dimanche 6 février 2011

"Sel de la terre, lumière du monde" ?




« Vous êtes le sel de la terre. Vous êtes la lumière du monde » (Mt 5, 13-14). Un des lieux de déploiement de cette promesse de Jésus :

1 Corinthiens 12, 27-31 :
27 Vous êtes le corps de Christ et vous êtes ses membres, chacun pour sa part.
28 Et ceux que Dieu a disposés dans l'Église sont, premièrement des apôtres, deuxièmement des prophètes, troisièmement des hommes chargés de l'enseignement ; vient ensuite le don des miracles, puis de guérison, d'assistance, de direction, et le don de parler en langues.
29 Tous sont-ils apôtres ? Tous prophètes ? Tous enseignent-ils ? Tous font-ils des miracles ?
30 Tous ont-ils le don de guérison ? Tous parlent-ils en langues ? Tous interprètent-ils ?
31 Ayez pour ambition les dons les meilleurs. Et de plus, je vais vous indiquer une voie infiniment supérieure.

*

Si l’unité de l’Église est dans la confession du Christ Seigneur (cf. 1 Co 12, 3, au début du développement de Paul) — Seigneur unique là où les idoles sont multiples —, cette unité se déploie dans la diversité des dons, appels et ministères.

Or c’est devenu à Corinthe une occasion de division ! Paul emploie alors, concernant l’Église, la métaphore du corps et de la diversité de ses membres — c’est alors un classique chez les stoïciens concernant la société et le monde. La diversité des membres du corps, loin de poser problème et de faire division, est la condition de l’unité et du fonctionnement harmonieux !

Deux façons de ruiner cette harmonie et le bon fonctionnement de la communauté, que ce soit le monde ou l’Église : 1) concernant son propre rôle ; 2) concernant le rôle d’autrui. Concernant son rôle, ne pas le connaître ou même ne pas l’aimer. Concernant celui d’autrui, le dévaloriser ce qui peut revenir, d’ailleurs, à le jalouser sans le savoir...

Or, un rôle, dans l’Église, est une vocation, un appel, en fonction de ce que nous sommes vraiment, devant Dieu... Et cela se déploie dans le texte de Paul en trois aspects : parole ; service ; prière (signifiée ici par son expression intuitive, le langage inexpressif - v. 30b / « parler en langues ») qui précède le langage explicité, la parole (« interprété » - v.30c), qui s’ancre dans le service (v. 30a : « guérison »).

Chaque chose à sa place : « jugez-en vous-mêmes : est-il bon que nous délaissions la parole de Dieu pour servir aux tables ? » demandent les Apôtres (Actes 6). Aucune dévalorisation en cela : simplement un appel à prendre conscience de ce qui est la tâche propre de chacun, cela pour une véritable articulation sans laquelle on entre dans un cercle de contraintes inutiles, et de division, où au bout du compte tout repose sur un ou deux.

D’où l’appel final de Paul, sur qu’est le don par excellence pour que se développe une Église harmonieuse où chacun connaisse sa place, son rôle, et respecte celui d’autrui : l’agapè. C’est là le cœur la vocation de l’Église pour le monde : que s’y vive en microcosme, comme en un laboratoire, ce à quoi est appelé le monde…

Un laboratoire solidaire, où à titre d’encouragement il n’est pas interdit d’être à l’occasion présent, à l'appui, dans un rôle qui n’est pas proprement le sien… La vraie question qui se pose, à chacun d’entre nous, est : quelle est ma vocation, mon don, mon rôle pour le service de tous. C’est dans la réponse de chacun, pour soi et pas à la place d’autrui, qu’est la vie de la communauté. C’est en cela aussi que l’Église devient vrai laboratoire pour le monde :

« Vous êtes le sel de la terre. Vous êtes la lumière du monde » (Mt 5, 13-14 – texte du jour).

Cela par autant de ministères spirituels...

RP,
Antibes, AG, 06.02.11


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