Psaume 15
Psaume 106
Le Psaume 15 donne comme un déploiement des effets de la Loi reçue dans l’intériorité, le Psaume 106 présente son échec quant à son application dans le temps.
Le Psaume 106 présente en résumé quelques-unes des étapes marquantes du parcours du peuple depuis l’exil d’Égypte jusqu’au retour d’exil de Babylone, montrant qu’au cours temps il a fait preuve d’une constance remarquable, de génération en génération, dans la surdité à l’appel de Dieu et dans la pratique du culte des idoles.
Et rien n’a jamais changé, jusqu’en l’exil, qui a été la conséquence de la conformation à l’idolâtrie ambiante. Le retour d’exil lui-même n’est pas le fruit d’un changement, mais de la seule miséricorde de Dieu attentif à la détresse de son peuple (v. 44-46).
C’est au point que jusqu’à présent il est question de retour à Dieu, comme effet de sa seule miséricorde (v. 47-48).
À ce point se scelle l’échec de la Loi à accomplir ce qu’elle prescrit. Échec avéré dans l’histoire du peuple, qui permet même de s’interroger sur le rapport entre la Loi comme parole éternelle et la Loi dans sa compréhension historique. Le récit épique de l’histoire du peuple est reçu comme effet de sa compréhension de la Loi, et de la non-observation de cette compréhension. Avec une question : la non-observance de ce qui fut reçu comme prescriptions historiques n’est-elle pas elle-même le signe de la distance entre la Loi éternelle et sa compréhension dans le temps (1er usage de la Loi – usage politique).
Ainsi le peuple n’est-il pas dans la situation d’Abraham percevant l’ordre de Dieu comme étant celui de sacrifier son fils… jusqu’à ce que Dieu le mène à entendre que ce n’est nullement de cela qu’il s’agit ? De même le peuple percevant l’ordre de détruire les nations des territoires de la conquête ne se voit-il pas au bout du compte dévoiler, mais cette fois par sa désobéissance, que cette compréhension-là de La loi en dévoile une impasse, celle au bout de laquelle de toute façon l’idolâtrie succède à l’idolâtrie ? Et débouche sur l’exil loin de Dieu, perçu comme Dieu de colère.
Une Loi s’avérant haïssable par cela même qu’elle semble prescrire, en radicale opposition aux désirs de notre propre nature — voire à ses désirs les plus sains (qu’est-ce que cette exaltation à regret d’une dévastation non-avérée ? – v. 34). Mais du coup se dévoile aussi de la façon la plus crue l’ambiguïté de notre propre nature, qui à travers même ses désirs les plus sains en cache d’autres, secrets, bien moins avouables, projetant à la face du ciel les débouchés les plus vils de ses volontés, jusqu’au sacrifice dévastateur de ses propres enfants ! (v. 37)
À ce point, la Loi, suscitant la haine contre son auteur, marque et son impuissance et sa seule fonction, intérieure, nous mettant face à nos mensonges. Elle nous conduit alors (2e usage de la Loi, pédagogique) à recourir à la grâce et à la confession que l’avons bien mal lue et reçue. Elle n’offre dès lors à l’être gracié que le tracé d’une structuration intérieure — suivre la voie de l'intégrité (3e usage de la Loi, structurateur) —, une injonction à la vie, riant des impuissances de notre propre nature à atteindre ce qui reste hors d’atteinte.
1 Psaume. De David.
SEIGNEUR, qui séjournera dans ta tente ? Qui demeurera dans ta montagne sacrée ?
2 Celui qui suit la voie de l'intégrité, qui pratique la justice et qui parle loyalement, de tout cœur.
3 Il n'utilise pas sa langue pour calomnier, il ne fait pas de mal à son prochain et il n'outrage pas ses proches.
4 Il repousse celui qui est méprisable à ses yeux, mais il honore ceux qui craignent le SEIGNEUR ; il ne se rétracte pas, s'il fait un serment à son préjudice.
5 Il ne prête pas son argent à intérêt, il n'accepte pas de pot-de-vin aux dépens de l'innocent. Celui qui agit ainsi ne vacillera jamais.
Psaume 106
34 Ils n'ont pas dévasté les peuples que le SEIGNEUR leur avait indiqués.
35 Ils se sont mêlés aux nations et ils ont appris leurs œuvres.
36 Ils ont servi leurs idoles, et celles-ci ont été pour eux un piège ;
37 ils ont sacrifié leurs fils et leurs filles aux dévastateurs,
38 ils ont répandu le sang innocent, le sang de leurs fils et de leurs filles, qu'ils ont sacrifiés aux idoles de Canaan, et le pays a été profané par les effusions de sang.
