Lévitique 13, 1-2 & 40-46 ; Psaume 102 ; 1 Corinthiens 10, 31-11, 1 ; Marc 1, 40-45
Marc 1, 40-45
En arrière plan du texte de Marc est celui de la loi de la quarantaine ; du texte du jour du Lévitique : ch. 13, 1-2 : « Le SEIGNEUR adressa la parole à Moïse et à Aaron: "S'il se forme sur la peau d'un homme une boursouflure, une dartre ou une tache luisante, et que cela devienne une maladie de peau du genre lèpre, on l'amène au prêtre Aaron ou à l'un des prêtres ses fils." » Et ch. 13, 40-46 : « Le lépreux ainsi malade doit avoir ses vêtements déchirés, ses cheveux défaits, sa moustache recouverte, et il doit crier: Impur ! Impur ! il est impur aussi longtemps que le mal qui l'a frappé est impur; il habite à part et établit sa demeure hors du camp. »
Où il faut un peu poursuivre ! Après cela, si le lépreux guérit : (Lév. 14, 1-4) « Le SEIGNEUR adressa la parole à Moïse : "Voici le rituel relatif au lépreux, à observer le jour de sa purification : lorsqu'on l'amène au prêtre, le prêtre sort à l'extérieur du camp et procède à un examen. Si le lépreux est guéri de la maladie du genre lèpre, le prêtre ordonne de prendre pour celui qui se purifie : deux oiseaux vivants, purs, du bois de cèdre, du cramoisi éclatant et de l'hysope », etc. C’est ce rite post-purification que Jésus demande au lépreux d’accomplir.
Venons en au texte de Marc. Sous deux angles : la foi du lépreux d'une part, l'exclusion de Jésus d'autre part.
Mais voyons d'abord ce qu'on n'y trouve pas. Jésus aurait transgressé la Loi en touchant le lépreux. Or rien ne permet de dire que Jésus ait de la sorte transgressé quoi que ce soit dans le texte la Torah. C'est pourtant là une opinion assez répandue. Jésus aurait transgressé la Loi qui interdirait de toucher un lépreux. Alors j'ai essayé de vérifier cette assertion concernant la Torah. Je n'ai rien trouvé. Je n'ai rien vu dans la Bible qui dise qu'il ne faut pas toucher un lépreux. Sous peine d'impureté — provisoire —, il ne faut pas toucher un mort, il ne faut pas toucher quelqu'un qui a des pertes de sang ou autre, etc. Mais nulle part, je n'ai trouvé qu'il ne fallait pas toucher un lépreux ! C'est pourtant une opinion qui se colporte ; colportage auquel je ne participerai donc pas jusqu'à plus ample informé.
Jésus ne transgresse pas la Loi autrement qu’en semblant faire l’office du prêtre, auquel, pour cela, pour ne pas avoir l’air d’en usurper le rôle, il renvoie le lépreux.
Mais avant cela, Jésus s’irrite contre le lépreux qu’il vient de guérir. Pourquoi cette irritation ? Elle correspond sans doute d’abord au refus de la pub qui lui est faite ; semblable à celle que lui faisait l’esprit impur qu’il chassera (Mc 1, 21-28), puis la guérison de la belle-mère de Pierre qui l’oblige à fuir dans le désert (Mc 1, 29-39). Trop, c’est trop. Et voilà que ça recommence, et qu’en plus Jésus va avoir une réputation louche (mais injustifiée !) par rapport à la Loi. Or, c’est le genre des fausses accusations qui le mèneront à la mort.
Jésus n’est pas pressé. C’est pourquoi l’ordre de silence de Jésus (qui est fréquent) s’accompagne ici de l’envoi au prêtre — qui donne l’explication essentielle de cette colère : il ne veut pas que l’on pense qu’il usurpe un rôle sacerdotal qui n’est pas le sien !
Si Jésus n’a pas transgressé la loi de la quarantaine, en revanche, le lépreux, lui, devait se mettre lui-même en quarantaine jusqu'à ce que sa guérison soit vérifiée. Le lépreux devait faire constater son état par un prêtre, son état de maladie, et s'il y avait lieu, de guérison. Tout cela à travers plusieurs visites au prêtre.
Il devait donc, lui, se mettre à l'écart. Et c'est là qu'intervient sa transgression, et, de façon paradoxale, à travers cette transgression, sa foi en Jésus. Transgression minime dans un premier temps, est-on tenté de dire : il s'approche de Jésus, ce qui est sans doute déjà trop : il devrait rester à l'écart, mais ce qui reste peu : il ne se permet pas de le toucher, et il ne sait pas de quelle façon Jésus va exercer ce pouvoir, auquel il croit, de le purifier. Transgression plus importante dans un second temps : malgré la Torah que lui rappelle Jésus, il ne va pas faire constater son état, et rompt ainsi une quarantaine qui n'est pas légalement interrompue — seul le prêtre peut y mettre fin. Et là il met Jésus en mauvaise posture, et Jésus a pris ce risque en le guérissant.
