Actes 18.1-17
Où l’on rencontre des expulsés de Rome, Aquilas et Priscilla (Ac 18 ; 1 Co 16, 19) — expulsés avec les autres juifs, pour des raisons proches de ce qui apparaît dans la suite de notre texte. Aquilas et Priscilla ou Prisca (Ro 16, 3 ; 2 Ti 4, 19). Prica signifie en latin « ancienne », Priscilla « petite ancienne », équivalent du grec Presbyterissa / Presbytera : un probable titre latin (elle et Aquilas viennent d’Italie), titre pouvant correspondre à « ancienne », féminin de « prêtre ».
Cf. un parallèle chez des juifs de Malte : « La ville romaine de Melite, dans l'archipel de Malte, en Méditerranée centrale, avait, en commun avec d'autres avant-postes provinciaux de l'Empire, une colonie de diaspora juive comme en témoignent six hypogées qui mettent bien en évidence la ménorah à sept branches. Il y a des indices possibles d'organisation religieuse et peut-être administrative dans une inscription en grec qui marque la sépulture d'un gerusiarch et fidèle des ‘commandements’ qui était peut-être le chef d'un conseil des anciens de la synagogue de la ville, et de son épouse Eulogia ‘l'aînée’. Le titre presbytera utilisé dans le texte a un sens spécial et suggère que le mari et la femme occupaient des postes prestigieux au niveau de la gestion de la colonie. » (Mario Buhagiar, “The Jewish Catacombs of Roman Melite”, The Antiquaries Journal / Volume 91 / August 2011, pp 73-100.)
Le fait que Prisca / Priscilla soit mentionnée systématiquement avec Aquilas la marque comme personnage important, avec un ministère (ou au moins — on trouve la trace de cet usage, mais plus tard — « femme d’ancien », de prêtre). Ici sa mention systématique peut suggérer un ministère presbytéral, qui implique alors qu’on mentionne aussi son mari — elle est nommée avant Aquilas en Ac 18, 18 et (Prisca) Ro 16, 3 ; 2 Ti 4, 19. Harnack y voit l’auteur de l’Épître aux Hébreux (écrite d’Italie) et le fait que l’auteur ne soit pas nommé (une femme).
Le couple a été chassé de Rome par Claude — expulsion connue par ailleurs comme étant due, selon Suétone (Claude, § 25) à ce que les juifs « fomentaient de constants tumultes à l'instigation de "Chrestus" » : i.e. probablement Christ.
Il est intéressant de noter que c’est ce qui va se passer dans la suite du texte : les juifs de Corinthe se disputent entre partisans du Christ et les autres. Les « chrétiens » de Corinthe sont bien juifs pour la plupart. La prédication de Paul divise la synagogue : le chef Crispos lui-même se convertit et est remplacé par un autre, Sosthène. Paul se met donc à prêcher à côté, chez Titius Justus, après avoir prévenu de la suite des querelles, qui vont tourner aux coups, voire au sang, de la part des deux partis…
Sous l’œil indifférent (pour l’instant) des autorités régionales romaines (le proconsul Gallion). On pressent que ce qui s’est passé à Rome leur pend au nez : trouble à l’ordre public. Une description des choses propre à faire frémir : Sosthène roué de coups. À l’instar des descriptions des conflits dans les anciens livres bibliques, le livre des Actes se contente de décrire, de constater le fait et l’indifférence des autorités romaines. Les choses changeront dans la suite des temps, quand les autorités romaines finiront par appuyer les chrétiens contre les juifs.
Le débat ne saurait être autre que celui de la parole dont Paul entend user librement — « ne te tais pas », lui confirme sa vision (v. 9) —, une libre parole qu’exercent plusieurs dans les deux camps qui se forment.
Hélas déjà on glisse aux invectives et aux coups — était-ce alors évitable ? L’histoire n’a pas donné que cela soit évité. Mais il nous appartient de prendre la leçon : le débat est sain et légitime, même sur ce qui nous semble essentiel : il s’agit de savoir être respectueux et de garder l’humilité de recevoir même de ce qui nous semblerait incompatible avec nos convictions… Notre Dieu, sa vérité, est au-delà de ce que nous pouvons en dire, de ce qu’en reçoivent nos convictions les plus sincères : « le Seigneur est dans son saint temple, que toute la terre fasse silence devant lui » (Habacuc 2, 20).
