Ésaïe 11, 1-10 ; Psaume 72 ; Romains 15, 4-9 ; Matthieu 3, 1-12
Ésaïe 11, 1-10
Romains 15, 4-7
Matthieu 3, 1-6
Nous voici au deuxième dimanche du cycle de l'Avent. Le mot « Avent » vient du latin « Adventus », « La venue ».
De nos jours, l’Avent – comme fête chrétienne – est devenu synonyme de préparation de la fête de la venue de l’enfant Jésus. Mais l’expression « Venue du Christ » reste volontairement ambiguë, parlant à la fois de Noël et des derniers jours – du Jour du Royaume de Dieu, temps du Messie qu'annonce le texte du prophète Ésaïe que nous venons de lire, mais aussi la prédication de Jean le Baptiste, donnée selon les Évangiles bien après la naissance de Jésus.
Dans l'attente de la venue du Royaume promis, se déploie l'histoire de l'Alliance de Dieu avec les hommes, scellée avec Abraham, mais remontant à l'éternité, annoncée aux origines de l'humanité, déjà dite dans le pardon donné au premier couple dans la Genèse, Alliance sans cesse renouvelée avec Israël par la fidélité de Dieu, ouverte à toutes les nations, selon la foi chrétienne par la venue du Christ – célébrée à Noël –, et dont les fruits de paix sont annoncés par les prophètes dans l'espérance du Règne de Dieu accompli au dernier jour – « Il ne se fera ni tort ni dommage Sur toute ma montagne sainte ; Car la terre sera remplie de la connaissance de l’Éternel. »
Ainsi, relecture chrétienne,
– Le premier dimanche de l'Avent a pour thème le retour du Christ aux derniers jours.
– Jean le Baptiste occupe, avec les Prophètes antérieurs une place centrale les deuxième et troisième dimanches de l'Avent.
– Le quatrième dimanche de l'Avent est consacré à l'annonce de la naissance de Jésus et à la joie imminente à l’approche de Noël.
La lecture proposée dans les prophètes est axée sur le changement de vie. Les Évangiles invitent à l’émerveillement et à la joie devant les promesses de Dieu données comme prenant corps en Jésus.
Le temps de l’Avent invite alors chacun et chacune à vivre un cheminement intérieur, à découvrir le sens de la venue du Christ comme enfant à Noël. L’Avent est un appel à accueillir Dieu dans une démarche d’humilité, comme humilité d'un enfant, et à en accepter les implications dans sa vie.
L’origine du déroulement du temps de l’Avent sous la forme que l'on connaît remonte au Ve siècle à Ravenne, en Italie. À cette époque, le dimanche avant la fête de la naissance du Christ était consacré à la préparation de Noël.
Mais déjà auparavant l'Avent est observé au cours du Ve siècle, lorsque l'évêque Perpet de Tours demande qu’à partir de la fête de saint-Martin, le 11 novembre, jusqu’à Noël, on jeûne trois fois par semaine : c’est pour cela que l’Avent est également nommé Carême de saint Martin. Le concile de Mâcon tenu en 581 adopte la pratique de Tours, et bientôt se généralise ce temps de repentance depuis la Saint-Martin jusqu’à Noël. Il est également décidé que les cultes se feraient pendant l'Avent de la même façon que lors du Carême. Au commencement, c’était donc un temps de repentance et de jeûne. C’est pourquoi la couleur liturgique durant l'Avent est la même qu’au temps du Carême : le violet.
Parallèlement, au VIe siècle, une liturgie de l’Avent voit le jour à Rome où l'évêque Grégoire Ier (dit le Grand) fixe le nombre de quatre dimanches du temps de l’Avent.
Dès le VIIIe siècle, le premier dimanche de l’Avent est fêté comme le commencement de l'année liturgique.
La couronne et les bougies sont le symbole de la lumière qui apporte l'espoir de la paix. Avant l'ère chrétienne, elles étaient déjà sources de lumière et de joie. Pensons à la fête juive de Hanoukka, célébrée cette année en même temps de que Noël.
Plus récemment, un pasteur luthérien allemand décida d'allumer chaque jour une bougie disposée sur une roue, pour marquer les 24 jours qui précédent Noël. La roue fût remplacée par une couronne de sapin et les bougies réduites à 4. Elles marquaient ainsi les 4 dimanches qui précédent Noël. Elles symbolisent également les grandes étapes du Salut ; la première est le symbole du pardon accordé à l'homme et à la femme au sortir de l’Éden selon la Genèse ; la seconde est le symbole de la foi d'Abraham avec qui est scellée l'Alliance, et des patriarches qui croient au don de la Terre promise comme paradis ; la troisième est le symbole de la joie de David dont la lignée conduit jusqu'au jour du Royaume et témoigne ainsi de son alliance avec Dieu ; et la quatrième et dernière bougie est le symbole de l'enseignement des prophètes qui annoncent un règne de justice et de paix. Ou encore, elles symbolisent quatre étapes de l'histoire de l'Alliance en sa relecture chrétienne ; la Création, l'Incarnation, la rémission des péchés, en vue de la venue du Règne de Dieu.
