Proverbes 31, 10-31 ; Psaume 128 ; 1 Thessaloniciens 5, 1-6 ; Matthieu 25, 14-30
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Matthieu 25, 14-30
Le maître s'est éloigné. Les serviteurs sont seuls. Dans ce temps d'absence, n'ayez pas peur. C'est un des enseignements importants de notre parabole, dite « des talents ».
Hors la Présence (i.e. « Parousie ») du Maître, les serviteurs demeurent — nous demeurons — dans ce temps intermédiaire, dans le provisoire. Mais la tentation, alors que le Maître semble tarder, est de finir par s'imaginer que ce provisoire est du définitif. Alors on s'endort, comme si ce monde ne devait pas passer. C'est en tout cas ce que l'on est tenté d'imaginer, ce qu'est tenté d'imaginer le mauvais serviteur… jusqu'au retour du maître.
Si l'on n'est pas dans le provisoire, si l'on est dans le définitif, alors, effectivement les dons qui nous sont faits peuvent ne l'être que pour notre bien propre et définitif. Alors on peut s'imaginer que les talents qui sont les nôtres sont destinés à être préservés, mis de côté.
« Talent ». Voilà un mot qui a eu du succès, grâce à notre parabole. « Avoir du talent » : à quoi vous fait penser cette expression ? Être doué. À l'époque biblique le mot signifie, au sens littéral, avoir de l’argent : un talent équivaut à peu près, si j’ai bien compris, à 800 euros.
Autant dire que le maître laisse à ses serviteurs un certain pécule, qui effectivement est l'image de nos dons, de nos capacités.
Or nous sommes dans un temps intermédiaire, et passé un certain délai, passé un temps qui peut prendre fin d'un moment à l'autre, les talents qui nous sont confiés ne servent plus à rien. « Votre or rouille » dit l’Epître de Jacques, qui sait très bien qu’en termes chimiques, ce n’est pas le cas !
Lors de la crise économique de 1929, le fameux krash de Wall Street, effondrement mondial des valeurs boursières, l'argent s'est mis à perdre sa valeur de façon hémorragique. Rien — aujourd'hui on est bien placé pour le savoir à nouveau —, rien n'empêche que cela se reproduise. L'argent peut se mettre très rapidement à ne valoir plus rien. Le papier à avoir la valeur du papier. Un billet de cent euros à ne valoir pas plus que son équivalent papier.
Voilà qui permet de saisir pourquoi il est dit mauvais serviteur. Parce qu'il donne à son maître du papier, ou, à l'époque, du métal. Thésauriser, sans plus, revient à faire tout bonnement comme lui. Mais me direz-vous, comment ne pas le comprendre ? On ne sait jamais, avec la crise… les temps sont durs… que sera le lendemain ? etc. C'est là que s'esquisse ce sens de la parabole : n'ayez pas peur ! La figure de ce mauvais serviteur de la parabole devient alors une façon de nous encourager. Ne faites pas comme lui, n'ayez pas peur.
Rendre au maître le papier, ou les talents qu'il nous a confiés, comme si le temps de leur valeur devait ne jamais cesser, revient à le voler, tout simplement. En ce sens qu'il nous a confié quelque chose doté d'une valeur provisoire, mais réelle en ce temps provisoire, valeur qui consiste en ce temps intermédiaire tout simplement en un pouvoir de transformation, de développement et d'enrichissement via l’investissement pour l’embellissement du monde, et voilà que nous lui rendons ce qui dans le temps nouveau et éternel n'est que du papier, avec seule valeur celle du papier — prétendant en plus que de toute façon avec la richesse qui est la sienne, peu lui importe, il peut donner valeur infinie à du papier. Cela revient simplement à gaspiller ses talents, qui auraient pu produire et multiplier.
C'est comme un enfant à qui vous confieriez des barres de pâte à modeler en lui laissant le soin d'en faire des figurines en vue de la préparation de la fête de Noël, par exemple, et qui vous rendrait les barres intactes, vous disant qu'il sait bien que vous êtes capables de toute façon de faire des figurines vous-mêmes, aussi bien avec une autre matière que de la pâte à modeler, alors… à quoi bon, — d'autant plus qu'il sait qu'il est maladroit et qu'il craint que vous ne jugiez sévèrement son œuvre ou qu'il ait gâché la pâte. Cela comme s'il considérait la pâte à modeler comme plus précieuse que le projet que vous aviez en vue.
Ou encore un poète à qui l’on confierait les lettres de l’alphabet et qui les rendrait telles quelles, après les avoir soigneusement rangées dans un classeur. On peut donner nombre d’exemples. Quant à chacun de nous, quel est le matériau donné aux capacités qui sont les nôtres ?
