Exode 12, 1-14 ; Psaume 150 ; 1 Corinthiens 11, 23-26 ; Jean 13, 1-15
Exode 12, 1-14
« Ce mois-ci sera pour vous le premier des mois ; il sera pour vous le premier des mois de l’année » : tout commence là.
Commémoration qui est aussi actualisation : c’est, chaque année, aujourd’hui, que cela se passe. Aujourd’hui, le jour de la libération.
Être prêts, « les reins ceints, souliers aux pieds, bâton à la main, mangeant à la hâte », dans l’action de grâce pour ce que Dieu seul est le protecteur et le libérateur — « c’est la Pâque du Seigneur. »
On entre dans le trajet biblique qui va cette libération, aujourd’hui, l’Exode, vers l’entrée en terre promise — de Josué au livre des Juges, jusqu’à l’instauration de la royauté davidique, et à l’attente du Royaume de David.
La spécificité de la loi biblique, dont cette célébration de la Pâques fait partie, comme commandement, moment central — « vous célébrerez ce jour comme une loi perpétuelle pour vos descendants » — ; la spécificité de la loi donnée lors de l’Exode est que le législateur, Moïse, n’en est pas la source, comme la libération n’est pas le fruit de nos œuvres. Qu’il y ait des lois très proches de la loi biblique dans l’Antiquité est très connu : de Babylone avec le code d’Hammourabi, plus ancien que la loi biblique, à l’Égypte. Hammourabi est le donateur et le garant de son code. Même chose en Égypte avec les Pharaons. Mais ici, Dieu est le libérateur : c’est ce que la Pâque commémore et actualise.
Voilà donc une loi dont Moïse est le médiateur, mais dont il n’est ni l’auteur, ni le garant. Voilà la loi d’un Dieu qui est, lui seul, libérateur d’un peuple sans force. C’est au point que la loi, donnée pour gérer la vie d’une cité en gestation, à mettre en place en terre promise, ne prévoit pas de dirigeant, pas de roi. La loi seule doit régir la vie du peuple.
C’est le système qui traverse le livre des Juges, au point qu’au bout du compte, selon le leitmotive du livre, « il n’y avait pas de roi en Israël, chacun faisait ce qu’il voulait »… Système mis en échec, donc, par le non-respect de la loi.
Où le problème finit par se poser : et si on instaurait quand même une royauté, cela au grand dam du prophète Samuel, qui voit dans cette idée une trahison du projet divin. Samuel finit par céder, comme Dieu lui-même le lui conseille, dit le texte.
Face à cela, la célébration du libérateur, la célébration de la Pâque du Seigneur.
Il concède pourtant au peuple l’intronisation d’un roi, Saül, qui finit par être rejeté, car comme Samuel avait prévenu, roi, Saül finit par se prendre pour le roi. Il est remplacé par David, qui lui, bien que roi aussi, reconnaît la suzeraineté de la loi, dont il n’est pas la source. Ce que rappelle chaque année la célébration du vrai libérateur, la célébration de la Pâque du Seigneur — « loi perpétuelle pour vos descendants. »
Ce sera la marque de la dynastie de David : l’observance de la loi, monarchie constitutionnelle, donc, en quelque sorte, instaurée dès lors sur cette base, la loi souveraine, base que cette dynastie en viendra elle-même à trahir. Dès lors le peuple plongera progressivement dans le chaos qui le mettra aux mains des tyrans étrangers et au bout du compte de Babylone, devenue dans la Bible la cité symbole du pouvoir totalitaire, répercussion de l’exil en Égypte.
Cela vaut actualité, l’exil et l’esclavage dans l’oubli de la loi, comme la libération. La nuit est à nouveau avancée, veille de la libération.
Face à l’exil dans la nuit de tous nos esclavages, la parole qui fonde la libération sur l’action de Dieu seul, pour le maintien de la liberté par l’écoute de sa parole seule — libération commémorée chaque année, et dont Dieu est l’auteur — selon le signe du sang —, lui qui règne par le don de la loi de la liberté.
Liberté fondée sur l’action de Dieu seul, quand tout est perdu, quand le destructeur va répandre son ombre, quand la nuit s’est épaissie, qui ne laissera saufs que ceux qui se confient en leur Sauveur seul — le signe du sang.
Commémoration et actualisation, c’est aujourd’hui la nuit de la croix, la nuit qui s’avance en ce soir du jeudi saint où Jésus, fils de David, et ses disciples commémorent, actualisent, à l’instar de tout juif, la nuit de la sortie de l’esclavage, de la libération octroyée par Dieu seul — sous le signe du sang. S’avance la Pâque de la libération de la mort, Pâque de la liberté et de la résurrection, jour d’une pureté toute nouvelle scellée dans le sang.