D’où son irritation. Raison pour laquelle Jésus le tance vertement après l’avoir guéri : tais-toi maintenant ! Ne parle pas de moi. Non seulement Jésus veut entretenir à l’époque le secret sur sa messianité, mais, de plus, il ne goûte pas l’imbroglio dans lequel il risque de se retrouver avec cette histoire qu’il n’a pas cherchée.
Et voilà que loin de se taire, l’importun multiplie la pub. Certes, on peut le comprendre : il a trouvé son héros, il l’aime, il ne peut pas tenir sa langue. Mais voilà : c’est au point que Jésus ne peut plus mettre les pieds en ville !
Revenons à la Loi et à sa transgression par notre lépreux. Prise à la rigueur, la Loi pourrait laisser à penser que la lèpre était quasiment irrémédiable, l’impossibilité de contact dorénavant définitive. Or c’est précisément ce que la Loi ne dit pas ! Car enfin, comment être guéri sans contact ne serait-ce qu’avec le médecin ! Et la Loi envisage clairement la possibilité de la guérison de la lèpre, à faire constater.
Notre homme donc s’approche, en quelque sorte contre Dieu : il sort de la quarantaine imposée. Mais notre homme s’approche contre Dieu un peu comme Abraham s’est approché de Dieu contre Dieu pour intercéder en faveur de Sodome par exemple, ou Moïse lorsque Dieu était exténué de supporter le peuple à la sortie d’Égypte.
Mais c’est là l’essence de la foi : invoquer Dieu contre Dieu en quelque sorte, contre ce qu’on croit être son décret. Ou comme le roi Ézéchias connaissant le décret divin fixant sa propre mort et qui obtient cependant une prolongation de sa vie, etc. Prier Dieu contre la fatalité, la croirait-on décrétée par Dieu, c’est là le cœur de la foi et la force de la prière. Telle est la foi de notre lépreux, pour une prière que Jésus entend : si tu le veux, tu le peux. – Je le veux, répond Jésus.
Et c’est donc là que notre homme est sans doute plus transgresseur que prévu, d’une façon que Jésus pressent comme un risque : l’homme ne va pas chez le prêtre comme le prescrit la Loi. Plus transgresseur d’ailleurs peut-être pour des raisons que Jésus imagine n’être pas entièrement incompréhensibles. La façon dont il lui rappelle la Loi peut nous le faire soupçonner. Le lépreux guéri devait se présenter aux prêtres pour que cela leur serve de témoignage, dit-il. Témoignage aussi de ce que Jésus n’entend pas usurper leur rôle !...
Mais cela dit, on imagine, avant qu’ils ne célèbrent avec lui les sacrifices prévus et que Jésus rappelle, le flot de questions qui risquent d’accabler le pauvre homme guéri... Et notre ex-lépreux de transgresser une nouvelle fois la Loi, peut-être donc pour éviter un interrogatoire en règle. Mais alors, il est toujours officiellement en quarantaine. En effet, aucun sacrifice n’a été célébré, et aucun prêtre n’a proclamé en conséquence la fin de la quarantaine. Et du coup, c’est Jésus qui est mouillé dans cette affaire, et qui aux yeux de plusieurs, pourrait bien avoir contracté à son tour l’impureté du lépreux, qui est en principe toujours impur.
Tel est l’imbroglio dans lequel s’est mis Jésus pour avoir été compatissant à l’égard d’un homme certes sympathique, mais alors bien embarrassant.
C’est un tournant vers la croix qui se préfigure déjà. Jésus mis à l’écart à cause de sa compassion. Dont la mise à l’écart pour nous, la croix, est le cœur de sa compassion à notre égard. Là il nous dit, comme l’a pressenti le lépreux, combien il n’y a pas de fatalité, combien en lui et par lui, tout peut être renouvelé, combien l’impureté peut-être purifiée. Combien la compassion de Dieu est plus immense que sa colère.
C’est là ce qui a été dit pour nous ce jour-là : « Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs » (1 Tm 1, 15), écho à la promesse : « Le Seigneur Dieu est patient et d’une immense bonté. Il ne fait pas constamment de reproches, Il ne garde pas éternellement rancune. Sa bonté pour nous monte aussi haut que le ciel au-dessus de la terre. » (Ps 103)
Marc 1, 40-45
40 Un lépreux s'approche de lui ; il le supplie et tombe à genoux en lui disant : "Si tu le veux, tu peux me purifier."
41 Pris de pitié, Jésus étendit la main et le toucha. Il lui dit : "Je le veux, sois purifié."
42 A l'instant, la lèpre le quitta et il fut purifié.
43 S'irritant contre lui, Jésus le renvoya aussitôt.
44 Il lui dit : "Garde-toi de rien dire à personne, mais va te montrer au prêtre et offre pour ta purification ce que Moïse a prescrit: ils auront là un témoignage."
