Ésaïe 66, 18-21 ; Psaume 117 ; Hébreux 12, 5-13 ; Luc 13, 22-30
Luc 13, 22-30
Voilà une parole terrible, donnée comme inaugurant le jour du Royaume de Dieu et de sa porte — étroite, et désormais fermée !… Opposée à la porte large, selon Matthieu (Mt 7, 13).
Parole donnée en « vous ». Adressée donc au lecteur de l’Évangile, à chacune et chacun de nous qui lisons, donc, en réponse à la question « Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens qui seront sauvés ? »
Une parole annoncée comme devant entrer dans l’histoire. Quand ? Lors d’une des dates terribles dont est constellée l’histoire ? Et pourquoi pas une date apparemment anodine ? Les événements du Nouveau Testament ont alors totalement échappé à la « grande Histoire », aux « grands médias » — : la date de la porte fermée aurait tout d'une date anodine, comme une date qui signe pourtant la disparition des témoins de la parole de la grâce, par exemple. Quand les témoins se raréfient autant que la fréquentation régulière des temples… temples où sont censés se trouver les témoins — non ?
Face à la porte étroite dont parle Jésus — on a, selon Mt 7, 13, la porte large : large est la porte, spacieuse est la voie qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par là. Quelques citations des Évangiles et de Jésus pour illustrer le propos :
Une grande foule suivait Jésus, parce qu’elle voyait les signes qu’il opérait. (Jn 6, 2)
Plus loin : Jésus leur répondit : En vérité, en vérité, je vous le dis, vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé des pains et que vous avez été rassasiés. (Jn 6, 26)
Quel signe fais-tu donc, lui dirent-ils, afin que nous le voyions, et que nous croyions en toi ? (Jn 6, 30)
Plusieurs crurent en son nom, voyant les signes qu'il faisait. Mais Jésus ne se fiait point à eux, parce qu'il les connaissait tous, et parce qu'il n'avait pas besoin qu'on lui rendît témoignage d'aucun homme ; car il savait lui-même ce qui était dans l'homme. (Jn 2, 23-25)
Comme le peuple s’amassait en foule, il se mit à dire : Cette engeance est méchante ; elle demande un signe ; il ne lui sera donné d’autre signe que celui de Jonas. (Lc 11, 29) — Jonas qui n’ayant accompli aucun signe, a été lui-même le signe, que les Ninivites ont su voir, comme Jésus lui-même sera lui-même le signe.
Rien de spectaculaire à voir, rien qui fascine les foules, qui déçues de cette absence de spectaculaire, crieront crucifie. Jésus ne se fiait point à eux, car il savait lui-même ce qui est dans l'homme.
Retrouvons notre question : « Y a-t-il que peu de gens qui seront sauvés ? » demandait-on à Jésus — qui n’a pas répondu à cette question… « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car beaucoup, je vous le dis, chercheront à entrer et ne le pourront pas. » Voilà sa réponse ! « Après que le maître de maison se sera levé et aura fermé la porte, quand, restés dehors, vous commencerez à frapper à la porte en disant : Seigneur, ouvre-nous, et qu’il vous répondra : Vous, je ne sais d’où vous êtes »…
« On ne s’attroupe qu’autour des vendeurs d’illusions, en philosophie comme en tout. Le vide se fait toujours autour de celui qui ne s’abaisse pas à proposer. » (Cioran, Cahiers, p. 276)
Et voilà que l'Église cherche à proposer choses et autres — ce que Jésus n’a pas fait. Elle n'a qu'un sens : lui.
L'Église oublieuse de ce qu’elle est, cherche à imiter les assembleurs de foules. Oubliant le fond de sa réalité, de l'appel de celui qui s’est méfié des foules. Imitation de “ce qui marche” (ou qui est censé “marcher”) jamais vraiment couronnée de succès, ou alors bien provisoirement (sachant qu'il y a aussi des temps Gédéon, où il s’agit de diminuer le nombre des témoins — Juges 7, 2). Oubliant que l'original du succès sera finalement préféré à la copie (cf. pub Mini 1975). Je pense à ces Églises à grand succès qui ont un temps attiré les foules avant de se fourvoyer de promesses de miracles en théologies de l’abondance ou de la prospérité — puis actuellement de commencer à décliner (selon les études sérieuses menées aux USA), quelques décennies après le début du déclin des Églises historiques, qui ont tenté contre cela d’imiter à la fois les modes de la société ambiante, et les méthodes, la forme, des Églises-spectacle.
