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Prédication en audio (musique de fond : Vangelis - La Création du monde) ici :
Ézéchiel 37, 12-14 ; Psaume 130 ; Romains 8, 8-11 ; Jean 11, 1-45
Jean 11, 1-45
Pouvons-nous entendre cette parole ? « Moi je suis la résurrection et la vie : qui croit en moi vivra, quand bien même il serait mort ; et qui vit et croit en moi ne mourra pas pour toujours. » Marthe entend cette parole, et elle croit ; après avoir accueilli Jésus comme dans un reproche, « si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort », à présent, par sa foi en lui, elle entre dans un aujourd’hui éternel, dans la présence de celui qui est la résurrection et la vie. Même le passage par la destruction du corps n’enlève rien à cela : Jésus est la résurrection et la vie. Ce pourquoi il avait pu dire concernant la maladie et la mort de Lazare : « cette maladie n’est pas pour la mort » ! Et à présent : « Je suis la résurrection et la vie » — « Crois-tu cela ? » lui a-t-il demandé — « Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde ».
À ce moment, Marthe sait : elle, et Lazare, sont passés de la mort à la vie par la foi en Jésus. « Là-dessus, poursuit le texte, elle partit appeler sa sœur Marie et lui dit tout bas : "Le Maître est là et il t’appelle" ». Que chacun de nous l’entende aujourd’hui, cette parole, car elle est pour chacun de nous : « Le Maître est là et il t’appelle ».
Marie marque alors le pas nouveau : « À ces mots, Marie se leva immédiatement et alla vers lui » (v. 29). Puis elle profère à son tour la parole qu'avait dite dans un premier temps sa sœur, mais d’une toute autre façon : « elle tomba à ses pieds et lui dit : "Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort." » (v. 32). Une attitude qui dit qu’on est déjà au-delà du simple reproche, qu’on est déjà dans l’espérance que tout est possible à celui vers lequel Marie s’est tournée. Aujourd'hui Jésus s'est fait présence vivifiante contre tous les désespoirs.
La mort qui a atteint Lazare et devant laquelle Jésus pleure — le plus court verset des Écritures (v. 35) : « Jésus pleura » — Lazare est vraiment mort, « il sent déjà » (v. 39) —, Jésus va en montrer qu'elle non plus, la mort, l'affreuse mort, n'est pas maladie à la mort.
« Enlevez cette pierre. » — « Seigneur, il sent déjà, a répondu Marthe… Ça fait quatre jours… » C'est bien un acte de création que pose ici la parole créatrice devenue chair en Jésus. Rappelez-vous le début de cet Évangile, reprenant la Genèse. Au commencement était la parole, par qui le monde a été fait, et cette parole est là à présent, parole créatrice.
Il sent déjà. Plus de vie. Il est mort. C'est bien un acte de création, création nouvelle, à partir de rien, qui va être posé. « Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle création » (2 Co 5, 17).
Jésus vient de poser le signe qui annonce pour nous tous ce en quoi sa résurrection au dimanche de Pâques donne tout son sens à notre foi : « vous êtes ressuscités avec le Christ. […] Vous êtes morts, en effet, et votre vie est cachée avec le Christ, en Dieu », dira l’Épître aux Colossiens (ch. 3, v. 1 & 4).
Et, Romains 8 v. 11, « Si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus Christ d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels, par son Esprit qui habite en vous ».
Et voici à présent, pour Marthe et Marie et pour nous tous, le signe inouï : la résurrection de Lazare. Leur prière a porté son fruit, elles qui ont porté Lazare. Signe de ce que décidément, en effet, comme le disait Jésus, « cette maladie n’est pas pour la mort » — car la maladie à la mort est le désespoir. Jésus vient de fonder l’espérance, d’ancrer la foi qui renverse tout désespoir au-delà même de la mort.
« Ne t’ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ? » a demandé Jésus. Mais comme la résurrection de Lazare est un acte de création, la foi en est un aussi. Et plusieurs ne peuvent pas voir ce qui vient de se passer. Ils ne voient là qu'un inconvénient !
