Deutéronome 4.32-40 ; Psaume 33 ; Romains 8.14-17 ; Matthieu 28.16-20
Deutéronome 4, 32-40
Matthieu 28, 16-20
« Observe les lois et les commandements que je te prescris aujourd’hui » (Dt 4, 40), parole adressée à Israël depuis la Montagne — « enseignez aux nations à observer tout ce que je vous ai prescrit » (Mt 28, 20), parole adressée aux nations, depuis la Montagne où se trouvent les Onze disciples. C’est la différence entre les deux textes : élargissement aux nations.
Mais qu’en est-il du contenu de ce qui est à observer ? Qu’est-ce que le Christ a prescrit ?
On le trouve par ex. en Matthieu 5, 18-19 : « je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre […]. — Donc qui supprimera l’un de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux ; mais qui les observera, et qui enseignera à les observer, sera appelé grand dans le royaume des cieux. »
Jésus vient de dire, juste avant cet appel à la pratique de la Loi : « ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir, c'est-à-dire, littéralement, observer pleinement » (Mt 5, 17).
C'est là ce qu’il a prescrit ! Observer la Loi jusqu’en ses plus petits préceptes, contrairement à la tentation commune qui revient à considérer que Jésus en ayant rempli l’enseignement, il n’y aurait plus à l’observer ! Au contraire, il s'agit de la pratiquer, d’y fonder un comportement libre, y sourcer notre éthique, notre morale.
Les paroles d’envoi du Ressuscité sont données par Matthieu comme s'inscrivant dans cette lignée là. Alors quelle est notre observance d’une loi qui non seulement n’est pas abolie, mais sachant que son cœur est ce qu’a prescrit Jésus, concerne dès lors, suite à l’envoi des disciples, toutes les nations et pas seulement Israël ?
C’est ce qu’on va essayer de percevoir : selon Matthieu, ces paroles du Ressuscité sont données dans les années 30, donc avant la destruction du Temple, avant l’an 70. Le retour de l’exil de 586 à Babylone avait laissé le pays sous la souveraineté de la Perse, puis des divers empires, malgré quelques moments de résistance glorieux comme sous les Grecs.
Mais pas de réintégration totale et définitive de la souveraineté. Plus de royaume actuel ni en vue, au point que Jean le Baptiste annonce encore, au temps romain, la fin prochaine de l’exil (fin qui n’a donc pas vraiment eu lieu) et la venue du Royaume. Au point qu’au début du livre des Actes des Apôtres (ch. 1, v. 6), les disciples interrogent encore le Ressuscité sur le jour de la restauration du Royaume d’Israël !
Après 70, cette perte de souveraineté devient définitive. Les rites célébrés autour du Temple, désormais détruit, ne pourront plus être observés. Le judaïsme rabbinique recentre alors le culte autour de la Torah. Le christianisme en gestation se réorganise autour de la vie du Christ (ce qui structurera notre année liturgique).
La lecture des Évangiles s'inscrit alors dans la tradition juive de lecture des Écritures comme culte en exil, méditation des Écritures comme mémoire d’éternité ; cela ne peut se faire qu’en regard positif permanent de sa source, la Bible hébraïque, veillant à éviter les contresens qui verraient dans les tensions internes au Nouveau Testament celles d'un conflit judéo-chrétien, alors que le christianisme comme religion n'existe pas encore au temps du Nouveau Testament !
Mais, trouble annoncé par les doutes des Onze (v. 17), très vite, selon l’envoi aux nations de notre texte, le nombre de disciples non-juifs de Jésus augmente, et cela dès le Nouveau Testament, non-juifs desquels classiquement en judaïsme il n'est pas requis qu'ils observent les rites de la Torah, qui concernent les juifs (c’est enseigné par la tradition juive, qui prévoit pour les « craignants Dieu » la seule observance de la loi de Noé). Paul, notamment, s'inscrit dans cette perspective, qui verra plus tard se développer un christianisme séparé du judaïsme, ipso facto dispensé des rites propres au judaïsme (mais cela s’est fait au prix d’un débat avec l'Église de Jérusalem, qui entend rester fidèle à l’envoi du Ressuscité en Mt 28). Il est clair que l'option retenue en Actes 15, est cette option, provisoire, en vue de la prochaine venue du Royaume.
