Genèse 22, 1-18 ; Psaume 116 ; Romains 8, 31-34 ; Marc 9, 2-10
Genèse 22, 1-18
1. Élévation et ligature
« Prends ton fils, ton unique, Isaac, que tu aimes. Pars pour le pays de Moriyya et là, tu l'élèveras en élévation sur celle des montagnes que je t’indiquerai. »
Les traductions interprètent le mot hébreu repris ici deux fois, comme verbe puis comme nom, le mot עלה, ‘alah, comme signifiant holaucauste, sacrifice, ce qui est bien sûr possible et qui donne : sacrifier en holaucauste, offrir en sacrifice ; mais qui est littéralement élever en élévation (Chouraqui traduit : « monte-le en montée »). Manifestement l'interprétation de nos traductions (sauf Chouraqui) est aussi celle d’Abraham, et pourrait-on dire, aussi celle d'Isaac, dont la tradition juive dit qu’il avait alors la trentaine. Interprétation possible et conforme à une pratique qui existait. Si l’on tient compte de cela, on décèle que le texte a une portée pédagogique : partir de ce qu’Abraham perçoit de Dieu pour le conduire à un autre visage, celui du Seigneur de l’Alliance, qui refuse les sacrifices humains ! Et à partir du v. 11, où Dieu arrête la main d’Abraham, c’est l’autre nom de Dieu, le Nom imprononçable du Dieu de l’Alliance qui est utilisé, le Nom du Dieu qui refuse que l’on tue en son nom.
Ce texte est alors un moment fondateur du refus radical de voir donner la mort au nom de Dieu. C'est tout le trajet du récit qui nous conduit du moment où Abraham croit devoir sacrifier son fils à celui où Dieu arrête son geste. Ce moment (qui, par parenthèse, se trouve aussi dans le Coran – il est utile de le rappeler quand en s’en réclamant, on tue au nom de Dieu) ; ce moment a pour fin de dire que pour le Dieu d'Abraham tuer en son nom déshonore son nom. C’est le moment du refus de voir déshonorer le nom de Dieu en s’imaginant qu'il serait assoiffé de sang humain !
Et c’est aussi l’affirmation de l'innocence de la victime, dont le fanatisme ou l'inconscience font un bouc émissaire – en la désignant comme coupable. Pour les victimes d'attentats terroristes, elles sont collectivement décrétées coupables par les meurtriers, comme si les victimes, dont les enfants assassinés, étaient coupables d'une injustice pour laquelle on prétend les punir collectivement en vengeance de guerres qui tuent ailleurs, comme s’ils y pouvaient quelque chose !
La dénonciation de ce phénomène insoutenable est au cœur de ce que le christianisme lit dans la mort de Jésus en regard de notre texte de la Genèse : le refus de l'attitude inconsciente commune de sacrifier un innocent, des innocents, en en faisant d'imaginaires coupables.
Cet enseignement central de la foi biblique s'inscrit dans la lignée de l'épisode du non-sacrifice d'Isaac – puisque Isaac n'a pas été sacrifié –, tel qu'il a été aussi relu par le prophète Ésaïe (ch. 53). On mesure le scandale et la perversion, le blasphème, qui consiste à tuer des êtres humains au nom du Dieu d'Abraham dont l'enseignement premier est précisément qu'on ne tue pas en son nom – sauf à en faire un diable.
Refus du sacrifice humain et a fortiori de son fils, qu'Abraham avait cru dans un premier temps devoir accomplir au nom d'une fidélité mal comprise – jusqu'à ce que Dieu arrête sa main en passe de devenir meurtrière. Ce pourquoi le judaïsme parle non pas du sacrifice, qui n’a pas eu lieu, mais de la ligature d’Isaac.
2. Sacrifice comme bouc émissaire
Refus du sacrifice humain que l’on retrouve donc au livre du prophète Ésaïe, ch. 53, dans lequel un homme est mis en cause, persécuté, exécuté…
Ésaïe 53, 3-9
Quel délit présumé ? Qu’est-ce qui a mené à la situation qui voit le Serviteur du livre d’Ésaïe subir la violence persécutrice ? Le texte d’Ésaïe l’ignore ! Aucun acte d’accusation, aucun procès verbal. La cause, le prétexte de la mise à mort du Serviteur n’ont manifestement pas d’importance ici ! C’est un prétexte, précisément !