Cette inquiétude explique tout. Comme toute inquiétude, elle est légitime. Face à toute inquiétude le seul recours est la foi. Tous ne l'ont pas. Cette inquiétude explique tout, depuis la livraison de Jésus aux Romains jusqu'à la persécution des premiers chrétiens par Paul. Encore une fois elle est légitime. « Vous me cherchez non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez eu à manger » disait Jésus (Jn 6), qui se méfie de sa popularité — « il savait ce qui est dans le cœur de l'homme » !
Notre épisode précède immédiatement la procession de Rameaux et permet de comprendre l'état d’esprit de Jésus à Rameaux, une popularité qui lui vaudra la mort.
« C'est votre avantage qu’un seul homme meure pour le peuple et que la nation ne périsse pas tout entière, dit alors Caïphe. Caïphe fit cette prophétie qu’il fallait que Jésus meure pour la nation et non seulement pour elle, mais pour réunir dans l’unité les enfants de Dieu qui sont dispersés. » — Écho au Psaume : « Pourquoi les rois de la terre se soulèvent-ils Et les princes se liguent-ils avec eux Contre l’Éternel et contre son messie ? » (Ps 2, 2)
Tous : les autorités judéennes : « vous n'y comprenez rien. Si nous le laissons continuer ainsi, tous croiront en lui, les Romains interviendront et ils détruiront et notre saint Lieu et notre nation » ; les proches de Jésus, bientôt, à Rameaux, ceux auprès de qui il est populaire, mais qui ne comprennent pas vraiment — voir la confession de Pierre… qui voudra le défendre par l'épée —, des proches le fêtant à Rameaux, mais qui ne supporteront pas qu'il leur échappe, au fond ; et plus tard, au vendredi saint : les Romains, éliminant un improbable rebelle se prenant pour un nouveau roi des Judéens ! Ce qu'il est en réalité échappe à tous !
L’Évangile de la résurrection est acte de création. Et il ne se reçoit que dans l'obéissance à ce qui est de l’ordre du commandement accompli : « Lazare, sors ! » Tel est l’ordre, le commandement donné par Jésus, dans l’écoute et l’accomplissement duquel la libération du dimanche de Pâques devient une réalité effective dans nos vies dès aujourd’hui. « Sors de ta tombe, sors de ce qui te lie ! » ; et, dernier signe que rien ni personne ne saurait y faire obstacle — Jésus s’adresse à ceux qui sont présents : « Déliez-le, et laissez le aller ».
Lazare a entendu et a obéi : il est sorti de la mort. Comme Abraham obéissait au commandement de sa liberté : « va ! », « Va vers où je t’indique », « va pour toi ». Et Abraham est allé.
L’Évangile de la résurrection et de la liberté libère vraiment, il fait vraiment entrer dès aujourd’hui dans la vie nouvelle celui, celle, qui entend la voix du Ressuscité et obéi à son ordre, son commandement, parole de création : « sors de ta tombe, de ce qui te lie ! » Ta maladie n'est pas à la mort. Parole pour chacun de nous. Lève-toi à présent, « relève-toi d’entre les morts, et Christ t'éclairera » (Éphésiens 5, 14-24).
Jean 11, 1-45
1 Il y avait un homme malade ; c’était Lazare de Béthanie, le village de Marie et de sa sœur Marthe.
2 Il s’agit de cette même Marie qui avait oint le Seigneur d’une huile parfumée et lui avait essuyé les pieds avec ses cheveux ; c’était son frère Lazare qui était malade.
