Textes de ce premier dimanche de l'Avent : Jérémie 33, 14-16 ; Psaume 25 ; 1 Thess 3, 12 - 4,2 ; Luc 21, 25-36. Textes qui nous conduisent au cœur de la Loi via l'appel à la vigilance (Luc 21, 36)...
Du mont Sinaï à la terre entière. Tel est le thème du trajet de notre paroisse pour l'Avent 2015. Partant du Sinaï et du don de la Loi, nous rejoindrons, en fin de parcours de l'Avent, les Mages venus à Bethléem, témoins de la signification universelle de l'Alliance. Aujourd'hui : le Décalogue.
Dix paroles pour résumer la Loi de Dieu, qui se résume encore en deux paroles : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force » (Deutéronome 6, 5). « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lévitique 19, 18), puis en une, aimer le prochain (cf. Galates 5, 14), qui se décline en : « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux, car c'est la loi et les prophètes. » (Matthieu 7:12 ; cf. Luc 6, 31) – « Ce que tu ne voudrais pas que l'on te fît, ne l'inflige pas à autrui. C'est là toute la Torah, le reste n'est que commentaire. Maintenant, va et étudie » (Hillel, Talmud de Babylone, traité Shabbat 31a).
1) Je suis le Seigneur ton Dieu qui t’ai libéré de l’esclavage. C'est Dieu le libérateur, pas un homme, fût-ce Moïse, et c'est Dieu qui est la source de la Loi qui libère, pas un homme qui en serait source et garant, comme Hammourabi en Babylonie ou Pharaon en Égypte. Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, est donnée une Loi qui n'a pas d'auteur humain, et à laquelle par conséquent tout humain, fût-il roi ou empereur, doit se tenir (cf. David, pourtant roi, soumis à la Loi, et qui se repend quand il la transgresse – Ps 51). C'est cela qui se développera dans la suite de l'histoire en Droits de l'Homme où tous sont égaux devant la Loi, même les gouvernants, même les rois.
2) Tu n’auras pas d’autres dieux que moi ; tu ne te feras pas d’images pour te prosterner devant elles et pour les servir, car je suis le Seigneur ton Dieu. Ce Dieu libérateur, que personne n'a vu, est irreprésentable. Il est le seul Dieu et il est au-dessus de tout ce qu'on peut en imaginer, et donc en représenter. Quelque image qu'on en fasse, image visible ou image mentale, en est une représentation fausse.
3) Tu ne prononceras pas à tort le nom du Seigneur ton Dieu. Cf. la prière juive qui est celle de Jésus : « Que ton Nom soit sanctifié », sanctifié c'est-à-dire mis à part, ne pouvant être mêlé à nos affaires. Un nom qu'on ne peut pas s'approprier. Un Nom qui est au-dessus de tout ce qu'on peut prononcer. Le judaïsme s'en tient à dire « mon Seigneur », disant simplement notre relation, il est notre Seigneur, avec celui qui est au-dessus de tout ce qu'on peut en dire.
4) Souviens-toi du jour du repos pour le sanctifier. C'est d'abord un précepte religieux, dont le judaïsme reste jusqu'à aujourd'hui le témoin : un espace mis à part dans le temps pour dire que Dieu est au-delà de l'agitation de nos temps et de nos « faire » dans le temps. Le commandement a aussi une portée sociale et morale (enviée dans l'Antiquité par les peuples qui n’avaient pas ce privilège) : chacun a droit au repos, y compris au repos intérieur, ce qui est en rapport avec la parole d'accueil et de pardon et de grâce : « je t'aime d'un amour éternel et je te garde ma miséricorde » – Ésaïe 54, 10.
5) Honore ton père et ta mère. Il s'agit de donner à ceux à qui l'on est redevable de ce que l'on est tout leur poids et leur dignité, c'est cela « honorer ». À commencer par les parents, mais ça vaut aussi de tous ceux dont on a reçu, comme les maîtres, intellectuels ou spirituels, etc. Cela suppose aussi reconnaissance, et reconnaissance de la nécessité d'un vécu digne (dans la vieillesse) incluant accompagnement financier (nos caisses de retraite en sont nées) et affectif. Cela ne veut pas dire qu'ils sont parfaits ! Ils peuvent être coupables de fautes – éventuellement graves. Eux aussi sont sujets à la Loi au-dessus de laquelle n'est personne. Eux aussi sont sujets de recevoir le pardon.