De même, qui est le Serviteur souffrant ?… On a longuement débattu pour savoir de qui il s’agit, sans parvenir à trancher…
Un texte apparemment difficilement compréhensible : sauf à le prendre comme parole dévoilant autre chose. Au-delà de l’enracinement historique, que le texte ne donne pas, ce qui est dévoilé là est un phénomène humain, universellement humain…
On connaît la lecture que René Girard a faite du phénomène universel du sacrifice, et la particularité de sa reprise dans la Bible : toute querelle est le dévoilement de ce que tous les protagonistes se sont mis à convoiter la même chose : tous désirant la même chose, ne serait-ce en fin de compte qu'avoir raison, cela finit invariablement en conflit. Entre-temps, l’objet de la querelle initiale a été oublié, tandis que les rivalités se sont propagées. Et quand le conflit s’est généralisé, on en arrive à la « guerre de tous contre tous ».
Comment cette crise peut-elle se résoudre, comment la paix peut-elle revenir ? Ici apparaît « l'idée » d'un « bouc émissaire » (le terme réfère à l'animal expulsé au désert chargé symboliquement des péchés du peuple selon Lévitique 16) : au paroxysme de la crise de tous contre tous, on finit pour la résoudre par se tourner contre un seul : le conflit généralisé se transforme en un tous contre un (ou une minorité), qui n'a même pas de rapport avec le problème de départ !
L’élimination de la victime (fût-ce en cas de crise ultime, ses propres enfants) éteint le désir de violence qui animait chacun juste avant que celle-ci ne meure. Le groupe – « nous » (Ésaïe 53, 2-6) – retrouve alors son calme via « le châtiment qui nous donne la paix » (v. 5). Cela « nous » concerne (cf. le nombre de « nous » dans les versets 2 à 6 d’Ésaïe 53). La victime apparaît alors comme fondement de la crise et comme auteur de la paix retrouvée, par une sorte de « plus jamais ça ».
La caractéristique de la lecture du phénomène dans la Bible est de révéler que la victime est innocente, ce qu’ignorent les mythes des autres traditions.
On est au cœur d’Ésaïe 53, rejoignant Genèse 22 : le persécuté est innocent (És 53, 6). On comprend dès lors pourquoi les chrétiens ont vu là la figure du Christ, qui n’a sans doute pas manqué de méditer lui-même la profonde leçon d’Ésaïe 53 : la violence est vaincue quand la victime ne joue pas le jeu de la violence.
3. Retrouver Isaac
Refus du sacrifice d’Isaac comme mise à mort d’un innocent, Isaac n’en doit pas moins être élevé en élévation. Abraham ne le trouvera tout à nouveau qu’à ce prix.
Fin et dévoilement de la faute qu’est le sacrifice humain – au terme de son ch. 53, le livre du prophète Ésaïe (v. 10) affirme du Serviteur souffrant et mis à mort : « […] Après avoir livré sa vie en sacrifice pour le péché, Il verra une postérité et prolongera ses jours, et la volonté du SEIGNEUR se réalisera par lui. »
Élevé en élévation, Isaac trouve son avenir, et Abraham retrouve un Isaac qui ne dépend plus de lui. En ce sens, il l’a vraiment sacrifié, remis à Dieu pour qu’il devienne lui-même devant Dieu. Il retrouve un Isaac vrai, transfiguré.
C’est ce que nous devons tous faire, au fond, avec celles et ceux, à commencer par nos enfants, que nous voudrions réduire à l’image que nous nous en faisons. Les élever, les élever devant Dieu pour les reconnaître comme ils sont devant lui.
C’est finalement l’expérience des disciples découvrant Jésus transfiguré, c’est-à- dire Jésus tel qu’il est dans sa vérité éternelle, ce qu’ils ne comprendront qu’après sa résurrection d'entre les morts.
Jusque là, se demandant même entre eux ce qu’il entendait par « ressusciter d’entre les morts » (v. 10), jusque là, ils ne savaient que dire car ils étaient saisis de crainte (v. 6), dit le texte…
Nous lisons :
Marc 9, 2-10
Genèse 22, 1-18
1 […] il arriva que Dieu mit Abraham à l’épreuve. Il lui dit : « Abraham » ; il répondit : « Me voici. »
2 Il reprit : « Prends ton fils, ton unique, Isaac, que tu aimes. Pars pour le pays de Moriyya et là, tu l’offriras en holocauste sur celle des montagnes que je t’indiquerai. »
3 Abraham se leva de bon matin, sangla son âne, prit avec lui deux de ses jeunes gens et son fils Isaac. Il fendit les bûches pour l’holocauste. Il partit pour le lieu que Dieu lui avait indiqué.
