Jean 3, 14-18
Une évocation de la figure sombre d’un serpent de bronze pour dire que « Dieu a aimé le monde ». Dans l’Évangile selon Jean, « le monde » — cosmos — est une notion généralement négative. C’est ce qui est illusoire, vain, superficiel (le mot a donné « cosmétique »). Un faux arrangement pour lequel Jésus dit ne pas prier lorsqu’il confie les siens au Père dans son discours d’adieu (Jean 17, 9). Non qu’il le dédaigne : il y envoie les siens !
Car ce monde en souffrance, en proie à toutes les détresses, des guerres aux épidémies, des catastrophes écologiques à la haine, au racisme, à tant de fléaux, Dieu l’a tant aimé « qu’il a donné son Fils unique » ! — « pour que le monde soit sauvé par lui ». Il l’a chéri infiniment, ce monde blessé. Et cet amour du monde se traduit dans le don d’une présence, celle de son Fils, pour un salut qui advient par un simple acte de foi en lui — ce que Jésus vient d’illustrer par l’évocation de l’épisode du serpent de bronze que Moïse avait fait forger pour que quiconque le regarde après avoir été mordu par les serpents venimeux du désert de l’Exode, fût guéri.
Il en est de même de sa crucifixion, vient de dire Jésus : une élévation sur une perche similaire à l’élévation sur une perche du serpent de bronze de Moïse. Le fait que Jésus s’identifie lui-même à cette figure sombre nous dit à quel point il nous rejoint dans nos zones les plus sombres ; disant par là que rien n’est jamais perdu pour personne. Le pire des psychopathes peut être touché dans ses profondeurs les plus sombres, peut y être rejoint et élevé par celui qui a rejoint les plus perdus, atteints jusqu’en leur âme par les serpents venimeux. De nos zones les plus sombres, descendu jusqu’au séjour des morts, il a été élevé à la croix, de sorte que quiconque lève son regard vers lui, croit en lui, ait la vie éternelle, soit sauvé d’une mort comme celle donnée par la morsure d’un serpent venimeux.
Quiconque croit en lui, tel le serpent, élevé de la terre par la croix, a la vie éternelle de la même façon que quiconque regardait le serpent de Moïse était guéri des morsures des serpents. Où la croix, moment de ténèbres dressé vers la lumière, devient l’axe du monde nouveau et éternel. Où l’on retrouve et la Genèse et son commentaire par le Prologue de ce même Évangile de Jean, où le monde est créé dans la lumière de Dieu qui le fait sortir du chaos et des ténèbres.
Quel est cet acte de foi qui reçoit la grâce de Dieu donnée en plénitude dans le signe du don de son Fils ? C’est juste le regard de foi qui, du cœur des ténèbres, du chaos, du péché et de la culpabilité, de la souffrance, bref de l’exil loin de Dieu — se tourne vers la lumière sans crainte, comme les pères au désert mordus par les serpents se tournaient vers le serpent de bronze dressé dans la lumière.
Tel est l’acte de foi ouvert ici : au-delà de toute crainte qui préférerait rester plongée dans les ténèbres et le chaos, dans les œuvres mauvaises déjà absorbées par la mort — se tourner sans crainte vers celui de qui rayonne la lumière éternelle, par lequel le monde vient à son salut, vers celui qui, pendu au bois, élevé de la terre, fait resplendir la lumière en plénitude, en vie éternelle. La foi seule. La plénitude de la grâce y est donnée.
Ainsi, « Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. » Il n’est ici pas besoin d’autre jugement que celui qui a déjà eu lieu : être dans les ténèbres, puis y rester pour n’être né qu’une fois, n’être né qu’à ces ténèbres. Mais en Christ élevé de la terre, le jugement, en quelque sorte s’inverse, devient délivrance par la venue à la lumière, la naissance à la lumière — n’oublions pas qu’on est dans le dialogue de Jésus avec Nicodème, venu de nuit, pour s’entendre annoncer la bonne nouvelle de la naissance d’en-haut. C’est ainsi que le Souffle saint, l’Esprit de Dieu, opère la naissance d’en-haut dans la foi au Fils de Dieu.
On est passé au-delà du jugement de l’ancien monde. Ou plus exactement, ce tournant est le jugement de l’ancien monde, au-delà duquel on passe, par la seule foi en ce qui s’est accompli en Jésus. Le jugement relève d’un passé déjà jugé : qui croit en lui n’est pas jugé ; mais est passé de la mort à la vie, par la libération à l’égard du poids du mal, du péché, de la culpabilité, bref de la puissance de la mort, comme autant d’aboutissements du mal, qui retenaient le monde captif.
Le don de Jésus est le passage de la mort à laquelle, on ne le sait que trop, est voué notre ancien monde, au monde de la résurrection : le monde nouveau et éternel qui prend place par la seule foi en ce qu’en sa mort, Jésus a mis fin à puissance de la mort. Il a partagé la mort qui est la nôtre pour nous faire accéder en sa résurrection à la vie de résurrection. Telle est la création nouvelle.
Recevoir dans la foi le don de la vie de celui qui a partagé notre mort, c’est être passé au-delà du jugement, qui a eu lieu en lui, Jésus, sur sa croix.
Telle est l’immense nouvelle de ce verset central de l’Évangile : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle ».
14 Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l’homme soit élevé,
15 afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle.
16 Dieu, en effet, a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais ait la vie éternelle.
17 Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui.
