Ésaïe 52.7-10 ; Psaume 98 ; Hébreux 1, 1-6 ; Luc 2, 1-20
Luc 2, 1-20
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux » ont chanté les anges — « multitude de l’armée céleste ». Il s’est passé là quelque chose d’extraordinaire, qui fait chanter toute la création visible et invisible, qui fait chanter jusqu’à toute la « gendarmerie céleste », pour employer le vocabulaire de Calvin parlant des anges.
Mais voilà donc que la chose essentielle, celle qu’ils chantent là, s’est passée à Bethléem, s’est passée dans l’humilité, et concerne celui qui vaut que toutes les puissances de la Création y joignent leur louange.
Cela concerne les bergers, et nous concerne avec eux. Cela aussi les anges le clament ! C’est le deuxième aspect de leur chant de louange : « paix sur la terre parmi les hommes de la bienveillance ». Dans et l’espace et le temps, il a donné ce signe de sa présence aux bergers, puis par eux à tous : l’humanité du Christ.
Deux aspects de la fête de Noël. L’aspect universel, plus vaste que le christianisme, que la religion chrétienne, aspect représenté ici par les anges, qui concernent selon la lecture que fait le judaïsme de la Torah, toutes les traditions et religions. On retrouve cela dans le Nouveau Testament, notamment dans les Épîtres de Paul, avec l’idée que les puissances dirigent toutes les réalités de ce monde.
Aspect universel donc. Toutes les puissances, de toutes les traditions et religions, sont appelées à se réjouir de la manifestation universelle de la Lumière. C’est ce que le christianisme a parfaitement assumé en retenant comme date de Noël, non pas la date de la naissance historique de Jésus, que l’on n’a pas à connaître, mais la date de la fête païenne romaine de la lumière, du soleil invaincu, au solstice d’hiver. Le Christ déploie la lumière, le Soleil de justice que toutes les lumières de ce monde symbolisent pour la foi au Christ.
Ce sont ces mêmes Anges et Puissances que célèbrent les nations qui ont célébré la Lumière lorsque qu’ils l’ont chantée et annoncée aux bergers. Et c’est le deuxième aspect de la fête de Noël : la découverte de la plus humble des vérités de la Lumière dans l’humilité de l’enfant de la crèche.
Cet aspect est intime, plus secret donc. Il est dévoilé mystérieusement. C’est l’Évangile. Il est annoncé ce jour-là uniquement aux bergers.
Avant d’en venir à ce second aspect, essentiel, il nous appartient de ne pas mépriser l’autre aspect, celui de la Lumière universelle, qui rayonne sur tous les peuples, toutes les religions et toutes les traditions.
Noël est signe de la venue de la Lumière pour tous les peuples… parmi lesquels l’attente de la lumière divine est universellement partagée, qu’elle s’appelle Hanoukka selon le judaïsme dans la perspective de la révélation biblique, ou qu’elle soit annoncée par l’étoile des Mages, le Solstice des Romains, le Père Noël lutin scandinave, ou autres…
Fête universelle pour une attente universelle de délivrance. « D’Israël la gloire, Lumière des nations », comme nous le chantons, « en lui brille ton nom », le nom de la lumière universelle, du Dieu de l’Univers.
C’est là que vient le second aspect : pour celui qui sait découvrir cela, c’est l’aspect de l’humilité de Noël. Là où l’on attendait quelque chose de fracassant, de glorieux, de rayonnant, le Roi de l’Univers naît dans une étable, de parents sans domicile où le langer, et la nouvelle de sa naissance est annoncée à des itinérants, des gens sans dignité reconnue, les bergers.
Cela veut dire beaucoup de choses. La vérité de Noël, la vérité fondamentale, la vérité cachée, est cachée, précisément. Elle ne s’affiche pas de façon criarde et publicitaire. Ce n’est pas pour rien si ce sont des bergers, au cœur de la nuit, qui en ont reçu l’annonce. Ils ont reçu l’annonce de la naissance d’un enfant dans une étable.
