Ézéchiel 17.22-24 ; Psaume 92 ; 2 Corinthiens 5.6-10 ; Marc 4.26-34
Ézéchiel 17, 22-24
Marc 4, 26-34
« Dès que le fruit est mûr, on y met la faucille, car la moisson est là » (v. 29). C’est là ce qui advient au bout du compte. Quand ? Cela nous échappe, cela ne dépend pas de nous. Du début, la semence, à la fin, la moisson.
Le thème de la semence dans nos paraboles est ainsi en quelque sorte l’équivalent du thème de la naissance d’en haut dans l’Évangile de Jean : nous n’y pouvons rien, comme à notre naissance. Autant de façons de référer, par différentes images, aux promesses prophétiques : « ma Parole ne retourne pas vers moi sans effet », nous est-il dit au livre du prophète Ésaïe (ch. 55).
C’est l’Esprit de Dieu qui, portant cette Parole, précède tout mouvement de la foi. Et nous fait perdre tout pouvoir sur nous. Le Royaume vient par l’effet d’une Parole sur laquelle et sur les conséquences de laquelle nous n’avons aucun pouvoir, que nous veillons ou que nous dormions (v. 27).
La venue du Règne de Dieu n’est pas en notre pouvoir. Tout comme le vent souffle où il veut, tout comme on ne peut pas naître par la force de la volonté, nul ne peut préjuger du fruit d’une semence ni expliquer la raison finale de sa germination, « sans que l’on sache comment » (v. 27).
C’est la semence de cette parole que le semeur, au-delà de nos volontés et de nos refus, de notre sommeil ou de nos veilles, vient répandre en nous.
Que nous disent au fond toutes ces images parlant de graine ? Que le salut « ne vient pas de façon à frapper les regards » (Luc 17, 20), qu’on ne le fait avancer ni par nos propos, ni par nos enthousiasmes, ni par soucis, qu’il n’a rien à voir avec tout ce que nous prétendrions en construire à force de forcer les choses.
Si le grain ne meurt pas, il ne portera pas de grain à son tour… dit Jésus par ailleurs (Jean 12, 24). Pour des paysans galiléens écoutant Jésus et entendant « semence », ils peuvent penser à tout cela. En tout cas, l’absence de maîtrise des éléments, vent, pluie, vers, ne leur échappe pas.
Le fruit n’est pas en notre pouvoir. Il s’agit de lâcher prise. Ce que souligne ce propos essentiel donné au v. 29 : « dès que le fruit est mûr, on y met la faucille, car la moisson est là ». Faucille ! Comme le grain doit disparaître pour germer. Comme nos vies doivent s’effacer, fût-ce du fait de notre mortalité. On devra tôt ou tard lâcher ce que l'on a passé sa vie à établir patiemment ! C'est ce que suppose le fait de recevoir cette Parole : alors seulement, le fruit que nous attendons se prépare. Mais pour cela, il faut se perdre. Perdre l’idée de notre maîtrise des choses !
Voilà donc pour quelques aspects de la semence. On est contraint à une humilité que devrait méditer tout prédicateur : ne faire que semer, sans autre pouvoir que celui d’attendre ce qui vient, fût-ce dans notre sommeil, ce fruit qui est amour, joie, paix, bienveillance, patience, fidélité, etc. (Galates 5, 22-23) qui croit même dans notre sommeil. Ne faire que semer, et au mieux, arroser, mais encore pas trop : ça peut faire pourrir !
Or cela nous conduit au cœur de l’Évangile de la foi, de la confiance seule. C’est de l’ordre de la semence à recevoir de la seule écoute de la Parole de Dieu… à même de fructifier en abondance. C’est la seule façon qu’a proposée Dieu de faire venir le Royaume. En le forçant, on le gâche.