4 Le troisième jour, il leva les yeux et vit de loin ce lieu.
5 Abraham dit aux jeunes gens : « Demeurez ici, vous, avec l’âne ; moi et le jeune homme, nous irons là-bas pour nous prosterner ; puis nous reviendrons vers vous. »
6 Abraham prit les bûches pour l’holocauste et en chargea son fils Isaac ; il prit en main la pierre à feu et le couteau, et tous deux s’en allèrent ensemble.
7 Isaac parla à son père Abraham : « Mon père », dit-il, et Abraham répondit : « Me voici, mon fils. » Il reprit : « Voici le feu et les bûches ; où est l’agneau pour l’holocauste ? »
8 Abraham répondit : « Dieu saura voir l’agneau pour l’holocauste, mon fils. » Tous deux continuèrent à aller ensemble.
9 Lorsqu’ils furent arrivés au lieu que Dieu lui avait indiqué, Abraham y éleva un autel et disposa les bûches. Il lia son fils Isaac et le mit sur l’autel au-dessus des bûches.
10 Abraham tendit la main pour prendre le couteau et immoler son fils.
11 Alors l’ange du SEIGNEUR l’appela du ciel et cria : « Abraham ! Abraham ! » Il répondit : « Me voici. »
12 Il reprit : « N’étends pas la main sur le jeune homme. Ne lui fais rien, car maintenant je sais que tu crains Dieu, toi qui n’as pas épargné ton fils unique pour moi. »
13 Abraham leva les yeux, il regarda, et voici qu’un bélier était pris par les cornes dans un fourré. Il alla le prendre pour l’offrir en holocauste à la place de son fils.
14 Abraham nomma ce lieu « le SEIGNEUR voit » ; aussi dit-on aujourd’hui : « C’est sur la montagne que le SEIGNEUR est vu. »
15 L’ange du SEIGNEUR appela Abraham du ciel une seconde fois
16 et dit : « Je le jure par moi-même, oracle du SEIGNEUR. Parce que tu as fait cela et n’as pas épargné ton fils unique,
17 je m’engage à te bénir, et à faire proliférer ta descendance autant que les étoiles du ciel et le sable au bord de la mer. Ta descendance occupera la Porte de ses ennemis ;
18 c’est en elle que se béniront toutes les nations de la terre parce que tu as écouté ma voix. »
*
1. Élévation et ligature
« Prends ton fils, ton unique, Isaac, que tu aimes. Pars pour le pays de Moriyya et là, tu l'élèveras en élévation sur celle des montagnes que je t’indiquerai. »
Les traductions interprètent le mot hébreu repris ici deux fois, comme verbe puis comme nom, le mot עלה, ‘alah, comme signifiant holaucauste, sacrifice, ce qui est bien sûr possible et qui donne : sacrifier en holaucauste, offrir en sacrifice ; mais qui est littéralement élever en élévation (Chouraqui traduit : « monte-le en montée »). Manifestement l'interprétation de nos traductions (sauf Chouraqui) est aussi celle d’Abraham, et pourrait-on dire, aussi celle d'Isaac, dont la tradition juive dit qu’il avait alors la trentaine. Interprétation possible et conforme à une pratique qui existait. Si l’on tient compte de cela, on décèle que le texte a une portée pédagogique : partir de ce qu’Abraham perçoit de Dieu pour le conduire à un autre visage, celui du Seigneur de l’Alliance, qui refuse les sacrifices humains ! Et à partir du v. 11, où Dieu arrête la main d’Abraham, c’est l’autre nom de Dieu, le Nom imprononçable du Dieu de l’Alliance qui est utilisé, le Nom du Dieu qui refuse que l’on tue en son nom.
Ce texte est alors un moment fondateur du refus radical de voir donner la mort au nom de Dieu. C'est tout le trajet du récit qui nous conduit du moment où Abraham croit devoir sacrifier son fils à celui où Dieu arrête son geste. Ce moment (qui, par parenthèse, se trouve aussi dans le Coran – il est utile de le rappeler quand en s’en réclamant, on tue au nom de Dieu) ; ce moment a pour fin de dire que pour le Dieu d'Abraham tuer en son nom déshonore son nom. C’est le moment du refus de voir déshonorer le nom de Dieu en s’imaginant qu'il serait assoiffé de sang humain !
