits commencements.

Impossible, dès lors que le dévoilement de la transfiguration a eu lieu, de penser — sous prétexte que Jésus a assumé une réelle humanité — que nous aurions prise sur lui, que son humanité serait à la mesure de nos conceptions.

Or ce dévoilement est là comme un don qui vaut pour chacune et chacun, dotés d’une valeur qui relève de l’infini, et que l’apparence ne fait que voiler. Combien de fois ne dénonçons-nous pas les erreurs des autres — nous aurions fait mieux ! —, manquant ainsi l'être réel et éternel de toutes et tous. Comme la maladresse apparente des disciples parlant de « tentes » ne fait que voiler derrière le même mot « tente » son sens éternel : « tabernacle ».

C’est ce qui sera dévoilé au dimanche de Pâques, pour un tout nouveau retentissement de la promesse du Royaume — « Je vous le dis en vérité, quelques-uns de ceux qui sont ici ne mourront point, qu’ils n’aient vu le Fils de l’homme venir dans son règne. » disait Jésus quelques jours avant sa transfiguration (Matthieu 16, 28).

Ainsi, désormais, « du moment que vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez ce qui est en haut, là où se trouve le Christ, assis à la droite de Dieu ; fondez vos pensées en haut, non sur la terre. Vous êtes morts, en effet, et votre vie est cachée avec le Christ, en Dieu. Quand le Christ, votre vie, paraîtra, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui en pleine gloire » (Colossiens 3, 1-4).

Lorsque au matin de Pâques, les femmes ont reçu ce signe : « le corps n’était pas là » ; le signe est chargé de cette promesse — qui retentit jusqu’à nous : « je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du temps ».

C’est, depuis la nuée du mont de la transfiguration, une percée de ce jour d’éternité qui nous est donnée dans l’expérience des disciples :

2 Pierre 1, 16-18 :
16 Nous vous avons fait connaître la venue puissante de notre Seigneur Jésus Christ, pour l'avoir vu de nos yeux dans tout son éclat.
17 Car il reçut de Dieu le Père honneur et gloire, quand la voix venue de la splendeur magnifique de Dieu lui dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui qu'il m'a plu de choisir. »

18 Et cette voix, nous-mêmes nous l'avons entendue venant du ciel quand nous étions avec lui sur la montagne sainte.


« Je vous le dis en vérité, quelques-uns de ceux qui sont ici ne mourront point, qu’ils n’aient vu le Fils de l’homme venir dans son règne. » (Matthieu 16, 28). Cette promesse donnée par Jésus une semaine avant sa transfiguration vaut à présent pour quiconque la reçoit de la foi au Ressuscité, présent avec nous jusqu’à la fin du temps.




Textes dy jour : Genèse 12.1-4 ; Psaume 33 ; 2 Timothée 1.8-10 ; Matthieu 17.1-9)


3 commentaires :

  1. comment continuer à grandir ds la foi grâce à tes textes qd tu seras en retraite ????

    RépondreSupprimer
  2. Certes , certes ... mais qd même :)

    RépondreSupprimer