Ésaïe 50.4-7 ; Psaume 48 ; Philippiens 3.8-14 ; Luc 19.28-44
Luc 19, 28-40
« Vous prendrez du fruit de beaux arbres, des branches de palmier, des rameaux de l'arbre touffu et des saules de rivière ; et vous vous réjouirez, en présence de l'Éternel votre Dieu, durant sept jours » (Lévitique 23, 40). Il s’agit de la fête de Soukkoth — la fête des Cabanes… Les rameaux agités aux cris de « Hosanna » — « donne le salut à présent » — pendant les jours de cette fête de Soukkoth, sont un bouquet de palmes et de feuillages.
Évidemment, notre fête de Rameaux évoque irrésistiblement cette fête de Soukkoth. Et ce n’est pas par hasard.
Sachant qu’on lit à Soukkoth le prophète Zacharie (chapitre 14, 1-21) qui annonce un temps où tous les peuples réunis contre Jérusalem seront finalement vaincus, l’évocation de la fête de Soukkoth comme préfiguration des jours du Messie où l’humanité entière reconnaîtra le Dieu vivant ; du jour où le Messie annoncé par ce même Zacharie (ch. 9, 9) arrivera sur un ânon, — cette évocation est donnée comme signe que l’on le reconnaît ce jour-là en Jésus.
La fête de Soukkoth célèbre un chemin de liberté dont Rameaux annonce aux disciples de Jésus qu’il arrive à son terme avec la terre promise, le Règne de Dieu, enfin en vue. Or la fête de Soukkoth — la fête des Cabanes —, est célébrée au début de l’automne… et pas au temps de la préparation de la Pâque !
Mais voilà que pour l’Évangile, tout se réorganise autour de la croix. Luc n’évoque d’ailleurs plus les Rameaux ! Le temps, pour les disciples, est comme brisé par un nouvel aujourd’hui de Dieu, aujourd’hui éternel. Le nœud du temps s’apprête à être dévoilé. On n’est pas encore à Pâques, après le dimanche de Pâques qui annonce la résurrection de toutes choses, quand l’histoire, qui se poursuit, s’avère être passée par la nuit de la croix. Mais ce pic de l’Histoire se dessine déjà, ce nouveau pivot du temps commence à se dresser.
… La croix : ce nouvel axe de toutes choses autour duquel se réorganise le temps, et donc le temps religieux qui, pour l’Église, place là cette fête de Rameaux.
Vous trouverez tout comme le dit Jésus, dit le texte : « répondez : Le Seigneur en a besoin ». Aujourd’hui, maintenant. Psaume 2, 7 : « Le Seigneur m’a dit : Tu es mon fils ! Je t’ai engendré aujourd’hui. » Et, Psaume 95, 7 : « Il est notre Dieu, Et nous sommes le peuple de son pâturage, Le troupeau que sa main conduit… Oh ! si vous pouviez écouter aujourd’hui sa voix ! » Aujourd’hui, tout de suite.
Aujourd’hui-même : dites : « Le Seigneur en a besoin » ; il renverra l’ânon, ici, tout de suite. Et en effet, les disciples sont partis et ont trouvé l’ânon comme Jésus l’avait dit. Ils le détachent. « Comme ils détachaient l’ânon, ses maîtres leur dirent : Pourquoi détachez-vous l’ânon ? » Eux leur répondirent comme Jésus l'avait dit : « le Seigneur en a besoin ».
Le nouvel axe du temps, avec son avant, cet épisode qui prépare l’ânon renvoyant au livre du prophète Zacharie annonçant le Messie, et son après, après Pâques, se dessine déjà. Notre temps liturgique, où Rameaux annonce Pâques, se présente comme le signe de cela.
Déjà se profile le mont des Oliviers (.v 37) et son jardin d’agonie de Jésus. Tout est en place pour accueillir celui qu’en ce jour on acclame comme le Messie annoncé par Zacharie. Tout est en place pour l’apparition de l’axe du monde, la croix, autour duquel se présente la nouveauté du Royaume du Prince de la paix, humble et monté sur un ânon.
« Béni soit le roi qui vient au nom du Seigneur ! Paix dans le ciel, et gloire dans les lieux très hauts ! » — entonne déjà la foule, qui ignore pour l’heure que ce nouvel axe du temps, qu’elle célèbre déjà, ce point fixe autour duquel pivote l’univers, apparaîtra dans quelques jours, demain, dans quelques heures, en fait déjà ici, tout de suite, comme une croix dressée vers le ciel.
Luc 19, 28-40
28 Après avoir ainsi parlé, Jésus marcha devant la foule, pour monter à Jérusalem.
29 Lorsqu’il approcha de Bethphagé et de Béthanie, vers la montagne appelée montagne des oliviers, Jésus envoya deux de ses disciples,
30 en disant : Allez au village qui est en face ; quand vous y serez entrés, vous trouverez un ânon attaché, sur lequel aucun homme ne s’est jamais assis ; détachez-le, et amenez-le.