Prière :
Psaume 84
1 [Paul] quitta Athènes pour se rendre à Corinthe.
2 Il y trouva un Juif nommé Aquilas, originaire du Pont, récemment arrivé d’Italie avec sa femme Priscille, parce que Claude avait ordonné à tous les Juifs de quitter Rome. Il se lia avec eux ;
3 comme il avait le même métier, il demeurait chez eux et travaillait : ils étaient, de leur métier, fabricants de tentes.
4 Chaque shabbat, il discutait dans la synagogue et persuadait des Juifs et des Grecs.
5 Mais quand Silas et Timothée furent descendus de Macédoine, Paul se consacra entièrement à la Parole ; il attestait aux Juifs que Jésus est le Christ.
6 Mais comme les Juifs s’opposaient à lui avec des calomnies, il secoua ses vêtements et leur dit : Que votre sang soit sur votre tête ! Moi, j’en suis pur ; dorénavant j’irai vers les non-Juifs.
7 Il partit de là et se rendit chez un nommé Titius Justus, un adorateur de Dieu dont la maison était contiguë à la synagogue.
8 Pourtant Crispos, le chef de la synagogue, crut le Seigneur, avec toute sa maison. Et beaucoup de Corinthiens qui écoutaient devenaient croyants et recevaient le baptême.
9 Pendant la nuit, le Seigneur dit à Paul en vision : N’aie pas peur ! Parle, ne te tais pas,
10 car moi, je suis avec toi. Personne ne mettra la main sur toi pour te faire du mal, parce que j’ai un peuple nombreux dans cette ville.
11 Il resta un an et six mois à enseigner parmi eux la parole de Dieu.
12 Alors que Gallion était proconsul de l’Achaïe, les Juifs se dressèrent d’un commun accord contre Paul et le conduisirent devant le tribunal,
13 en disant : Cet individu persuade les gens d’adorer Dieu d’une manière contraire à la loi.
14 Paul allait prendre la parole lorsque Gallion dit aux Juifs : S’il s’agissait d’un forfait ou d’un délit grave, quel qu’il soit, je vous écouterais patiemment, ô Juifs, comme il se doit ;
15 mais s’il s’agit de débats sur des mots, sur des noms et sur votre propre loi, cela vous regarde ; moi, je ne souhaite pas en être juge.
16 Et il les renvoya du tribunal.
17 Alors tous prirent Sosthène, le chef de la synagogue, et se mirent à le battre devant le tribunal, sans que Gallion s’en soucie le moins du monde.
*
Où l’on rencontre des expulsés de Rome, Aquilas et Priscilla (Ac 18 ; 1 Co 16, 19) — expulsés avec les autres juifs, pour des raisons proches de ce qui apparaît dans la suite de notre texte. Aquilas et Priscilla ou Prisca (Ro 16, 3 ; 2 Ti 4, 19). Prica signifie en latin « ancienne », Priscilla « petite ancienne », équivalent du grec Presbyterissa / Presbytera : un probable titre latin (elle et Aquilas viennent d’Italie), titre pouvant correspondre à « ancienne », féminin de « prêtre ».
Cf. un parallèle chez des juifs de Malte : « La ville romaine de Melite, dans l'archipel de Malte, en Méditerranée centrale, avait, en commun avec d'autres avant-postes provinciaux de l'Empire, une colonie de diaspora juive comme en témoignent six hypogées qui mettent bien en évidence la ménorah à sept branches. Il y a des indices possibles d'organisation religieuse et peut-être administrative dans une inscription en grec qui marque la sépulture d'un gerusiarch et fidèle des ‘commandements’ qui était peut-être le chef d'un conseil des anciens de la synagogue de la ville, et de son épouse Eulogia ‘l'aînée’. Le titre presbytera utilisé dans le texte a un sens spécial et suggère que le mari et la femme occupaient des postes prestigieux au niveau de la gestion de la colonie. » (Mario Buhagiar, “The Jewish Catacombs of Roman Melite”, The Antiquaries Journal / Volume 91 / August 2011, pp 73-100.)