Puis, il y eut 70 et la destruction du 2e Temple, renvoyant sine die l'avènement du Royaume, inscrit dès lors dans la seule intériorité, selon que le Règne de Dieu est au milieu, ou à l’intérieur de vous…
Sachant donc que, comme chrétiens, on n’observe pas un certain nombre de préceptes pourtant bien inscrits dans la Bible hébraïque, et que gardent les juifs, se pose à nouveau la question de ce qu'il y a à observer, notamment au plan moral. La réponse la plus connue passe par le Décalogue, qui semble conservé, via une lecture de la Bible hébraïque orientée vers la venue du Christ. On observe donc au moins le Décalogue… Quoique ! Sont-ils vraiment observés ces « dix commandements » ?
L’observance chrétienne des « dix commandements » s’avère problématique dès qu’on les aborde de façon concrète. Qu'en est-il d’une observance chrétienne du Shabbat, par exemple ?
La difficulté apparaît à travers le débat qui s’est levé dans certains courants du protestantisme, où l’on s’est attaché à observer le dimanche comme un Shabbat, ce que le dimanche n’est pas. Le débat a débouché pour certains sur la décision d’observer vraiment le Shabbat, et cela le jour du Shabbat, le samedi. Ceux-là sont parfois appelés « sabbatistes ». Les plus connus en France de ce courant sont les adventistes du 7e jour, aujourd’hui membres de la Fédération protestante de France.
L’option « sabbatiste » ne l’a cependant pas majoritairement emporté, on le sait. L’approche la plus commune consiste à retenir l’aspect moral et social du Shabbat — qui existe, souligné par le Deutéronome (5, 14-15), mais qui ne résume pas tout le commandement et sa dimension cérémonielle, soulignée par l’Exode (20, 11), de signe de Dieu.
On pourrait aussi mentionner le commandement sur les représentations (« tu ne te feras pas d’images cultuelles »), que plusieurs courants du christianisme historique (courants majoritaires) estiment ne pas concerner les chrétiens et leurs images du Christ et des personnages historiques de la tradition.
Qu’en est-il donc de l’observance chrétienne de la Loi biblique, observance prescrite par Jésus ?
La Réforme a enseigné de distinguer trois aspects de la Loi : l’aspect moral, l’aspect cérémoniel et l’aspect judiciaire.
L’aspect judiciaire est cet aspect de la Loi qui, selon sa primauté par rapport aux pouvoirs, se concrétise dans une vie de la Cité gérée de façon jurisprudentielle, donc souple. Il en ressort que cet aspect est perçu, quant à la lettre de la Loi, comme correspondant à des temps et à des traditions données : par exemple les formes de gouvernements, qui sont variables selon les lieux (sachant en outre qu’on n'est plus avant l’exil de 586 av. JC et que la souveraineté politique, davidique, est perdue).
La même chose quant à l’aspect cérémoniel (les cérémonies religieuses de la Loi) aspect perçu lui aussi, quant à sa lettre, comme correspondant à des temps et à des traditions données. Dans cette perspective, la pratique varie selon les lieux, les temps et les circonstances. Ainsi, quant à l’aspect cérémoniel, on ne pratique pas aujourd’hui de sacrifices d’animaux dans le Temple de Jérusalem — de toute façon détruit (on est désormais après l'an 70) ; les sacrifices correspondant pourtant à des commandements cérémoniels dont le judaïsme demeure le témoin (par son fondement strict dans la Torah, puisqu’il ne peut plus les pratiquer littéralement non plus). Une perspective calvinienne considère que dans un cadre chrétien, la variabilité des rites vaut pour tout commandement en son aspect cérémoniel — lié à des temps, des lieux, des traditions. À l’instar de l’aspect judiciaire.