Dieu lui-même s’est réduit à faire venir le Royaume sur le mode de l’ensemencement et de la germination. Aussi, tenter de faire venir le Royaume comme si nous avions en la matière plus de pouvoir que Dieu, c’est risquer de faire venir en lieu et place du Paradis espéré, un enfer : l’histoire l’a maintes fois prouvé…
Dieu l’a envisagé autrement. Et c’est là qu’est le cœur de la question. C’est de cette façon que ces paraboles de la semence nous conduisent au cœur de l’Évangile de la foi, de la confiance seule ; qui est de l’ordre de la semence à recevoir de la seule écoute de la Parole de Dieu. Sachant en outre que la Parole de Dieu ne se confond pas avec mes bavardages de pasteur, de prédicateur, trop oublieux de ce que si une semence divine perce derrière mes bavardages, c’est encore mystère de grâce, effet mystérieux du silence divin qui seul porte sa Parole, Parole créatrice qui éclaire tout humain qui vient dans le monde (Jean 1, 9), avant même les mots, mes faibles mots qui n’en sont qu’un écho très affaibli…
C’est cela la parole comme semence de vérité. Et c’est la seule façon qu’a proposée Dieu de faire venir le Royaume. En le forçant, on le gâche. En y introduisant un rôle à l’enthousiasme, à l'éloquence ou au souci d’un fruit visible qu’on confond avec le fruit de l’Esprit, on le manque.
Il s’agit simplement d’être ouvert à la Parole de Dieu, qui ne se confond pas avec nos mots, dans la seule confiance : « Comme descend la pluie ou la neige, du haut des cieux, et comme elle ne retourne pas là-haut sans avoir saturé la terre, sans l’avoir fait enfanter et bourgeonner, sans avoir donné semence au semeur et nourriture à celui qui mange, ainsi se comporte ma Parole du moment qu’elle sort de ma bouche : elle ne retourne pas vers moi sans résultat, sans avoir exécuté ce qui me plaît et fait aboutir ce pour quoi je l’ai envoyée » (Ésaïe 55, 10-11).
Des paraboles, parlant de semence, de graine, qui invitent à la plus grande humilité de l’Église. Si l’on est attentif au texte de l’Évangile, il est clair que le grain de sénevé ne devient pas Église mais Royaume. Un arbre immense qui évoque l’arbre de vie qui germe et croît pour la guérison des nations.
Apocalypse 22, 1-2 : L’ange « me montra un fleuve d’eau de la vie, limpide comme du cristal, qui sortait du trône de Dieu et de l’agneau. Au milieu de la place de la ville et sur les deux bords du fleuve, il y avait un arbre de vie, produisant douze fois des fruits, rendant son fruit chaque mois, et dont les feuilles servaient à la guérison des nations. »
L’Église n’est que pour répandre cette semence qui est la Parole de Dieu, pas la sienne ni celle de ses pasteurs et prédicateurs, celle de Dieu seul, comme la lumière de la lampe n’est pas nôtre. L’Église n’est que pour cette semence qui n’est pas sienne et qui produit son fruit, qui n’est pas pour elle, mais pour le Royaume, dont les feuilles sont pour la guérison des nations qui viennent s’y abriter comme les oiseaux dans l’arbre, qui croît jusque là de la seule puissance de Dieu, alors même que nous dormons ! « Moi, le Seigneur, j’ai parlé, et j’agirai. » (Ézéchiel 17, 24)
Ézéchiel 17, 22-24
22 Ainsi parle le Seigneur, l’Éternel : J’enlèverai, moi, la cime d’un grand cèdre, et je la placerai ; j’arracherai du sommet de ses branches un tendre rameau, et je le planterai sur une montagne haute et élevée.
23 Je le planterai sur une haute montagne d’Israël ; il produira des branches et portera du fruit, il deviendra un cèdre magnifique. Les oiseaux de toute espèce reposeront sous lui, tout ce qui a des ailes reposera sous l’ombre de ses rameaux.
24 Et tous les arbres des champs sauront que moi, le Seigneur, j’ai abaissé l’arbre qui s’élevait et élevé l’arbre qui était abaissé, que j’ai desséché l’arbre vert et fait verdir l’arbre sec. Moi, le Seigneur, j’ai parlé, et j’agirai.