Déjà, aujourd’hui, « vous êtes purs », a annoncé Jésus à ses disciples au soir du jeudi saint…
Jean 13 :
6 Il vint donc à Simon Pierre ; et Pierre lui dit : Toi, Seigneur, tu me laves les pieds !
7 Jésus lui répondit : Ce que je fais, tu ne le comprends pas maintenant, mais tu le comprendras bientôt. […]
10 Jésus lui dit : Celui qui est lavé n’a besoin que de se laver les pieds pour être entièrement pur ; et vous êtes purs […]
12 Après qu’il leur eut lavé les pieds, et qu’il eut pris ses vêtements, il se remit à table, et leur dit : Comprenez-vous ce que je vous ai fait ?
Signe du sang : « Le sang vous servira de signe sur les maisons où vous serez ; je verrai le sang, et je passerai par-dessus vous, et il n’y aura point de plaie qui vous détruise ».
1 Corinthiens 11 :
23 Car j’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai enseigné ; c’est que le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain,
24 et, après avoir rendu grâces, le rompit, et dit : Ceci est mon corps, qui est rompu pour vous ; faites ceci en mémoire de moi.
25 De même, après avoir soupé, il prit la coupe, et dit : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang ; faites ceci en mémoire de moi toutes les fois que vous en boirez.
26 Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne.
Exode 12, 1-14
1 Le Seigneur dit à Moïse et à Aaron dans le pays d’Egypte:
2 Ce mois-ci sera pour vous le premier des mois ; il sera pour vous le premier des mois de l’année.
3 Parlez à toute l’assemblée d’Israël, et dites : Le dixième jour de ce mois, on prendra un agneau pour chaque famille, un agneau pour chaque maison.
4 Si la maison est trop peu nombreuse pour un agneau, on le prendra avec son plus proche voisin, selon le nombre des personnes ; vous compterez pour cet agneau d’après ce que chacun peut manger.
5 Ce sera un agneau sans défaut, mâle, âgé d’un an ; vous pourrez prendre un agneau ou un chevreau.
6 Vous le garderez jusqu’au quatorzième jour de ce mois ; et toute l’assemblée d’Israël l’immolera entre les deux soirs.
7 On prendra de son sang, et on en mettra sur les deux poteaux et sur le linteau de la porte des maisons où on le mangera.
8 Cette même nuit, on en mangera la chair, rôtie au feu ; on la mangera avec des pains sans levain et des herbes amères.
9 Vous ne le mangerez point à demi cuit et bouilli dans l’eau ; mais il sera rôti au feu, avec la tête, les jambes et l’intérieur.
10 Vous n’en laisserez rien jusqu’au matin ; et, s’il en reste quelque chose le matin, vous le brûlerez au feu.
11 Quand vous le mangerez, vous aurez vos reins ceints, vos souliers aux pieds, et votre bâton à la main ; et vous le mangerez à la hâte. C’est la Pâque du Seigneur.
12 Cette nuit-là, je passerai dans le pays d’Egypte, et je frapperai tous les premiers-nés du pays d’Egypte, depuis les hommes jusqu’aux animaux, et j’exercerai des jugements contre tous les dieux de l’Egypte. Je suis le Seigneur.
13 Le sang vous servira de signe sur les maisons où vous serez ; je verrai le sang, et je passerai par-dessus vous, et il n’y aura point de plaie qui vous détruise, quand je frapperai le pays d’Egypte.
14 Vous conserverez le souvenir de ce jour, et vous le célébrerez par une fête en l’honneur du Seigneur ; vous le célébrerez comme une loi perpétuelle pour vos descendants.
*
« Ce mois-ci sera pour vous le premier des mois ; il sera pour vous le premier des mois de l’année » : tout commence là.
Commémoration qui est aussi actualisation : c’est, chaque année, aujourd’hui, que cela se passe. Aujourd’hui, le jour de la libération.
Être prêts, « les reins ceints, souliers aux pieds, bâton à la main, mangeant à la hâte », dans l’action de grâce pour ce que Dieu seul est le protecteur et le libérateur — « c’est la Pâque du Seigneur. »
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On entre dans le trajet biblique qui va cette libération, aujourd’hui, l’Exode, vers l’entrée en terre promise — de Josué au livre des Juges, jusqu’à l’instauration de la royauté davidique, et à l’attente du Royaume de David.
La spécificité de la loi biblique, dont cette célébration de la Pâques fait partie, comme commandement, moment central — « vous célébrerez ce jour comme une loi perpétuelle pour vos descendants » — ; la spécificité de la loi donnée lors de l’Exode est que le législateur, Moïse, n’en est pas la source, comme la libération n’est pas le fruit de nos œuvres. Qu’il y ait des lois très proches de la loi biblique dans l’Antiquité est très connu : de Babylone avec le code d’Hammourabi, plus ancien que la loi biblique, à l’Égypte. Hammourabi est le donateur et le garant de son code. Même chose en Égypte avec les Pharaons. Mais ici, Dieu est le libérateur : c’est ce que la Pâque commémore et actualise.