3 Les sœurs envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est malade. »
4 Dès qu’il l’apprit, Jésus dit : « Cette maladie n’aboutira pas à la mort, elle servira à la gloire de Dieu : c’est par elle que le Fils de Dieu doit être glorifié. »
5 Or Jésus aimait Marthe et sa sœur et Lazare.
6 Cependant, alors qu’il savait Lazare malade, il demeura deux jours encore à l’endroit où il se trouvait.
7 Après quoi seulement, il dit aux disciples : « Retournons en Judée. »
8 Les disciples lui dirent : « Rabbi, tout récemment encore les autorités judéennes cherchaient à te lapider ; et tu veux retourner là-bas ? »
9 Jésus répondit : « N’y a-t-il pas douze heures de jour ? Si quelqu’un marche de jour, il ne trébuche pas parce qu’il voit la lumière de ce monde ;
10 mais si quelqu’un marche de nuit, il trébuche parce que la lumière n’est pas en lui. »
11 Après avoir prononcé ces paroles, il ajouta : « Notre ami Lazare s’est endormi, mais je vais aller le réveiller. »
12 Les disciples lui dirent donc : « Seigneur, s’il s’est endormi, il sera sauvé. »
13 En fait, Jésus avait voulu parler de la mort de Lazare, alors qu’ils se figuraient, eux, qu’il parlait de l’assoupissement du sommeil.
14 Jésus leur dit alors ouvertement : « Lazare est mort,
15 et je suis heureux pour vous de n’avoir pas été là, afin que vous croyiez. Mais allons à lui ! »
16 Alors Thomas, celui que l’on appelle Didyme, dit aux autres disciples : « Allons, nous aussi, et nous mourrons avec lui. »
17 A son arrivée, Jésus trouva Lazare au tombeau ; il y était depuis quatre jours déjà.
18 Comme Béthanie est distante de Jérusalem d’environ quinze stades,
19 beaucoup d’habitants de la Judée étaient venus chez Marthe et Marie pour les consoler au sujet de leur frère.
20 Lorsque Marthe apprit que Jésus arrivait, elle alla au-devant de lui, tandis que Marie était assise dans la maison.
21 Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort.
22 Mais maintenant encore, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te le donnera. »
23 Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. »
24 – « Je sais, répondit-elle, qu’il ressuscitera lors de la résurrection, au dernier jour. »
25 Jésus lui dit : « Je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ;
26 et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? »
27 – « Oui, Seigneur, répondit-elle, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde. »
28 Là-dessus, elle partit appeler sa sœur Marie et lui dit tout bas : « Le Maître est là et il t’appelle. »
29 A ces mots, Marie se leva immédiatement et alla vers lui.
30 Jésus, en effet, n’était pas encore entré dans le village ; il se trouvait toujours à l’endroit où Marthe l’avait rencontré.
31 Les Judéens étaient avec Marie dans la maison et ils cherchaient à la consoler. Ils la virent se lever soudain pour sortir, ils la suivirent : ils se figuraient qu’elle se rendait au tombeau pour s’y lamenter.
32 Lorsque Marie parvint à l’endroit où se trouvait Jésus, dès qu’elle le vit, elle tomba à ses pieds et lui dit : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. »
33 Lorsqu’il les vit se lamenter, elle et les Judéens qui l’accompagnaient, Jésus frémit intérieurement et il se troubla.
34 Il dit : « Où l’avez-vous déposé ? » Ils répondirent : « Seigneur, viens voir. »
35 Alors Jésus pleura ;
36 et les Judéens disaient : « Voyez comme il l’aimait ! »
37 Mais quelques-uns d’entre eux dirent : « Celui qui a ouvert les yeux de l’aveugle n’a pas été capable d’empêcher Lazare de mourir. »
38 Alors, à nouveau, Jésus frémit intérieurement et il s’en fut au tombeau ; c’était une grotte dont une pierre recouvrait l’entrée.
39 Jésus dit alors : « Enlevez cette pierre. » Marthe, la sœur du défunt, lui dit : « Seigneur, il doit déjà sentir… Il y a en effet quatre jours… »
40 Mais Jésus lui répondit : « Ne t’ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ? »
41 On ôta donc la pierre. Alors, Jésus leva les yeux et dit : « Père, je te rends grâce de ce que tu m’as exaucé.
42 Certes, je savais bien que tu m’exauces toujours, mais j’ai parlé à cause de cette foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que tu m’as envoyé. »
43 Ayant ainsi parlé, il cria d’une voix forte : « Lazare, sors ! »
44 Et celui qui avait été mort sortit, les pieds et les mains attachés par des bandes, et le visage enveloppé d’un linge. Jésus dit aux gens : « Déliez-le et laissez-le aller ! »
45 Beaucoup de ces Judéens qui étaient venus auprès de Marie et qui avaient vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui.