Une seule Alliance, qui nous inscrit dans une mission de coopération avec Dieu pour conduire ce monde à la porte d'un paradis, où : « Le nourrisson s’ébattra sur l’antre de la vipère, Et l’enfant sevré mettra sa main dans la caverne du basilic. »
Où : « Il ne se fera ni tort ni dommage Sur toute ma montagne sainte ; Car la terre sera remplie de la connaissance de l’Éternel, Comme le fond de la mer par les eaux qui le couvrent. En ce jour, le rejeton de Jessé sera là comme une bannière pour les peuples ; Les nations se tourneront vers lui, Et la gloire sera sa demeure. » (Ésaïe 11, 8-10)
Rien n'est gagné d'avance de cette mission, de ce combat. D'où l’appel du Baptiste en écho d'Ésaïe : « Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche. […] Préparez le chemin du Seigneur, Aplanissez ses sentiers. » (Mt 3, 2-3)
Un repentir, un aplanissement des sentiers de celui qui vient, le fils de Jessé, annoncé par Ésaïe et que les chrétiens relisent en Jésus. Un repentir possible par la confiance en celui qui promet, celui qui a passé Alliance avec nous. Il s'est engagé à ne pas nous lâcher, par cette Alliance qui remonte à l'éternité où se fonde l'envoi de l'humanité, et qui se scelle dans la promesse à Abraham pour être élargie à toutes les nations par Jésus, qui octroie l'Esprit pour aller vers tous les peuples selon la promesse d'Ésaïe : « la terre sera remplie de la connaissance de l’Éternel, Comme le fond de la mer par les eaux qui le couvrent ».
Alors tout devient possible de ce que prône Paul aux Romains pour la réconciliation de tous (Ro 15, 7-9) : « Accueillez-vous donc les uns les autres, comme Christ vous a accueillis, pour la gloire de Dieu. Je dis, en effet, que Christ a été serviteur des circoncis, pour prouver la véracité de Dieu en confirmant les promesses faites aux pères, tandis que les païens glorifient Dieu à cause de sa miséricorde, selon qu’il est écrit : C’est pourquoi je te louerai parmi les nations, Et je chanterai à la gloire de ton nom. »
Tel est le fruit de l'Alliance dont l'Avent nous rappelle le déploiement comme mission via le repentir que prêchent les prophètes, la techouva, le retour — sans quoi tout pourrait péricliter. Pas besoin d'être grand prophète pour savoir que le monde court à sa perte, d’exploitation sacrificielle des plus pauvres en sacrifices sanglants terroristes ou guerriers. C'est de cela, de cette fuite en avant mortifère qu'il s’agit de revenir. Faites techouva, faites retour, crie le Baptiste après tous les prophètes, revenez, repentez-vous de cette fuite vers la mort. « J'ai mis devant la mort et la vie, choisis la vie afin que tu vives », commande le Deutéronome. C'est où nous sommes aujourd'hui !
Ésaïe 11, 1-10
1 Puis un rameau sortira du tronc de Jessé, Et un rejeton naîtra de ses racines.
2 L’Esprit de l’Éternel reposera sur lui : Esprit de sagesse et d’intelligence, Esprit de conseil et de force, Esprit de connaissance et de crainte de l’Éternel.
3 Il respirera la crainte de l’Éternel ; Il ne jugera point sur l’apparence, Il ne prononcera point sur un ouï-dire.
4 Mais il jugera les pauvres avec équité, Et il prononcera avec droiture sur les malheureux de la terre ; Il frappera la terre de sa parole comme d’une verge, Et du souffle de ses lèvres il fera mourir le méchant.
5 La justice sera la ceinture de ses flancs, Et la fidélité la ceinture de ses reins.
6 Le loup habitera avec l’agneau, Et la panthère se couchera avec le chevreau ; Le veau, le lionceau, et le bétail qu’on engraisse, seront ensemble, Et un petit enfant les conduira.
7 La vache et l’ourse auront un même pâturage, Leurs petits un même gîte ; Et le lion, comme le bœuf, mangera de la paille.
8 Le nourrisson s’ébattra sur l’antre de la vipère, Et l’enfant sevré mettra sa main dans la caverne du basilic.
9 Il ne se fera ni tort ni dommage Sur toute ma montagne sainte ; Car la terre sera remplie de la connaissance de l’Éternel, Comme le fond de la mer par les eaux qui le couvrent.