6) Tu ne commettras pas de meurtre. Le commandement semble évident. Mais il ne faut pas négliger sa dimension intérieure, son enracinement et son commencement, que rappelle Jésus : « Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens : Tu ne tueras point [...]. Mais moi, je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère [...] » (Matthieu 5, 21-22). Le commandement se rattache aussi à l'atteinte à la créature faite à l'image de Dieu, l'humain : il est déshonorant pour le Nom de Dieu de porter atteinte à celui, l'humain, qui en porte l'image.
7) Tu ne commettras pas d’adultère. Il est ici question d'atteinte au prochain dont on méprise et trahit les attachements et les sentiments. Il est question aussi de la blessure infligée envers celui ou celle avec avec qui on s'est engagé, à qui on a donné sa promesse, ne serait-ce qu'en prononçant « je t'aime » : « si le "je t’aime" est toujours, à beaucoup d’égards, l’annonce d’un "je t’aime pour toujours", c’est qu’en effet il fixe le hasard dans le registre de l’éternité. [...] Une des rares expériences où, à partir d’un hasard inscrit dans l’instant, vous tentez une proposition d’éternité. "Toujours" est le mot par lequel, en fait, on dit l’éternité. » (Alain Badiou, Éloge de l'amour, p. 53-54). Ici aussi, comme pour le meurtre, l’enracinement est intérieur : « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras point d’adultère. Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur » (Matthieu 5, 27-28) – renvoyant chacun à lui-même.
8) Tu ne commettras pas de vol. On peut traduire le mot pour « vol » par « rapt ». Il s'agit d'abord de « vol » de personne. Mais cela peut bien sûr s'entendre de vol de ce à quoi une personne est attachée, jusqu'à des biens. On sait l’impression de viol que ressent une personne qui a été cambriolée. Porter atteinte à autrui, à sa personne, à ses proches, à ses biens, est une façon de porter atteinte à l'intégrité de l'humain fait selon l’image de Dieu.
9) Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain. À ne pas traduire trop vite par « tu ne mentiras pas ». Le précepte est plus précis : il vise le mensonge contre son prochain, visant éventuellement à le faire condamner. C'est une atteinte à son honneur, pour laquelle la Torah prévoit de donner à celui qui veut faire condamner son prochain faussement la punition qu'il aurait encouru. Le commandement ne vise pas, par exemple, le mensonge qui serait proféré pour protéger son prochain (par exemple en le cachant en cas de persécution). Le commandement ne vise pas non plus à culpabiliser un enfant qui se cache derrière un mensonge pour se protéger, même si ce travers, commun à tous les âges, demande à n'être pas encouragé et à être pardonné, comme toute expression de notre tortuosité.
10) Tu ne convoiteras rien de ce qui appartient à ton prochain. Ce commandement (qui a parfois été divisé en deux : ne pas convoiter les personnes et ne pas convoiter les biens, pour faire dix paroles quand la première parole du décalogue – Je suis le Seigneur ton Dieu qui t’ai libéré de l’esclavage – est reçue comme préambule) ; ce commandement ramène tous les autres à l'intériorité, et souligne la portée pédagogique de la Loi : nous amener à reconnaître que nous en sommes tous transgresseurs : qui n'a pas convoité ? Ici il n'y a pas de sanction légale possible : on ne met pas en prison quelqu'un qui a convoité sans être passé à l'acte ! Mais il y a un appel à chacun à faire retour sur soi, se savoir pécheur pour obtenir de Dieu le pardon, la parole de la grâce : « je t'aime d'un amour éternel et je te garde ma miséricorde » (Ésaïe 54, 10), au-delà de ce que tu peux avoir fait ou avoir été tenté de faire. « Celui qui écoute ma parole et qui croit en celui qui m'a envoyé a la vie éternelle. Il ne vient pas en jugement, mis il est passé de la mort à la vie » (Jean 5, 24).
Du mont Sinaï à la terre entière. Tel est le thème du trajet de notre paroisse pour l'Avent 2015. Partant du Sinaï et du don de la Loi, nous rejoindrons, en fin de parcours de l'Avent, les Mages venus à Bethléem, témoins de la signification universelle de l'Alliance. Aujourd'hui : le Décalogue.