39 Ils se sont rendus impurs par leurs œuvres, ils se sont prostitués par leurs agissements.
40 Le SEIGNEUR s'est mis en colère contre son peuple, et il a pris en abomination son patrimoine.
41 Il les a livrés aux nations ; ceux qui les détestaient les ont dominés ;
42 leurs ennemis les ont opprimés, et ils ont été humiliés sous leur main.
43 Bien souvent il les a délivrés ; mais ils ont fait des projets de rebelles et ils se sont enfoncés dans leur faute.
44 Il a vu leur détresse lorsqu'il a entendu leur cri.
45 Il s'est souvenu en leur faveur de son alliance ; il a eu pitié, selon sa grande fidélité,
46 et il leur a accordé la compassion de tous ceux qui les avaient emmenés captifs.
47 Sauve-nous, SEIGNEUR, notre Dieu, et rassemble-nous d'entre les nations, afin que nous célébrions ton nom sacré et que nous mettions notre honneur à te louer !
48 Béni soit le SEIGNEUR, le Dieu d'Israël, depuis toujours et pour toujours ! Que tout le peuple dise : Qu'il en soit ainsi ! Louez le SEIGNEUR (Yah) !
*
Le Psaume 15 donne comme un déploiement des effets de la Loi reçue dans l’intériorité, le Psaume 106 présente son échec quant à son application dans le temps.
Le Psaume 106 présente en résumé quelques-unes des étapes marquantes du parcours du peuple depuis l’exil d’Égypte jusqu’au retour d’exil de Babylone, montrant qu’au cours temps il a fait preuve d’une constance remarquable, de génération en génération, dans la surdité à l’appel de Dieu et dans la pratique du culte des idoles.
Et rien n’a jamais changé, jusqu’en l’exil, qui a été la conséquence de la conformation à l’idolâtrie ambiante. Le retour d’exil lui-même n’est pas le fruit d’un changement, mais de la seule miséricorde de Dieu attentif à la détresse de son peuple (v. 44-46).
C’est au point que jusqu’à présent il est question de retour à Dieu, comme effet de sa seule miséricorde (v. 47-48).
À ce point se scelle l’échec de la Loi à accomplir ce qu’elle prescrit. Échec avéré dans l’histoire du peuple, qui permet même de s’interroger sur le rapport entre la Loi comme parole éternelle et la Loi dans sa compréhension historique. Le récit épique de l’histoire du peuple est reçu comme effet de sa compréhension de la Loi, et de la non-observation de cette compréhension. Avec une question : la non-observance de ce qui fut reçu comme prescriptions historiques n’est-elle pas elle-même le signe de la distance entre la Loi éternelle et sa compréhension dans le temps (1er usage de la Loi – usage politique).
Ainsi le peuple n’est-il pas dans la situation d’Abraham percevant l’ordre de Dieu comme étant celui de sacrifier son fils… jusqu’à ce que Dieu le mène à entendre que ce n’est nullement de cela qu’il s’agit ? De même le peuple percevant l’ordre de détruire les nations des territoires de la conquête ne se voit-il pas au bout du compte dévoiler, mais cette fois par sa désobéissance, que cette compréhension-là de La loi en dévoile une impasse, celle au bout de laquelle de toute façon l’idolâtrie succède à l’idolâtrie ? Et débouche sur l’exil loin de Dieu, perçu comme Dieu de colère.
Une Loi s’avérant haïssable par cela même qu’elle semble prescrire, en radicale opposition aux désirs de notre propre nature — voire à ses désirs les plus sains (qu’est-ce que cette exaltation à regret d’une dévastation non-avérée ? – v. 34). Mais du coup se dévoile aussi de la façon la plus crue l’ambiguïté de notre propre nature, qui à travers même ses désirs les plus sains en cache d’autres, secrets, bien moins avouables, projetant à la face du ciel les débouchés les plus vils de ses volontés, jusqu’au sacrifice dévastateur de ses propres enfants ! (v. 37)
À ce point, la Loi, suscitant la haine contre son auteur, marque et son impuissance et sa seule fonction, intérieure, nous mettant face à nos mensonges. Elle nous conduit alors (2e usage de la Loi, pédagogique) à recourir à la grâce et à la confession que l’avons bien mal lue et reçue. Elle n’offre dès lors à l’être gracié que le tracé d’une structuration intérieure — suivre la voie de l'intégrité (3e usage de la Loi, structurateur) —, une injonction à la vie, riant des impuissances de notre propre nature à atteindre ce qui reste hors d’atteinte.
R.P.
Antibes, CP, 16.11.10
Antibes, CP, 16.11.10
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