Pour revenir à l'image financière, l'attitude du mauvais serviteur — que l’on retrouve dans la figure de celui qui rend son papier où est marqué cent euros, ou l’enfant sa barre de pâte à modeler, le poète ses lettres, etc. —, revient à avoir préféré l'idolâtrie de ce qui passe à la foi en Dieu qui peut donner et ôter valeur à ce qui passe.
Ayant fait le détour actualisé de la lettre de la parabole, on comprend bien ce qu'il en est des serviteurs fidèles dont elle parle. Ils n'ont pas cru que le temps intermédiaire était définitif, c'est-à-dire qu'ils ont cru vraiment au retour du maître, qui s'avère ici avoir lieu pourtant « longtemps après » (v. 19).
Ils n'ont donc idolâtré ni le temps intermédiaire, ni ses valeurs, pourtant fondées sur le pouvoir de Dieu. Y a-t-il plus grand manque de gratitude envers un bienfaiteur que de le confondre avec ses bienfaits ? Y a-t-il plus grande tristesse que de n'être aimé que pour son argent et ses biens ? — au point de donner à son bienfaiteur la valeur du papier qu'il nous confie… papier bien digne d'être enterré, caché dans un trou.
Les bons serviteurs ont clairement distingué le maître et ses talents, et ont donc été à même de faire valoir ses talents, comme on doit faire de toute chose provisoire. Le provisoire est fait pour circuler, fructifier, sinon il pourrit, comme toutes les idoles — ce provisoire qui se prend pour du définitif.
En sachant que le maître seul est de l'Éternité, les bons serviteurs se sont mis en mesure de vraiment le servir dans le provisoire, et même de devenir aptes à le servir dans le temps nouveau qui se met en place, préparant sa venue… On pourrait peut-être dire tout simplement : ils se sont mis en mesure de le louer. Car que sont ces grandes choses-là que le maître leur confie, sachant qu'ils ont su gérer les choses provisoires ? En tout cas, sachant qu'ils ne confondent pas le maître avec ses dons, ils ont prouvé leur aptitude à le louer en vérité.
Remarquons aussi un détail non-négligeable : les bons serviteurs sont dès le départ du maître, doués de plus de talents, comme ayant plus de capacités à les recevoir. Comme quoi, gérer convenablement ce que nous confie le maître est lié à un terreau, qui se cultive aussi. À nous de cultiver notre nature, chose de ce temps de façon à y devenir de bons gestionnaires. À nous de veiller dans les plus petites choses. Suis-je idolâtre de Mammon, suis-je arrêté par quelque peur ou prétendue peur de mal faire ? Autant de manques de capacité à gérer les talents que le maître nous confie, qu'il s'agit de corriger, où il s'agit de s'interroger.
Et si nous tenons à ne pas nous remettre en question, à demeurer dans la peur, avec une fausse vision d'un maître-fouettard, alors cette parabole nous dit : n'ayez pas peur ! Et déjà, n'enterrons pas nos maigres talents ; et si d'autres les font fructifier — dans la parabole l'image de la banque : prêter la pâte à modeler à quelqu'un d'autre qui en fera quelque chose — soyons-en reconnaissants !
Reste quand même, et c'est encore mieux, la possibilité de nous en remettre avec confiance au Maître, lui demandant de nous aider à développer nos capacités, car ce sont là des choses du temps, pour devenir de bons gestionnaires des talents d'éternité qu'il entend nous confier.
Et n'ayons pas peur de nous lancer, de nous salir les mains à cette pâte graisseuse, pour voir naître entre nos doigts poisseux les premiers fruits du Royaume promis. Car il ne s’agit pas de rester les yeux levés vers le ciel de celui qui s’est comme absenté, mais de se tourner vers le monde pour l’enrichir des talents que nous a confiés celui dont on attend la venue…
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Matthieu 25, 14-30
14 "Il en va comme d’un homme qui, partant en voyage, appela ses serviteurs et leur confia ses biens.
15 A l’un il remit cinq talents, à un autre deux, à un autre un seul, à chacun selon ses capacités ; puis il partit. Aussitôt
16 celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla les faire valoir et en gagna cinq autres.
17 De même celui des deux talents en gagna deux autres.
18 Mais celui qui n’en avait reçu qu’un s’en alla creuser un trou dans la terre et y cacha l’argent de son maître.
19 Longtemps après, arrive le maître de ces serviteurs, et il règle ses comptes avec eux.
20 Celui qui avait reçu les cinq talents s’avança et en présenta cinq autres, en disant : Maître, tu m’avais confié cinq talents ; voici cinq autres talents que j’ai gagnés.
21 Son maître lui dit : C’est bien, bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle en peu de choses, sur beaucoup je t’établirai ; viens te réjouir avec ton maître.
