Actes 10, 25-48 ; Psaume 98 ; 1 Jean 4, 1-10 ; Jean 15, 9-17
Jean 15, 9-17
Jésus, dans les évangiles, donne souvent à ses disciples l’explication de ses paraboles. Il rappelle à ses disciples qu'il parle aux foules en paraboles… pour n'être pas compris, puis il leur explique à eux ce qu'il voulait dire. Ici, il leur a parlé à eux, ses disciples, du cep et des sarments, aux versets précédents. Et ces versets qui suivent sont l’explication de ce qu'il vient de leur dire, à eux — ce qui pourrait nous mettre la puce à l'oreille : cette histoire de cep et de sarments n'est peut-être pas aussi simple qu'il semble, elle demande une explication : qu’est-ce que donne le cep qu’est Jésus dans les sarments que nous sommes ? Qu'est-ce que la sève ? Qu’est-ce que le fruit que produisent les sarments attachés au cep ?
« Ce qui glorifie mon Père, c'est que vous portiez du fruit en abondance et que vous soyez pour moi des disciples », vient de dire Jésus dans le verset précédent. Et puis ici : « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite. »
À être attentifs aux versets explicatifs que nous avons lus, la sève, qui, invisible, n'est évoquée qu'implicitement, apparaît comme étant l'amour du Père : « Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés ; demeurez dans mon amour. » Amour donné comme don de la vie de Jésus, et auquel il appelle ses disciples, ses amis, désormais, par cette connaissance qu’il leur a donnée. Connaissance qui leur a fait connaître la volonté de Dieu au point que toute demande qu’ils peuvent formuler s’inscrit forcément dans la volonté de Dieu ! C’est à nous aussi qu’il s’adresse, si nous entendons sa parole !
Choisis par Dieu, les disciples sont envoyés, nous sommes envoyés — avec son commandement : « ce que je vous commande, c'est de vous aimer les uns les autres » (cf. Lév 19, 18). Tout un programme, dans un mouvement qui se commande et qui ainsi — c'est la manifestation de joie de sa fécondité — porte ce fruit qui fait pousser le monde vers le Royaume, immanquablement… « Que vous alliez porter du fruit »…
Où il est bien question de la relation des disciples avec Jésus comme étant d’un ordre similaire à celui de la sève passant de la vigne aux sarments… Où la vigne devient le signe, carrefour de la rencontre entre Dieu et son peuple, signe de son amour, dont ceux que Jésus appelle ses amis sont appelés à vivre — et à le partager.
Dans notre texte, cette rencontre de joie se donne en celui qui se présente comme le Cep. De lui s’écoule le vin nouveau promis, ce vin, l’amour de Dieu, vin nouveau plus ancien que le monde et qui nous est donné comme signe de son sang qui irrigue l’univers, et nous fait vivre — comme la sève coule du Cep dans les sarments, de sorte que nous portions nous-mêmes ce fruit qui réjouit Dieu dans l’Éternité. Chacune et chacun de nous est comme un sarment de la vigne de Dieu.
Pour que la joie soit complète, « demeurez dans mon amour » comme « je demeure dans l’amour du Père » — par le don de l’Esprit saint, comme don d’une sève, vie du Père qui de moi coule en vous…
Cela dit, comment peut-on affirmer que Dieu nous aime, que Dieu est amour (1 Jn 4, 8 & 16) ?! Parole incroyable, ou, si on la prend au sérieux, une telle parole pose ipso facto une mystérieuse souffrance en Dieu. Et effectivement ce qui fonde cette assertion, c’est qu’ « à ceci, nous avons connu l’amour : c’est qu’il a donné sa vie pour nous », selon ce qu’indique la 1ère épître de Jean. La croix ! Amour égale, d’une façon ou d’une autre, souffrance.
« Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés », dit Jésus. L’amour de Jésus pour les siens est celui de Dieu à son égard. Il est comme la sève, don de Dieu, qui coule du cep dans les sarments et leur fait porter du fruit.
Nous sommes, disciples de Jésus, choisis pour aller, aller vers le monde, aller hors de — comme Jésus est allé hors de, aller, ce qui est déjà porter du fruit. C'est tout le mouvement de l'envoi de Jésus par le Père qui se poursuit dans l'Église, faite pour cela. « Que vous alliez porter du fruit »… sachant que « le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la fidélité, la douceur, la tempérance » (Galates 5, 22-23). Quelle que soit l’opposition, l'adversité, l'inimitié, l’incompréhension de l'amour sans écho — qui a valu la croix à Jésus et qui vaut l'inimitié aux disciples. Car c'est là une source d’incompréhension, qui récapitule toutes les incompréhensions qui nous font souffrir. C'est face à cela qu’apparaît la fameuse phrase : « Dieu est amour », dans un seul texte biblique, la 1ère épître de Jean, répétée deux fois : 1 Jn 4, 8 & 16. Face à l'incompréhension — de ceux vers lesquels il faut aller et qui pour cela, pourront aller jusqu'à vous haïr, vous persécuter comme ils m'ont persécuté, annonce Jésus à ses disciples — :
1 Jean 4 :
Là s'explique la profondeur de l'annonce : « je vous appelle amis, parce que tout ce que j'ai entendu auprès de mon Père, je vous l'ai fait connaître. » Jésus s'est donné, a tout donné, et lorsqu'il va au bout de l'amour et du don… il est trahi, par tous, abandonné jusque par les siens, qui pourtant l'ont supplié — rappelez-vous : « tout ce que vous demanderez vous sera accordé. » Nous l’avons tous supplié de ne pas nous abandonner à notre détresse, et lorsqu’il est allé jusqu’au bout de la réponse d'amour, il a été trahi, abandonné par tous… pour, dans un redoublement d'amour, pardonner ! Ce qui nous sera demandé aussi.