*
Pouvons-nous entendre cette parole ? « Moi je suis la résurrection et la vie : qui croit en moi vivra, quand bien même il serait mort ; et qui vit et croit en moi ne mourra pas pour toujours. » Marthe entend cette parole, et elle croit ; après avoir accueilli Jésus comme dans un reproche, « si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort », à présent, par sa foi en lui, elle entre dans un aujourd’hui éternel, dans la présence de celui qui est la résurrection et la vie. Même le passage par la destruction du corps n’enlève rien à cela : Jésus est la résurrection et la vie. Ce pourquoi il avait pu dire concernant la maladie et la mort de Lazare : « cette maladie n’est pas pour la mort » ! Et à présent : « Je suis la résurrection et la vie » — « Crois-tu cela ? » lui a-t-il demandé — « Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde ».
À ce moment, Marthe sait : elle, et Lazare, sont passés de la mort à la vie par la foi en Jésus. « Là-dessus, poursuit le texte, elle partit appeler sa sœur Marie et lui dit tout bas : "Le Maître est là et il t’appelle" ». Que chacun de nous l’entende aujourd’hui, cette parole, car elle est pour chacun de nous : « Le Maître est là et il t’appelle ».
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Marie marque alors le pas nouveau : « À ces mots, Marie se leva immédiatement et alla vers lui » (v. 29). Puis elle profère à son tour la parole qu'avait dite dans un premier temps sa sœur, mais d’une toute autre façon : « elle tomba à ses pieds et lui dit : "Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort." » (v. 32). Une attitude qui dit qu’on est déjà au-delà du simple reproche, qu’on est déjà dans l’espérance que tout est possible à celui vers lequel Marie s’est tournée. Aujourd'hui Jésus s'est fait présence vivifiante contre tous les désespoirs.
La mort qui a atteint Lazare et devant laquelle Jésus pleure — le plus court verset des Écritures (v. 35) : « Jésus pleura » — Lazare est vraiment mort, « il sent déjà » (v. 39) —, Jésus va en montrer qu'elle non plus, la mort, l'affreuse mort, n'est pas maladie à la mort.
« Enlevez cette pierre. » — « Seigneur, il sent déjà, a répondu Marthe… Ça fait quatre jours… » C'est bien un acte de création que pose ici la parole créatrice devenue chair en Jésus. Rappelez-vous le début de cet Évangile, reprenant la Genèse. Au commencement était la parole, par qui le monde a été fait, et cette parole est là à présent, parole créatrice.
Il sent déjà. Plus de vie. Il est mort. C'est bien un acte de création, création nouvelle, à partir de rien, qui va être posé. « Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle création » (2 Co 5, 17).
Jésus répondit à Marthe : "Ne t’ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ?"
On ôta donc la pierre. Alors, Jésus leva les yeux et dit : "Père, je te rends grâce de ce que tu m’as exaucé.
Certes, je savais bien que tu m’exauces toujours, mais j’ai parlé à cause de cette foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que tu m’as envoyé."
Ayant ainsi parlé, il cria d’une voix forte : "Lazare, sors !"
Et celui qui avait été mort sortit, les pieds et les mains attachés par des bandes, et le visage enveloppé d’un linge. Jésus dit aux gens : "Déliez-le et laissez-le aller !" (Jn 11, 40-44)
Jésus vient de poser le signe qui annonce pour nous tous ce en quoi sa résurrection au dimanche de Pâques donne tout son sens à notre foi : « vous êtes ressuscités avec le Christ. […] Vous êtes morts, en effet, et votre vie est cachée avec le Christ, en Dieu », dira l’Épître aux Colossiens (ch. 3, v. 1 & 4).
Et, Romains 8 v. 11, « Si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus Christ d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels, par son Esprit qui habite en vous ».