22 Celui des deux talents s’avança à son tour et dit : Maître, tu m’avais confié deux talents ; voici deux autres talents que j’ai gagnés.
23 Son maître lui dit : C’est bien, bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle en peu de choses, sur beaucoup je t’établirai ; viens te réjouir avec ton maître.
24 S’avançant à son tour, celui qui avait reçu un seul talent dit : Maître, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes où tu n’as pas semé, tu ramasses où tu n’as pas répandu ;
25 par peur, je suis allé cacher ton talent dans la terre : le voici, tu as ton bien.
26 Mais son maître lui répondit : Mauvais serviteur, timoré ! Tu savais que je moissonne où je n’ai pas semé et que je ramasse où je n’ai rien répandu.
27 Il te fallait donc placer mon argent chez les banquiers : à mon retour, j’aurais recouvré mon bien avec un intérêt.
28 Retirez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui a les dix talents.
29 Car à tout homme qui a, l’on donnera et il sera dans la surabondance ; mais à celui qui n’a pas, même ce qu’il a lui sera retiré.
30 Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres du dehors : là seront les pleurs et les grincements de dents.
*
Le maître s'est éloigné. Les serviteurs sont seuls. Dans ce temps d'absence, n'ayez pas peur. C'est un des enseignements importants de notre parabole, dite « des talents ».
Hors la Présence (i.e. « Parousie ») du Maître, les serviteurs demeurent — nous demeurons — dans ce temps intermédiaire, dans le provisoire. Mais la tentation, alors que le Maître semble tarder, est de finir par s'imaginer que ce provisoire est du définitif. Alors on s'endort, comme si ce monde ne devait pas passer. C'est en tout cas ce que l'on est tenté d'imaginer, ce qu'est tenté d'imaginer le mauvais serviteur… jusqu'au retour du maître.
Si l'on n'est pas dans le provisoire, si l'on est dans le définitif, alors, effectivement les dons qui nous sont faits peuvent ne l'être que pour notre bien propre et définitif. Alors on peut s'imaginer que les talents qui sont les nôtres sont destinés à être préservés, mis de côté.
« Talent ». Voilà un mot qui a eu du succès, grâce à notre parabole. « Avoir du talent » : à quoi vous fait penser cette expression ? Être doué. À l'époque biblique le mot signifie, au sens littéral, avoir de l’argent : un talent équivaut à peu près, si j’ai bien compris, à 800 euros.
Autant dire que le maître laisse à ses serviteurs un certain pécule, qui effectivement est l'image de nos dons, de nos capacités.
Or nous sommes dans un temps intermédiaire, et passé un certain délai, passé un temps qui peut prendre fin d'un moment à l'autre, les talents qui nous sont confiés ne servent plus à rien. « Votre or rouille » dit l’Epître de Jacques, qui sait très bien qu’en termes chimiques, ce n’est pas le cas !
Lors de la crise économique de 1929, le fameux krash de Wall Street, effondrement mondial des valeurs boursières, l'argent s'est mis à perdre sa valeur de façon hémorragique. Rien — aujourd'hui on est bien placé pour le savoir à nouveau —, rien n'empêche que cela se reproduise. L'argent peut se mettre très rapidement à ne valoir plus rien. Le papier à avoir la valeur du papier. Un billet de cent euros à ne valoir pas plus que son équivalent papier.
Voilà qui permet de saisir pourquoi il est dit mauvais serviteur. Parce qu'il donne à son maître du papier, ou, à l'époque, du métal. Thésauriser, sans plus, revient à faire tout bonnement comme lui. Mais me direz-vous, comment ne pas le comprendre ? On ne sait jamais, avec la crise… les temps sont durs… que sera le lendemain ? etc. C'est là que s'esquisse ce sens de la parabole : n'ayez pas peur ! La figure de ce mauvais serviteur de la parabole devient alors une façon de nous encourager. Ne faites pas comme lui, n'ayez pas peur.
Rendre au maître le papier, ou les talents qu'il nous a confiés, comme si le temps de leur valeur devait ne jamais cesser, revient à le voler, tout simplement. En ce sens qu'il nous a confié quelque chose doté d'une valeur provisoire, mais réelle en ce temps provisoire, valeur qui consiste en ce temps intermédiaire tout simplement en un pouvoir de transformation, de développement et d'enrichissement via l’investissement pour l’embellissement du monde, et voilà que nous lui rendons ce qui dans le temps nouveau et éternel n'est que du papier, avec seule valeur celle du papier — prétendant en plus que de toute façon avec la richesse qui est la sienne, peu lui importe, il peut donner valeur infinie à du papier. Cela revient simplement à gaspiller ses talents, qui auraient pu produire et multiplier.