45 Mais une fois parti, il se mit à proclamer bien haut et à répandre la nouvelle, si bien que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais qu'il restait dehors en des endroits déserts. Et l'on venait à lui de toute part.
*
En arrière plan du texte de Marc est celui de la loi de la quarantaine ; du texte du jour du Lévitique : ch. 13, 1-2 : « Le SEIGNEUR adressa la parole à Moïse et à Aaron: "S'il se forme sur la peau d'un homme une boursouflure, une dartre ou une tache luisante, et que cela devienne une maladie de peau du genre lèpre, on l'amène au prêtre Aaron ou à l'un des prêtres ses fils." » Et ch. 13, 40-46 : « Le lépreux ainsi malade doit avoir ses vêtements déchirés, ses cheveux défaits, sa moustache recouverte, et il doit crier: Impur ! Impur ! il est impur aussi longtemps que le mal qui l'a frappé est impur; il habite à part et établit sa demeure hors du camp. »
Où il faut un peu poursuivre ! Après cela, si le lépreux guérit : (Lév. 14, 1-4) « Le SEIGNEUR adressa la parole à Moïse : "Voici le rituel relatif au lépreux, à observer le jour de sa purification : lorsqu'on l'amène au prêtre, le prêtre sort à l'extérieur du camp et procède à un examen. Si le lépreux est guéri de la maladie du genre lèpre, le prêtre ordonne de prendre pour celui qui se purifie : deux oiseaux vivants, purs, du bois de cèdre, du cramoisi éclatant et de l'hysope », etc. C’est ce rite post-purification que Jésus demande au lépreux d’accomplir.
Venons en au texte de Marc. Sous deux angles : la foi du lépreux d'une part, l'exclusion de Jésus d'autre part.
Mais voyons d'abord ce qu'on n'y trouve pas. Jésus aurait transgressé la Loi en touchant le lépreux. Or rien ne permet de dire que Jésus ait de la sorte transgressé quoi que ce soit dans le texte la Torah. C'est pourtant là une opinion assez répandue. Jésus aurait transgressé la Loi qui interdirait de toucher un lépreux. Alors j'ai essayé de vérifier cette assertion concernant la Torah. Je n'ai rien trouvé. Je n'ai rien vu dans la Bible qui dise qu'il ne faut pas toucher un lépreux. Sous peine d'impureté — provisoire —, il ne faut pas toucher un mort, il ne faut pas toucher quelqu'un qui a des pertes de sang ou autre, etc. Mais nulle part, je n'ai trouvé qu'il ne fallait pas toucher un lépreux ! C'est pourtant une opinion qui se colporte ; colportage auquel je ne participerai donc pas jusqu'à plus ample informé.
Jésus ne transgresse pas la Loi autrement qu’en semblant faire l’office du prêtre, auquel, pour cela, pour ne pas avoir l’air d’en usurper le rôle, il renvoie le lépreux.
Mais avant cela, Jésus s’irrite contre le lépreux qu’il vient de guérir. Pourquoi cette irritation ? Elle correspond sans doute d’abord au refus de la pub qui lui est faite ; semblable à celle que lui faisait l’esprit impur qu’il chassera (Mc 1, 21-28), puis la guérison de la belle-mère de Pierre qui l’oblige à fuir dans le désert (Mc 1, 29-39). Trop, c’est trop. Et voilà que ça recommence, et qu’en plus Jésus va avoir une réputation louche (mais injustifiée !) par rapport à la Loi. Or, c’est le genre des fausses accusations qui le mèneront à la mort.
Jésus n’est pas pressé. C’est pourquoi l’ordre de silence de Jésus (qui est fréquent) s’accompagne ici de l’envoi au prêtre — qui donne l’explication essentielle de cette colère : il ne veut pas que l’on pense qu’il usurpe un rôle sacerdotal qui n’est pas le sien !
Si Jésus n’a pas transgressé la loi de la quarantaine, en revanche, le lépreux, lui, devait se mettre lui-même en quarantaine jusqu'à ce que sa guérison soit vérifiée. Le lépreux devait faire constater son état par un prêtre, son état de maladie, et s'il y avait lieu, de guérison. Tout cela à travers plusieurs visites au prêtre.