10 En ce jour, le rejeton de Jessé sera là comme une bannière pour les peuples ; Les nations se tourneront vers lui, Et la gloire sera sa demeure.
Romains 15, 4-7
4 Or, tout ce qui a été écrit d’avance l’a été pour notre instruction, afin que, par la patience, et par la consolation que donnent les Écritures, nous possédions l’espérance.
5 Que le Dieu de la persévérance et de la consolation vous donne d’avoir les mêmes sentiments les uns envers les autres selon Jésus-Christ,
6 afin que tous ensemble, d’une seule bouche, vous glorifiiez le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ.
7 Accueillez-vous donc les uns les autres, comme Christ vous a accueillis, pour la gloire de Dieu.
Matthieu 3, 1-6
1 En ce temps-là parut Jean Baptiste, prêchant dans le désert de Judée.
2 Il disait : Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche.
3 Jean est celui qui avait été annoncé par Ésaïe, le prophète, lorsqu’il dit : C’est ici la voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, Aplanissez ses sentiers.
4 Jean avait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins. Il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.
5 Les habitants de Jérusalem, de toute la Judée et de tout le pays des environs du Jourdain, se rendaient auprès de lui ;
6 et, confessant leurs péchés, ils se faisaient baptiser par lui dans le fleuve du Jourdain.
*
Nous voici au deuxième dimanche du cycle de l'Avent. Le mot « Avent » vient du latin « Adventus », « La venue ».
De nos jours, l’Avent – comme fête chrétienne – est devenu synonyme de préparation de la fête de la venue de l’enfant Jésus. Mais l’expression « Venue du Christ » reste volontairement ambiguë, parlant à la fois de Noël et des derniers jours – du Jour du Royaume de Dieu, temps du Messie qu'annonce le texte du prophète Ésaïe que nous venons de lire, mais aussi la prédication de Jean le Baptiste, donnée selon les Évangiles bien après la naissance de Jésus.
Dans l'attente de la venue du Royaume promis, se déploie l'histoire de l'Alliance de Dieu avec les hommes, scellée avec Abraham, mais remontant à l'éternité, annoncée aux origines de l'humanité, déjà dite dans le pardon donné au premier couple dans la Genèse, Alliance sans cesse renouvelée avec Israël par la fidélité de Dieu, ouverte à toutes les nations, selon la foi chrétienne par la venue du Christ – célébrée à Noël –, et dont les fruits de paix sont annoncés par les prophètes dans l'espérance du Règne de Dieu accompli au dernier jour – « Il ne se fera ni tort ni dommage Sur toute ma montagne sainte ; Car la terre sera remplie de la connaissance de l’Éternel. »
Ainsi, relecture chrétienne,
– Le premier dimanche de l'Avent a pour thème le retour du Christ aux derniers jours.
– Jean le Baptiste occupe, avec les Prophètes antérieurs une place centrale les deuxième et troisième dimanches de l'Avent.
– Le quatrième dimanche de l'Avent est consacré à l'annonce de la naissance de Jésus et à la joie imminente à l’approche de Noël.
La lecture proposée dans les prophètes est axée sur le changement de vie. Les Évangiles invitent à l’émerveillement et à la joie devant les promesses de Dieu données comme prenant corps en Jésus.
Le temps de l’Avent invite alors chacun et chacune à vivre un cheminement intérieur, à découvrir le sens de la venue du Christ comme enfant à Noël. L’Avent est un appel à accueillir Dieu dans une démarche d’humilité, comme humilité d'un enfant, et à en accepter les implications dans sa vie.
L’origine du déroulement du temps de l’Avent sous la forme que l'on connaît remonte au Ve siècle à Ravenne, en Italie. À cette époque, le dimanche avant la fête de la naissance du Christ était consacré à la préparation de Noël.
Mais déjà auparavant l'Avent est observé au cours du Ve siècle, lorsque l'évêque Perpet de Tours demande qu’à partir de la fête de saint-Martin, le 11 novembre, jusqu’à Noël, on jeûne trois fois par semaine : c’est pour cela que l’Avent est également nommé Carême de saint Martin. Le concile de Mâcon tenu en 581 adopte la pratique de Tours, et bientôt se généralise ce temps de repentance depuis la Saint-Martin jusqu’à Noël. Il est également décidé que les cultes se feraient pendant l'Avent de la même façon que lors du Carême. Au commencement, c’était donc un temps de repentance et de jeûne. C’est pourquoi la couleur liturgique durant l'Avent est la même qu’au temps du Carême : le violet.
