Jérémie 33, 14-16 ; Psaume 25 ; 1 Thess 3, 12–4, 2 ; Luc 21, 25-36
Psaume 25
Avant d'entrer dans la méditation du Ps 25, un extrait de l’Évangile de ce jour, comme fond sonore, basse continue de la prière qu'est le Psaume — prière, selon son étymologie : précaire, et de la part de celui ou celle qui prie, aveu de son impuissance —, tandis que notre temple héberge aujourd'hui une exposition de la Cimade dans cadre de la mémoire des camps de réfugiés, cela aux jours où nombre de nos frères et sœurs en humanité sont déplacés, au prix de leur vie, mourant dans le froid et les flots, écho à cet Évangile du jour de l'entrée dans l'Avent.
Luc 21, 25-26 : "Sur la terre les nations seront dans l’angoisse, épouvantées par le fracas de la mer et son agitation, tandis que les hommes défailliront de frayeur dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde ; car les puissances des cieux seront ébranlées."
“Ce qui m'effraie, écrivait Martin Luther King, ce n'est pas l'oppression des méchants ; c'est l'indifférence des bons.”
En son premier sens, dans le contexte proposé aux premiers versets, ce Psaume 25 fait apparaître le roi David aux prises avec des ennemis. Destin normal, au fond, de quiconque est doté ne serait-ce que d'un peu de pouvoir, fût-il seulement symbolique, suscitant la jalousie, même malgré lui. À nouveau Martin Luther King : "Pour se faire des ennemis, inutile de déclarer la guerre, il suffit juste de dire ce que l'on pense".
Face à cela, ce qui peut faire la faiblesse de David attaqué, ce sont ses fautes éventuelles. Que font ses ennemis ? Lui cherchant des poux dans la tête, ils cherchent à le discréditer en appuyant sur ces fautes. Ou à défaut, en en inventant. Quel homme, ou femme en vue ne connaît pas cela ?
Fautes éventuelles… David, on le sait, en a été atteint, hélas ! Le cas le plus connu est l'affaire Bathshéva, où non seulement il a séduit la femme d’un autre, mais pour écarter le mari, un de ses généraux, il l’a exposé sur le champ de bataille de sorte qu’il a été tué. Quant à cet adultère doublé d’un quasi-meurtre, David a eu la chance d’avoir affaire à un prophète discret, le prophète Nathan, qui, par sa discrétion, ne donne pas de grain à moudre aux ennemis de David. Lequel n’en a pas moins été traité très sévèrement par le prophète. Avouant amèrement sa faute devant Dieu, David a dû s’humilier comme il le méritait.
À l'heure où il est de bon ton d’être contre la repentance, il n'est pas inutile de noter que le roi se repentant se prémunit devant Dieu face à ceux qui le trahissent, lui et l'alliance, et l’attaquent, comme dans ce Ps 25 — fût-ce par un tissu de faussetés (le Ps 25 ne parle pas d’une quelconque faute précise). Fausses accusations : c'est la méthode classique des harceleurs. Une des leçons importantes du Psaume est de mettre en lumière ce que fait David face à ses accusateurs : il demande à Dieu de le pardonner ! Non pas pour des fautes qu’il n’a pas commises, et dont on l’accuse pour mieux l’abattre ; mais en solidarité, du fait qu’il est un homme, en proie à la faiblesse : si on l’accuse à tort, il se repent de cette faute commise par d’autres contre lui ! Écho lors de notre dernier synode, prononçant une prière de repentance à l’écoute d’un vœu dénonçant le harcèlement moral, sexuel et raciste dont sont victimes pasteurs et pasteures.
Le Psaume nous enseigne à ne pas présumer de ses forces propres face aux harceleurs. David ne s’appuie pas sur son innocence, pourtant réelle en l’espèce, mais sur la fidélité de Dieu, qui s’est allié avec lui. Ici c'est de l’alliance royale qu’il est question — il y fait allusion — alliance selon laquelle son trône subsistera parce que Dieu en est garant. Mais ça vaut aussi pour l’alliance qui nous concerne toutes et tous, scellée avec Abraham, l’alliance de la foi, de la fidélité de Dieu, qui ne laisse pas tomber quiconque compte sur lui ; et de la confiance qu’on peut lui faire.