Et c’est aussi l’affirmation de l'innocence de la victime, dont le fanatisme ou l'inconscience font un bouc émissaire – en la désignant comme coupable. Pour les victimes d'attentats terroristes, elles sont collectivement décrétées coupables par les meurtriers, comme si les victimes, dont les enfants assassinés, étaient coupables d'une injustice pour laquelle on prétend les punir collectivement en vengeance de guerres qui tuent ailleurs, comme s’ils y pouvaient quelque chose !
La dénonciation de ce phénomène insoutenable est au cœur de ce que le christianisme lit dans la mort de Jésus en regard de notre texte de la Genèse : le refus de l'attitude inconsciente commune de sacrifier un innocent, des innocents, en en faisant d'imaginaires coupables.
Cet enseignement central de la foi biblique s'inscrit dans la lignée de l'épisode du non-sacrifice d'Isaac – puisque Isaac n'a pas été sacrifié –, tel qu'il a été aussi relu par le prophète Ésaïe (ch. 53). On mesure le scandale et la perversion, le blasphème, qui consiste à tuer des êtres humains au nom du Dieu d'Abraham dont l'enseignement premier est précisément qu'on ne tue pas en son nom – sauf à en faire un diable.
Refus du sacrifice humain et a fortiori de son fils, qu'Abraham avait cru dans un premier temps devoir accomplir au nom d'une fidélité mal comprise – jusqu'à ce que Dieu arrête sa main en passe de devenir meurtrière. Ce pourquoi le judaïsme parle non pas du sacrifice, qui n’a pas eu lieu, mais de la ligature d’Isaac.
2. Sacrifice comme bouc émissaire
Refus du sacrifice humain que l’on retrouve donc au livre du prophète Ésaïe, ch. 53, dans lequel un homme est mis en cause, persécuté, exécuté…
Ésaïe 53, 3-9
3 Méprisé et abandonné des hommes, homme de douleur et habitué à la souffrance, semblable à celui de qui on se détourne, il était méprisé, nous ne l'avons pas estimé.
4 Mais ce sont nos souffrances qu'il a portées, c'est de nos douleurs qu'il s'était chargé ; et nous, nous le pensions atteint d'un fléau, frappé par Dieu et affligé.
5 Or il était transpercé à cause de nos transgressions, écrasé à cause de nos fautes ; le châtiment qui nous vaut la paix est tombé sur lui, et c'est par ses meurtrissures que nous avons été guéris.
6 Nous étions tous errants comme du petit bétail, chacun suivait sa propre voie ; et le SEIGNEUR a fait venir sur lui notre faute à tous.
7 Maltraité, affligé, il n'a pas ouvert la bouche ; semblable au mouton qu'on mène à l'abattoir, à une brebis muette devant ceux qui la tondent, il n'a pas ouvert la bouche.
8 Il a été pris par la violence et le jugement ; dans sa génération, qui s'est soucié de ce qu'il était exclu de la terre des vivants, à cause des transgressions de mon peuple, du fléau qui l'avait atteint ?
9 On a mis sa tombe parmi celles des méchants, son sépulcre avec celui du riche, bien qu'il n'ait pas commis de violence et qu'il n'y ait pas eu de tromperie dans sa bouche.
Quel délit présumé ? Qu’est-ce qui a mené à la situation qui voit le Serviteur du livre d’Ésaïe subir la violence persécutrice ? Le texte d’Ésaïe l’ignore ! Aucun acte d’accusation, aucun procès verbal. La cause, le prétexte de la mise à mort du Serviteur n’ont manifestement pas d’importance ici ! C’est un prétexte, précisément !
De même, qui est le Serviteur souffrant ?… On a longuement débattu pour savoir de qui il s’agit, sans parvenir à trancher…
Un texte apparemment difficilement compréhensible : sauf à le prendre comme parole dévoilant autre chose. Au-delà de l’enracinement historique, que le texte ne donne pas, ce qui est dévoilé là est un phénomène humain, universellement humain…
On connaît la lecture que René Girard a faite du phénomène universel du sacrifice, et la particularité de sa reprise dans la Bible : toute querelle est le dévoilement de ce que tous les protagonistes se sont mis à convoiter la même chose : tous désirant la même chose, ne serait-ce en fin de compte qu'avoir raison, cela finit invariablement en conflit. Entre-temps, l’objet de la querelle initiale a été oublié, tandis que les rivalités se sont propagées. Et quand le conflit s’est généralisé, on en arrive à la « guerre de tous contre tous ».