En revanche l’aspect moral, comme norme idéale, comme visée de perfection, propre à orienter une éthique juste, n’est pas sujet aux variations des temps et des lieux, même si son application s’adapte aux circonstances. L’aspect moral peut être considéré comme se déployant en vertus. À commencer par des vertus communes, comme vertus dites naturelles — avec cependant cette caractéristique, dans la perspective chrétienne, d’être enracinées dans une nature perçue en regard de la Bible. La loi naturelle est en quelque sorte « corrigée » — en regard de la Loi biblique.
D’où la permanence de la méditation des Écritures, et de l'attention à ce qu’elles prescrivent et que Jésus est venu souligner, observer, et reprendre comme valant pour toutes les nations.
Au jour où toutes les nations sont appelées à être baptisées, c’est-à-dire intégrées dans l’Alliance, et l’ont largement été — les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, faites de toutes les nations des disciples — c’est-à-dire les appelant à se mettre à l’école — enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit —, devenir disciples d’une morale exigeante comme morale de liberté, celle qu’a vécue et pratiquée Jésus. C’est ce témoignage que l'Église est appelée à porter en faveur d’un monde désorienté, sans boussole, désorientation au cœur du malaise, des replis et des exclusions qui tentent notre temps.
… « Et voici », a promis Jésus : « je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du temps. »
Deutéronome 4, 32-40
32 Interroge les temps anciens qui t’ont précédé, depuis le jour où Dieu créa l’homme sur la terre, et d’une extrémité du ciel à l’autre : y eut-il jamais si grand événement, et a-t-on jamais entendu chose semblable ?
33 Fut-il jamais un peuple qui entendît la voix de Dieu parlant du milieu du feu, comme tu l’as entendue, et qui soit demeuré vivant ? […]
36 Du ciel, il t’a fait entendre sa voix pour t’instruire ; et, sur la terre, il t’a fait voir son grand feu, et tu as entendu ses paroles du milieu du feu. […]
39 Sache donc en ce jour, et retiens dans ton cœur que l'Éternel est Dieu, en haut dans le ciel et en bas sur la terre, et qu’il n’y en a point d’autre.
40 Et observe ses lois et ses commandements que je te prescris aujourd’hui, afin que tu sois heureux, toi et tes enfants après toi, et que tu prolonges désormais tes jours dans le pays que l'Éternel, ton Dieu, te donne.
Matthieu 28, 16-20
16 Les onze disciples allèrent en Galilée, sur la montagne que Jésus leur avait désignée.
17 Quand ils le virent, ils se prosternèrent devant lui. Mais quelques-uns eurent des doutes.
18 Jésus, s’étant approché, leur parla ainsi : Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre.
19 Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit,
20 et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde.
*
« Observe les lois et les commandements que je te prescris aujourd’hui » (Dt 4, 40), parole adressée à Israël depuis la Montagne — « enseignez aux nations à observer tout ce que je vous ai prescrit » (Mt 28, 20), parole adressée aux nations, depuis la Montagne où se trouvent les Onze disciples. C’est la différence entre les deux textes : élargissement aux nations.
Mais qu’en est-il du contenu de ce qui est à observer ? Qu’est-ce que le Christ a prescrit ?
On le trouve par ex. en Matthieu 5, 18-19 : « je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre […]. — Donc qui supprimera l’un de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux ; mais qui les observera, et qui enseignera à les observer, sera appelé grand dans le royaume des cieux. »
Jésus vient de dire, juste avant cet appel à la pratique de la Loi : « ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir, c'est-à-dire, littéralement, observer pleinement » (Mt 5, 17).
C'est là ce qu’il a prescrit ! Observer la Loi jusqu’en ses plus petits préceptes, contrairement à la tentation commune qui revient à considérer que Jésus en ayant rempli l’enseignement, il n’y aurait plus à l’observer ! Au contraire, il s'agit de la pratiquer, d’y fonder un comportement libre, y sourcer notre éthique, notre morale.