Or ce n’est pas cela que l'Église est appelée à rechercher ou à faire rechercher.
L'Église n'a pas de scène. Sur scène, il y a du spectacle. Le spectacle est parfaitement légitime, mais ce n’est pas la vocation et le rôle de l'Église.
L'Église n'a pas de spectacle, elle a un culte ;
dans le spectacle il y a une exposition, dans le culte il y a une reddition.
L'Église n'a pas de stars, elle a des serviteurs :
les stars éblouissent, les serviteurs obéissent.
L'Église n'a pas de fans, elle a des disciples ;
les fans applaudissent et flattent, les disciples apprennent et continuent.
L'Église n'a pas d'artistes, elle a des ministres (i.e. serviteurs et servantes),
les artistes se mettent en scène, les ministres servent.
L'Église n'a pas de public, elle a des adorateurs ;
nous sommes l'Église et nous ne donnons pas un spectacle,
nous offrons un culte à Dieu ;
le public assiste et réagit, les adorateurs se prosternent et se donnent.
Que le Christ Jésus soit au-dessus et en tous.
Quand l'Église oublie ce qu’elle est, la porte s’ouvre à tous les dévoiements, tout particulièrement aux dévoiements au nom de Dieu. Actualité : tentative d’assassinat d’un écrivain au nom de Dieu… (certes pas au nom du Dieu dont témoigne l'Église ! Mais…)
Dernières décennies du XXe siècle :
Le juge a demandé à l'homme qui a tenté d'assassiner le défunt écrivain égyptien Naguib Mahfouz :
« Pourquoi avez-vous poignardé Naguib Mahfouz ? »
Le terroriste a déclaré : « À cause de son roman - Les enfants de notre quartier ».
Le juge lui a demandé : « Avez-vous lu ce roman ? »
Le criminel a dit : « Non ! »
Quelques années avant, un autre juge demandait au tueur de l'ancien président égyptien Anouar Sadate :
« Pourquoi avez-vous tué le président Sadate ? »
Réponse : « Parce qu'il était laïque ! »
Le juge a alors demandé : « Que signifie laïque ? »
Et le tueur a dit : « Je ne sais pas ! »
Un autre juge a demandé, environ dix ans après, à l’homme qui a tué l'écrivain égyptien Faraj Fouda :
« Pourquoi avez-vous assassiné Faraj Fouda ? »
— « Parce que c'est un infidèle ! »
Le juge lui a demandé : « Comment saviez-vous qu'il était infidèle ? »
— « D'après les livres qu'il a écrits ».
Le juge a dit : « Lequel de ses livres vous laissait croire qu’il était infidèle ? »
Le terroriste : « Je n'ai pas lu ses livres ! »
Le juge : « Comment ? »
Le terroriste : « Je ne sais ni lire ni écrire ! »
On pense bien sûr aujourd’hui à la tentative d’assassinat de l’écrivain Salman Rushdie, envoyé aux gémonies par tant de ceux qui n’ont pas lu son œuvre. Ironie de l’histoire : c'est grâce à la fatwa contre lui que, comme tant d’autres, je me suis procuré le roman incriminé… Effet imprévu de la sentence. Ironie mordante : après la récente tentative d’assassinat de l’auteur les ventes de son livre s’envolent à nouveau.
La haine ne se propage jamais par la connaissance. Elle se propage toujours par ignorance. Il s’agit de cesser de juger et condamner autrui, la foi d’autrui, sa spiritualité, ses œuvres ou que sais-je d’autre, sur la base de préjugés qui nous empêchent de vraiment entendre — et cela vaut en premier lieu pour le message de l’Évangile.