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1) Je suis le Seigneur ton Dieu qui t’ai libéré de l’esclavage.
2) Tu n’auras pas d’autres dieux que moi ;
tu ne te feras pas d’images pour te prosterner devant elles
et pour les servir, car je suis le Seigneur ton Dieu.
3) Tu ne prononceras pas à tort le nom du Seigneur ton Dieu.
4) Souviens-toi du jour du repos pour le sanctifier.
5) Honore ton père et ta mère.
6) Tu ne commettras pas de meurtre.
7) Tu ne commettras pas d’adultère.
8) Tu ne commettras pas de vol.
9) Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain.
10) Tu ne convoiteras rien de ce qui appartient à ton prochain.
(d’après Exode 20 – cf. Deutéronome 5)
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Dix paroles pour résumer la Loi de Dieu, qui se résume encore en deux paroles : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force » (Deutéronome 6, 5). « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lévitique 19, 18), puis en une, aimer le prochain (cf. Galates 5, 14), qui se décline en : « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux, car c'est la loi et les prophètes. » (Matthieu 7:12 ; cf. Luc 6, 31) – « Ce que tu ne voudrais pas que l'on te fît, ne l'inflige pas à autrui. C'est là toute la Torah, le reste n'est que commentaire. Maintenant, va et étudie » (Hillel, Talmud de Babylone, traité Shabbat 31a).
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1) Je suis le Seigneur ton Dieu qui t’ai libéré de l’esclavage. C'est Dieu le libérateur, pas un homme, fût-ce Moïse, et c'est Dieu qui est la source de la Loi qui libère, pas un homme qui en serait source et garant, comme Hammourabi en Babylonie ou Pharaon en Égypte. Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, est donnée une Loi qui n'a pas d'auteur humain, et à laquelle par conséquent tout humain, fût-il roi ou empereur, doit se tenir (cf. David, pourtant roi, soumis à la Loi, et qui se repend quand il la transgresse – Ps 51). C'est cela qui se développera dans la suite de l'histoire en Droits de l'Homme où tous sont égaux devant la Loi, même les gouvernants, même les rois.
2) Tu n’auras pas d’autres dieux que moi ; tu ne te feras pas d’images pour te prosterner devant elles et pour les servir, car je suis le Seigneur ton Dieu. Ce Dieu libérateur, que personne n'a vu, est irreprésentable. Il est le seul Dieu et il est au-dessus de tout ce qu'on peut en imaginer, et donc en représenter. Quelque image qu'on en fasse, image visible ou image mentale, en est une représentation fausse.
3) Tu ne prononceras pas à tort le nom du Seigneur ton Dieu. Cf. la prière juive qui est celle de Jésus : « Que ton Nom soit sanctifié », sanctifié c'est-à-dire mis à part, ne pouvant être mêlé à nos affaires. Un nom qu'on ne peut pas s'approprier. Un Nom qui est au-dessus de tout ce qu'on peut prononcer. Le judaïsme s'en tient à dire « mon Seigneur », disant simplement notre relation, il est notre Seigneur, avec celui qui est au-dessus de tout ce qu'on peut en dire.
4) Souviens-toi du jour du repos pour le sanctifier. C'est d'abord un précepte religieux, dont le judaïsme reste jusqu'à aujourd'hui le témoin : un espace mis à part dans le temps pour dire que Dieu est au-delà de l'agitation de nos temps et de nos « faire » dans le temps. Le commandement a aussi une portée sociale et morale (enviée dans l'Antiquité par les peuples qui n’avaient pas ce privilège) : chacun a droit au repos, y compris au repos intérieur, ce qui est en rapport avec la parole d'accueil et de pardon et de grâce : « je t'aime d'un amour éternel et je te garde ma miséricorde » – Ésaïe 54, 10.
5) Honore ton père et ta mère. Il s'agit de donner à ceux à qui l'on est redevable de ce que l'on est tout leur poids et leur dignité, c'est cela « honorer ». À commencer par les parents, mais ça vaut aussi de tous ceux dont on a reçu, comme les maîtres, intellectuels ou spirituels, etc. Cela suppose aussi reconnaissance, et reconnaissance de la nécessité d'un vécu digne (dans la vieillesse) incluant accompagnement financier (nos caisses de retraite en sont nées) et affectif. Cela ne veut pas dire qu'ils sont parfaits ! Ils peuvent être coupables de fautes – éventuellement graves. Eux aussi sont sujets à la Loi au-dessus de laquelle n'est personne. Eux aussi sont sujets de recevoir le pardon.