Pouvait-il arriver quelque chose d’intéressant à des bergers ? Mal vus à cause de leur métier qui les maintenait à l’écart, dans une sorte de nomadisme, ils étaient marginaux, exclus, bons à tout et propres à rien. Des gens pas très recommandables en somme.
Et pourtant, c est à eux, ces humbles, ces pauvres, que l’Ange va annoncer, en premier, la nouvelle de la naissance de Jésus. Aussitôt ils se lèvent, se mettent en marche pour « aller voir ». Puis, sur le chemin du retour, ils racontent à ceux qu’ils rencontrent tout ce qui est arrivé. Eux, dont le témoignage n’avait aucune valeur, deviennent les témoins de la Bonne Nouvelle.
Difficile d’accepter qu’ils soient les premiers servis, ceux que nous classerions parmi les gens à regarder de travers — qu’ils soient les premiers témoins ! Et Dieu en a décidé ainsi. C’est d’eux qu’est venu le premier mot de l’Évangile de Noël ! Aurions-nous été disposés à recevoir d’eux quelque chose à partager ? Sommes-nous prêts à attendre quelque chose de ceux qui leur ressemblent ? Ce quelque chose est rien moins que la vraie Bonne Nouvelle !
On est loin des lumières des fêtes illuminées et des guirlandes électriques aux devantures des supermarchés, qu’elles annoncent « Joyeux Noël » ou « Joyeuses fêtes » ! Et c’est ainsi que « le monde vit moins par ceux qui se mettent en lumière, que par ceux qui peuvent montrer le lieu où se trouve la lumière ! »
Mais c’est aussi pourquoi il est mal venu de s’indigner de ce que la fête lumineuse et publique de Noël semble n’être pas en phase avec ce qui fait l’essentiel de Noël. Exiger que Noël soit au public une fête chrétienne, au sens intime et fort du terme, serait une aberration, une confusion, tout simplement des deux niveaux de signification de Noël. La fête de l’enfant pauvre de l’étable de Bethléem, annoncée aux bergers puis par eux, dans la nuit, à la seule lumière incréée et secrète signifiée par la lumière des Anges ne saurait se faire au cœur des lumières de la ville, sous les ors des palais. Elle nous dérangera toujours et nous déplacera toujours, comme les Bergers.
La fête aux guirlandes, celle de tous les temps, est légitime, mais elle n’est que signe de la vraie fête intime et cachée, celle de la naissance mystérieuse de la vérité de Dieu au cœur secret de nos vies dans lesquelles germe ainsi la parole de la vie éternelle, cette parole radicalement renversante prophétisée par la Vierge Marie du Magnificat, parole par laquelle nous sommes faits enfants de Dieu. Cela n’est pas venu à la lumière criarde, mais vraie lumière, jaillie au secret d’une étable.
Luc 2, 1-20
1 Or, en ce temps-là, parut un décret de César Auguste pour faire recenser le monde entier.
2 Ce premier recensement eut lieu à l’époque où Quirinius était gouverneur de Syrie.
3 Tous allaient se faire recenser, chacun dans sa propre ville;
4 Joseph aussi monta de la ville de Nazareth en Galilée à la ville de David qui s’appelle Bethléem en Judée, parce qu’il était de la famille et de la descendance de David,
5 pour se faire recenser avec Marie son épouse, qui était enceinte.
6 Or, pendant qu’ils étaient là, le jour où elle devait accoucher arriva;
7 elle accoucha de son fils premier-né, l’emmaillota et le déposa dans une mangeoire, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle d’hôtes.
8 Il y avait dans le même pays des bergers qui vivaient aux champs et montaient la garde pendant la nuit auprès de leur troupeau.
9 Un ange du Seigneur se présenta devant eux, la gloire du Seigneur les enveloppa de lumière et ils furent saisis d’une grande crainte.