Marc 4, 26-34
26 Il dit encore : Il en est du royaume de Dieu comme quand un homme jette de la semence en terre ;
27 qu’il dorme ou qu’il veille, nuit et jour, la semence germe et croît sans qu’il sache comment.
28 La terre produit d’elle-même, d’abord l’herbe, puis l’épi, puis le grain tout formé dans l’épi ;
29 et, dès que le fruit est mûr, on y met la faucille, car la moisson est là.
30 Il dit encore : À quoi comparerons-nous le royaume de Dieu, ou par quelle parabole le représenterons-nous ?
31 Il est semblable à un grain de sénevé, qui, lorsqu’on le sème en terre, est la plus petite de toutes les semences qui sont sur la terre ;
32 mais, lorsqu’il a été semé, il monte, devient plus grand que tous les légumes, et pousse de grandes branches, en sorte que les oiseaux du ciel peuvent habiter sous son ombre.
33 C’est par beaucoup de paraboles de ce genre qu’il leur annonçait la parole, selon qu’ils étaient capables de l’entendre.
34 Il ne leur parlait point sans parabole ; mais, en particulier, il expliquait tout à ses disciples.
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« Dès que le fruit est mûr, on y met la faucille, car la moisson est là » (v. 29). C’est là ce qui advient au bout du compte. Quand ? Cela nous échappe, cela ne dépend pas de nous. Du début, la semence, à la fin, la moisson.
Le thème de la semence dans nos paraboles est ainsi en quelque sorte l’équivalent du thème de la naissance d’en haut dans l’Évangile de Jean : nous n’y pouvons rien, comme à notre naissance. Autant de façons de référer, par différentes images, aux promesses prophétiques : « ma Parole ne retourne pas vers moi sans effet », nous est-il dit au livre du prophète Ésaïe (ch. 55).
C’est l’Esprit de Dieu qui, portant cette Parole, précède tout mouvement de la foi. Et nous fait perdre tout pouvoir sur nous. Le Royaume vient par l’effet d’une Parole sur laquelle et sur les conséquences de laquelle nous n’avons aucun pouvoir, que nous veillons ou que nous dormions (v. 27).
La venue du Règne de Dieu n’est pas en notre pouvoir. Tout comme le vent souffle où il veut, tout comme on ne peut pas naître par la force de la volonté, nul ne peut préjuger du fruit d’une semence ni expliquer la raison finale de sa germination, « sans que l’on sache comment » (v. 27).
C’est la semence de cette parole que le semeur, au-delà de nos volontés et de nos refus, de notre sommeil ou de nos veilles, vient répandre en nous.
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Que nous disent au fond toutes ces images parlant de graine ? Que le salut « ne vient pas de façon à frapper les regards » (Luc 17, 20), qu’on ne le fait avancer ni par nos propos, ni par nos enthousiasmes, ni par soucis, qu’il n’a rien à voir avec tout ce que nous prétendrions en construire à force de forcer les choses.
Si le grain ne meurt pas, il ne portera pas de grain à son tour… dit Jésus par ailleurs (Jean 12, 24). Pour des paysans galiléens écoutant Jésus et entendant « semence », ils peuvent penser à tout cela. En tout cas, l’absence de maîtrise des éléments, vent, pluie, vers, ne leur échappe pas.
Le fruit n’est pas en notre pouvoir. Il s’agit de lâcher prise. Ce que souligne ce propos essentiel donné au v. 29 : « dès que le fruit est mûr, on y met la faucille, car la moisson est là ». Faucille ! Comme le grain doit disparaître pour germer. Comme nos vies doivent s’effacer, fût-ce du fait de notre mortalité. On devra tôt ou tard lâcher ce que l'on a passé sa vie à établir patiemment ! C'est ce que suppose le fait de recevoir cette Parole : alors seulement, le fruit que nous attendons se prépare. Mais pour cela, il faut se perdre. Perdre l’idée de notre maîtrise des choses !