31 Si quelqu’un vous demande: Pourquoi le détachez-vous ? vous lui répondrez : Le Seigneur en a besoin.
32 Ceux qui étaient envoyés allèrent, et trouvèrent les choses comme Jésus leur avait dit.
33 Comme ils détachaient l’ânon, ses maîtres leur dirent : Pourquoi détachez-vous l’ânon ?
34 Ils répondirent : Le Seigneur en a besoin.
35 Et ils amenèrent à Jésus l’ânon, sur lequel ils jetèrent leurs vêtements, et firent monter Jésus.
36 Quand il fut en marche, les gens étendirent leurs vêtements sur le chemin.
37 Et lorsque déjà il approchait de Jérusalem, vers la descente de la montagne des oliviers, toute la multitude des disciples, saisie de joie, se mit à louer Dieu à haute voix pour tous les miracles qu’ils avaient vus.
38 Ils disaient : Béni soit le roi qui vient au nom du Seigneur ! Paix dans le ciel, et gloire dans les lieux très hauts !
39 Quelques pharisiens, du milieu de la foule, dirent à Jésus : Maître, reprends tes disciples.
40 Et il répondit : Je vous le dis, s’ils se taisent, les pierres crieront !
*
« Vous prendrez du fruit de beaux arbres, des branches de palmier, des rameaux de l'arbre touffu et des saules de rivière ; et vous vous réjouirez, en présence de l'Éternel votre Dieu, durant sept jours » (Lévitique 23, 40). Il s’agit de la fête de Soukkoth — la fête des Cabanes… Les rameaux agités aux cris de « Hosanna » — « donne le salut à présent » — pendant les jours de cette fête de Soukkoth, sont un bouquet de palmes et de feuillages.
Évidemment, notre fête de Rameaux évoque irrésistiblement cette fête de Soukkoth. Et ce n’est pas par hasard.
Sachant qu’on lit à Soukkoth le prophète Zacharie (chapitre 14, 1-21) qui annonce un temps où tous les peuples réunis contre Jérusalem seront finalement vaincus, l’évocation de la fête de Soukkoth comme préfiguration des jours du Messie où l’humanité entière reconnaîtra le Dieu vivant ; du jour où le Messie annoncé par ce même Zacharie (ch. 9, 9) arrivera sur un ânon, — cette évocation est donnée comme signe que l’on le reconnaît ce jour-là en Jésus.
La fête de Soukkoth célèbre un chemin de liberté dont Rameaux annonce aux disciples de Jésus qu’il arrive à son terme avec la terre promise, le Règne de Dieu, enfin en vue. Or la fête de Soukkoth — la fête des Cabanes —, est célébrée au début de l’automne… et pas au temps de la préparation de la Pâque !
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Mais voilà que pour l’Évangile, tout se réorganise autour de la croix. Luc n’évoque d’ailleurs plus les Rameaux ! Le temps, pour les disciples, est comme brisé par un nouvel aujourd’hui de Dieu, aujourd’hui éternel. Le nœud du temps s’apprête à être dévoilé. On n’est pas encore à Pâques, après le dimanche de Pâques qui annonce la résurrection de toutes choses, quand l’histoire, qui se poursuit, s’avère être passée par la nuit de la croix. Mais ce pic de l’Histoire se dessine déjà, ce nouveau pivot du temps commence à se dresser.
… La croix : ce nouvel axe de toutes choses autour duquel se réorganise le temps, et donc le temps religieux qui, pour l’Église, place là cette fête de Rameaux.
Vous trouverez tout comme le dit Jésus, dit le texte : « répondez : Le Seigneur en a besoin ». Aujourd’hui, maintenant. Psaume 2, 7 : « Le Seigneur m’a dit : Tu es mon fils ! Je t’ai engendré aujourd’hui. » Et, Psaume 95, 7 : « Il est notre Dieu, Et nous sommes le peuple de son pâturage, Le troupeau que sa main conduit… Oh ! si vous pouviez écouter aujourd’hui sa voix ! » Aujourd’hui, tout de suite.
Aujourd’hui-même : dites : « Le Seigneur en a besoin » ; il renverra l’ânon, ici, tout de suite. Et en effet, les disciples sont partis et ont trouvé l’ânon comme Jésus l’avait dit. Ils le détachent. « Comme ils détachaient l’ânon, ses maîtres leur dirent : Pourquoi détachez-vous l’ânon ? » Eux leur répondirent comme Jésus l'avait dit : « le Seigneur en a besoin ».
Le nouvel axe du temps, avec son avant, cet épisode qui prépare l’ânon renvoyant au livre du prophète Zacharie annonçant le Messie, et son après, après Pâques, se dessine déjà. Notre temps liturgique, où Rameaux annonce Pâques, se présente comme le signe de cela.
Déjà se profile le mont des Oliviers (.v 37) et son jardin d’agonie de Jésus. Tout est en place pour accueillir celui qu’en ce jour on acclame comme le Messie annoncé par Zacharie. Tout est en place pour l’apparition de l’axe du monde, la croix, autour duquel se présente la nouveauté du Royaume du Prince de la paix, humble et monté sur un ânon.
« Béni soit le roi qui vient au nom du Seigneur ! Paix dans le ciel, et gloire dans les lieux très hauts ! » — entonne déjà la foule, qui ignore pour l’heure que ce nouvel axe du temps, qu’elle célèbre déjà, ce point fixe autour duquel pivote l’univers, apparaîtra dans quelques jours, demain, dans quelques heures, en fait déjà ici, tout de suite, comme une croix dressée vers le ciel.
RP
Poitiers, Rameaux, 24.03.13
Poitiers, Rameaux, 24.03.13
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