10 L’ange leur dit: "Soyez sans crainte, car voici, je viens vous annoncer une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple:
11 Il vous est né aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur qui est le Christ Seigneur;
12 et voici le signe qui vous est donné: vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire."
13 Tout à coup il y eut avec l’ange l’armée céleste en masse qui chantait les louanges de Dieu et disait:
14 "Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix pour ses bien-aimés."
15 Or, quand les anges les eurent quittés pour le ciel, les bergers se dirent entre eux: "Allons donc jusqu’à Bethléem et voyons ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître."
16 Ils y allèrent en hâte et trouvèrent Marie, Joseph et le nouveau-né couché dans la mangeoire.
17 Après avoir vu, ils firent connaître ce qui leur avait été dit au sujet de cet enfant.
18 Et tous ceux qui les entendirent furent étonnés de ce que leur disaient les bergers.
19 Quant à Marie, elle retenait tous ces événements en en cherchant le sens.
20 Puis les bergers s’en retournèrent, chantant la gloire et les louanges de Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, en accord avec ce qui leur avait été annoncé.
*
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux » ont chanté les anges — « multitude de l’armée céleste ». Il s’est passé là quelque chose d’extraordinaire, qui fait chanter toute la création visible et invisible, qui fait chanter jusqu’à toute la « gendarmerie céleste », pour employer le vocabulaire de Calvin parlant des anges.
Mais voilà donc que la chose essentielle, celle qu’ils chantent là, s’est passée à Bethléem, s’est passée dans l’humilité, et concerne celui qui vaut que toutes les puissances de la Création y joignent leur louange.
Cela concerne les bergers, et nous concerne avec eux. Cela aussi les anges le clament ! C’est le deuxième aspect de leur chant de louange : « paix sur la terre parmi les hommes de la bienveillance ». Dans et l’espace et le temps, il a donné ce signe de sa présence aux bergers, puis par eux à tous : l’humanité du Christ.
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Deux aspects de la fête de Noël. L’aspect universel, plus vaste que le christianisme, que la religion chrétienne, aspect représenté ici par les anges, qui concernent selon la lecture que fait le judaïsme de la Torah, toutes les traditions et religions. On retrouve cela dans le Nouveau Testament, notamment dans les Épîtres de Paul, avec l’idée que les puissances dirigent toutes les réalités de ce monde.
Aspect universel donc. Toutes les puissances, de toutes les traditions et religions, sont appelées à se réjouir de la manifestation universelle de la Lumière. C’est ce que le christianisme a parfaitement assumé en retenant comme date de Noël, non pas la date de la naissance historique de Jésus, que l’on n’a pas à connaître, mais la date de la fête païenne romaine de la lumière, du soleil invaincu, au solstice d’hiver. Le Christ déploie la lumière, le Soleil de justice que toutes les lumières de ce monde symbolisent pour la foi au Christ.
Ce sont ces mêmes Anges et Puissances que célèbrent les nations qui ont célébré la Lumière lorsque qu’ils l’ont chantée et annoncée aux bergers. Et c’est le deuxième aspect de la fête de Noël : la découverte de la plus humble des vérités de la Lumière dans l’humilité de l’enfant de la crèche.
Cet aspect est intime, plus secret donc. Il est dévoilé mystérieusement. C’est l’Évangile. Il est annoncé ce jour-là uniquement aux bergers.
Avant d’en venir à ce second aspect, essentiel, il nous appartient de ne pas mépriser l’autre aspect, celui de la Lumière universelle, qui rayonne sur tous les peuples, toutes les religions et toutes les traditions.
Noël est signe de la venue de la Lumière pour tous les peuples… parmi lesquels l’attente de la lumière divine est universellement partagée, qu’elle s’appelle Hanoukka selon le judaïsme dans la perspective de la révélation biblique, ou qu’elle soit annoncée par l’étoile des Mages, le Solstice des Romains, le Père Noël lutin scandinave, ou autres…
Fête universelle pour une attente universelle de délivrance. « D’Israël la gloire, Lumière des nations », comme nous le chantons, « en lui brille ton nom », le nom de la lumière universelle, du Dieu de l’Univers.
