dimanche 19 juin 2016

Élie à Sarepta




1 Rois 17.1-24 ; Zacharie 12.10-13.1 ; Psaume 63 ; Galates 3.26-29 ; Luc 9.18-24

1 Rois 17 v 7 à 16
7 Mais au bout d’un certain temps le torrent fut à sec, car il n’était point tombé de pluie dans le pays.
8 Alors la parole du Seigneur lui fut adressée en ces mots:
9 Lève-toi, va à Sarepta, qui appartient à Sidon, et demeure là. Voici, j’y ai ordonné à une femme veuve de te nourrir.
10 Il se leva, et il alla à Sarepta. Comme il arrivait à l’entrée de la ville, voici, il y avait là une femme veuve qui ramassait du bois. Il l’appela, et dit: Va me chercher, je te prie, un peu d’eau dans un vase, afin que je boive.
11 Et elle alla en chercher. Il l’appela de nouveau, et dit : Apporte-moi, je te prie, un morceau de pain dans ta main.
12 Et elle répondit : le Seigneur, ton Dieu, est vivant ! je n’ai rien de cuit, je n’ai qu’une poignée de farine dans un pot et un peu d’huile dans une cruche. Et voici, je ramasse deux morceaux de bois, puis je rentrerai et je préparerai cela pour moi et pour mon fils ; nous mangerons, après quoi nous mourrons.
13 Élie lui dit : Ne crains point, rentre, fais comme tu as dit. Seulement, prépare-moi d’abord avec cela un petit gâteau, et tu me l’apporteras ; tu en feras ensuite pour toi et pour ton fils.
14 Car ainsi parle le Seigneur, le Dieu d’Israël : La farine qui est dans le pot ne manquera point et l’huile qui est dans la cruche ne diminuera point, jusqu’au jour où le Seigneur fera tomber de la pluie sur la face du sol.
15 Elle alla, et elle fit selon la parole d’Élie. Et pendant longtemps elle eut de quoi manger, elle et sa famille, aussi bien qu’Élie.
16 La farine qui était dans le pot ne manqua point, et l’huile qui était dans la cruche ne diminua point, selon la parole que le Seigneur avait prononcée par Élie.

*

1. Dieu a parlé à Élie. (Comment ?) Est-ce qu’on peut entendre la voix de Dieu aujourd’hui ?

Il est des temps, selon la Bible, où la Parole de Dieu est rare ! 1 Samuel 3, 1 : « Le jeune Samuel était au service du Seigneur devant Éli. La parole du Seigneur était rare en ce temps-là, les visions n’étaient pas fréquentes. [… Une nuit] 4 le Seigneur appela Samuel. Il répondit : Me voici ! 5 Et il courut vers Éli, et dit : Me voici, car tu m’as appelé. Éli répondit : Je n’ai point appelé ; retourne te coucher. Et il alla se coucher. 6 Le Seigneur appela de nouveau Samuel. Et Samuel se leva, alla vers Éli, et dit : Me voici, car tu m’as appelé. Éli répondit : Je n’ai point appelé, mon fils, retourne te coucher. 7 Samuel ne connaissait pas encore le Seigneur, et la parole de le Seigneur ne lui avait pas encore été révélée. 8 le Seigneur appela de nouveau Samuel, pour la troisième fois. Et Samuel se leva, alla vers Éli, et dit : Me voici, car tu m’as appelé. Éli comprit que c’était le Seigneur qui appelait l’enfant […]. »

« Il y a un temps pour parler et un temps pour se taire », dit L'Ecclésiaste (ch. 3)… Peut-être cela vaut-il aussi pour Dieu ?! Le temps, pour nous, de recevoir le silence, et d'entrer simplement dans la relecture, selon cette étymologie du mot religion : relire ce que Dieu a dit pour ré-apprendre à entendre sa voix, reprendre contact, selon la deuxième étymologie du mot religion : relier. Apprendre à discerner sa voix dans les signes diffus de sa présence… « Ce n’est pas un langage, ce ne sont pas des paroles dont le son ne soit point entendu » (Ps 19, 3).

Mt 16, 1-3 : « [Ils] abordèrent Jésus et, pour l’éprouver, lui demandèrent de leur faire voir un signe venant du ciel. 2 Jésus leur répondit : Le soir, vous dites : Il fera beau, car le ciel est rouge ; 3 et le matin : Il y aura de l’orage aujourd’hui, car le ciel est d’un rouge sombre. Vous savez discerner l’aspect du ciel, et vous ne pouvez discerner les signes des temps. »

Apprendre à écouter la petite voix intérieure qui nous dit ce que Dieu attend de nous — reprenons le récit de Samuel (1 Samuel 3, 8-9) : « Éli comprit que c’était le Seigneur qui appelait l’enfant […] et il dit à Samuel : Va, couche-toi ; et si l’on t’appelle, tu diras : Parle, Seigneur, car ton serviteur écoute. »

2. Le miracle du bol de farine et l’huile — pourquoi est-ce qu’il y avait plein de miracles dans La Bible mais on n’en voit plus aujourd’hui ?

« Plein de miracles dans la Bible » ? Si l'on veut. On a trois temps principaux où les miracles sont nombreux : Moïse et ses proches, Élie et Élisée, Jésus et ses disciples L’Épître aux Hébreux, déjà, en parle au passé (ch. 2, 4).

Et bien sûr, quand les miracles semblent cesser, on est tenté de se poser des questions à leur sujet.

Et puis bien plus tard, les premiers temps de la science moderne ont conduit à penser que tout ça n'a aucune réalité. Aux XVIIIe et XIXe siècles, on arrive à la conclusion que tout ça est impossible. Ça ne correspond pas aux lois de la science moderne dont on découvrait toutes les conséquences. C'est l'époque où l'on ne croit vrai que ce qu'on sait… Un peu comme à Nazareth, on ne peut pas croire ce Jésus qu'on connaît trop.