Les paroles d’envoi du Ressuscité sont données par Matthieu comme s'inscrivant dans cette lignée là. Alors quelle est notre observance d’une loi qui non seulement n’est pas abolie, mais sachant que son cœur est ce qu’a prescrit Jésus, concerne dès lors, suite à l’envoi des disciples, toutes les nations et pas seulement Israël ?
C’est ce qu’on va essayer de percevoir : selon Matthieu, ces paroles du Ressuscité sont données dans les années 30, donc avant la destruction du Temple, avant l’an 70. Le retour de l’exil de 586 à Babylone avait laissé le pays sous la souveraineté de la Perse, puis des divers empires, malgré quelques moments de résistance glorieux comme sous les Grecs.
Mais pas de réintégration totale et définitive de la souveraineté. Plus de royaume actuel ni en vue, au point que Jean le Baptiste annonce encore, au temps romain, la fin prochaine de l’exil (fin qui n’a donc pas vraiment eu lieu) et la venue du Royaume. Au point qu’au début du livre des Actes des Apôtres (ch. 1, v. 6), les disciples interrogent encore le Ressuscité sur le jour de la restauration du Royaume d’Israël !
Après 70, cette perte de souveraineté devient définitive. Les rites célébrés autour du Temple, désormais détruit, ne pourront plus être observés. Le judaïsme rabbinique recentre alors le culte autour de la Torah. Le christianisme en gestation se réorganise autour de la vie du Christ (ce qui structurera notre année liturgique).
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La lecture des Évangiles s'inscrit alors dans la tradition juive de lecture des Écritures comme culte en exil, méditation des Écritures comme mémoire d’éternité ; cela ne peut se faire qu’en regard positif permanent de sa source, la Bible hébraïque, veillant à éviter les contresens qui verraient dans les tensions internes au Nouveau Testament celles d'un conflit judéo-chrétien, alors que le christianisme comme religion n'existe pas encore au temps du Nouveau Testament !
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Mais, trouble annoncé par les doutes des Onze (v. 17), très vite, selon l’envoi aux nations de notre texte, le nombre de disciples non-juifs de Jésus augmente, et cela dès le Nouveau Testament, non-juifs desquels classiquement en judaïsme il n'est pas requis qu'ils observent les rites de la Torah, qui concernent les juifs (c’est enseigné par la tradition juive, qui prévoit pour les « craignants Dieu » la seule observance de la loi de Noé). Paul, notamment, s'inscrit dans cette perspective, qui verra plus tard se développer un christianisme séparé du judaïsme, ipso facto dispensé des rites propres au judaïsme (mais cela s’est fait au prix d’un débat avec l'Église de Jérusalem, qui entend rester fidèle à l’envoi du Ressuscité en Mt 28). Il est clair que l'option retenue en Actes 15, est cette option, provisoire, en vue de la prochaine venue du Royaume.
Puis, il y eut 70 et la destruction du 2e Temple, renvoyant sine die l'avènement du Royaume, inscrit dès lors dans la seule intériorité, selon que le Règne de Dieu est au milieu, ou à l’intérieur de vous…
Sachant donc que, comme chrétiens, on n’observe pas un certain nombre de préceptes pourtant bien inscrits dans la Bible hébraïque, et que gardent les juifs, se pose à nouveau la question de ce qu'il y a à observer, notamment au plan moral. La réponse la plus connue passe par le Décalogue, qui semble conservé, via une lecture de la Bible hébraïque orientée vers la venue du Christ. On observe donc au moins le Décalogue… Quoique ! Sont-ils vraiment observés ces « dix commandements » ?
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L’observance chrétienne des « dix commandements » s’avère problématique dès qu’on les aborde de façon concrète. Qu'en est-il d’une observance chrétienne du Shabbat, par exemple ?