Voilà qui vaut pour chacune et chacun de nous : je suis d’autant plus faible que je suis loin de Dieu, et que donc, je me crois fort ! Ce qui fait de moi la proie de toutes les attaques. Derrière les ennemis de David, on peut imaginer tout ce qui peut nous séparer de Dieu — autant de figures, comme les ennemis de David, de celui que le Nouveau Testament appelle l’ « ennemi de nos âmes » — délivre-nous du Malin.
Alors la prière, le Psaume, commence par : « à toi mon Dieu, mon cœur monte » (selon la traduction de Clément Marot, que nous chantons jusqu'à aujourd'hui) et se termine par : « délivre-moi, ne me déçois pas », avant la louange finale : Dieu a exaucé cette prière.
Auprès de Dieu est la vie : élever son cœur vers Dieu est recevoir la vie, loin de lui sont tous les dangers. Oui en moi je suis faible, susceptible de pécher, de me laisser abattre par mes ennemis, mon ennemi. Et cela je le reconnais : combien de fois m’est-il arrivé de succomber, et de devenir ainsi la proie de ceux qui veulent me séparer de Dieu, rompre l’alliance.
Alors, pardonne les péchés de ma jeunesse, — c’est-à-dire éventuellement ceux d’hier matin. Et garde-moi de présumer de mes forces, et de croire que je puisse me mettre moi-même à l’abri du péché. Dès aujourd’hui je me place devant toi tel que je suis. Et « montre-moi, Seigneur la route, qui seule conduit à toi. » (trad. Marot)
Nous voilà donc entre l’élévation vers Dieu — et l’éloignement de Dieu, qui conduit au péché, et nous laisse en proie à tous les dangers, et à toutes les attaques injustes de l’ennemi qui veut nous abattre, et qui peut être parfois tout à fait personnalisé. « Ils sont plus nombreux que les cheveux de ma tête, ceux qui me haïssent sans cause » (Psaume 69, 5). Inimitié au fond contre une parole qui dérange, et vaut persécution. Rappelez-vous : « heureux serez-vous lorsqu’on dira de vous toute sorte de mal à cause moi » (Matthieu 5, 11).
Face à cela est en effet la montée de notre cœur vers Dieu, qui est notre seul abri. Et déjà ce seul tournement vers Dieu, cette conversion, est le salut, l’entrée sur le chemin de vérité et de vie, quels que soient les dangers, les risques, les tentations, les persécutions, les menaces, etc.
… Jusque lorsque, Évangile de ce jour —
Luc 21, 25-36
Écho au Psaume que cet appel de Jésus à la vigilance : « Fais-moi connaître tes chemins, Seigneur ; enseigne-moi tes routes. Fais-moi cheminer vers ta vérité et enseigne-moi, car tu es le Dieu qui me sauve. Je t’attends tous les jours » (Ps 25, 4-5).
Cf. Jean 14, 4-6 : « "Quant au lieu où je vais, vous en savez le chemin." Thomas lui dit : "Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas, comment en connaîtrions-nous le chemin ?" Jésus lui dit : "Je suis le chemin et la vérité et la vie. Nul ne va au Père si ce n’est par moi." »
Les Psaumes ont été lus dans l’histoire de l’Église comme parlant du Christ pour nous en ce sens que Jésus, Fils de l’Homme qui est dans les cieux, s’est identifié aux pécheurs en devenant chair, comme nous, venant au cœur des détresses du temps annoncées en ce texte de Luc. Le juste, parole éternelle qui ne passe pas, est devenu l’un de nous, un humain mortel. Au point de faire siennes nos prières, nos Psaumes tout humains, au point de faire sienne, sur la croix, avec le Ps 22, notre perte de Dieu — pourquoi m’as-tu abandonné ? —, au point de nous choquer quand on en arrive à des confessions de péché et des demandes de pardon. Mais ce n’est plus le Christ cela, pensons-nous naturellement !
Eh bien en un sens profond, si, c’est lui. Non pas qu’il aurait péché lui-même ! — mais qu’il a fait siennes les conséquences de nos fautes. Et que donc, il confesse notre faute, nos fautes, en solidarité avec nous. Il a fait siennes toutes nos limites, jusqu’à notre mortalité. Lui, la parole éternelle, qui a fondé le monde, connaît tous les méandres de nos vies.