Or c'est cela le débouché de la porte large : ressentiment face au manque de succès, de pouvoir, d'éloges, et autres choses de cet acabit. Jésus avait prévenu : Les rois des nations les maîtrisent, et ceux qui les dominent sont appelés bienfaiteurs. Qu'il n'en soit pas de même pour vous. (Luc 22, 25-26)
C’est cela la porte étroite…
Et aujourd’hui ? La nuit s'est épaissie. Une porte fermée : « Éloignez-vous de moi, vous tous qui faites ce qui est injuste. » — « Vous verrez Abraham, Isaac et Jacob, ainsi que tous les prophètes dans le Royaume de Dieu, et vous jetés dehors. Alors il en viendra du levant et du couchant, du nord et du midi, pour prendre place au festin dans le Royaume de Dieu. Et ainsi, il y a des derniers qui seront premiers et il y a des premiers qui seront derniers. »
Voilà Dieu qui seul peut faire ce que ne n’avons pas su faire. Voilà un salut à une tout autre mesure, et qui laisse pourtant le goût amer de toutes nos poursuites de succès ou de pouvoir, et d’imitation de ceux qui semblent en avoir, puis de tous nos échecs et nos injustices, pour laisser place au seul roc de la promesse : « il en viendra du levant et du couchant, du nord et du midi, pour prendre place au festin dans le Royaume de Dieu. » La promesse de Dieu, par la foi seule : telle est ainsi la porte étroite où il nous faut passer, par laquelle seule le salut est possible. La foi seule. Cette porte qui s'ouvre encore aujourd'hui. Car c'est aujourd'hui le jour du salut…
Luc 13, 22-30
22 Il passait par villes et villages, enseignant et faisant route vers Jérusalem.
23 Quelqu’un lui dit : "Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens qui seront sauvés ?" Il leur dit alors :
24 "Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car beaucoup, je vous le dis, chercheront à entrer et ne le pourront pas.
25 "Après que le maître de maison se sera levé et aura fermé la porte, quand, restés dehors, vous commencerez à frapper à la porte en disant : Seigneur, ouvre-nous, et qu’il vous répondra : Vous, je ne sais d’où vous êtes,
26 "alors vous vous mettrez à dire : Nous avons mangé et bu devant toi, et c’est sur nos places que tu as enseigné ;
27 et il vous dira : Je ne sais d’où vous êtes. Éloignez-vous de moi, vous tous qui faites ce qui est injuste.
28 "Il y aura les pleurs et les grincements de dents, quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob, ainsi que tous les prophètes dans le Royaume de Dieu, et vous jetés dehors.
29 Alors il en viendra du levant et du couchant, du nord et du midi, pour prendre place au festin dans le Royaume de Dieu.
30 "Et ainsi, il y a des derniers qui seront premiers et il y a des premiers qui seront derniers."
*
Voilà une parole terrible, donnée comme inaugurant le jour du Royaume de Dieu et de sa porte — étroite, et désormais fermée !… Opposée à la porte large, selon Matthieu (Mt 7, 13).
Parole donnée en « vous ». Adressée donc au lecteur de l’Évangile, à chacune et chacun de nous qui lisons, donc, en réponse à la question « Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens qui seront sauvés ? »
Une parole annoncée comme devant entrer dans l’histoire. Quand ? Lors d’une des dates terribles dont est constellée l’histoire ? Et pourquoi pas une date apparemment anodine ? Les événements du Nouveau Testament ont alors totalement échappé à la « grande Histoire », aux « grands médias » — : la date de la porte fermée aurait tout d'une date anodine, comme une date qui signe pourtant la disparition des témoins de la parole de la grâce, par exemple. Quand les témoins se raréfient autant que la fréquentation régulière des temples… temples où sont censés se trouver les témoins — non ?