Nous sommes alors conduits au cœur du mystère de la Création et s'explique ipso facto ce qu'il faut entendre par ce commandement paradoxal, lié à ce qu'aimer semble pourtant ne pas se commander : « ce que je vous commande, c'est de vous aimer les uns les autres. » Eh bien le don de Jésus fait entrer dans le mystère du don de Dieu produisant la Création dans une souffrance mystérieuse, dévoilant son mystère comme celui de se donner. Et nous sommes invités à entrer dans ce mystère, pour une radicale conversion intérieure, retour intérieur, méditation de la beauté de l'acte créateur comme don — « quand tu pries entre dans la chambre de ton intimité » — pour y découvrir la sève de tout bon fruit.
Aimer est la seule chose dont on ne puisse pas la faire en faisant semblant. On peut accomplir tous les commandements et rites sans que notre cœur soit impliqué. Pour aimer, ce n'est pas possible : cela implique forcément tout l'être. D'où ce commandement d'imiter Dieu — « comme je vous ai aimés, c'est-à-dire comme le Père m'a aimé » — qui revient à un appel à plonger au cœur du mystère de Dieu, qui est le cœur de notre être : alors la vérité de l'amour en découlera comme la sève coule du cep dans les sarments.
Jean 15, 9-17
9 Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés ; demeurez dans mon amour.
10 Si vous observez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme, en observant les commandements de mon Père, je demeure dans son amour.
11 "Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite.
12 Voici mon commandement : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.
13 Nul n'a d'amour plus grand que celui qui se dessaisit de sa vie pour ceux qu'il aime.
14 Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande.
15 Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur reste dans l'ignorance de ce que fait son maître ; je vous appelle amis, parce que tout ce que j'ai entendu auprès de mon Père, je vous l'ai fait connaître.
16 Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est moi qui vous ai choisis et institués pour que vous alliez, que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure : si bien que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous l'accordera.
17 Ce que je vous commande, c'est de vous aimer les uns les autres.
*
Jésus, dans les évangiles, donne souvent à ses disciples l’explication de ses paraboles. Il rappelle à ses disciples qu'il parle aux foules en paraboles… pour n'être pas compris, puis il leur explique à eux ce qu'il voulait dire. Ici, il leur a parlé à eux, ses disciples, du cep et des sarments, aux versets précédents. Et ces versets qui suivent sont l’explication de ce qu'il vient de leur dire, à eux — ce qui pourrait nous mettre la puce à l'oreille : cette histoire de cep et de sarments n'est peut-être pas aussi simple qu'il semble, elle demande une explication : qu’est-ce que donne le cep qu’est Jésus dans les sarments que nous sommes ? Qu'est-ce que la sève ? Qu’est-ce que le fruit que produisent les sarments attachés au cep ?
« Ce qui glorifie mon Père, c'est que vous portiez du fruit en abondance et que vous soyez pour moi des disciples », vient de dire Jésus dans le verset précédent. Et puis ici : « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite. »
À être attentifs aux versets explicatifs que nous avons lus, la sève, qui, invisible, n'est évoquée qu'implicitement, apparaît comme étant l'amour du Père : « Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés ; demeurez dans mon amour. » Amour donné comme don de la vie de Jésus, et auquel il appelle ses disciples, ses amis, désormais, par cette connaissance qu’il leur a donnée. Connaissance qui leur a fait connaître la volonté de Dieu au point que toute demande qu’ils peuvent formuler s’inscrit forcément dans la volonté de Dieu ! C’est à nous aussi qu’il s’adresse, si nous entendons sa parole !
Choisis par Dieu, les disciples sont envoyés, nous sommes envoyés — avec son commandement : « ce que je vous commande, c'est de vous aimer les uns les autres » (cf. Lév 19, 18). Tout un programme, dans un mouvement qui se commande et qui ainsi — c'est la manifestation de joie de sa fécondité — porte ce fruit qui fait pousser le monde vers le Royaume, immanquablement… « Que vous alliez porter du fruit »…
Où il est bien question de la relation des disciples avec Jésus comme étant d’un ordre similaire à celui de la sève passant de la vigne aux sarments… Où la vigne devient le signe, carrefour de la rencontre entre Dieu et son peuple, signe de son amour, dont ceux que Jésus appelle ses amis sont appelés à vivre — et à le partager.