18 Qui croit en lui n’est pas jugé ; qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
*
Une évocation de la figure sombre d’un serpent de bronze pour dire que « Dieu a aimé le monde ». Dans l’Évangile selon Jean, « le monde » — cosmos — est une notion généralement négative. C’est ce qui est illusoire, vain, superficiel (le mot a donné « cosmétique »). Un faux arrangement pour lequel Jésus dit ne pas prier lorsqu’il confie les siens au Père dans son discours d’adieu (Jean 17, 9). Non qu’il le dédaigne : il y envoie les siens !
Car ce monde en souffrance, en proie à toutes les détresses, des guerres aux épidémies, des catastrophes écologiques à la haine, au racisme, à tant de fléaux, Dieu l’a tant aimé « qu’il a donné son Fils unique » ! — « pour que le monde soit sauvé par lui ». Il l’a chéri infiniment, ce monde blessé. Et cet amour du monde se traduit dans le don d’une présence, celle de son Fils, pour un salut qui advient par un simple acte de foi en lui — ce que Jésus vient d’illustrer par l’évocation de l’épisode du serpent de bronze que Moïse avait fait forger pour que quiconque le regarde après avoir été mordu par les serpents venimeux du désert de l’Exode, fût guéri.
Il en est de même de sa crucifixion, vient de dire Jésus : une élévation sur une perche similaire à l’élévation sur une perche du serpent de bronze de Moïse. Le fait que Jésus s’identifie lui-même à cette figure sombre nous dit à quel point il nous rejoint dans nos zones les plus sombres ; disant par là que rien n’est jamais perdu pour personne. Le pire des psychopathes peut être touché dans ses profondeurs les plus sombres, peut y être rejoint et élevé par celui qui a rejoint les plus perdus, atteints jusqu’en leur âme par les serpents venimeux. De nos zones les plus sombres, descendu jusqu’au séjour des morts, il a été élevé à la croix, de sorte que quiconque lève son regard vers lui, croit en lui, ait la vie éternelle, soit sauvé d’une mort comme celle donnée par la morsure d’un serpent venimeux.
Quiconque croit en lui, tel le serpent, élevé de la terre par la croix, a la vie éternelle de la même façon que quiconque regardait le serpent de Moïse était guéri des morsures des serpents. Où la croix, moment de ténèbres dressé vers la lumière, devient l’axe du monde nouveau et éternel. Où l’on retrouve et la Genèse et son commentaire par le Prologue de ce même Évangile de Jean, où le monde est créé dans la lumière de Dieu qui le fait sortir du chaos et des ténèbres.
Quel est cet acte de foi qui reçoit la grâce de Dieu donnée en plénitude dans le signe du don de son Fils ? C’est juste le regard de foi qui, du cœur des ténèbres, du chaos, du péché et de la culpabilité, de la souffrance, bref de l’exil loin de Dieu — se tourne vers la lumière sans crainte, comme les pères au désert mordus par les serpents se tournaient vers le serpent de bronze dressé dans la lumière.
Tel est l’acte de foi ouvert ici : au-delà de toute crainte qui préférerait rester plongée dans les ténèbres et le chaos, dans les œuvres mauvaises déjà absorbées par la mort — se tourner sans crainte vers celui de qui rayonne la lumière éternelle, par lequel le monde vient à son salut, vers celui qui, pendu au bois, élevé de la terre, fait resplendir la lumière en plénitude, en vie éternelle. La foi seule. La plénitude de la grâce y est donnée.
Ainsi, « Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. » Il n’est ici pas besoin d’autre jugement que celui qui a déjà eu lieu : être dans les ténèbres, puis y rester pour n’être né qu’une fois, n’être né qu’à ces ténèbres. Mais en Christ élevé de la terre, le jugement, en quelque sorte s’inverse, devient délivrance par la venue à la lumière, la naissance à la lumière — n’oublions pas qu’on est dans le dialogue de Jésus avec Nicodème, venu de nuit, pour s’entendre annoncer la bonne nouvelle de la naissance d’en-haut. C’est ainsi que le Souffle saint, l’Esprit de Dieu, opère la naissance d’en-haut dans la foi au Fils de Dieu.
On est passé au-delà du jugement de l’ancien monde. Ou plus exactement, ce tournant est le jugement de l’ancien monde, au-delà duquel on passe, par la seule foi en ce qui s’est accompli en Jésus. Le jugement relève d’un passé déjà jugé : qui croit en lui n’est pas jugé ; mais est passé de la mort à la vie, par la libération à l’égard du poids du mal, du péché, de la culpabilité, bref de la puissance de la mort, comme autant d’aboutissements du mal, qui retenaient le monde captif.
Le don de Jésus est le passage de la mort à laquelle, on ne le sait que trop, est voué notre ancien monde, au monde de la résurrection : le monde nouveau et éternel qui prend place par la seule foi en ce qu’en sa mort, Jésus a mis fin à puissance de la mort. Il a partagé la mort qui est la nôtre pour nous faire accéder en sa résurrection à la vie de résurrection. Telle est la création nouvelle.
Recevoir dans la foi le don de la vie de celui qui a partagé notre mort, c’est être passé au-delà du jugement, qui a eu lieu en lui, Jésus, sur sa croix.
Telle est l’immense nouvelle de ce verset central de l’Évangile : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle ».
RP, Poitiers, Trinité, 4/06/23
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(Textes du jour : Exode 34, 4-9 ; Psaume 148 ; 2 Corinthiens 13, 11-13 ; Jean 3, 16-18)
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