lundi 24 décembre 2012

Au pied de l’arbre de Jessé




Luc 1.46-56
46 Et Marie dit : Je magnifie le Seigneur,
47 je suis transportée d’allégresse en Dieu, mon Sauveur,
48 parce qu’il a porté les regards sur l’abaissement de son esclave. Désormais, en effet, chaque génération me dira heureuse,
49 parce que le Puissant a fait pour moi de grandes choses. Son nom est sacré,
50 et sa compassion s’étend de génération en génération sur ceux qui le craignent.
51 Il a déployé le pouvoir de son bras ; il a dispersé ceux qui avaient des pensées orgueilleuses,
52 il a fait descendre les puissants de leurs trônes, élevé les humbles,
53 rassasié de biens les affamés, renvoyé les riches les mains vides.
54 Il a secouru Israël, son serviteur, et il s’est souvenu de sa compassion
55 – comme il l’avait dit à nos pères – envers Abraham et sa descendance, pour toujours.

*

“Magnificat”— Cantique de Marie. Voilà la seule prière de Marie qui nous est proposée : le Magnificat — d’après son premier mot en latin : « mon âme magnifie le Seigneur » v. 46.

Pour le lecteur de l’Église primitive, dont la Bible est celle d'Israël, le Cantique de Marie rappelle irrésistiblement — avec les grandes ancêtres comme Sara recevant la promesse à Abraham — le Cantique d'Anne (1 Samuel 2, 1-10), face au Dieu de tous les impossibles : on croirait savoir que les stériles n'enfantent pas, non plus que les vierges ; on croirait savoir que les morts ne ressuscitent pas et que les pains ne se multiplient pas pour les pauvres ! Et voilà que Dieu intervient !

On se souvient alors, et c’est scellé dans les Évangiles, Luc comme Matthieu, que Marie est la fille, lointaine descendante, de Jessé, père de David, devenu figure royale du Messie — Jessé ou Isaï dont le vieux tronc, comme le dit un de nos chants citant la Bible, porte le Messie fils de David.

C'est ce que signifie notre arbre de Noël, figure de l'arbre de Jessé et reprise de l'arbre de toute la création que Dieu fait croître à sa rencontre.

Un arbre de Jessé qui porte le Messie que sa descendante Marie va enfanter, un pour dire le chant de toute la création tournée vers la rencontre de la lumière à laquelle elle est appelée.

Un antique symbole que cet arbre, repris dans l'Alsace protestante pour lui donner comme autre sens la vérité du 25 décembre, ancienne date du solstice d'hiver devenu symbole de la naissance du Christ.

Un arbre qui se dresse vers la lumière annoncée par l'étoile des Mages, comme celui de la famille de Jessé et de David vers le Messie, et celui de toute la création vers son salut.

Cela en passant par la faute même qu'il s'agit de couvrir, symbolisée par les boules des arbres de Noël, qui sont au départ simplement des pommes stylisées - pommes (malum en latin), pommes du bien et du mal, mal (malum aussi en latin)...

Le mal englouti, comme sous la neige, par le Christ, dans la lumière, qui dès lors parcourt toute la création, lumière figurée par les guirlandes de lumière qui courent dans tout l'arbre...

C’est au pied de cet arbre que retentit le Cantique de Marie, Le Magnificat ! Cantique pour le moins renversant, en tout cas pour ceux qui se trouvent élevés en dignité du haut de leur trône (v. 52), ou en richesse du haut de leur rassasiement (v. 53). Voilà une parole qui bouscule.

Le Magnificat s'inscrit ainsi dans la lignée des libérations opérées par le Dieu fort à l'égard des humiliés ; le Dieu qui fait germer les délivrances, comme dans le sein vierge de Marie. Et c'est de cela qu’elle se réjouit : elle exulte d'être la mère de ce Messie libérateur des humiliés, dans une joie qui sera proclamée, dit-elle, par toutes les générations (v. 48).

RP
Veillée de Noël
Poitiers 24.12.12


Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire