dimanche 5 janvier 2020

"Des nations marcheront à ta lumière"




Ésaïe 60, 1-6 ; Psaume 72 ; Ep 3, 2-3a & 5-6 ; Matthieu 2, 1-12

Ésaïe 60, 1-6
1 Lève-toi, brille, car ta lumière paraît,
Et la gloire du Seigneur se lève sur toi.
2 Car voici que les ténèbres couvrent la terre
Et l’obscurité les peuples ;
Mais sur toi le Seigneur se lève,
Sur toi sa gloire apparaît.
3 Des nations marcheront à ta lumière
Et des rois à la clarté de ton aurore.
4 Porte tes yeux alentour et regarde :
Tous ils se rassemblent,
Ils viennent vers toi ;
Tes fils arrivent de loin,
Et tes filles sont portées sur les bras.
5 A cette vue tu seras radieuse,
Ton cœur bondira et se dilatera,
Quand les richesses seront détournées de la mer vers toi,
Quand les ressources des nations viendront vers toi.
6 Tu seras couverte d'une foule de chameaux,
Ainsi que de dromadaires de Madian et d’Épha ;
Ils viendront tous de Saba ;
Ils porteront de l’or et de l’encens
Et annonceront les louanges du Seigneur.

*

Toutes choses ont commencé ainsi : dans une Parole qui fait venir le monde des ténèbres à la lumière — « que la lumière soit, et la lumière fut » ; Parole créatrice qui a fait naître le chaos de 13, 8 milliards d’années pour le jour de la Parole prononcée dans la lumière créatrice ; une Parole qui résonne dans le temps du récit de la Genèse selon la tradition juive il y a 5780 ans.

Et à nouveau, comme reprise, la promesse d’Ésaïe (ch. 9, v. 1) :
Le peuple qui marchait dans les ténèbres
voit une grande lumière.
Sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre,
une lumière resplendit.
Ce texte lu à Noël nous rappelle que cette même Parole qui fait sortir la vie des ténèbres est à nouveau au recommencement de toute chose. Car le monde, qui n’est pas pleinement sorti de la nuit, est appelé à renaître, à accéder à sa plénitude en paraissant en pleine lumière. Alors, « Lève-toi, brille, car ta lumière paraît ».

C’est cette espérance séculaire de la venue de la lumière de la délivrance, signifiée par toutes les fêtes de lumière des différents cultes, qui s’est ouverte à Noël.

L’origine la plus vraisemblable du mot Noël serait dans le gaulois noio hel signifiant « nouveau soleil ». Les origines de la fête s’enracinent dans les célébrations de la lumière, comme le culte du « soleil invaincu » chez les Romains et les autres fêtes de solstice des pays nordiques. Avant la réforme du calendrier par Jules César, le solstice d’hiver correspondait au 25 décembre du calendrier romain. Les festivités ont continué de se tenir à cette date après que le solstice eût correspondu au 21 décembre du calendrier julien.

C’est cette espérance d'une lumière nouvelle, qui nous a rejoints en l’enfant de Bethléem. Ici, comme nouveau soleil, c’est à la Parole créatrice qu’il est fait référence, et à la lumière qui en est le premier effet. Une lumière qui précède toute lumière, symbolisée par l’astre des Mages.

Celle du soleil vient ensuite (au 4e jour selon la Genèse. Elle ne fait que commencer à naître selon le temps du solstice d’hiver) : mais la lumière que nous célébrons nous est donnée comme la vraie lumière, qui éclaire tout être humain venant dans le monde.

Un monde extrait des ténèbres qui précèdent cette Parole illuminatrice. Ésaïe 9, 1 & 5 :
Le peuple qui marchait dans les ténèbres
voit une grande lumière.
Sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre,
une lumière resplendit.
[…]
Car un enfant nous est né,
un fils nous est donné.

RepriseMatthieu 2, 1-9
1 Jésus étant né à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode, voici que des Mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem
2 et demandèrent : "Où est le roi des Judéens qui vient de naître ? Nous avons vu son astre à l’Orient et nous sommes venus lui rendre hommage."
3 À cette nouvelle, le roi Hérode fut troublé, et tout Jérusalem avec lui.
4 Il assembla tous les grands prêtres et les scribes du peuple, et s’enquit auprès d’eux du lieu où le Messie devait naître.
5 "À Bethléem de Judée, lui dirent-ils, car c’est ce qui est écrit par le prophète :
6 Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le plus petit des chefs-lieux de Juda : car c’est de toi que sortira le chef qui fera paître Israël, mon peuple."
7 Alors Hérode fit appeler secrètement les Mages, se fit préciser par eux l’époque à laquelle l’astre apparaissait,
8 et les envoya à Bethléem en disant : "Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant ; et, quand vous l’aurez trouvé, avertissez-moi pour que, moi aussi, j’aille lui rendre hommage."
9 Sur ces paroles du roi, ils se mirent en route ; et voici que l’astre, qu'ils avaient vu à l’Orient, avançait devant eux jusqu’à ce qu’il vînt s’arrêter au-dessus de l’endroit où était l’enfant.