La difficulté apparaît à travers le débat qui s’est levé dans certains courants du protestantisme, où l’on s’est attaché à observer le dimanche comme un Shabbat, ce que le dimanche n’est pas. Le débat a débouché pour certains sur la décision d’observer vraiment le Shabbat, et cela le jour du Shabbat, le samedi. Ceux-là sont parfois appelés « sabbatistes ». Les plus connus en France de ce courant sont les adventistes du 7e jour, aujourd’hui membres de la Fédération protestante de France.
L’option « sabbatiste » ne l’a cependant pas majoritairement emporté, on le sait. L’approche la plus commune consiste à retenir l’aspect moral et social du Shabbat — qui existe, souligné par le Deutéronome (5, 14-15), mais qui ne résume pas tout le commandement et sa dimension cérémonielle, soulignée par l’Exode (20, 11), de signe de Dieu.
On pourrait aussi mentionner le commandement sur les représentations (« tu ne te feras pas d’images cultuelles »), que plusieurs courants du christianisme historique (courants majoritaires) estiment ne pas concerner les chrétiens et leurs images du Christ et des personnages historiques de la tradition.
Qu’en est-il donc de l’observance chrétienne de la Loi biblique, observance prescrite par Jésus ?
*
La Réforme a enseigné de distinguer trois aspects de la Loi : l’aspect moral, l’aspect cérémoniel et l’aspect judiciaire.
L’aspect judiciaire est cet aspect de la Loi qui, selon sa primauté par rapport aux pouvoirs, se concrétise dans une vie de la Cité gérée de façon jurisprudentielle, donc souple. Il en ressort que cet aspect est perçu, quant à la lettre de la Loi, comme correspondant à des temps et à des traditions données : par exemple les formes de gouvernements, qui sont variables selon les lieux (sachant en outre qu’on n'est plus avant l’exil de 586 av. JC et que la souveraineté politique, davidique, est perdue).
La même chose quant à l’aspect cérémoniel (les cérémonies religieuses de la Loi) aspect perçu lui aussi, quant à sa lettre, comme correspondant à des temps et à des traditions données. Dans cette perspective, la pratique varie selon les lieux, les temps et les circonstances. Ainsi, quant à l’aspect cérémoniel, on ne pratique pas aujourd’hui de sacrifices d’animaux dans le Temple de Jérusalem — de toute façon détruit (on est désormais après l'an 70) ; les sacrifices correspondant pourtant à des commandements cérémoniels dont le judaïsme demeure le témoin (par son fondement strict dans la Torah, puisqu’il ne peut plus les pratiquer littéralement non plus). Une perspective calvinienne considère que dans un cadre chrétien, la variabilité des rites vaut pour tout commandement en son aspect cérémoniel — lié à des temps, des lieux, des traditions. À l’instar de l’aspect judiciaire.
En revanche l’aspect moral, comme norme idéale, comme visée de perfection, propre à orienter une éthique juste, n’est pas sujet aux variations des temps et des lieux, même si son application s’adapte aux circonstances. L’aspect moral peut être considéré comme se déployant en vertus. À commencer par des vertus communes, comme vertus dites naturelles — avec cependant cette caractéristique, dans la perspective chrétienne, d’être enracinées dans une nature perçue en regard de la Bible. La loi naturelle est en quelque sorte « corrigée » — en regard de la Loi biblique.
D’où la permanence de la méditation des Écritures, et de l'attention à ce qu’elles prescrivent et que Jésus est venu souligner, observer, et reprendre comme valant pour toutes les nations.
Au jour où toutes les nations sont appelées à être baptisées, c’est-à-dire intégrées dans l’Alliance, et l’ont largement été — les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, faites de toutes les nations des disciples — c’est-à-dire les appelant à se mettre à l’école — enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit —, devenir disciples d’une morale exigeante comme morale de liberté, celle qu’a vécue et pratiquée Jésus. C’est ce témoignage que l'Église est appelée à porter en faveur d’un monde désorienté, sans boussole, désorientation au cœur du malaise, des replis et des exclusions qui tentent notre temps.
… « Et voici », a promis Jésus : « je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du temps. »
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