Actes 13.14-52 ; Psaume 100 ; Apocalypse 7.9-17 ; Jean 10.27-30
Jean 10, 27-30
Les versets qui précèdent l’ont précisé : nous sommes en Judée, en hiver, pour la fête de la Dédicace, Hanoukka, lumières qui pointent depuis l’hiver. Jésus, Galiléen, est monté à Jérusalem pour Hanoukka avec ses disciples. Lisons :
Ceux de Jérusalem, Judéens, autorités en tête, savent la réputation de Jésus. Diverses controverses, souvent autour d’incidents, ont déjà eu lieu.
La question commence à s’imposer : « Jusqu’à quand vas-tu nous tenir en suspens ? Si tu es le Messie, dis-le-nous ouvertement ! » question concernant — et ceux qui veulent vraiment en savoir plus, et ceux qui trouvent cette réputation messianique inquiétante, sachant sa connotation politique qui pourrait déclencher la suspicion des autorités romaines.
Bref, on veut en avoir le cœur net concernant ces rumeurs, cette réputation qui perce. La question lui étant posée directement, Jésus ne nie pas, mais précise immédiatement, si l’on utilise ce mot, Messie, ce qu’il faut entendre par là le concernant. Il place d’emblée ses interlocuteurs devant Dieu, son Père dit-il, en regard de son observance de ses préceptes : les œuvres que je fais — parallèle avec ses propos dans Matthieu : je suis venu accomplir, observer pleinement, observance réelle qui fonde l’autorité qui émane de lui : « Les œuvres que je fais au nom de mon Père me rendent témoignage ». C’est son observance de l'enseignement biblique qui fonde, avec son autorité, son attestation de sa relation avec Dieu : « Moi et le Père nous sommes un ».
Voilà qui a de quoi fonder la foi en lui, en tout cas pour quiconque est attiré par le Père et les préceptes bibliques, celles et ceux qu’il appelle ses brebis que le Père lui a données… Mais, « vous ne me croyez pas » ! provoque-t-il les autres, renvoyant à ses œuvres, à son observance des préceptes divins.
Quiconque perçoit le témoignage du Père en sa faveur, qui est donné dans la vérité de ses propos, vérifiée par ses actes, en a suffisamment pour le suivre comme celui qui conduit au Père. Sachant que c’est le Père qui attire quiconque a soif d’une vie de vérité quant à la pratique de l’enseignement biblique, cette attraction même devient promesse et garantie.
« Mes brebis écoutent ma voix et je les connais, […]. Moi, je leur donne la vie éternelle […] et personne ne pourra les arracher de ma main […] et de la main de mon Père » (Jean 10, 27-29). Point, pour elles, de mort pour l'éternité (v. 28)…
Mais qu'est-ce donc, me direz-vous, que ne pas mourir pour l'éternité ? Et qu’est-ce donc à l'inverse que la vie d’éternité ?
Pour la Bible, il y a deux mondes :
— ce monde visible, passager, provisoire, où nos vies se terminent par la mort ; ce monde où l’herbe sèche et où la fleur se fane, comme le dit le prophète Ésaïe (ch. 40, v. 7) : c’est la mort pour ce temps, ce temps si bref de nos vies terrestres.
— Et puis il y a une autre réalité, un autre monde, celui du règne de Dieu, dont la Parole subsiste éternellement (Ésaïe 40, 8), monde que Jésus, qui observe pleinement cette parole, l'enseignement de son Père, l'enseignement biblique, annonce comme son royaume : mon royaume n’est pas de ce monde-ci (Jean 18, 36), ce monde passager, mais du monde éternel. Celui du règne de Dieu dans lequel Jésus est intronisé du fait de son observance de ses préceptes et dont son observance est le signe ; c’est le monde de la résurrection, dans lequel Jésus promet que Dieu fait entrer dès aujourd’hui quiconque croit en lui. Dès aujourd’hui, comme par une première résurrection.
Cette résurrection qui a lieu dès aujourd’hui dans nos vies, première résurrection, nous guérit de ce que l’Évangile appelle la première mort, mort spirituelle, agissant avant même la mort physique qui met terme à nos vies. Cette première mort est une mort spirituelle.