« Montre-moi, Seigneur, la route qui seule conduit à Toi » priait le Psaume de David. Il est entré en nos chemins pour devenir notre chemin, chemin de vérité en qui seul est la vie. Faisant dès lors de la prière du Psaume celle de notre salut. On m’accuse à tort, certes, prie le Psaume ; cela dit, mon salut n’est pas dans ma justice, mais dans la fidélité de Dieu à son alliance. Ma justice n’est rien que petit commencement.
L’ennemi est celui qui voudrait me déstabiliser à cause de cela et me séparer de mon seul soutien, de ma seule assurance : Dieu m’a rejoint dans mon chemin, et m’a ainsi montré le chemin, la vérité et la vie. Alors « à toi mon Dieu mon cœur monte ! »
Psaume 25
1 De David.
Seigneur, je suis tendu vers toi.
2 Mon Dieu, je compte sur toi ; ne me déçois pas ! Que mes ennemis ne triomphent pas de moi !
3 Aucun de ceux qui t’attendent n’est déçu, mais ils sont déçus, les traîtres avec leurs mains vides.
4 Fais-moi connaître tes chemins, Seigneur ; enseigne-moi tes routes.
5 Fais-moi cheminer vers ta vérité et enseigne-moi, car tu es le Dieu qui me sauve. Je t’attends tous les jours.
6 Seigneur, pense à la tendresse et à la fidélité que tu as montrées depuis toujours !
7 Ne te souviens pas des péchés de ma jeunesse ni de mes révoltes ; Souviens-toi de moi selon ta bienveillance, à cause de ta bonté, Seigneur.
8 Le Seigneur est si bon et si droit qu’il montre le chemin aux pécheurs.
9 Il fait cheminer les humbles vers la justice et enseigne aux humbles son chemin.
10 Toutes les routes du Seigneur sont fidélité et vérité, pour ceux qui observent les clauses de son alliance.
11 Pour l’honneur de ton nom, Seigneur, pardonne ma faute qui est si grande !
12 Un homme craint-il le Seigneur ? Celui-ci lui montre quel chemin choisir.
13 Il passe des nuits heureuses, et sa postérité possédera la terre.
14 Le Seigneur se confie à ceux qui le craignent, en leur faisant connaître son alliance.
15 J’ai toujours les yeux sur le Seigneur, car il dégage mes pieds du filet.
16 Tourne-toi vers moi ; aie pitié, car je suis seul et humilié.
17 Mes angoisses m’envahissent ; dégage-moi de mes tourments !
18 Vois ma misère et ma peine, enlève tous mes péchés !
19 Vois mes ennemis si nombreux, leur haine et leur violence.
20 Garde-moi en vie et délivre-moi ! J’ai fait de toi mon refuge, ne me déçois pas !
21 Intégrité et droiture me préservent, car je t’attends.
22 O Dieu, rachète Israël ! Délivre-le de toutes ses angoisses !
*
Avant d'entrer dans la méditation du Ps 25, un extrait de l’Évangile de ce jour, comme fond sonore, basse continue de la prière qu'est le Psaume — prière, selon son étymologie : précaire, et de la part de celui ou celle qui prie, aveu de son impuissance —, tandis que notre temple héberge aujourd'hui une exposition de la Cimade dans cadre de la mémoire des camps de réfugiés, cela aux jours où nombre de nos frères et sœurs en humanité sont déplacés, au prix de leur vie, mourant dans le froid et les flots, écho à cet Évangile du jour de l'entrée dans l'Avent.
Luc 21, 25-26 : "Sur la terre les nations seront dans l’angoisse, épouvantées par le fracas de la mer et son agitation, tandis que les hommes défailliront de frayeur dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde ; car les puissances des cieux seront ébranlées."
“Ce qui m'effraie, écrivait Martin Luther King, ce n'est pas l'oppression des méchants ; c'est l'indifférence des bons.”
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En son premier sens, dans le contexte proposé aux premiers versets, ce Psaume 25 fait apparaître le roi David aux prises avec des ennemis. Destin normal, au fond, de quiconque est doté ne serait-ce que d'un peu de pouvoir, fût-il seulement symbolique, suscitant la jalousie, même malgré lui. À nouveau Martin Luther King : "Pour se faire des ennemis, inutile de déclarer la guerre, il suffit juste de dire ce que l'on pense".
Face à cela, ce qui peut faire la faiblesse de David attaqué, ce sont ses fautes éventuelles. Que font ses ennemis ? Lui cherchant des poux dans la tête, ils cherchent à le discréditer en appuyant sur ces fautes. Ou à défaut, en en inventant. Quel homme, ou femme en vue ne connaît pas cela ?