Voilà donc une loi dont Moïse est le médiateur, mais dont il n’est ni l’auteur, ni le garant. Voilà la loi d’un Dieu qui est, lui seul, libérateur d’un peuple sans force. C’est au point que la loi, donnée pour gérer la vie d’une cité en gestation, à mettre en place en terre promise, ne prévoit pas de dirigeant, pas de roi. La loi seule doit régir la vie du peuple.
C’est le système qui traverse le livre des Juges, au point qu’au bout du compte, selon le leitmotive du livre, « il n’y avait pas de roi en Israël, chacun faisait ce qu’il voulait »… Système mis en échec, donc, par le non-respect de la loi.
Où le problème finit par se poser : et si on instaurait quand même une royauté, cela au grand dam du prophète Samuel, qui voit dans cette idée une trahison du projet divin. Samuel finit par céder, comme Dieu lui-même le lui conseille, dit le texte.
Face à cela, la célébration du libérateur, la célébration de la Pâque du Seigneur.
Il concède pourtant au peuple l’intronisation d’un roi, Saül, qui finit par être rejeté, car comme Samuel avait prévenu, roi, Saül finit par se prendre pour le roi. Il est remplacé par David, qui lui, bien que roi aussi, reconnaît la suzeraineté de la loi, dont il n’est pas la source. Ce que rappelle chaque année la célébration du vrai libérateur, la célébration de la Pâque du Seigneur — « loi perpétuelle pour vos descendants. »
Ce sera la marque de la dynastie de David : l’observance de la loi, monarchie constitutionnelle, donc, en quelque sorte, instaurée dès lors sur cette base, la loi souveraine, base que cette dynastie en viendra elle-même à trahir. Dès lors le peuple plongera progressivement dans le chaos qui le mettra aux mains des tyrans étrangers et au bout du compte de Babylone, devenue dans la Bible la cité symbole du pouvoir totalitaire, répercussion de l’exil en Égypte.
Cela vaut actualité, l’exil et l’esclavage dans l’oubli de la loi, comme la libération. La nuit est à nouveau avancée, veille de la libération.
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Face à l’exil dans la nuit de tous nos esclavages, la parole qui fonde la libération sur l’action de Dieu seul, pour le maintien de la liberté par l’écoute de sa parole seule — libération commémorée chaque année, et dont Dieu est l’auteur — selon le signe du sang —, lui qui règne par le don de la loi de la liberté.
Liberté fondée sur l’action de Dieu seul, quand tout est perdu, quand le destructeur va répandre son ombre, quand la nuit s’est épaissie, qui ne laissera saufs que ceux qui se confient en leur Sauveur seul — le signe du sang.
Commémoration et actualisation, c’est aujourd’hui la nuit de la croix, la nuit qui s’avance en ce soir du jeudi saint où Jésus, fils de David, et ses disciples commémorent, actualisent, à l’instar de tout juif, la nuit de la sortie de l’esclavage, de la libération octroyée par Dieu seul — sous le signe du sang. S’avance la Pâque de la libération de la mort, Pâque de la liberté et de la résurrection, jour d’une pureté toute nouvelle scellée dans le sang.
Déjà, aujourd’hui, « vous êtes purs », a annoncé Jésus à ses disciples au soir du jeudi saint…
Jean 13 :
6 Il vint donc à Simon Pierre ; et Pierre lui dit : Toi, Seigneur, tu me laves les pieds !
7 Jésus lui répondit : Ce que je fais, tu ne le comprends pas maintenant, mais tu le comprendras bientôt. […]
10 Jésus lui dit : Celui qui est lavé n’a besoin que de se laver les pieds pour être entièrement pur ; et vous êtes purs […]
12 Après qu’il leur eut lavé les pieds, et qu’il eut pris ses vêtements, il se remit à table, et leur dit : Comprenez-vous ce que je vous ai fait ?
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Signe du sang : « Le sang vous servira de signe sur les maisons où vous serez ; je verrai le sang, et je passerai par-dessus vous, et il n’y aura point de plaie qui vous détruise ».
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1 Corinthiens 11 :
23 Car j’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai enseigné ; c’est que le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain,
24 et, après avoir rendu grâces, le rompit, et dit : Ceci est mon corps, qui est rompu pour vous ; faites ceci en mémoire de moi.
25 De même, après avoir soupé, il prit la coupe, et dit : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang ; faites ceci en mémoire de moi toutes les fois que vous en boirez.
26 Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne.
RP
Antibes, jeudi saint, 05.04.12
Antibes, jeudi saint, 05.04.12
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