À cette première mort, mort spirituelle qui agit déjà dans les vies, Jésus donne pour remède, dès aujourd’hui, une résurrection spirituelle, la première résurrection — qui a lieu dans nos vies aujourd’hui.
Alors, à nouveau, qu'est-ce donc que cette première mort, la mort spirituelle ? — que Jésus a le pouvoir de vaincre, comme il va en donner le signe au chapitre suivant en ressuscitant Lazare (Jean 11) ?
Cette mort spirituelle, c'est le désespoir, le désespoir profond qui ronge les vies et que pourtant l’on ignore, une vraie mort qui ronge aujourd’hui nos sociétés réputées « apaisées » — « apaisées » jusqu’à hier en tout cas concernant notre pays et notre continent, puisqu’on a connu quelques 77 ans aujourd'hui sans guerres en Europe occidentale. Ce qui n’a pas empêché les ravages de la mort spirituelle, qui se traduit par des litanies de détresse, de remords pour ce qu'on a vécu ou pour ce qu'on n'a pas vécu, de culpabilité ; bref, on connaît les affres infernales.
Ce vide désespérant, source d’ennui (« ce monstre délicat qui dans un bâillement avalerait le monde », en dit Baudelaire), et source de fuite en avant, est aussi, peut-être, source de retour à la guerre, qui veut empêcher elle aussi de voir l’abîme du vide. Ce vide, comme un premier séjour des morts, un enfer que l'on tente de noyer dans d’autres enfers, aujourd'hui jusque dans la guerre et les bruits de guerre, où l’on voit surgir une abyssale méchanceté, violences, viols et tortures que l’on aurait crus inimaginables ; visage hideux du vide désespéré que l’on voudrait étouffer de tous temps dans la distraction — fût-ce déjà par le bruit permanent : par exemple, sous forme de musiques de fond, musiques joyeuses diffusées de nos jours dans les centres commerciaux et les lieux publics ; bruits de fond, et autres moyens d'étouffement provisoire d'un enfer qui revient quand on l'attend le moins, et qui n’est rien d’autre qu’une première mort, mort spirituelle, désespoir qui ronge.
C'est face à cette mort spirituelle, porte de désespoir, que Jésus nous donne la promesse d’être en sa main, par la seule confiance en lui, un avec le Père, qui nous connaît chacune et chacun. Il est venu faire connaître le Père, que personne n’a jamais vu (Jean 1, 18).
« Mes brebis écoutent ma voix et je les connais ».
C’est une autre voix que celle du bruit, une voix qui, depuis les paroles et les actes du bon berger, résonne silencieusement au cœur de nos êtres — « ce n'est pas un discours, il n'y a pas de paroles, aucun son ne se fait entendre », en dit le Psaume 19. Et pourtant, Psaume 19 encore : « le jour l'annonce au jour, la nuit l'explique à la nuit. » La voix de la paix la plus profonde contre toute détresse.
C'est la voix du bon berger qui promet à ses brebis la vie d'éternité, qui nous promet la vie d'éternité dans notre aujourd’hui. Je leur donne la vie éternelle, et elles ne mourront pas pour l'éternité. Cette mort, le désespoir qui ronge en tout temps, n'a pas le dernier mot : « personne ne pourra les arracher de ma main. Mon Père qui me les a données est plus grand que tout, et nul n’a le pouvoir d’arracher quelque chose de la main du Père. Moi et le Père nous sommes un. » Source silencieuse d'un immense bonheur, celui d'être connu et aimé comme on est, plus profondément que tout.
Jean 10, 27-30
27 Mes brebis écoutent ma voix, et je les connais, et elles me suivent.
28 Et moi, je leur donne la vie éternelle ; elles ne périront pas pour l'éternité et personne ne pourra les arracher de ma main.
29 Mon Père qui me les a données est plus grand que tout, et nul n’a le pouvoir d’arracher quelque chose de la main du Père.