Le fait que Prisca / Priscilla soit mentionnée systématiquement avec Aquilas la marque comme personnage important, avec un ministère (ou au moins — on trouve la trace de cet usage, mais plus tard — « femme d’ancien », de prêtre). Ici sa mention systématique peut suggérer un ministère presbytéral, qui implique alors qu’on mentionne aussi son mari — elle est nommée avant Aquilas en Ac 18, 18 et (Prisca) Ro 16, 3 ; 2 Ti 4, 19. Harnack y voit l’auteur de l’Épître aux Hébreux (écrite d’Italie) et le fait que l’auteur ne soit pas nommé (une femme).
Le couple a été chassé de Rome par Claude — expulsion connue par ailleurs comme étant due, selon Suétone (Claude, § 25) à ce que les juifs « fomentaient de constants tumultes à l'instigation de "Chrestus" » : i.e. probablement Christ.
Il est intéressant de noter que c’est ce qui va se passer dans la suite du texte : les juifs de Corinthe se disputent entre partisans du Christ et les autres. Les « chrétiens » de Corinthe sont bien juifs pour la plupart. La prédication de Paul divise la synagogue : le chef Crispos lui-même se convertit et est remplacé par un autre, Sosthène. Paul se met donc à prêcher à côté, chez Titius Justus, après avoir prévenu de la suite des querelles, qui vont tourner aux coups, voire au sang, de la part des deux partis…
Sous l’œil indifférent (pour l’instant) des autorités régionales romaines (le proconsul Gallion). On pressent que ce qui s’est passé à Rome leur pend au nez : trouble à l’ordre public. Une description des choses propre à faire frémir : Sosthène roué de coups. À l’instar des descriptions des conflits dans les anciens livres bibliques, le livre des Actes se contente de décrire, de constater le fait et l’indifférence des autorités romaines. Les choses changeront dans la suite des temps, quand les autorités romaines finiront par appuyer les chrétiens contre les juifs.
Le débat ne saurait être autre que celui de la parole dont Paul entend user librement — « ne te tais pas », lui confirme sa vision (v. 9) —, une libre parole qu’exercent plusieurs dans les deux camps qui se forment.
Hélas déjà on glisse aux invectives et aux coups — était-ce alors évitable ? L’histoire n’a pas donné que cela soit évité. Mais il nous appartient de prendre la leçon : le débat est sain et légitime, même sur ce qui nous semble essentiel : il s’agit de savoir être respectueux et de garder l’humilité de recevoir même de ce qui nous semblerait incompatible avec nos convictions… Notre Dieu, sa vérité, est au-delà de ce que nous pouvons en dire, de ce qu’en reçoivent nos convictions les plus sincères : « le Seigneur est dans son saint temple, que toute la terre fasse silence devant lui » (Habacuc 2, 20).
Prière :
Psaume 84
2 Comme elles sont chéries, tes demeures, SEIGNEUR (YHWH) des Armées !
3 Je m’épuise à force de languir après les cours du temple du SEIGNEUR, mon cœur et ma chair crient vers le Dieu vivant.
4 Même le passereau trouve un gîte, et l’hirondelle un nid où elle dépose ses petits :tes autels, SEIGNEUR (YHWH) des Armées, mon roi et mon Dieu !
5 Heureux ceux qui habitent ta maison !Ils te loueront encore.
6 Heureux les hommes dont la force est en toi !Ils ont dans leur cœur des routes toutes tracées.
7 Lorsqu’ils traversent la vallée du Baka, ils en font une oasis, et la pluie d’automne la couvre aussi de bénédictions.
8 Leur vigueur ne cesse de croître, ils paraîtront devant Dieu à Sion.
9 SEIGNEUR, Dieu des Armées, entends ma prière !Prête l’oreille, Dieu de Jacob !
10 Toi qui es notre bouclier, ô Dieu, vois !Regarde le visage de l’homme qui a reçu ton onction !
11 Mieux vaut en effet un jour dans les cours de ton temple que mille ailleurs ; j’ai choisi de me tenir sur le seuil de la maison de mon Dieu, plutôt que de résider sous les tentes de la méchanceté.
12 Car le SEIGNEUR Dieu est un soleil et un bouclier, le SEIGNEUR donne la grâce et la gloire, il ne refuse aucun bien à ceux qui suivent la voie de l’intégrité.
13 SEIGNEUR (YHWH) des Armées, heureux l’homme qui met sa confiance en toi !
RP
CP Poitiers, 2.07.13
CP Poitiers, 2.07.13
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