Fautes éventuelles… David, on le sait, en a été atteint, hélas ! Le cas le plus connu est l'affaire Bathshéva, où non seulement il a séduit la femme d’un autre, mais pour écarter le mari, un de ses généraux, il l’a exposé sur le champ de bataille de sorte qu’il a été tué. Quant à cet adultère doublé d’un quasi-meurtre, David a eu la chance d’avoir affaire à un prophète discret, le prophète Nathan, qui, par sa discrétion, ne donne pas de grain à moudre aux ennemis de David. Lequel n’en a pas moins été traité très sévèrement par le prophète. Avouant amèrement sa faute devant Dieu, David a dû s’humilier comme il le méritait.
À l'heure où il est de bon ton d’être contre la repentance, il n'est pas inutile de noter que le roi se repentant se prémunit devant Dieu face à ceux qui le trahissent, lui et l'alliance, et l’attaquent, comme dans ce Ps 25 — fût-ce par un tissu de faussetés (le Ps 25 ne parle pas d’une quelconque faute précise). Fausses accusations : c'est la méthode classique des harceleurs. Une des leçons importantes du Psaume est de mettre en lumière ce que fait David face à ses accusateurs : il demande à Dieu de le pardonner ! Non pas pour des fautes qu’il n’a pas commises, et dont on l’accuse pour mieux l’abattre ; mais en solidarité, du fait qu’il est un homme, en proie à la faiblesse : si on l’accuse à tort, il se repent de cette faute commise par d’autres contre lui ! Écho lors de notre dernier synode, prononçant une prière de repentance à l’écoute d’un vœu dénonçant le harcèlement moral, sexuel et raciste dont sont victimes pasteurs et pasteures.
Le Psaume nous enseigne à ne pas présumer de ses forces propres face aux harceleurs. David ne s’appuie pas sur son innocence, pourtant réelle en l’espèce, mais sur la fidélité de Dieu, qui s’est allié avec lui. Ici c'est de l’alliance royale qu’il est question — il y fait allusion — alliance selon laquelle son trône subsistera parce que Dieu en est garant. Mais ça vaut aussi pour l’alliance qui nous concerne toutes et tous, scellée avec Abraham, l’alliance de la foi, de la fidélité de Dieu, qui ne laisse pas tomber quiconque compte sur lui ; et de la confiance qu’on peut lui faire.
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Voilà qui vaut pour chacune et chacun de nous : je suis d’autant plus faible que je suis loin de Dieu, et que donc, je me crois fort ! Ce qui fait de moi la proie de toutes les attaques. Derrière les ennemis de David, on peut imaginer tout ce qui peut nous séparer de Dieu — autant de figures, comme les ennemis de David, de celui que le Nouveau Testament appelle l’ « ennemi de nos âmes » — délivre-nous du Malin.
Alors la prière, le Psaume, commence par : « à toi mon Dieu, mon cœur monte » (selon la traduction de Clément Marot, que nous chantons jusqu'à aujourd'hui) et se termine par : « délivre-moi, ne me déçois pas », avant la louange finale : Dieu a exaucé cette prière.
Auprès de Dieu est la vie : élever son cœur vers Dieu est recevoir la vie, loin de lui sont tous les dangers. Oui en moi je suis faible, susceptible de pécher, de me laisser abattre par mes ennemis, mon ennemi. Et cela je le reconnais : combien de fois m’est-il arrivé de succomber, et de devenir ainsi la proie de ceux qui veulent me séparer de Dieu, rompre l’alliance.
Alors, pardonne les péchés de ma jeunesse, — c’est-à-dire éventuellement ceux d’hier matin. Et garde-moi de présumer de mes forces, et de croire que je puisse me mettre moi-même à l’abri du péché. Dès aujourd’hui je me place devant toi tel que je suis. Et « montre-moi, Seigneur la route, qui seule conduit à toi. » (trad. Marot)
Nous voilà donc entre l’élévation vers Dieu — et l’éloignement de Dieu, qui conduit au péché, et nous laisse en proie à tous les dangers, et à toutes les attaques injustes de l’ennemi qui veut nous abattre, et qui peut être parfois tout à fait personnalisé. « Ils sont plus nombreux que les cheveux de ma tête, ceux qui me haïssent sans cause » (Psaume 69, 5). Inimitié au fond contre une parole qui dérange, et vaut persécution. Rappelez-vous : « heureux serez-vous lorsqu’on dira de vous toute sorte de mal à cause moi » (Matthieu 5, 11).