30 Moi et le Père nous sommes un.
*
Les versets qui précèdent l’ont précisé : nous sommes en Judée, en hiver, pour la fête de la Dédicace, Hanoukka, lumières qui pointent depuis l’hiver. Jésus, Galiléen, est monté à Jérusalem pour Hanoukka avec ses disciples. Lisons :
22 On célébrait alors à Jérusalem la fête de la Dédicace. C’était l’hiver.
23 Au temple, Jésus allait et venait sous le portique de Salomon.
24 Les Judéens firent cercle autour de lui et lui dirent : « Jusqu’à quand vas-tu nous tenir en suspens ? Si tu es le Messie, dis-le-nous ouvertement ! »
25 Jésus leur répondit : « Je vous l’ai dit et vous ne croyez pas. Les œuvres que je fais au nom de mon Père me rendent témoignage,
26 mais vous ne me croyez pas, parce que vous n’êtes pas de mes brebis.
27 Mes brebis écoutent ma voix, et je les connais, et elles me suivent. »
Ceux de Jérusalem, Judéens, autorités en tête, savent la réputation de Jésus. Diverses controverses, souvent autour d’incidents, ont déjà eu lieu.
La question commence à s’imposer : « Jusqu’à quand vas-tu nous tenir en suspens ? Si tu es le Messie, dis-le-nous ouvertement ! » question concernant — et ceux qui veulent vraiment en savoir plus, et ceux qui trouvent cette réputation messianique inquiétante, sachant sa connotation politique qui pourrait déclencher la suspicion des autorités romaines.
Bref, on veut en avoir le cœur net concernant ces rumeurs, cette réputation qui perce. La question lui étant posée directement, Jésus ne nie pas, mais précise immédiatement, si l’on utilise ce mot, Messie, ce qu’il faut entendre par là le concernant. Il place d’emblée ses interlocuteurs devant Dieu, son Père dit-il, en regard de son observance de ses préceptes : les œuvres que je fais — parallèle avec ses propos dans Matthieu : je suis venu accomplir, observer pleinement, observance réelle qui fonde l’autorité qui émane de lui : « Les œuvres que je fais au nom de mon Père me rendent témoignage ». C’est son observance de l'enseignement biblique qui fonde, avec son autorité, son attestation de sa relation avec Dieu : « Moi et le Père nous sommes un ».
Voilà qui a de quoi fonder la foi en lui, en tout cas pour quiconque est attiré par le Père et les préceptes bibliques, celles et ceux qu’il appelle ses brebis que le Père lui a données… Mais, « vous ne me croyez pas » ! provoque-t-il les autres, renvoyant à ses œuvres, à son observance des préceptes divins.
Quiconque perçoit le témoignage du Père en sa faveur, qui est donné dans la vérité de ses propos, vérifiée par ses actes, en a suffisamment pour le suivre comme celui qui conduit au Père. Sachant que c’est le Père qui attire quiconque a soif d’une vie de vérité quant à la pratique de l’enseignement biblique, cette attraction même devient promesse et garantie.
*
« Mes brebis écoutent ma voix et je les connais, […]. Moi, je leur donne la vie éternelle […] et personne ne pourra les arracher de ma main […] et de la main de mon Père » (Jean 10, 27-29). Point, pour elles, de mort pour l'éternité (v. 28)…
Mais qu'est-ce donc, me direz-vous, que ne pas mourir pour l'éternité ? Et qu’est-ce donc à l'inverse que la vie d’éternité ?
Pour la Bible, il y a deux mondes :
— ce monde visible, passager, provisoire, où nos vies se terminent par la mort ; ce monde où l’herbe sèche et où la fleur se fane, comme le dit le prophète Ésaïe (ch. 40, v. 7) : c’est la mort pour ce temps, ce temps si bref de nos vies terrestres.
— Et puis il y a une autre réalité, un autre monde, celui du règne de Dieu, dont la Parole subsiste éternellement (Ésaïe 40, 8), monde que Jésus, qui observe pleinement cette parole, l'enseignement de son Père, l'enseignement biblique, annonce comme son royaume : mon royaume n’est pas de ce monde-ci (Jean 18, 36), ce monde passager, mais du monde éternel. Celui du règne de Dieu dans lequel Jésus est intronisé du fait de son observance de ses préceptes et dont son observance est le signe ; c’est le monde de la résurrection, dans lequel Jésus promet que Dieu fait entrer dès aujourd’hui quiconque croit en lui. Dès aujourd’hui, comme par une première résurrection.