Comment cette crise peut-elle se résoudre, comment la paix peut-elle revenir ? Ici apparaît « l'idée » d'un « bouc émissaire » (le terme réfère à l'animal expulsé au désert chargé symboliquement des péchés du peuple selon Lévitique 16) : au paroxysme de la crise de tous contre tous, on finit pour la résoudre par se tourner contre un seul : le conflit généralisé se transforme en un tous contre un (ou une minorité), qui n'a même pas de rapport avec le problème de départ !
L’élimination de la victime (fût-ce en cas de crise ultime, ses propres enfants) éteint le désir de violence qui animait chacun juste avant que celle-ci ne meure. Le groupe – « nous » (Ésaïe 53, 2-6) – retrouve alors son calme via « le châtiment qui nous donne la paix » (v. 5). Cela « nous » concerne (cf. le nombre de « nous » dans les versets 2 à 6 d’Ésaïe 53). La victime apparaît alors comme fondement de la crise et comme auteur de la paix retrouvée, par une sorte de « plus jamais ça ».
La caractéristique de la lecture du phénomène dans la Bible est de révéler que la victime est innocente, ce qu’ignorent les mythes des autres traditions.
On est au cœur d’Ésaïe 53, rejoignant Genèse 22 : le persécuté est innocent (És 53, 6). On comprend dès lors pourquoi les chrétiens ont vu là la figure du Christ, qui n’a sans doute pas manqué de méditer lui-même la profonde leçon d’Ésaïe 53 : la violence est vaincue quand la victime ne joue pas le jeu de la violence.
3. Retrouver Isaac
Refus du sacrifice d’Isaac comme mise à mort d’un innocent, Isaac n’en doit pas moins être élevé en élévation. Abraham ne le trouvera tout à nouveau qu’à ce prix.
Fin et dévoilement de la faute qu’est le sacrifice humain – au terme de son ch. 53, le livre du prophète Ésaïe (v. 10) affirme du Serviteur souffrant et mis à mort : « […] Après avoir livré sa vie en sacrifice pour le péché, Il verra une postérité et prolongera ses jours, et la volonté du SEIGNEUR se réalisera par lui. »
Élevé en élévation, Isaac trouve son avenir, et Abraham retrouve un Isaac qui ne dépend plus de lui. En ce sens, il l’a vraiment sacrifié, remis à Dieu pour qu’il devienne lui-même devant Dieu. Il retrouve un Isaac vrai, transfiguré.
C’est ce que nous devons tous faire, au fond, avec celles et ceux, à commencer par nos enfants, que nous voudrions réduire à l’image que nous nous en faisons. Les élever, les élever devant Dieu pour les reconnaître comme ils sont devant lui.
C’est finalement l’expérience des disciples découvrant Jésus transfiguré, c’est-à- dire Jésus tel qu’il est dans sa vérité éternelle, ce qu’ils ne comprendront qu’après sa résurrection d'entre les morts.
Jusque là, se demandant même entre eux ce qu’il entendait par « ressusciter d’entre les morts » (v. 10), jusque là, ils ne savaient que dire car ils étaient saisis de crainte (v. 6), dit le texte…
Nous lisons :
Marc 9, 2-10
2 Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean et les emmène seuls à l’écart sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux,
3 et ses vêtements devinrent éblouissants, si blancs qu’aucun foulon sur terre ne saurait blanchir ainsi. 4 Élie leur apparut avec Moïse ; ils s’entretenaient avec Jésus.
5 Intervenant, Pierre dit à Jésus : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici ; dressons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, une pour Élie. »
6 Il ne savait que dire car ils étaient saisis de crainte.
7 Une nuée vint les recouvrir et il y eut une voix venant de la nuée : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoutez-le ! »
8 Aussitôt, regardant autour d’eux, ils ne virent plus personne d’autre que Jésus, seul avec eux.
9 Comme ils descendaient de la montagne, il leur recommanda de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, jusqu’à ce que le Fils de l’homme ressuscite d’entre les morts.
10 Ils observèrent cet ordre, tout en se demandant entre eux ce qu’il entendait par « ressusciter d’entre les morts ».
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