Face à cela est en effet la montée de notre cœur vers Dieu, qui est notre seul abri. Et déjà ce seul tournement vers Dieu, cette conversion, est le salut, l’entrée sur le chemin de vérité et de vie, quels que soient les dangers, les risques, les tentations, les persécutions, les menaces, etc.
… Jusque lorsque, Évangile de ce jour —
Luc 21, 25-36
25 « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles, et sur la terre les nations seront dans l’angoisse, épouvantées par le fracas de la mer et son agitation,
26 tandis que les hommes défailliront de frayeur dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde ; car les puissances des cieux seront ébranlées.
27 Alors, ils verront le Fils de l’homme venir entouré d’une nuée dans la plénitude de la puissance et de la gloire.
28 « Quand ces événements commenceront à se produire, redressez-vous et relevez la tête, car votre délivrance est proche. »
29 Et il leur dit une comparaison : « Voyez le figuier et tous les arbres :
30 dès qu’ils bourgeonnent vous savez de vous-mêmes, à les voir, que déjà l’été est proche.
31 De même, vous aussi, quand vous verrez cela arriver, sachez que le Règne de Dieu est proche.
32 En vérité, je vous le déclare, cette génération ne passera pas que tout n’arrive.
33 Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas.
34 « Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que vos cœurs ne s’alourdissent dans l’ivresse, les beuveries et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste,
35 comme un filet ; car il s’abattra sur tous ceux qui se trouvent sur la face de la terre entière.
36 Mais restez éveillés dans une prière de tous les instants pour être jugés dignes d’échapper à tous ces événements à venir et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme. »
*
Écho au Psaume que cet appel de Jésus à la vigilance : « Fais-moi connaître tes chemins, Seigneur ; enseigne-moi tes routes. Fais-moi cheminer vers ta vérité et enseigne-moi, car tu es le Dieu qui me sauve. Je t’attends tous les jours » (Ps 25, 4-5).
Cf. Jean 14, 4-6 : « "Quant au lieu où je vais, vous en savez le chemin." Thomas lui dit : "Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas, comment en connaîtrions-nous le chemin ?" Jésus lui dit : "Je suis le chemin et la vérité et la vie. Nul ne va au Père si ce n’est par moi." »
Les Psaumes ont été lus dans l’histoire de l’Église comme parlant du Christ pour nous en ce sens que Jésus, Fils de l’Homme qui est dans les cieux, s’est identifié aux pécheurs en devenant chair, comme nous, venant au cœur des détresses du temps annoncées en ce texte de Luc. Le juste, parole éternelle qui ne passe pas, est devenu l’un de nous, un humain mortel. Au point de faire siennes nos prières, nos Psaumes tout humains, au point de faire sienne, sur la croix, avec le Ps 22, notre perte de Dieu — pourquoi m’as-tu abandonné ? —, au point de nous choquer quand on en arrive à des confessions de péché et des demandes de pardon. Mais ce n’est plus le Christ cela, pensons-nous naturellement !
Eh bien en un sens profond, si, c’est lui. Non pas qu’il aurait péché lui-même ! — mais qu’il a fait siennes les conséquences de nos fautes. Et que donc, il confesse notre faute, nos fautes, en solidarité avec nous. Il a fait siennes toutes nos limites, jusqu’à notre mortalité. Lui, la parole éternelle, qui a fondé le monde, connaît tous les méandres de nos vies.
« Montre-moi, Seigneur, la route qui seule conduit à Toi » priait le Psaume de David. Il est entré en nos chemins pour devenir notre chemin, chemin de vérité en qui seul est la vie. Faisant dès lors de la prière du Psaume celle de notre salut. On m’accuse à tort, certes, prie le Psaume ; cela dit, mon salut n’est pas dans ma justice, mais dans la fidélité de Dieu à son alliance. Ma justice n’est rien que petit commencement.
L’ennemi est celui qui voudrait me déstabiliser à cause de cela et me séparer de mon seul soutien, de ma seule assurance : Dieu m’a rejoint dans mon chemin, et m’a ainsi montré le chemin, la vérité et la vie. Alors « à toi mon Dieu mon cœur monte ! »
R.P., Poitiers, 1er dimanche de l'Avent, 28.11.2021
Prédication (verson imprimable)
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