Cette résurrection qui a lieu dès aujourd’hui dans nos vies, première résurrection, nous guérit de ce que l’Évangile appelle la première mort, mort spirituelle, agissant avant même la mort physique qui met terme à nos vies. Cette première mort est une mort spirituelle.
À cette première mort, mort spirituelle qui agit déjà dans les vies, Jésus donne pour remède, dès aujourd’hui, une résurrection spirituelle, la première résurrection — qui a lieu dans nos vies aujourd’hui.
Alors, à nouveau, qu'est-ce donc que cette première mort, la mort spirituelle ? — que Jésus a le pouvoir de vaincre, comme il va en donner le signe au chapitre suivant en ressuscitant Lazare (Jean 11) ?
Cette mort spirituelle, c'est le désespoir, le désespoir profond qui ronge les vies et que pourtant l’on ignore, une vraie mort qui ronge aujourd’hui nos sociétés réputées « apaisées » — « apaisées » jusqu’à hier en tout cas concernant notre pays et notre continent, puisqu’on a connu quelques 77 ans aujourd'hui sans guerres en Europe occidentale. Ce qui n’a pas empêché les ravages de la mort spirituelle, qui se traduit par des litanies de détresse, de remords pour ce qu'on a vécu ou pour ce qu'on n'a pas vécu, de culpabilité ; bref, on connaît les affres infernales.
Ce vide désespérant, source d’ennui (« ce monstre délicat qui dans un bâillement avalerait le monde », en dit Baudelaire), et source de fuite en avant, est aussi, peut-être, source de retour à la guerre, qui veut empêcher elle aussi de voir l’abîme du vide. Ce vide, comme un premier séjour des morts, un enfer que l'on tente de noyer dans d’autres enfers, aujourd'hui jusque dans la guerre et les bruits de guerre, où l’on voit surgir une abyssale méchanceté, violences, viols et tortures que l’on aurait crus inimaginables ; visage hideux du vide désespéré que l’on voudrait étouffer de tous temps dans la distraction — fût-ce déjà par le bruit permanent : par exemple, sous forme de musiques de fond, musiques joyeuses diffusées de nos jours dans les centres commerciaux et les lieux publics ; bruits de fond, et autres moyens d'étouffement provisoire d'un enfer qui revient quand on l'attend le moins, et qui n’est rien d’autre qu’une première mort, mort spirituelle, désespoir qui ronge.
C'est face à cette mort spirituelle, porte de désespoir, que Jésus nous donne la promesse d’être en sa main, par la seule confiance en lui, un avec le Père, qui nous connaît chacune et chacun. Il est venu faire connaître le Père, que personne n’a jamais vu (Jean 1, 18).
« Mes brebis écoutent ma voix et je les connais ».
C’est une autre voix que celle du bruit, une voix qui, depuis les paroles et les actes du bon berger, résonne silencieusement au cœur de nos êtres — « ce n'est pas un discours, il n'y a pas de paroles, aucun son ne se fait entendre », en dit le Psaume 19. Et pourtant, Psaume 19 encore : « le jour l'annonce au jour, la nuit l'explique à la nuit. » La voix de la paix la plus profonde contre toute détresse.
C'est la voix du bon berger qui promet à ses brebis la vie d'éternité, qui nous promet la vie d'éternité dans notre aujourd’hui. Je leur donne la vie éternelle, et elles ne mourront pas pour l'éternité. Cette mort, le désespoir qui ronge en tout temps, n'a pas le dernier mot : « personne ne pourra les arracher de ma main. Mon Père qui me les a données est plus grand que tout, et nul n’a le pouvoir d’arracher quelque chose de la main du Père. Moi et le Père nous sommes un. » Source silencieuse d'un immense bonheur, celui d'être connu et aimé comme on est, plus profondément que tout.
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