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C’est là que vient le second aspect : pour celui qui sait découvrir cela, c’est l’aspect de l’humilité de Noël. Là où l’on attendait quelque chose de fracassant, de glorieux, de rayonnant, le Roi de l’Univers naît dans une étable, de parents sans domicile où le langer, et la nouvelle de sa naissance est annoncée à des itinérants, des gens sans dignité reconnue, les bergers.
Cela veut dire beaucoup de choses. La vérité de Noël, la vérité fondamentale, la vérité cachée, est cachée, précisément. Elle ne s’affiche pas de façon criarde et publicitaire. Ce n’est pas pour rien si ce sont des bergers, au cœur de la nuit, qui en ont reçu l’annonce. Ils ont reçu l’annonce de la naissance d’un enfant dans une étable.
Pouvait-il arriver quelque chose d’intéressant à des bergers ? Mal vus à cause de leur métier qui les maintenait à l’écart, dans une sorte de nomadisme, ils étaient marginaux, exclus, bons à tout et propres à rien. Des gens pas très recommandables en somme.
Et pourtant, c est à eux, ces humbles, ces pauvres, que l’Ange va annoncer, en premier, la nouvelle de la naissance de Jésus. Aussitôt ils se lèvent, se mettent en marche pour « aller voir ». Puis, sur le chemin du retour, ils racontent à ceux qu’ils rencontrent tout ce qui est arrivé. Eux, dont le témoignage n’avait aucune valeur, deviennent les témoins de la Bonne Nouvelle.
Difficile d’accepter qu’ils soient les premiers servis, ceux que nous classerions parmi les gens à regarder de travers — qu’ils soient les premiers témoins ! Et Dieu en a décidé ainsi. C’est d’eux qu’est venu le premier mot de l’Évangile de Noël ! Aurions-nous été disposés à recevoir d’eux quelque chose à partager ? Sommes-nous prêts à attendre quelque chose de ceux qui leur ressemblent ? Ce quelque chose est rien moins que la vraie Bonne Nouvelle !
On est loin des lumières des fêtes illuminées et des guirlandes électriques aux devantures des supermarchés, qu’elles annoncent « Joyeux Noël » ou « Joyeuses fêtes » ! Et c’est ainsi que « le monde vit moins par ceux qui se mettent en lumière, que par ceux qui peuvent montrer le lieu où se trouve la lumière ! »
Mais c’est aussi pourquoi il est mal venu de s’indigner de ce que la fête lumineuse et publique de Noël semble n’être pas en phase avec ce qui fait l’essentiel de Noël. Exiger que Noël soit au public une fête chrétienne, au sens intime et fort du terme, serait une aberration, une confusion, tout simplement des deux niveaux de signification de Noël. La fête de l’enfant pauvre de l’étable de Bethléem, annoncée aux bergers puis par eux, dans la nuit, à la seule lumière incréée et secrète signifiée par la lumière des Anges ne saurait se faire au cœur des lumières de la ville, sous les ors des palais. Elle nous dérangera toujours et nous déplacera toujours, comme les Bergers.
La fête aux guirlandes, celle de tous les temps, est légitime, mais elle n’est que signe de la vraie fête intime et cachée, celle de la naissance mystérieuse de la vérité de Dieu au cœur secret de nos vies dans lesquelles germe ainsi la parole de la vie éternelle, cette parole radicalement renversante prophétisée par la Vierge Marie du Magnificat, parole par laquelle nous sommes faits enfants de Dieu. Cela n’est pas venu à la lumière criarde, mais vraie lumière, jaillie au secret d’une étable.
R.P.
Noël, 25.12.12, Poitiers
Noël, 25.12.12, Poitiers
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