Voilà donc que se présentent les fameux Mages venus d’Orient (Matthieu 2, 1-12). Les voilà bientôt sacrés rois (en regard d’Ésaïe 60 que nous avons lu, ou du Psaume 72, Psaume de ce jour, etc.), trois rois représentant les trois continents d’alors (Afrique, Asie, Europe), là où Matthieu les présentait comme des sortes de prêtres de la religion mazdéenne d'alors, la religion des Mages. Selon la prophétie d’Ésaïe, le Messie biblique concerne aussi les païens / les nations.

Les nations comme son peuple s’originent en la Parole créatrice qui est « la lumière du monde » (Jean 8, 12), avant la lumière naturelle (Jean 1, 9-10). Lorsqu'elle s'exprime, la lumière apparaît : « Dieu dit : que la lumière soit, et la lumière fut » (Genèse 1, 3). Cette vraie lumière est la lumière spirituelle dans laquelle le monde prend forme.

Cette lumière nous est donnée comme celle de Noël, ici symbolisée dans un astre se levant à l’Orient. Le déroulement ultérieur de la création est le développement de l’illumination donnée à Noël, illumination du monde pour sa sortie du chaos et des ténèbres. Les choses s’ordonnent en se distinguant, en se séparant : ainsi en premier, dit la Genèse, le jour d’avec la nuit.

C’est cette même Parole qui nous fait venir à l’être qui peut aussi nous faire venir à la vie de Dieu, à la vie éternelle, pourvu que nous l’accueillions. Car le monde, dès lors qu’il ne reçoit pas cette Parole par laquelle il existe, est dans les ténèbres, selon que c’est cette Parole qui sépare la lumière des ténèbres.

Cette Parole de lumière est venue à Noël, comme petit enfant, de sorte que nous puissions l’accueillir le plus simplement… Donnant, à qui l’accueille, le pouvoir de devenir enfant de Dieu. Autant de porteurs de cette Parole qui fait venir à la vie, lesquels ne sont pas nés de la chair, mais de Dieu. Recevoir la Parole qui fait advenir à la vie dans l’éternité.

Face à cela, les ténèbres naturelles sont le signe qu’il est une seule limite au déploiement de la lumière. Ne pas l’accueillir. Mais que de possibilités s’ouvrent au contraire par cet accueil : le pouvoir de devenir enfants de Dieu, par l’accueil, dans la foi, de cette Parole et de sa lumière. C'est là le vrai cadeau de Noël.

Matthieu 2, 10-11
10 À la vue de l’astre, ils éprouvèrent une très grande joie.
11 Entrant dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie, sa mère, et, se prosternant, ils lui rendirent hommage ; ouvrant leurs coffrets, ils lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe.

Que cette Parole, dont nous célébrons la naissance en Marie il y a deux mille ans, Parole éternelle qui nous a créés, promise à une souveraineté sans fin, Parole éternelle qui nous illumine — naisse en chacun de nous pour nous rendre féconds en Dieu.

Ésaïe 60, 1-3
1 Lève-toi, brille, car ta lumière paraît, Et la gloire du Seigneur se lève sur toi.
2 Car voici que les ténèbres couvrent la terre Et l'obscurité les peuples ;
Mais sur toi le Seigneur se lève, Sur toi sa gloire apparaît.
3 Des nations marcheront à ta lumière Et des rois à la clarté de ton aurore.

Que cette Parole fasse germer en nous la grâce de l’accueillir d’où qu’elle vienne ; de ne pas endurcir notre cœur lorsque nous l’entendons où nous ne l’attendrions pas ; car Dieu a pour habitude de déguiser ses anges, comme il a déguisé Marie et Joseph en étrangers que l’on n’a pas su accueillir. Accueillir la Parole créatrice, illuminatrice, source de la vie nouvelle. Cette Parole nous est donnée comme le Fils unique de Dieu, « Prince de la paix » en qui demeure pour nous le pouvoir de devenir enfants de Dieu.

Matthieu 2, 12
Puis, divinement avertis en songe de ne pas retourner auprès d’Hérode, les Mages se retirèrent dans leur pays par un autre chemin.


RP, Châtellerault, 5/01/2020


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