Dans notre texte, cette rencontre de joie se donne en celui qui se présente comme le Cep. De lui s’écoule le vin nouveau promis, ce vin, l’amour de Dieu, vin nouveau plus ancien que le monde et qui nous est donné comme signe de son sang qui irrigue l’univers, et nous fait vivre — comme la sève coule du Cep dans les sarments, de sorte que nous portions nous-mêmes ce fruit qui réjouit Dieu dans l’Éternité. Chacune et chacun de nous est comme un sarment de la vigne de Dieu.
Pour que la joie soit complète, « demeurez dans mon amour » comme « je demeure dans l’amour du Père » — par le don de l’Esprit saint, comme don d’une sève, vie du Père qui de moi coule en vous…
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Cela dit, comment peut-on affirmer que Dieu nous aime, que Dieu est amour (1 Jn 4, 8 & 16) ?! Parole incroyable, ou, si on la prend au sérieux, une telle parole pose ipso facto une mystérieuse souffrance en Dieu. Et effectivement ce qui fonde cette assertion, c’est qu’ « à ceci, nous avons connu l’amour : c’est qu’il a donné sa vie pour nous », selon ce qu’indique la 1ère épître de Jean. La croix ! Amour égale, d’une façon ou d’une autre, souffrance.
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« Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés », dit Jésus. L’amour de Jésus pour les siens est celui de Dieu à son égard. Il est comme la sève, don de Dieu, qui coule du cep dans les sarments et leur fait porter du fruit.
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Nous sommes, disciples de Jésus, choisis pour aller, aller vers le monde, aller hors de — comme Jésus est allé hors de, aller, ce qui est déjà porter du fruit. C'est tout le mouvement de l'envoi de Jésus par le Père qui se poursuit dans l'Église, faite pour cela. « Que vous alliez porter du fruit »… sachant que « le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la fidélité, la douceur, la tempérance » (Galates 5, 22-23). Quelle que soit l’opposition, l'adversité, l'inimitié, l’incompréhension de l'amour sans écho — qui a valu la croix à Jésus et qui vaut l'inimitié aux disciples. Car c'est là une source d’incompréhension, qui récapitule toutes les incompréhensions qui nous font souffrir. C'est face à cela qu’apparaît la fameuse phrase : « Dieu est amour », dans un seul texte biblique, la 1ère épître de Jean, répétée deux fois : 1 Jn 4, 8 & 16. Face à l'incompréhension — de ceux vers lesquels il faut aller et qui pour cela, pourront aller jusqu'à vous haïr, vous persécuter comme ils m'ont persécuté, annonce Jésus à ses disciples — :
1 Jean 4 :
5 Eux, ils sont du monde ; c’est pourquoi ils parlent d’après le monde, et le monde les écoute. […]
8 Qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour.
9 L’amour de Dieu a été manifesté envers nous en ce que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui.
10 Et cet amour consiste, non point en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu’il nous a aimés et a envoyé son Fils qui s'est offert pour le pardon de nos péchés.
Là s'explique la profondeur de l'annonce : « je vous appelle amis, parce que tout ce que j'ai entendu auprès de mon Père, je vous l'ai fait connaître. » Jésus s'est donné, a tout donné, et lorsqu'il va au bout de l'amour et du don… il est trahi, par tous, abandonné jusque par les siens, qui pourtant l'ont supplié — rappelez-vous : « tout ce que vous demanderez vous sera accordé. » Nous l’avons tous supplié de ne pas nous abandonner à notre détresse, et lorsqu’il est allé jusqu’au bout de la réponse d'amour, il a été trahi, abandonné par tous… pour, dans un redoublement d'amour, pardonner ! Ce qui nous sera demandé aussi.
Nous sommes alors conduits au cœur du mystère de la Création et s'explique ipso facto ce qu'il faut entendre par ce commandement paradoxal, lié à ce qu'aimer semble pourtant ne pas se commander : « ce que je vous commande, c'est de vous aimer les uns les autres. » Eh bien le don de Jésus fait entrer dans le mystère du don de Dieu produisant la Création dans une souffrance mystérieuse, dévoilant son mystère comme celui de se donner. Et nous sommes invités à entrer dans ce mystère, pour une radicale conversion intérieure, retour intérieur, méditation de la beauté de l'acte créateur comme don — « quand tu pries entre dans la chambre de ton intimité » — pour y découvrir la sève de tout bon fruit.
Aimer est la seule chose dont on ne puisse pas la faire en faisant semblant. On peut accomplir tous les commandements et rites sans que notre cœur soit impliqué. Pour aimer, ce n'est pas possible : cela implique forcément tout l'être. D'où ce commandement d'imiter Dieu — « comme je vous ai aimés, c'est-à-dire comme le Père m'a aimé » — qui revient à un appel à plonger au cœur du mystère de Dieu, qui est le cœur de notre être : alors la vérité de l'amour en découlera comme la sève coule du cep dans les sarments.
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