C'est comme un enfant à qui vous confieriez des barres de pâte à modeler en lui laissant le soin d'en faire des figurines en vue de la préparation de la fête de Noël, par exemple, et qui vous rendrait les barres intactes, vous disant qu'il sait bien que vous êtes capables de toute façon de faire des figurines vous-mêmes, aussi bien avec une autre matière que de la pâte à modeler, alors… à quoi bon, — d'autant plus qu'il sait qu'il est maladroit et qu'il craint que vous ne jugiez sévèrement son œuvre ou qu'il ait gâché la pâte. Cela comme s'il considérait la pâte à modeler comme plus précieuse que le projet que vous aviez en vue.
Ou encore un poète à qui l’on confierait les lettres de l’alphabet et qui les rendrait telles quelles, après les avoir soigneusement rangées dans un classeur. On peut donner nombre d’exemples. Quant à chacun de nous, quel est le matériau donné aux capacités qui sont les nôtres ?
Pour revenir à l'image financière, l'attitude du mauvais serviteur — que l’on retrouve dans la figure de celui qui rend son papier où est marqué cent euros, ou l’enfant sa barre de pâte à modeler, le poète ses lettres, etc. —, revient à avoir préféré l'idolâtrie de ce qui passe à la foi en Dieu qui peut donner et ôter valeur à ce qui passe.
*
Ayant fait le détour actualisé de la lettre de la parabole, on comprend bien ce qu'il en est des serviteurs fidèles dont elle parle. Ils n'ont pas cru que le temps intermédiaire était définitif, c'est-à-dire qu'ils ont cru vraiment au retour du maître, qui s'avère ici avoir lieu pourtant « longtemps après » (v. 19).
Ils n'ont donc idolâtré ni le temps intermédiaire, ni ses valeurs, pourtant fondées sur le pouvoir de Dieu. Y a-t-il plus grand manque de gratitude envers un bienfaiteur que de le confondre avec ses bienfaits ? Y a-t-il plus grande tristesse que de n'être aimé que pour son argent et ses biens ? — au point de donner à son bienfaiteur la valeur du papier qu'il nous confie… papier bien digne d'être enterré, caché dans un trou.
Les bons serviteurs ont clairement distingué le maître et ses talents, et ont donc été à même de faire valoir ses talents, comme on doit faire de toute chose provisoire. Le provisoire est fait pour circuler, fructifier, sinon il pourrit, comme toutes les idoles — ce provisoire qui se prend pour du définitif.
En sachant que le maître seul est de l'Éternité, les bons serviteurs se sont mis en mesure de vraiment le servir dans le provisoire, et même de devenir aptes à le servir dans le temps nouveau qui se met en place, préparant sa venue… On pourrait peut-être dire tout simplement : ils se sont mis en mesure de le louer. Car que sont ces grandes choses-là que le maître leur confie, sachant qu'ils ont su gérer les choses provisoires ? En tout cas, sachant qu'ils ne confondent pas le maître avec ses dons, ils ont prouvé leur aptitude à le louer en vérité.
Remarquons aussi un détail non-négligeable : les bons serviteurs sont dès le départ du maître, doués de plus de talents, comme ayant plus de capacités à les recevoir. Comme quoi, gérer convenablement ce que nous confie le maître est lié à un terreau, qui se cultive aussi. À nous de cultiver notre nature, chose de ce temps de façon à y devenir de bons gestionnaires. À nous de veiller dans les plus petites choses. Suis-je idolâtre de Mammon, suis-je arrêté par quelque peur ou prétendue peur de mal faire ? Autant de manques de capacité à gérer les talents que le maître nous confie, qu'il s'agit de corriger, où il s'agit de s'interroger.
Et si nous tenons à ne pas nous remettre en question, à demeurer dans la peur, avec une fausse vision d'un maître-fouettard, alors cette parabole nous dit : n'ayez pas peur ! Et déjà, n'enterrons pas nos maigres talents ; et si d'autres les font fructifier — dans la parabole l'image de la banque : prêter la pâte à modeler à quelqu'un d'autre qui en fera quelque chose — soyons-en reconnaissants !
Reste quand même, et c'est encore mieux, la possibilité de nous en remettre avec confiance au Maître, lui demandant de nous aider à développer nos capacités, car ce sont là des choses du temps, pour devenir de bons gestionnaires des talents d'éternité qu'il entend nous confier.
Et n'ayons pas peur de nous lancer, de nous salir les mains à cette pâte graisseuse, pour voir naître entre nos doigts poisseux les premiers fruits du Royaume promis. Car il ne s’agit pas de rester les yeux levés vers le ciel de celui qui s’est comme absenté, mais de se tourner vers le monde pour l’enrichir des talents que nous a confiés celui dont on attend la venue…
RP, 15.11.20 (culte virtuel)
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