Voilà donc pour quelques aspects de la semence. On est contraint à une humilité que devrait méditer tout prédicateur : ne faire que semer, sans autre pouvoir que celui d’attendre ce qui vient, fût-ce dans notre sommeil, ce fruit qui est amour, joie, paix, bienveillance, patience, fidélité, etc. (Galates 5, 22-23) qui croit même dans notre sommeil. Ne faire que semer, et au mieux, arroser, mais encore pas trop : ça peut faire pourrir !
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Or cela nous conduit au cœur de l’Évangile de la foi, de la confiance seule. C’est de l’ordre de la semence à recevoir de la seule écoute de la Parole de Dieu… à même de fructifier en abondance. C’est la seule façon qu’a proposée Dieu de faire venir le Royaume. En le forçant, on le gâche.
Dieu lui-même s’est réduit à faire venir le Royaume sur le mode de l’ensemencement et de la germination. Aussi, tenter de faire venir le Royaume comme si nous avions en la matière plus de pouvoir que Dieu, c’est risquer de faire venir en lieu et place du Paradis espéré, un enfer : l’histoire l’a maintes fois prouvé…
Dieu l’a envisagé autrement. Et c’est là qu’est le cœur de la question. C’est de cette façon que ces paraboles de la semence nous conduisent au cœur de l’Évangile de la foi, de la confiance seule ; qui est de l’ordre de la semence à recevoir de la seule écoute de la Parole de Dieu. Sachant en outre que la Parole de Dieu ne se confond pas avec mes bavardages de pasteur, de prédicateur, trop oublieux de ce que si une semence divine perce derrière mes bavardages, c’est encore mystère de grâce, effet mystérieux du silence divin qui seul porte sa Parole, Parole créatrice qui éclaire tout humain qui vient dans le monde (Jean 1, 9), avant même les mots, mes faibles mots qui n’en sont qu’un écho très affaibli…
C’est cela la parole comme semence de vérité. Et c’est la seule façon qu’a proposée Dieu de faire venir le Royaume. En le forçant, on le gâche. En y introduisant un rôle à l’enthousiasme, à l'éloquence ou au souci d’un fruit visible qu’on confond avec le fruit de l’Esprit, on le manque.
Il s’agit simplement d’être ouvert à la Parole de Dieu, qui ne se confond pas avec nos mots, dans la seule confiance : « Comme descend la pluie ou la neige, du haut des cieux, et comme elle ne retourne pas là-haut sans avoir saturé la terre, sans l’avoir fait enfanter et bourgeonner, sans avoir donné semence au semeur et nourriture à celui qui mange, ainsi se comporte ma Parole du moment qu’elle sort de ma bouche : elle ne retourne pas vers moi sans résultat, sans avoir exécuté ce qui me plaît et fait aboutir ce pour quoi je l’ai envoyée » (Ésaïe 55, 10-11).
Des paraboles, parlant de semence, de graine, qui invitent à la plus grande humilité de l’Église. Si l’on est attentif au texte de l’Évangile, il est clair que le grain de sénevé ne devient pas Église mais Royaume. Un arbre immense qui évoque l’arbre de vie qui germe et croît pour la guérison des nations.
Apocalypse 22, 1-2 : L’ange « me montra un fleuve d’eau de la vie, limpide comme du cristal, qui sortait du trône de Dieu et de l’agneau. Au milieu de la place de la ville et sur les deux bords du fleuve, il y avait un arbre de vie, produisant douze fois des fruits, rendant son fruit chaque mois, et dont les feuilles servaient à la guérison des nations. »
L’Église n’est que pour répandre cette semence qui est la Parole de Dieu, pas la sienne ni celle de ses pasteurs et prédicateurs, celle de Dieu seul, comme la lumière de la lampe n’est pas nôtre. L’Église n’est que pour cette semence qui n’est pas sienne et qui produit son fruit, qui n’est pas pour elle, mais pour le Royaume, dont les feuilles sont pour la guérison des nations qui viennent s’y abriter comme les oiseaux dans l’arbre, qui croît jusque là de la seule puissance de Dieu, alors même que nous dormons ! « Moi, le Seigneur, j’ai parlé, et j’agirai. » (Ézéchiel 17, 24)
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