Face à la porte étroite dont parle Jésus — on a, selon Mt 7, 13, la porte large : large est la porte, spacieuse est la voie qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par là. Quelques citations des Évangiles et de Jésus pour illustrer le propos :
Une grande foule suivait Jésus, parce qu’elle voyait les signes qu’il opérait. (Jn 6, 2)
Plus loin : Jésus leur répondit : En vérité, en vérité, je vous le dis, vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé des pains et que vous avez été rassasiés. (Jn 6, 26)
Quel signe fais-tu donc, lui dirent-ils, afin que nous le voyions, et que nous croyions en toi ? (Jn 6, 30)
Plusieurs crurent en son nom, voyant les signes qu'il faisait. Mais Jésus ne se fiait point à eux, parce qu'il les connaissait tous, et parce qu'il n'avait pas besoin qu'on lui rendît témoignage d'aucun homme ; car il savait lui-même ce qui était dans l'homme. (Jn 2, 23-25)
Comme le peuple s’amassait en foule, il se mit à dire : Cette engeance est méchante ; elle demande un signe ; il ne lui sera donné d’autre signe que celui de Jonas. (Lc 11, 29) — Jonas qui n’ayant accompli aucun signe, a été lui-même le signe, que les Ninivites ont su voir, comme Jésus lui-même sera lui-même le signe.
Rien de spectaculaire à voir, rien qui fascine les foules, qui déçues de cette absence de spectaculaire, crieront crucifie. Jésus ne se fiait point à eux, car il savait lui-même ce qui est dans l'homme.
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Retrouvons notre question : « Y a-t-il que peu de gens qui seront sauvés ? » demandait-on à Jésus — qui n’a pas répondu à cette question… « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car beaucoup, je vous le dis, chercheront à entrer et ne le pourront pas. » Voilà sa réponse ! « Après que le maître de maison se sera levé et aura fermé la porte, quand, restés dehors, vous commencerez à frapper à la porte en disant : Seigneur, ouvre-nous, et qu’il vous répondra : Vous, je ne sais d’où vous êtes »…
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« On ne s’attroupe qu’autour des vendeurs d’illusions, en philosophie comme en tout. Le vide se fait toujours autour de celui qui ne s’abaisse pas à proposer. » (Cioran, Cahiers, p. 276)
Et voilà que l'Église cherche à proposer choses et autres — ce que Jésus n’a pas fait. Elle n'a qu'un sens : lui.
L'Église oublieuse de ce qu’elle est, cherche à imiter les assembleurs de foules. Oubliant le fond de sa réalité, de l'appel de celui qui s’est méfié des foules. Imitation de “ce qui marche” (ou qui est censé “marcher”) jamais vraiment couronnée de succès, ou alors bien provisoirement (sachant qu'il y a aussi des temps Gédéon, où il s’agit de diminuer le nombre des témoins — Juges 7, 2). Oubliant que l'original du succès sera finalement préféré à la copie (cf. pub Mini 1975). Je pense à ces Églises à grand succès qui ont un temps attiré les foules avant de se fourvoyer de promesses de miracles en théologies de l’abondance ou de la prospérité — puis actuellement de commencer à décliner (selon les études sérieuses menées aux USA), quelques décennies après le début du déclin des Églises historiques, qui ont tenté contre cela d’imiter à la fois les modes de la société ambiante, et les méthodes, la forme, des Églises-spectacle.
Or ce n’est pas cela que l'Église est appelée à rechercher ou à faire rechercher.
L'Église n'a pas de scène. Sur scène, il y a du spectacle. Le spectacle est parfaitement légitime, mais ce n’est pas la vocation et le rôle de l'Église.
L'Église n'a pas de spectacle, elle a un culte ;
dans le spectacle il y a une exposition, dans le culte il y a une reddition.
L'Église n'a pas de stars, elle a des serviteurs :
les stars éblouissent, les serviteurs obéissent.
L'Église n'a pas de fans, elle a des disciples ;
les fans applaudissent et flattent, les disciples apprennent et continuent.
L'Église n'a pas d'artistes, elle a des ministres (i.e. serviteurs et servantes),
les artistes se mettent en scène, les ministres servent.
L'Église n'a pas de public, elle a des adorateurs ;
nous sommes l'Église et nous ne donnons pas un spectacle,
nous offrons un culte à Dieu ;
le public assiste et réagit, les adorateurs se prosternent et se donnent.
Que le Christ Jésus soit au-dessus et en tous.