Parallèlement, au VIe siècle, une liturgie de l’Avent voit le jour à Rome où l'évêque Grégoire Ier (dit le Grand) fixe le nombre de quatre dimanches du temps de l’Avent.
Dès le VIIIe siècle, le premier dimanche de l’Avent est fêté comme le commencement de l'année liturgique.
La couronne et les bougies sont le symbole de la lumière qui apporte l'espoir de la paix. Avant l'ère chrétienne, elles étaient déjà sources de lumière et de joie. Pensons à la fête juive de Hanoukka, célébrée cette année en même temps de que Noël.
Plus récemment, un pasteur luthérien allemand décida d'allumer chaque jour une bougie disposée sur une roue, pour marquer les 24 jours qui précédent Noël. La roue fût remplacée par une couronne de sapin et les bougies réduites à 4. Elles marquaient ainsi les 4 dimanches qui précédent Noël. Elles symbolisent également les grandes étapes du Salut ; la première est le symbole du pardon accordé à l'homme et à la femme au sortir de l’Éden selon la Genèse ; la seconde est le symbole de la foi d'Abraham avec qui est scellée l'Alliance, et des patriarches qui croient au don de la Terre promise comme paradis ; la troisième est le symbole de la joie de David dont la lignée conduit jusqu'au jour du Royaume et témoigne ainsi de son alliance avec Dieu ; et la quatrième et dernière bougie est le symbole de l'enseignement des prophètes qui annoncent un règne de justice et de paix. Ou encore, elles symbolisent quatre étapes de l'histoire de l'Alliance en sa relecture chrétienne ; la Création, l'Incarnation, la rémission des péchés, en vue de la venue du Règne de Dieu.
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Une seule Alliance, qui nous inscrit dans une mission de coopération avec Dieu pour conduire ce monde à la porte d'un paradis, où : « Le nourrisson s’ébattra sur l’antre de la vipère, Et l’enfant sevré mettra sa main dans la caverne du basilic. »
Où : « Il ne se fera ni tort ni dommage Sur toute ma montagne sainte ; Car la terre sera remplie de la connaissance de l’Éternel, Comme le fond de la mer par les eaux qui le couvrent. En ce jour, le rejeton de Jessé sera là comme une bannière pour les peuples ; Les nations se tourneront vers lui, Et la gloire sera sa demeure. » (Ésaïe 11, 8-10)
Rien n'est gagné d'avance de cette mission, de ce combat. D'où l’appel du Baptiste en écho d'Ésaïe : « Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche. […] Préparez le chemin du Seigneur, Aplanissez ses sentiers. » (Mt 3, 2-3)
*
Un repentir, un aplanissement des sentiers de celui qui vient, le fils de Jessé, annoncé par Ésaïe et que les chrétiens relisent en Jésus. Un repentir possible par la confiance en celui qui promet, celui qui a passé Alliance avec nous. Il s'est engagé à ne pas nous lâcher, par cette Alliance qui remonte à l'éternité où se fonde l'envoi de l'humanité, et qui se scelle dans la promesse à Abraham pour être élargie à toutes les nations par Jésus, qui octroie l'Esprit pour aller vers tous les peuples selon la promesse d'Ésaïe : « la terre sera remplie de la connaissance de l’Éternel, Comme le fond de la mer par les eaux qui le couvrent ».
Alors tout devient possible de ce que prône Paul aux Romains pour la réconciliation de tous (Ro 15, 7-9) : « Accueillez-vous donc les uns les autres, comme Christ vous a accueillis, pour la gloire de Dieu. Je dis, en effet, que Christ a été serviteur des circoncis, pour prouver la véracité de Dieu en confirmant les promesses faites aux pères, tandis que les païens glorifient Dieu à cause de sa miséricorde, selon qu’il est écrit : C’est pourquoi je te louerai parmi les nations, Et je chanterai à la gloire de ton nom. »
Tel est le fruit de l'Alliance dont l'Avent nous rappelle le déploiement comme mission via le repentir que prêchent les prophètes, la techouva, le retour — sans quoi tout pourrait péricliter. Pas besoin d'être grand prophète pour savoir que le monde court à sa perte, d’exploitation sacrificielle des plus pauvres en sacrifices sanglants terroristes ou guerriers. C'est de cela, de cette fuite en avant mortifère qu'il s’agit de revenir. Faites techouva, faites retour, crie le Baptiste après tous les prophètes, revenez, repentez-vous de cette fuite vers la mort. « J'ai mis devant la mort et la vie, choisis la vie afin que tu vives », commande le Deutéronome. C'est où nous sommes aujourd'hui !
RP, Poitiers, 2e avent, 4/12/16
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