6) Tu ne commettras pas de meurtre. Le commandement semble évident. Mais il ne faut pas négliger sa dimension intérieure, son enracinement et son commencement, que rappelle Jésus : « Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens : Tu ne tueras point [...]. Mais moi, je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère [...] » (Matthieu 5, 21-22). Le commandement se rattache aussi à l'atteinte à la créature faite à l'image de Dieu, l'humain : il est déshonorant pour le Nom de Dieu de porter atteinte à celui, l'humain, qui en porte l'image.
7) Tu ne commettras pas d’adultère. Il est ici question d'atteinte au prochain dont on méprise et trahit les attachements et les sentiments. Il est question aussi de la blessure infligée envers celui ou celle avec avec qui on s'est engagé, à qui on a donné sa promesse, ne serait-ce qu'en prononçant « je t'aime » : « si le "je t’aime" est toujours, à beaucoup d’égards, l’annonce d’un "je t’aime pour toujours", c’est qu’en effet il fixe le hasard dans le registre de l’éternité. [...] Une des rares expériences où, à partir d’un hasard inscrit dans l’instant, vous tentez une proposition d’éternité. "Toujours" est le mot par lequel, en fait, on dit l’éternité. » (Alain Badiou, Éloge de l'amour, p. 53-54). Ici aussi, comme pour le meurtre, l’enracinement est intérieur : « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras point d’adultère. Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur » (Matthieu 5, 27-28) – renvoyant chacun à lui-même.
8) Tu ne commettras pas de vol. On peut traduire le mot pour « vol » par « rapt ». Il s'agit d'abord de « vol » de personne. Mais cela peut bien sûr s'entendre de vol de ce à quoi une personne est attachée, jusqu'à des biens. On sait l’impression de viol que ressent une personne qui a été cambriolée. Porter atteinte à autrui, à sa personne, à ses proches, à ses biens, est une façon de porter atteinte à l'intégrité de l'humain fait selon l’image de Dieu.
9) Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain. À ne pas traduire trop vite par « tu ne mentiras pas ». Le précepte est plus précis : il vise le mensonge contre son prochain, visant éventuellement à le faire condamner. C'est une atteinte à son honneur, pour laquelle la Torah prévoit de donner à celui qui veut faire condamner son prochain faussement la punition qu'il aurait encouru. Le commandement ne vise pas, par exemple, le mensonge qui serait proféré pour protéger son prochain (par exemple en le cachant en cas de persécution). Le commandement ne vise pas non plus à culpabiliser un enfant qui se cache derrière un mensonge pour se protéger, même si ce travers, commun à tous les âges, demande à n'être pas encouragé et à être pardonné, comme toute expression de notre tortuosité.
10) Tu ne convoiteras rien de ce qui appartient à ton prochain. Ce commandement (qui a parfois été divisé en deux : ne pas convoiter les personnes et ne pas convoiter les biens, pour faire dix paroles quand la première parole du décalogue – Je suis le Seigneur ton Dieu qui t’ai libéré de l’esclavage – est reçue comme préambule) ; ce commandement ramène tous les autres à l'intériorité, et souligne la portée pédagogique de la Loi : nous amener à reconnaître que nous en sommes tous transgresseurs : qui n'a pas convoité ? Ici il n'y a pas de sanction légale possible : on ne met pas en prison quelqu'un qui a convoité sans être passé à l'acte ! Mais il y a un appel à chacun à faire retour sur soi, se savoir pécheur pour obtenir de Dieu le pardon, la parole de la grâce : « je t'aime d'un amour éternel et je te garde ma miséricorde » (Ésaïe 54, 10), au-delà de ce que tu peux avoir fait ou avoir été tenté de faire. « Celui qui écoute ma parole et qui croit en celui qui m'a envoyé a la vie éternelle. Il ne vient pas en jugement, mis il est passé de la mort à la vie » (Jean 5, 24).
RP, Poitiers, 29/11/15
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