Luc 4, 23-26 : « Fais ici, dans ta patrie, tout ce que nous avons appris que tu as fait à Capernaüm, demande-t-on à Jésus venu chez lui. 24 Mais, dit-il, je vous le dis en vérité, aucun prophète n’est bien reçu dans sa patrie. 25 Je vous le dis en vérité : il y avait plusieurs veuves en Israël du temps d’Élie, lorsque le ciel fut fermé trois ans et six mois et qu’il y eut une grande famine sur toute la terre ; 26 et cependant Élie ne fut envoyé vers aucune d’elles, si ce n’est vers une femme veuve, à Sarepta, dans le pays de Sidon. »

Depuis le début du XXe, on sait que c'est plus compliqué — les découvertes des savants contemporains ont élargi le domaine de ce que l'on sait, au-delà de ce qui se voit. Les lois de ce qui se voit ne marchent plus quand on entre dans ce qui ne se voit pas à l’œil nu. Il existe des choses impossibles, qui ne sont pas pour autant des miracles, mais qui existent quand même !

Les miracles eux aussi sont impossibles. Ils relèvent de la parole créatrice. Du Dieu de l'impossible. Tel est le Dieu d’Élie — qui dans la suite du récit ressuscite le fils de la veuve. Et comme pour la parole qu'il s'agit de savoir entendre même quand elle semble rare, il faut savoir percevoir l'action mystérieuse de Dieu. Les miracles sont aussi appelés signes, signes du Règne de Dieu qui s'est approché.

3. Quand nous voyons des enfants mourir de faim dans le monde, nous ressentons un sentiment d’injustice. Pourquoi est-ce que les enfants meurent dans un coin du monde tandis que chez nous, il y a autant de gaspillage  ?

On vient de parler du Règne de Dieu, dont les miracles sont des signes — signes donnés plus particulièrement dans trois temps, d'abord ceux de Moïse et d’Élie qui apparaissent entourant Jésus lors de la transfiguration, quand Jésus apparaît en pleine lumière entre Moïse et Élie, et qu'il présente ce moment comme l’apparition du Règne de Dieu, précisément.

Le Règne de Dieu est le temps où toute douleur et toute injustice ont disparu. Car oui, c'est de l'injustice en effet que ce déséquilibre entre misère et surabondance.

Cela pose aussi la question de notre part à cela… Le récit de la veuve nous en dit un mot : la confiance, la confiance dont la veuve a fait preuve. Elle aurait pu refuser de s’occuper d’Élie, et faire comme elle avait projeté. Prendre son dernier repas avec son fils, en ce temps de famine, et attendre la mort. Elle a eu confiance en la parole d’Élie, cette confiance que Jésus demande à ses disciples devant la foule qui a faim : Luc 9:13 : « Jésus leur dit : Donnez-leur vous-mêmes à manger. Mais ils répondirent : Nous n’avons que cinq pains et deux poissons […] ».

Et comme au temps d’Élie avec la farine et l'huile qui ne diminuaient pas, comme au temps de Moïse avec la manne qui ne cessait pas et qui pourrissait quand on en prenait trop — image du gaspillage et de son scandale —, Jésus multiplie le peu des disciples, appelant tout à nouveau à la confiance. Mais bien sûr, c'est fou, comme d'entendre la voix de Dieu ou de croire des choses impossibles comme les miracles. Dieu est bien le Dieu de l'impossible, et c'est cela qu'il s'agit de croire ! Croire malgré tout en la bonté, cette réalité impossible et pourtant vraie.

*

4. Si Dieu est bon, pourquoi est-ce qu’il y a la famine et d’autres catastrophes dans le monde ?

Comme pour sa voix que l'on n'entend pas ou les miracles qui sont impossibles, on est dans la Bible avec un Dieu qui est au-delà ce que l'on peut en dire, un Dieu tout proche, mais dont le monde est infiniment éloigné, le Dieu d'un Royaume qui n'est pas de ce monde, selon les mots de Jésus.

Et pourtant, lui est tout proche : « S'il ne pensait qu'à lui-même, S'il retirait à lui son esprit et son souffle, Toute chair périrait soudain, Et l'homme rentrerait dans la poussière. » (Job 34, 14-15)

Tout proche d'un monde qui est si loin de lui. Peut-être l'histoire de la venue du Règne de Dieu est celle d'un rapprochement du monde d'avec le Dieu qui en est la source. Loin de sa source, le monde est la proie au mal qui s'y déploie. « Devant toi la vie et la mort dit le Deutéronome : choisis la vie, afin que tu vives ». La vie qui est dans cette « parole tout près de toi, dans ta bouche et dans ton cœur. »

C'est le Dieu d’Élie, qui donne la vie, contre les idoles qu'il combat, et qui sont assoiffées de sang. Dans un monde décroché de sa source et où il y a tant de souffrance, le Dieu vivant et vrai n'est pas celui au nom duquel on en rajoute dans la violence et le mal — ce dieu-là, qui agite hélas l'actualité, est l'idole que combattait Élie, assoiffé de sang — ; le Dieu vivant et vrai est celui qui pleure avec nous, qui est venu à nous avec larmes, pour nous accompagner jusqu'au cœur de nos douleurs, qui lui ont arraché ces larmes. Jésus a pleuré devant la mort de Lazare. Il a pleuré sur Jérusalem en passe d'être détruite par Rome. La bonté de Dieu est dans ces larmes versées sur un monde décroché de sa source, et qu'il appelle encore à choisir la vie.


RP – avec les questions du groupe de préKT, Poitiers, 19/06/16


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