Et voici à présent, pour Marthe et Marie et pour nous tous, le signe inouï : la résurrection de Lazare. Leur prière a porté son fruit, elles qui ont porté Lazare. Signe de ce que décidément, en effet, comme le disait Jésus, « cette maladie n’est pas pour la mort » — car la maladie à la mort est le désespoir. Jésus vient de fonder l’espérance, d’ancrer la foi qui renverse tout désespoir au-delà même de la mort.
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« Ne t’ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ? » a demandé Jésus. Mais comme la résurrection de Lazare est un acte de création, la foi en est un aussi. Et plusieurs ne peuvent pas voir ce qui vient de se passer. Ils ne voient là qu'un inconvénient !
Si nous le laissons continuer ainsi, tous croiront en lui, les Romains interviendront et ils détruiront et notre saint Lieu et notre nation. »
Caïphe, qui était Grand Prêtre en cette année-là, dit :
« vous ne percevez même pas que c’est votre avantage qu’un seul homme meure pour le peuple et que la nation ne périsse pas tout entière. » (Jn 11, 48-50)
Cette inquiétude explique tout. Comme toute inquiétude, elle est légitime. Face à toute inquiétude le seul recours est la foi. Tous ne l'ont pas. Cette inquiétude explique tout, depuis la livraison de Jésus aux Romains jusqu'à la persécution des premiers chrétiens par Paul. Encore une fois elle est légitime. « Vous me cherchez non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez eu à manger » disait Jésus (Jn 6), qui se méfie de sa popularité — « il savait ce qui est dans le cœur de l'homme » !
Notre épisode précède immédiatement la procession de Rameaux et permet de comprendre l'état d’esprit de Jésus à Rameaux, une popularité qui lui vaudra la mort.
« C'est votre avantage qu’un seul homme meure pour le peuple et que la nation ne périsse pas tout entière, dit alors Caïphe. Caïphe fit cette prophétie qu’il fallait que Jésus meure pour la nation et non seulement pour elle, mais pour réunir dans l’unité les enfants de Dieu qui sont dispersés. » — Écho au Psaume : « Pourquoi les rois de la terre se soulèvent-ils Et les princes se liguent-ils avec eux Contre l’Éternel et contre son messie ? » (Ps 2, 2)
Tous : les autorités judéennes : « vous n'y comprenez rien. Si nous le laissons continuer ainsi, tous croiront en lui, les Romains interviendront et ils détruiront et notre saint Lieu et notre nation » ; les proches de Jésus, bientôt, à Rameaux, ceux auprès de qui il est populaire, mais qui ne comprennent pas vraiment — voir la confession de Pierre… qui voudra le défendre par l'épée —, des proches le fêtant à Rameaux, mais qui ne supporteront pas qu'il leur échappe, au fond ; et plus tard, au vendredi saint : les Romains, éliminant un improbable rebelle se prenant pour un nouveau roi des Judéens ! Ce qu'il est en réalité échappe à tous !
*
L’Évangile de la résurrection est acte de création. Et il ne se reçoit que dans l'obéissance à ce qui est de l’ordre du commandement accompli : « Lazare, sors ! » Tel est l’ordre, le commandement donné par Jésus, dans l’écoute et l’accomplissement duquel la libération du dimanche de Pâques devient une réalité effective dans nos vies dès aujourd’hui. « Sors de ta tombe, sors de ce qui te lie ! » ; et, dernier signe que rien ni personne ne saurait y faire obstacle — Jésus s’adresse à ceux qui sont présents : « Déliez-le, et laissez le aller ».
Lazare a entendu et a obéi : il est sorti de la mort. Comme Abraham obéissait au commandement de sa liberté : « va ! », « Va vers où je t’indique », « va pour toi ». Et Abraham est allé.
L’Évangile de la résurrection et de la liberté libère vraiment, il fait vraiment entrer dès aujourd’hui dans la vie nouvelle celui, celle, qui entend la voix du Ressuscité et obéi à son ordre, son commandement, parole de création : « sors de ta tombe, de ce qui te lie ! » Ta maladie n'est pas à la mort. Parole pour chacun de nous. Lève-toi à présent, « relève-toi d’entre les morts, et Christ t'éclairera » (Éphésiens 5, 14-24).
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