Il devait donc, lui, se mettre à l'écart. Et c'est là qu'intervient sa transgression, et, de façon paradoxale, à travers cette transgression, sa foi en Jésus. Transgression minime dans un premier temps, est-on tenté de dire : il s'approche de Jésus, ce qui est sans doute déjà trop : il devrait rester à l'écart, mais ce qui reste peu : il ne se permet pas de le toucher, et il ne sait pas de quelle façon Jésus va exercer ce pouvoir, auquel il croit, de le purifier. Transgression plus importante dans un second temps : malgré la Torah que lui rappelle Jésus, il ne va pas faire constater son état, et rompt ainsi une quarantaine qui n'est pas légalement interrompue — seul le prêtre peut y mettre fin. Et là il met Jésus en mauvaise posture, et Jésus a pris ce risque en le guérissant.
D’où son irritation. Raison pour laquelle Jésus le tance vertement après l’avoir guéri : tais-toi maintenant ! Ne parle pas de moi. Non seulement Jésus veut entretenir à l’époque le secret sur sa messianité, mais, de plus, il ne goûte pas l’imbroglio dans lequel il risque de se retrouver avec cette histoire qu’il n’a pas cherchée.
Et voilà que loin de se taire, l’importun multiplie la pub. Certes, on peut le comprendre : il a trouvé son héros, il l’aime, il ne peut pas tenir sa langue. Mais voilà : c’est au point que Jésus ne peut plus mettre les pieds en ville !
Revenons à la Loi et à sa transgression par notre lépreux. Prise à la rigueur, la Loi pourrait laisser à penser que la lèpre était quasiment irrémédiable, l’impossibilité de contact dorénavant définitive. Or c’est précisément ce que la Loi ne dit pas ! Car enfin, comment être guéri sans contact ne serait-ce qu’avec le médecin ! Et la Loi envisage clairement la possibilité de la guérison de la lèpre, à faire constater.
Notre homme donc s’approche, en quelque sorte contre Dieu : il sort de la quarantaine imposée. Mais notre homme s’approche contre Dieu un peu comme Abraham s’est approché de Dieu contre Dieu pour intercéder en faveur de Sodome par exemple, ou Moïse lorsque Dieu était exténué de supporter le peuple à la sortie d’Égypte.
Mais c’est là l’essence de la foi : invoquer Dieu contre Dieu en quelque sorte, contre ce qu’on croit être son décret. Ou comme le roi Ézéchias connaissant le décret divin fixant sa propre mort et qui obtient cependant une prolongation de sa vie, etc. Prier Dieu contre la fatalité, la croirait-on décrétée par Dieu, c’est là le cœur de la foi et la force de la prière. Telle est la foi de notre lépreux, pour une prière que Jésus entend : si tu le veux, tu le peux. – Je le veux, répond Jésus.
Et c’est donc là que notre homme est sans doute plus transgresseur que prévu, d’une façon que Jésus pressent comme un risque : l’homme ne va pas chez le prêtre comme le prescrit la Loi. Plus transgresseur d’ailleurs peut-être pour des raisons que Jésus imagine n’être pas entièrement incompréhensibles. La façon dont il lui rappelle la Loi peut nous le faire soupçonner. Le lépreux guéri devait se présenter aux prêtres pour que cela leur serve de témoignage, dit-il. Témoignage aussi de ce que Jésus n’entend pas usurper leur rôle !...
Mais cela dit, on imagine, avant qu’ils ne célèbrent avec lui les sacrifices prévus et que Jésus rappelle, le flot de questions qui risquent d’accabler le pauvre homme guéri... Et notre ex-lépreux de transgresser une nouvelle fois la Loi, peut-être donc pour éviter un interrogatoire en règle. Mais alors, il est toujours officiellement en quarantaine. En effet, aucun sacrifice n’a été célébré, et aucun prêtre n’a proclamé en conséquence la fin de la quarantaine. Et du coup, c’est Jésus qui est mouillé dans cette affaire, et qui aux yeux de plusieurs, pourrait bien avoir contracté à son tour l’impureté du lépreux, qui est en principe toujours impur.
Tel est l’imbroglio dans lequel s’est mis Jésus pour avoir été compatissant à l’égard d’un homme certes sympathique, mais alors bien embarrassant.
C’est un tournant vers la croix qui se préfigure déjà. Jésus mis à l’écart à cause de sa compassion. Dont la mise à l’écart pour nous, la croix, est le cœur de sa compassion à notre égard. Là il nous dit, comme l’a pressenti le lépreux, combien il n’y a pas de fatalité, combien en lui et par lui, tout peut être renouvelé, combien l’impureté peut-être purifiée. Combien la compassion de Dieu est plus immense que sa colère.
C’est là ce qui a été dit pour nous ce jour-là : « Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs » (1 Tm 1, 15), écho à la promesse : « Le Seigneur Dieu est patient et d’une immense bonté. Il ne fait pas constamment de reproches, Il ne garde pas éternellement rancune. Sa bonté pour nous monte aussi haut que le ciel au-dessus de la terre. » (Ps 103)
R.P.
Vence, 12.02.12
Vence, 12.02.12
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