Quand l'Église oublie ce qu’elle est, la porte s’ouvre à tous les dévoiements, tout particulièrement aux dévoiements au nom de Dieu. Actualité : tentative d’assassinat d’un écrivain au nom de Dieu… (certes pas au nom du Dieu dont témoigne l'Église ! Mais…)
Dernières décennies du XXe siècle :
Le juge a demandé à l'homme qui a tenté d'assassiner le défunt écrivain égyptien Naguib Mahfouz :
« Pourquoi avez-vous poignardé Naguib Mahfouz ? »
Le terroriste a déclaré : « À cause de son roman - Les enfants de notre quartier ».
Le juge lui a demandé : « Avez-vous lu ce roman ? »
Le criminel a dit : « Non ! »
Quelques années avant, un autre juge demandait au tueur de l'ancien président égyptien Anouar Sadate :
« Pourquoi avez-vous tué le président Sadate ? »
Réponse : « Parce qu'il était laïque ! »
Le juge a alors demandé : « Que signifie laïque ? »
Et le tueur a dit : « Je ne sais pas ! »
Un autre juge a demandé, environ dix ans après, à l’homme qui a tué l'écrivain égyptien Faraj Fouda :
« Pourquoi avez-vous assassiné Faraj Fouda ? »
— « Parce que c'est un infidèle ! »
Le juge lui a demandé : « Comment saviez-vous qu'il était infidèle ? »
— « D'après les livres qu'il a écrits ».
Le juge a dit : « Lequel de ses livres vous laissait croire qu’il était infidèle ? »
Le terroriste : « Je n'ai pas lu ses livres ! »
Le juge : « Comment ? »
Le terroriste : « Je ne sais ni lire ni écrire ! »
On pense bien sûr aujourd’hui à la tentative d’assassinat de l’écrivain Salman Rushdie, envoyé aux gémonies par tant de ceux qui n’ont pas lu son œuvre. Ironie de l’histoire : c'est grâce à la fatwa contre lui que, comme tant d’autres, je me suis procuré le roman incriminé… Effet imprévu de la sentence. Ironie mordante : après la récente tentative d’assassinat de l’auteur les ventes de son livre s’envolent à nouveau.
La haine ne se propage jamais par la connaissance. Elle se propage toujours par ignorance. Il s’agit de cesser de juger et condamner autrui, la foi d’autrui, sa spiritualité, ses œuvres ou que sais-je d’autre, sur la base de préjugés qui nous empêchent de vraiment entendre — et cela vaut en premier lieu pour le message de l’Évangile.
Or c'est cela le débouché de la porte large : ressentiment face au manque de succès, de pouvoir, d'éloges, et autres choses de cet acabit. Jésus avait prévenu : Les rois des nations les maîtrisent, et ceux qui les dominent sont appelés bienfaiteurs. Qu'il n'en soit pas de même pour vous. (Luc 22, 25-26)
C’est cela la porte étroite…
Et aujourd’hui ? La nuit s'est épaissie. Une porte fermée : « Éloignez-vous de moi, vous tous qui faites ce qui est injuste. » — « Vous verrez Abraham, Isaac et Jacob, ainsi que tous les prophètes dans le Royaume de Dieu, et vous jetés dehors. Alors il en viendra du levant et du couchant, du nord et du midi, pour prendre place au festin dans le Royaume de Dieu. Et ainsi, il y a des derniers qui seront premiers et il y a des premiers qui seront derniers. »
Voilà Dieu qui seul peut faire ce que ne n’avons pas su faire. Voilà un salut à une tout autre mesure, et qui laisse pourtant le goût amer de toutes nos poursuites de succès ou de pouvoir, et d’imitation de ceux qui semblent en avoir, puis de tous nos échecs et nos injustices, pour laisser place au seul roc de la promesse : « il en viendra du levant et du couchant, du nord et du midi, pour prendre place au festin dans le Royaume de Dieu. » La promesse de Dieu, par la foi seule : telle est ainsi la porte étroite où il nous faut passer, par laquelle seule le salut est possible. La foi seule. Cette porte qui s'ouvre encore aujourd'hui. Car c'est aujourd'hui le jour du salut…
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